Today is my day !

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Today is my day !

La couverture du M du samedi 8 novembre 2014. Cette photo de Françoise de Stael, je l’aime d’amour (Photographie Richard Burbridge, Make Up Isamaya Ffrench, Hair Christian Eberhard, Stylisme mode Charlotte Collet, Réalisation Lili Barbery-Coulon)

Aujourd’hui sort un numéro du M que je prépare depuis des mois. Je ne parle pas de l’enquête sur la manière dont les New Yorkaises élaborent leurs stratégies maniaques anti-âge, mais de la série de photos signées Richard Burbridge. Ces images, je les ai tellement désirées. Depuis plusieurs années, j’avais envie de voir une série beauté avec des femmes âgées. Pas des jeunes filles qu’on déguise en vieilles. Ni des caricatures de retraitées en cheveux pastels et bigoudis. Françoise de Stael, en couverture, a 83 ans. Observez l’éclat de sa peau. L’élégance de son regard. Je la trouve si jeune. Si verticale.

J’adore cette image de Chantal Leborne. Quel chic. Quelle douceur… (Photographie Richard Burbridge, Make Up Isamaya Ffrench, Hair Christian Eberhard, Stylisme mode Charlotte Collet, Réalisation Lili Barbery-Coulon)

Lorsque j’ai rencontré le photographe anglais Richard Burbridge il y a presque un an et que je lui ai parlé de cette idée, il a écarquillé les yeux, m’a prise pour une folle et a tout de suite répondu qu’il voulait réaliser ces images. On s’est revu. Et revu encore pour préparer ce shooting qui a eu lieu en deux temps, en juillet puis en septembre. J’espère que cette série vous plaira autant qu’elle me touche. Je trouve ces femmes d’une telle authenticité. Elles me donnent envie de vieillir avec la même grâce. Leur maquillage réalisé par Isamaya Ffrench est volontairement audacieux. En les traitant comme de jeunes frondeuses, Richard Burbridge questionne notre rapport à l’âge. A la modernité. A la beauté aussi. Elles sont si rafraichissantes avec leurs sillons, leurs ridules et leur rouge à lèvres qui bave légèrement. Toutes ces imperfections me réjouissent. Elles me nourrissent.

Encore Françoise de Stael et le brun translucide de ses pupilles surlignées de rouge et noir. (Photographie Richard Burbridge, Make Up Isamaya Ffrench, Hair Christian Eberhard, Stylisme mode Charlotte Collet, Réalisation Lili Barbery-Coulon)

Dans ce numéro, vous découvrirez aussi la manière dont on « gère » son « capital » beauté à Manhattan. Un compte en banque, au sens propre comme au sens figuré. On maîtrise tout, on ne lâche rien. J’ai rencontré plusieurs stars de la médecine esthétique. On m’a proposé de faire du laser, de la microdermabrasion, un peeling. Si j’avais eu envie, j’aurais aussi pu me faire injecter le front. Attention, je ne juge pas celles qui le font ! Au bout d’une semaine à les écouter, j’ai d’ailleurs fini par perdre un peu confiance en mes convictions. Tout le monde à New York est si actif sur le plan esthétique qu’il m’a suffit de six jours sur place pour commencer à me sentir gênée par mon décalage parisien. Je n’ai jamais fait de Botox ni d’injection de comblement (là-bas, il n’est pas rare de commencer avant 30 ans et j’en ai 38). Je voyais bien, qu’en me regardant, ces médecins se disaient « C’est dommage quand même cette ride du lion naissante, si on l’éliminait maintenant, on pourrait éviter de la laisser s’installer pour de bon », un peu comme si j’avais eu une tâche sur mon pull.

Photographies Lili Barbery-Coulon. Dans le bureau gigantesque du Dr David Colbert sur la 5e avenue. Juste en dessous, Dr David Colbert (qui va visiblement plus souvent à la gym que moi) et moi après notre entretien.

Demandez à une new-yorkaise si elle fait du sport, elle vous répondra « Tu veux dire combien de fois par semaine ? J’essaie cinq mais j’arrive rarement à aller plus de trois ou quatre fois dans ma salle ». Après ça, allez lui avouer que vous n’avez pas fait de sport pendant trois ans et que vous venez tout juste de vous y remettre avec une séance hebdomadaire que vous avez déjà beaucoup de mal à caler dans votre emploi du temps (on a toujours plus intéressant à faire que du sport, non ?). Si elles savaient que je n’ai même pas mis de crème solaire en plein soleil dans les Cévennes la semaine dernière (je n’en avais pas sous la main), je pense que je provoquerais quelques crises cardiaques foudroyantes dans l’Upper East Side. Sans parler de mes sourcils que je n’épile pas et qui n’ont pas le dessin parfait de ceux des New Yorkaises, ou encore de mes cheveux (ça vous arrive souvent d’aller faire un brushing ? Moi je vais chez le coiffeur quand j’ai besoin de me faire couper les cheveux, pas pour être impeccable au quotidien)… alors j’ai testé leur Dry Bar à 7h pétantes (blindé by the way), je suis entrée dans leurs nouveaux boot camps (des salles de sport où certaines font deux séances d’affilée pour être certaine d’obtenir un résultat), j’ai fait des tas de machins hilarants et à la fin de mon séjour, j’ai commencé à regarder mon visage dans le miroir en me disant : Au fond, ils ont peut-être raison, il faudrait que je m’en occupe de ces lignes sur mon front ? D’autant que l’un des médecins interviewés m’a chuchoté « Vous savez, ce sera si subtil que votre mari n’en saura rien ». Mais j’ai manqué de temps – et de courage – et je suis rentrée à Paris telle que j’étais au départ. Avec mes défauts et mon envie de vieillir comme les femmes photographiées par Richard Burbridge. Dans les Cévennes, j’ai passé une semaine avec le même jean, sans maquillage. Une detox de tout type d’artifices qui m’a fait un bien fou alors que j’écrivais ce papier. Il faut être forte pour résister à la pression de la perfection quand on vit à New York. D’autant qu’elle est encore plus grande qu’avant : être impeccable ne suffit plus. Il faut aussi avoir l’air naturel. Effortless. Bref, si vous avez envie d’en savoir plus, il faut que vous achetiez le M d’aujourd’hui !

Photographies Lili Barbery-Coulon (désolée pour la qualité, je ne me sentais pas vraiment autorisée à faire ces clichés ce matin là, tout le monde me regardait dans le salon, on m’a prise pour une paparazzi :-). Regardez bien la cascade de boucles à la caisse, on ne déconne pas avec le brushing chez Dry Bar!

Et puis, il y a plein d’autres papiers dans la partie Style du magazine, un sur le prix délirant d’une nouvelle catégorie de parfums de niche (qui va malheureusement contaminer tout le marché des fragrances alternatives, je le crains), un autre sur les raisons qui expliquent l’arrivée de soins promettant une mâchoire en V, et des petites infos à droite à gauche à consommer comme des apéricubes. J’ai hâte de savoir ce que vous en pensez ! Bonne journée et bon weekend (si vous êtes en province, le M sera vendu avec le quotidien demain. Si vous êtes à l’étranger, surveillez bien l’onglet M le mag sur Le Monde.fr, la plupart de mes papiers seront mis en ligne au cours du weekend, en revanche, vous n’aurez pas accès à la série de photos de Richard Burbridge, sorry).