Cette maison me fascine depuis que je suis toute petite. Peut-être parce qu’avant les premiers parfums Cacharel, il y avait déjà des filles qui frimaient avec leur Eau de Charlotte ou leur Eau de Camille vaporisées en cachette sur leur duffle coats avant d’aller à l’école. Avec ses parfums universels et ses odeurs du bonheur, Annick Goutal a marqué l’inconscient de plusieurs générations. C’est à elle qu’on doit l’Eau de Bonpoint (qui n’appartient malheureusement plus à la marque). Imaginez ces milliers de nourrissons bercés aux agrumes qui seront toute leur vie obsédés par cette madeleine olfactive… Annick Goutal, c’est l’élégance à la française. Le charme intemporel de la bourgeoisie. Une lettre de château après un dîner. Un romantisme aussi assumé que désuet. Pour moi, c’est l’incontournable Eau d’Hadrien, l’amertume des zestes et le grinçant des herbes aromatiques. C’est aussi l’Eau du Ciel, cet iris étrange, perdu au cœur d’une meule de foin en plein mois d’août. Même les réfractaires aux rubans dorés et autres papillons ne pourront y résister. Et si, comme moi, ils ont un jour la chance de rencontrer Camille, la fille d’Annick Goutal, et Isabelle Doyen (les nez de la maison) alors ils succomberont à toutes leurs créations.