Comment choisir sa tenue de yoga?
Montage réalisé par Bastien Coulon avec des images capturées sur les sites de Eco alf, Filippa K, Ernest Leoty, People Tree, Wolven, Organic Basics, Outdoor Voices, Kitiwake, Kind

Comment choisir sa tenue de yoga?

Comment choisir sa tenue de yoga?

“ Peux-tu me recommander quelques marques dédiées au yoga? ” est la question que je reçois le plus souvent sur Instagram ainsi que dans ma boîte mail. Il existe de plus en plus de propositions et cet article n’en dresse pas une liste exhaustive. Je me suis contentée de parler de celles que je porte régulièrement afin de partager un retour sincère et complet. J’ai également ajouté quelques marques dénichées sur Internet. A vous de voir quels sont les labels qui réunissent les critères les plus importants à vos yeux…

combinaison live the process

Une tenue dédiée n’est pas indispensable pour se mettre au yoga!

Je voudrais commencer par rappeler qu’il n’est absolument pas indispensable d’acheter une tenue pour faire du yoga! Cela parait évident mais je ne voudrais pas que cet article que j’ai longtemps résisté à écrire, pour cette raison précisément, décourage les personnes qui n’ont pas l’intention ni les moyens de s’équiper d’essayer le yoga. Un pantalon confortable ou un short de sport ainsi qu’un t-shirt suffisent ! Un vieux jogging, un legging ou un pantalon ample et hop l’affaire est réglée! D’autant qu’avec les cours en ligne qui sont dispensés actuellement, on peut pratiquer en pyjama, en caleçon, en culotte ou nu comme un ver sans que personne ne nous voit!!! Lorsque j’ai commencé le yoga, j’avais un legging d’une fraîcheur toute relative, un débardeur et un sweat pour me couvrir. Mes besoins ont évolué lorsque la fréquence de ma pratique s’est intensifiée. Aujourd’hui, j’ai passé un autre stade : je passe ma vie en tenue de yoga. Lorsque ma fille me voit habillée en jean avec une chemise, elle me demande si j’ai un rendez-vous important, c’est dire 🙂 !

L’équation vertueuse du legging

Je ne sais pas si vous vous souvenez de l’article que j’ai écrit en 2018 sur l’équation vertueuse dans l’industrie cosmétique ? J’ai établi une roue similaire en listant différents critères. Comme dans tous les domaines de la consommation, le produit cochant toutes les cases n’existe pas encore (même si on s’en rapproche de plus en plus). Pour éviter la moindre prise de tête, on peut simplifier l’équation en 1) n’achetant rien 2) en se tournant vers des vêtements de seconde main. Cependant, si l’on a besoin ou envie d’un produit neuf, et que l’on ne sait pas comment le choisir, observer les critères qui résonnent le plus avec nos valeurs permet de mettre de la conscience dans son acte d’achat. On est loin de la consommation compulsive et spontanée… mais n’est-ce pas ce qu’exige notre époque?

Copyright Bastien Coulon pour Lili Barbery

 

Fabrication éthique: dans quelle condition les vêtements ont-ils été fabriqués? Les personnes qui ont cousu ces produits ont-elles été rémunérées et traitées correctement? La marque nous donne-t-elle accès aux processus de fabrication et nous ouvre-t-elle les portes de ses usines dans ses communications? 

Matières naturelles: Dans le kundalini yoga comme dans la plupart des yogas, il est recommandé de porter des vêtements en fibres naturelles (coton, lin, bambou, chanvre, laine, fibres de hêtre…). Pas seulement parce qu’elles cultivent le lien avec la terre mais aussi pour des raisons énergétiques. Lorsqu’on fait du yoga, on ne travaille pas que sur son corps physique mais aussi avec son champ électromagnétique. Or, les fibres naturelles ne créeraient pas d’interférences avec les vibrations émises (j’utilise le conditionnel car je ne fais que répéter ce que j’ai appris sans pouvoir vous fournir des données scientifiques qui existent probablement sur le sujet: si vous en savez plus que moi, merci de partager vos connaissances dans les commentaires). Tout cela peut paraître subtil mais c’est à chacun d’expérimenter ce qui lui semble juste. Comme je porte encore beaucoup de tenues en fibre synthétique, je reconnais que 1) les fibres naturelles sont plus confortables et laissent la peau mieux respirer, donc moins d’irritation au niveau des zones de contact surtout quand on pratique à haut niveau et pendant plusieurs heures d’affilée 2) la plupart des matières synthétiques amplifient l’odeur de la transpiration. Cela étant dit, si l’on veut un produit élastique et respirant, je n’ai pas encore trouvé de marque qui propose une matière 100% naturelle. En revanche, de plus en plus de marques de yoga utilisent de la polyamide recyclée (ex: Econyl) ou des matières de synthèse issues du plastique recyclé. Dans le domaine du maillot de bain, certains se sont mis à employer de la polyamide issue de l’huile de ricin et la recherche travaille sur des fibres élastiques à base d’algues. J’imagine que la pression des consommateurs en matière d’engagement écologique va pousser les marques à être de plus en plus innovantes.

Impact environnemental: La mention “coton bio” n’est pas garante d’éthique environnementale. La production d’un kilogramme de coton nécessite entre 5000 à 27000 litres d’eau (7500 litres d’eau en moyenne pour un jean). Le lin et le chanvre sont des alternatives beaucoup moins énergivores mais elles sont encore peu déclinées. Il y a aussi quelques innovations à base de bois de hêtre ou d’eucalyptus qui sont très peu énergivores (vous en trouverez dans cet article). Quant aux fibres de synthèse comme le polyester ou la polyamide, elles sont issues d’énergies fossiles non renouvelables extrêmement polluantes comme le pétrole et sont très couramment utilisées dans le domaine du sport car elles présentes de nombreux avantages (bons isolants thermiques, elles sèchent vite et elles présentent des propriétés élastiques…). A chaque fois que l’on nettoie des vêtements en polyester, leurs fibres diffusent dans l’eau des microparticules de plastique qui finissent dans les océans et modifient les écosystèmes marins (y compris les fibres de synthèse recyclées). Une étude récente a démontré que les micro particules de plastique ne sont pas seulement déversées dans les eaux usées. Elles circulent dans l’air que l’on respire. Au point que l’on ingère chaque jour du plastique en respirant. Par ailleurs, ces fibres synthétiques mettront des siècles à se dégrader dans la nature. L’impact environnemental d’un vêtement se mesure aussi à son bilan carbone… mais là encore, la réponse n’est pas binaire : en Inde, en Asie, en Amérique du Sud, les usines textile ne sont pas toutes des sweat shops et les populations locales ont aussi besoin de travailler. C’est tout la question du made how versus made where. Par ailleurs, l’acheminement de ces vêtements ne se fait pas forcément en avion, certains voyagent en bateau. Et puis, on peut également soulever le problème des pigments synthétiques qui polluent nos rivières (d’où l’intérêt des teintures végétales), les emballages en plastique qui enveloppent les vêtements (c’est la raison pour laquelle certaines marques utilisent des pochons en tissu, plus coûteux à fabriquer mais réutilisables, pour protéger leurs textiles des salissures lorsqu’ils voyagent ou qu’ils sont envoyés par la poste). 

Le prix: Les tarifs des vêtements de yoga varient énormément d’une marque à l’autre. Un legging de yoga acheté dans une boutique de fast fashion coûte moins de 20 euros alors qu’il avoisine 200 euros chez certaines marques de yogawear. Les matières synthétiques non recyclées sont peu coûteuses. La fabrication en Chine ou en Inde fait également beaucoup baisser les coûts. Les prix ne sont donc pas toujours justifiés.

La durabilité: Lavés constamment, étirés dans toutes les directions, frottés contre les tapis ou à même le sable, l’herbe ou la terre, les vêtements de yoga ont intérêt à être bien conçus pour durer. Je ne compte plus le nombre de tenues dont les coutures se sont défaites au bout d’un trimestre, les leggings qui ont perdu en élasticité ou ceux qui se sont élimés en quelques lavages. Ce critère est très important pour moi: je suis heureuse que mes tenues de yoga préférées aient plus de quatre ans et qu’elles soient toujours en très bon état alors que je les porte tout le temps et que je n’en prends absolument pas soin. 

Technicité : La taille de ma poitrine exige qu’elle soit maintenue pendant la pratique. J’ai abandonné l’idée de porter un soutien gorge classique car l’attache est trop inconfortable lorsqu’on est allongé sur le dos. Et puis quand on porte un tee-shirt pour pratiquer, il n’est pas rare qu’il tombe vers la tête dans la posture du triangle (chien tête en bas) et qu’il dévoile la brassière: mieux vaut qu’elle soit bien conçue! L’élasticité et le maintien ne doivent pas empêcher de respirer, les élastiques à la taille ou au niveau de la poitrine doivent être doux avec des bords larges pour permettre à l’énergie de circuler. Malheureusement, toutes celles qui ont des fortes poitrines remarquent que ces exigences sont difficiles à conjuguer avec des fibres exclusivement naturelles… Mon conseil: toujours faire une salutation au soleil pour vérifier si ces produits dits “techniques” le sont réellement. Sans oublier qu’ils doivent être respirants, c’est à dire ne pas créer un effet bikram supplémentaire.

L’opacité: c’est peut-être un détail pour beaucoup mais pour moi il est important. La plupart des vêtements de yoga proposés aujourd’hui sont moulants (en dehors des kurtas et pantalons larges resserrés au niveau des chevilles qu’on trouve dans les magasins indiens). Or, il arrive que ces vêtements, une fois portés donc étirés sur la surface de la peau, se révèlent transparents! Il y a quelques années, je m’entrainais avec mon amie coach Audrey Fourcade dans le jardin des Tuileries. On n’a pas compris pourquoi une troupe d’hommes nous regardait en train d’enchainer les burpees entre deux bancs. Je me suis mise à courir devant elle et Audrey a vu ce qui avait attiré autant d’attention: le legging noir que je croyais opaque ne l’était pas. Mais alors pas du tout. Énorme crise de fou rire.

L’esthétisme: Ce critère est totalement subjectif. Certaines vont préférer des imprimés très colorés aux teintes unies dont je suis adepte. J’aime toutes les couleurs et je ne me force pas à porter des teintes claires, même si beaucoup recommandent le blanc pour amplifier le rayonnement énergétique (contrairement au noir dont on sait qu’il absorbe plus rapidement la lumière du soleil et se comporterait comme une éponge avec toutes les énergies aux alentours). Quand on pratique régulièrement, on remarque que chaque couleur a une énergie particulière et qu’elle accompagne l’humeur et amplifie le rayonnement. Porter du noir les jours de moral en berne n’aide pas à se sentir “uplifté.e”. Je suis très sensible aux coupes comme au placement des coutures car elles ont le pouvoir d’affiner la silhouette ou au contraire de l’écraser et j’ai besoin de me sentir jolie lorsque je me mets en tenue. Vu que je passe ma vie en legging, ce n’est pas un détail en fait 🙂 🙂 🙂 Je vous l’avais dit: c’est totalement subjectif!

Les valeurs: Quelles sont les valeurs incarnées par la marque? S’engage-t-elle à rendre le monde meilleur, à son niveau? Fait-elle vibrer le sens du mot yoga qui signifie union dans son entreprise ? Fait-elle sa part de colibri dans la construction du nouveau monde en respectant les humains comme la planète? Valorise-t-elle la promotion de la fraternité, de la sororité et de l’égalité entre les humains, le fameux “we are one”? A-t-elle un impact social positif? Participe-t-elle à la promotion de la diversité sous toutes ses formes? Sur ce dernier point, les marques de yoga sont très en retard. Alors que la lingerie a enfin entamé une transition nécessaire montrant des corps aux formes diverses, que la mode a compris qu’il n’était plus possible de s’adresser uniquement aux femmes jeunes, blanches et maigres et que les campagnes publicitaires en ligne comme celles en presse écrite se devaient d’inclure les femmes noires, asiatiques, métisses, racisées qui constituent l’ensemble de la société, le yogawear a de grands progrès à faire. Je n’en avais pas conscience jusqu’à l’écriture de cet article. J’ai passé des heures à scruter des eshops en quête d’un autre modèle qu’une femme caucasienne ultra mince. J’ai eu du mal à en trouver en France et en Europe. Or cette prédominance d’un seul modèle – blanc, jeune et filiforme – participe à la répétition de programmes anciens qui nous séparent les uns des autres. L’exclusion, la domination, la discrimination reposent uniquement sur des systèmes de croyances qui sont des constructions mentales. Le yoga est un outil qui nous permet justement de désosser les programmes limitants avec lesquels nous résonnons sans même nous en rendre compte. Tout ce qui nous empêche d’avoir confiance en notre potentiel illimité. Ces constructions sont parfois si ancrées dans la société (et pas seulement dans nos familles) que tant qu’on n’en est pas victime, on ne les perçoit pas. Ce qui ne signifie pas qu’elles n’existent pas. Dans mes cours ainsi que dans les salles que je fréquente en tant qu’élève, la plupart des élèves ne ressemblent pas du tout aux images qu’on nous montre. Quant aux femmes de plus de 50 ans, ne les cherchez pas sur les sites de yogawear, elles sont portées disparues… 

 

Images issues du site Yoga Searcher

Yoga Searcher

Dans les studios chic qui proposent des cours de kundalini yoga à Paris, Yoga Searcher est la marque qui a le plus de succès. Leurs leggings en coton à 78% (le reste est un mélange de polyamide, polypropylène et élasthanne rendant le pantalon élastique) unis ou tie and dye ont été adoptés par de nombreuses élèves car leur niveau d’engagement environnemental est élevé. Cette marque française fondée par une passionnée de yoga – Bénédicte Peroz – et l’un des créateurs de la marque Rip Curl – François Payot – est née lorsqu’ils ont eu envie de développer un centre de retraites de yoga dans les Landes à Hossegor (la professeure de kundalini yoga Caroline Benezet y organise régulièrement des retraites). La designer Sandrine Schiele ainsi que Dune Payot les ont ensuite rejoints pour créer la collection de vêtements portant le même nom que le lieu: Yoga Searcher. La marque fabrique exclusivement en Europe avec des matières et des teintures naturelles dès que c’est possible. Une collection existe aussi en fibres synthétiques recyclées. 

Les plus: une belle marque française qui ne cesse d’innover: ils font beaucoup d’efforts sur les matières premières afin de les rendre les vertueuses possibles (utilisation de bambou et coton dans des pourcentages élevés, fibres synthétiques recyclées…). Les prix sont très corrects compte tenu des engagements tenus par la marque. Les coupes des leggings sont flatteuses (j’adore par exemple qu’il n’y ait pas de couture à l’entrejambe ni au milieu des fesses) et archi confortables. On trouve une palette de teintes unies et poudrées vraiment jolie.

Les moins: Le legging blanc en coton est transparent (ce n’est pas le cas des couleurs plus foncées) et il manque de retour en élasticité (il est élastique mais il fait des plis au fil de la pratique). Je n’ai pas testé les autres matières qui existent chez cette marque. Je trouve les produits beaucoup plus fragiles que mes tenues de yoga synthétiques et j’ai également pu le constater sur mes élèves qui portent régulièrement les modèles en coton. Comme la plupart des marques de vêtements de yoga, le site de Yogasearcher manque de diversité en terme de modèles posant dans les tenues. 

La fourchette de prix: 39 à 75€ la brassière, 59 à 119€ le legging

Mes pièces préférées: Le legging Savasana en coton, le coussin de méditation en kapok

Sur cette photo réalisée pour ma collaboration avec la marque RIVE DROITE, je porte le sweat Harper de Mahala Essence et un legging Outdoor Voices

Mahala Essence

Fondée par la sublime professeure de yoga bikram Ambre Boukebza associée à son mari Laurent Israel, Mahala Essence est une jeune marque française dont les tissus techniques viennent tous d’un fabricant français qui a fait le choix d’une technologie de production “Eco Concept”: elle garantit la réduction de la consommation en énergie pendant tous les procédés de transformation et ne délègue aucune étape (tissage, teinture etc…) à l’étranger, ce qui améliore considérablement son bilan carbone. Quant au coton bio, il vient du Japon en bateau. La raison de ce choix est la qualité de l’usine japonaise que les créateurs de Mahala Essence ont sélectionnée pour leurs sweats et t-shirts. Membre de Better Cotton Initiative, ce fabricant utilise des machines à tricoter qui ont plus de 100 ans et perpétuent ainsi un savoir-faire qui offre une plus grande durabilité aux vêtements. Ils mélangent le coton bio “frais” avec les chutes de coton bio de l’usine. Les vêtements sont ensuite assemblés et cousus au Portugal dans une usine respectueuse des droits du travail et investie dans le développement durable. Ambre et Laurent qui partagent leur vie entre Lisbonne, Comporta et Paris ont créé des vêtements de yoga techniques qui ne ressemblent pas à des tenues classiques de yoga. Les shorts sont inspirés de l’univers de la boxe, les t-shirts portant les noms des différents types de yoga déclinent des styles graphiques empruntés à la musique. Mes pièces préférées de la collection Mahala Essence sont les sweats en coton amples, unis et ajourés de découpe dans le dos, ou sur les épaules. Ces ouvertures permettent de ne pas avoir trop chaud tout en gardant une couche sur la peau: idéal à l’aube l’été ou lorsque j’arrive dans une salle un peu fraîche en hiver.

Les plus: L’esthétisme et l’originalité dans un secteur où tout se ressemble un peu. Les coupes qui font de jolies épaules et les détails féminins pensés par une yogini. La qualité du coton des sweats qui résiste bien aux lavages répétés: il faut dire qu’il est issu du Japon où l’on cultive une maniaquerie pour les cotons haut de gamme. La fabrication en France et au Portugal et l’effort du voyage du coton en bateau plutôt qu’en avion.

Les moins: Les prix élevés des sweats et deux choses à noter au sujet de l’ensemble legging levine marine et brassière assortie: la matière comme une seconde peau est le truc le plus doux jamais essayé (avec une très jolie coupe qui allonge la jambe et qui fait un très joli ventre) mais c’est légèrement transparent sur moi, quant à la brassière Bloom Marine, elle est sublime mais pas assez soutenante pour une forte poitrine. Les photos de lookbook sont magnifiques mais j’aimerais qu’on y trouve plus de diversité. Peut-être dans les prochaines collections?

La fourchette de prix: 60 à 75€ la brassière, 90 à 120€ le legging

Mes pièces préférées: le sweat Harper blanc ou gris, le sweat Heaven écru

Photographie Bastien Coulon, le sweat Heaven de Mahala essence

Images issues du site Ernest Leoty

Ernest Leoty

Créée en 2018 par Marion Rabate, une française installée à Londres, Ernest Leoty est la marque de vêtements de yoga la plus sophistiquée du marché. Cette diplômée de l’école des Mines de Paris n’est issue ni de la mode ni du milieu du sport. C’est en travaillant pour des fonds d’investissement qu’elle apprend à détecter les belles endormies, ces maisons anciennes oubliées qui disposent d’un patrimoine et d’un savoir-faire inégalé. C’est ainsi qu’elle découvre Maison Leoty, un corsetier parisien du 19e siècle expert en lingerie, qu’elle décide de relancer et de transformer sous le nom de son créateur Ernest Leoty. Son but: proposer une marque de vêtements techniques, fabriqués en Europe, conçus par des experts de la lingerie (donc avec des coutures qui tiennent et du maintien irréprochable), de la danse et du sport olympique dans des matières haut de gamme (une sensation de maillot de bain de luxe sur la peau). Les coupes sont assez sexy avec beaucoup de décolletés plongeants (bien adaptés aux petites poitrines, les autres morphologies devront ajouter une brassière supplémentaire en dessous), les couleurs sont sublimes et ce sont les vêtements les plus confortables que j’ai testés jusqu’à présent car je ne les sens pas lorsque je pratique. Rayon environnemental, ils utilisent des matières recyclées pour leur maille, certains leggings sont en polyamide recyclée (ils portent la mention “sustainable”) mais la quasi totalité de tous les autres modèles sont tissés dans des matières de synthèse non recyclées. 

Les plus: Visuellement, je trouve la marque irréprochable. Belle opacité, aucune transparence en vue et la peau est légèrement galbée. Les matières sont douces et confortables avec du maintien, les coutures sont très sophistiquées, et les vêtements se révèlent extrêmement solides à la longue. Rien n’a encore bouloché et pourtant je leur en ai fait voir de toutes les couleurs… J’ai l’impression d’être membre des Cats Eyes lorsque j’enfile l’une de leurs combinaisons 🙂 En outre, tout est fabriqué en Europe. Autre bon point: la collection “sustainable” qui est conçue à base de fibres de synthèse recyclées Sur leur site, la marque s’engage à chercher constamment des innovations durables et vu l’intelligence de la créatrice, on peut s’attendre à d’autres améliorations éco-conscientes dans le futur.

Les moins: Les prix donnent autant le vertige qu’un plongeon chez Erès. J’ai l’impression d’ailleurs que les deux marques disposent de la même matière première. Cette fibre présente des qualités technique exceptionnelles (elle sèche vite, elle est élastique, elle est légère et ultra confortable) mais elle est issue d’énergies fossiles non renouvelables. Quant aux mannequins choisis pour montrer les tenues sur leur eshop, elles sont magnifiques mais le manque de diversité est regrettable. J’ai récemment repéré sur Instagram que la marque commençait à montrer assez maladroitement d’autres silhouettes pour vanter la pluralité des tailles. J’espère qu’Ernest Leoty saura montrer qu’il est possible de conjuguer un niveau d’esthétisme élevé avec plus d’inclusion, que ce soit au niveau des corps ou de la couleur de peau. Marion Rabate qui a bien conscience de ces points et qui a lu attentivement mon article m’a envoyé le look book de l’automne-hiver 2020 (que je n’avais pas vu car il n’est pas encore en ligne) dont les vêtements sont présentés sur une sublime mannequin noire. Par ailleurs, elle m’a expliqué que les prix étaient fortement impactés par la marge des distributeurs c’est pourquoi elle a décidé de proposé une collection exclusivement online qui devrait permettre de baisser sensiblement les tarifs; à suivre!

La fourchette de prix: de 46 à 165€ la brassière,de 74 à 147€ le legging, de 170 à 284€ la combinaison

Mes pièces préférées: la combinaison Oriane Bodysuit (qui existe dans d’autres couleurs habituellement sur le site), la combinaison Josephine Bodysuit (je ne trouve pas ma couleur préférée dans ce modèle, j’ai l’impression qu’ils sont en rupture sur plusieurs combinaisons best seller), le crop top (le maintien est juste démentiel), le legging en polyamide recyclée (je ne l’ai pas essayé car j’ai d’autres leggings chez eux dont je ne trouve pas les références).

Cette photo date de l’automne 2017 et je vous garantis que ma tenue outdoorvoices n’a pas bougé d’un iota depuis. Au dessus, trois captures d’écran tirées du site outdoor voices

Outdoor Voices

C’est mon amie Emily Weiss qui a été la première à me parler de cette marque américaine de sportswear fondée par son amie Tyler Haney en 2012. Cette jeune trentenaire s’étonnait de voir le secteur du sportswear promouvoir uniquement les performances au lieu de célébrer le sport comme un loisir qui donne de la joie. Elle s’est dit qu’il était temps de donner envie aux gens de bouger, que ce soit pour courir avec leur chien, nager avec leurs enfants à la piscine municipale ou marcher avec leur bande de copines. Elle a été la première à montrer des sportives dans leur diversité, des rondes, des maigres, des élancées, des musclées trapues, ainsi que des femmes en fauteuil roulant bref les personnes qui ressemblent à celles que l’on croise dans la rue. Avant de lancer Outdoor Voices, elle ne comprenait pas non plus pourquoi les vêtements techniques étaient majoritairement noirs et portaient souvent des marquages fluo: alors elle a commencé à créer une palette de couleurs chinées, poudrées ou impossibles à trouver jusqu’alors comme un vert sapin ou un rose chair. Mais le déclencheur de l’aventure Outdoor Voices est la matière galbante qu’elle a déclinée dans toutes ses gammes: un mélange de nylon, de lycra et de polyester respirant et très résistant baptisé Techsweat. Ce n’est pas seulement le style qui a enthousiasmé les premiers clients (la marque est mixte) mais la sensation une fois les vêtements enfilés: l’impression d’avoir le corps monté sur ressorts. Tyler Haney a quitté la marque au mois de mars 2020, après avoir fait progressivement entrer un grand nombre d’investisseurs dans son aventure entrepreneuriale. Elle en est toujours propriétaire à 10% et je vois qu’elle continue à en faire la promotion sur Instagram mais je ne connais pas les raisons de son départ ni ses projets futurs. 

Les plus: Les vêtements Outdoor Voices embellissent instantanément la silhouette. Ils sont opaques mais respirants, ultra galbants, les coutures parfaitement placées et ils présentent des qualités techniques en terme d’élasticité que je n’ai pas encore expérimentées ailleurs. Leurs brassières sont idéalement conçues pour les fortes poitrines. Quatre ans que je tourne avec trois ensemble et les produits n’ont pas perdu en qualité alors que je les ai crash-testés dans des stages en pleine nature dignes de Koh Lanta. Enfin une marque qui montre l’activité physique sous le prisme de la joie et des endorphines plutôt que celui du dépassement et de la performance! Enfin une marque qui montre les corps et les sportifs dans leur diversité (j’en avais déjà parlé en 2017)…

Les moins: L’engagement écologique de la marque se limite à la durabilité des produits: pas un mot de la marque sur leur site au sujet de la planète ou d’une quelconque recherche en matières premières naturelles! Les fibres qui tissent les vêtements Outdoor Voices sont synthétiques donc issues d’énergies fossiles non renouvelables et polluantes à plein d’égards: au moment de la fabrication, au lavage comme je l’ai expliqué précédemment avec le problème des micro particules dans l’océan, et à la fin de la vie du vêtement puisque non dégradable. Deuxième problème: la marque n’est vendue qu’aux Etats Unis. C’est donc toute une organisation pour se la procurer (j’ai mis à contribution quelques copines de passage à New York pour récupérer mes achats en ligne). Les prix sont élevés (surtout si les matières sont peu coûteuses et que la fabrication est chinoise) mais pas si on les observe sur une échelle de temps long: je le répète, les tenues ne bougent pas d’un iota au fil des mois et je ne m’en suis toujours pas lassée. Autre bémol: les produits sont fabriqués en Chine donc bilan carbone globalement pourri et aucune transparence au sujet de l’usine qui fabrique (contrairement à la marque Yuj, Organic Basics ou encore à Wolven, par exemple, qui montrent tout sur leur site). Enfin, des internautes ont attiré mon attention sur deux articles qui entachent sévèrement la réputation de la marque. Le premier issu de Buzz Feed dresse un portrait redoutable de Ty Haney. L’article à charge n’est pas équilibré car elle n’a contractuellement pas le droit de répondre à ces attaques et on ne connait pas le contexte de son départ. Un autre article, plus mesuré et plus documenté, paru dans le New York Times, nous permet de comprendre qu’il y a visiblement eu un gros conflit entre les nouveaux actionnaires de la marque et la créatrice et que beaucoup d’employés en ont fait les frais. Forcément, lorsqu’on lit ces deux enquêtes, les valeurs de la marque si positive semblent s’effondrer. 

La fourchette de prix: $45 à $65 la brassière, $75 à $115 le legging. 

Mes pièces préférées: Athena crop top, TechSweat Legging ⅞, les nouveaux modèles de leggings tricolores

Photographies issues du site Live The Process

Live the process

Il ne peut y avoir de bien-être sans conscience” explique Robyn Berkley, co-fondatrice de cette marque américaine ultra sophistiquée. Ancienne attachée de presse dans le milieu de la mode, Robyn plaque tout et part à Bali se former à l’enseignement du yoga. En rentrant en 2013, elle décide de lancer sa propre agence de communication et développe parallèlement, avec son partenaire Jared Vere, la marque de yogawear: Live The Process. Ensemble, ils créent un blog avec des interviews et des articles de qualité sur le bien-être et hébergent sur le même site leur eshop présentant une collection de pièces raffinées fabriquées aux Etats-Unis dans une usine à échelle humaine (qui est mise en avant sur le site. Notez que la maille est cependant fabriquée en Chine et qu’en dehors d’une mention dans la description du produit, il n’y a pas plus d’infos sur ce sujet). Le coton utilisé par la marque respecte les normes Better Cotton Initiative. Et Live The Process emploie aussi le tissu Refibra (un hybride de pulpe de bois et de coton qui est encore signé de l’autrichien Lenzing, l’inventeur du Tencel: on retrouve d’ailleurs cette matière intelligente chez Patagonia). Quant au “Supplex” que la marque mentionne régulièrement sans trop expliquer ce que c’est, il s’agit d’une matière au toucher duveteux qui est tissée à base de nylon (donc synthétique). Je n’ai pas réussi à savoir si les matières synthétiques étaient recyclées et/ou recyclables mais si j’en apprends plus, je mettrai cet article à jour. 

Les plus: Qu’il s’agisse de la palette des couleurs ou des coupes, les modèles Live The Process sont magnifiques. La qualité des tissus est impressionnante: confortables, galbants, respirants tout en étant beaucoup plus épais que la plupart des marques de yoga (à Paris, on peut trouver une partie de la collection au Bon Marché). On note aussi un bel effort sur les matières premières avec le Refibra et la fabrication locale aux Etats Unis.

Les moins: Les tarifs!!! Comme le Bon Marché ne vend pas la marque sur son site, je n’ai trouvé que les prix américains auxquels il faut ajouter $39 de frais de livraison pour la France (et une dépense carbone supplémentaire si vous habitez en dehors des Etats Unis). Il manque pas mal d’infos sur le site de la marque pour que je puisse comprendre comment fonctionnent les matières et les engagements écologiques d’une marque qui se revendique “mindful”. Le stylisme est incroyable mais pas de diversité corporelle en terme d’image.

La fourchette de prix: $45 à $65 la brassière, $75 à $115 le legging. Sur le site My Theresa, le prix du legging démarre à 125€ et la brassière à partir de 85€

Mes pièces préférées: la combinaison Sky Bodysuit, l’ensemble Transcend (surtout dans les couleurs pastel)

capture d’écran issue du site Yuj

Yuj

Créée par la professeure de yoga et fondatrice des studios Yuj à Paris, Hélène Duval, cette marque de yogawear française est fabriquée au Portugal. Les t-shirts et les sweats sont tissés en coton bio avec des encres non polluantes. Quant aux leggings et aux brassières, ils sont en matières synthétiques. Selon les modèles, soit un mélange de polyamide et élasthanne, soit un mélange de polyester, polyamide et élasthanne. Les coutures au niveau du bas de la jambe et des fesses sont bien pensées car elles ont des effets optiques très flatteurs. 

Les plus: Celles qui aiment les imprimés devraient être servies tout comme celles qui préfèrent des teintes unies plus discrètes. On sent qu’Hélène Duval à la silhouette élancée et athlétique a conçu ses produits pour que ses clientes se sentent belles et qu’elles disposent d’un alibi supplémentaire pour se rendre sur leur tapis. La fabrication au Portugal dans une usine éco-responsable garantit un bilan carbone mesuré et montre l’engagement environnemental de la marque. En outre, Yuj s’engage à ne jamais utiliser de solvants pour la coloration de ses vêtements, à recycler l’eau utilisée pendant la fabrication et à recycler toutes les chutes de tissu. Les prix restent bas compte tenu des engagements écologiques de la marque.

Les moins: Je n’ai qu’une tenue que je trouve très jolie mais je la porte rarement car certaines coutures se défont et j’ai peur de l’abîmer davantage. Il est possible que cela ne soit qu’un défaut exceptionnel de fabrication (lorsque j’ai travaillé avec Damart il y a deux ans, j’ai expérimenté un problème similaire avec une série de prototypes). La brassière est jolie mais les bretelles sont un peu longues pour garantir le maintien dont j’ai besoin. Enfin, comme pour la plupart des marques listées dans cet article, j’aimerais beaucoup voir d’autres corps porter les produits sur le site ainsi que des femmes noires, métisses et asiatiques. NB: la marque Yuj qui a lu attentivement l’article m’a contacté pour me dire qu’elle avait bien conscience des défauts au niveau des coutures qui ont depuis été réglés. 

La fourchette de prix: 49 à 65€ la brassière (avec des soldes régulières et des pièces à 40€), 79 à 90€ le legging

Mes pièces préférées: la brassière de yoga gris chiné, le legging assorti, cette combinaison que je n’ai pas essayée me plait beaucoup

La collection yoga de Thinking Mu

Thinking Mu

Thinking Mu est une marque espagnole bien connue pour son engagement écologique: utilisation de matières recyclées, prédilection du chanvre, réduction de l’utilisation de l’eau à 70% pour la production du coton bio, promotion de l’économie circulaire, commerce équitable, teintures végétales… Elle s’est associée déjà deux fois avec la professeure de yoga Xuan Lan pour créer une mini collection de produits en coton biologique et en matières recyclées: un t-shirt, un débardeur, des guêtres, sac à tapis de yoga, un sweat et quelques grands plaids légers et tout doux. J’ai le plaid et je l’adore. L’été ou au printemps, on n’a pas forcément envie de se couvrir avec une couverture épaisse pendant la relaxation, mais cette étoffe est à la fois fraîche et suffisamment tissée pour qu’on sente un léger poids réconfortant. 

Les plus: les prix sont raisonnables compte tenu des engagements de la marque et la collection très jolie. La marque fait un super travail pédagogique avec ses clients pour les amener à: acheter moins, laver moins souvent leurs vêtements et à très basse température, laisser sécher naturellement le linge, recycler et upcycler. 

Les moins: pas de legging ni de brassière, donc très peu d’utilisation de matière synthétique: la marque a du coup évacué tous les problèmes liés à la technicité. La marque ne communique pas sur le lieu de fabrication des produits (en tous cas, pas sur le site)

La fourchette de prix: 39,90€ le t-shirt, 89.90€ le sweat à capuche.

Mes pièces préférées: le plaid pour se couvrir pendant la méditation et la relaxation (en viscose écologique et en viscose recyclée: un dérivé de fibres de bois) et le sweat en tencel (fibres de bois) avec un peu de polyuréthane

D’autres marques de yoga que je n’ai pas encore testées

Cet article est déjà très long mais il ne fait pas le tour de toutes les propositions de yogawear. J’ai délibérément choisi de ne pas intégrer les grandes enseignes de fast fashion dans cet article même si elles répondent à des critères de prix démocratiques, de promotion de la diversité et de technicité durable: je ne fréquente plus ces magasins. J’ai également évincé les géants du sportswear que vous connaissez déjà même si je sais que certains avancent sur les questions environnementales comme le fait Adidas avec Stella McCartney et leur collection à base de déchets recyclés en collaboration avec l’association de défense des océans Parley for The Oceans. Je n’ai encore jamais testé les tenues de la marque canadienne Lululemon qui ont l’air sublimes et bien conçues. Une de mes amies, yogini et puriste, a du mal à supporter leur engagement “Be Planet” alors qu’ils n’emploient que des matières premières synthétiques. La marque ne communique pas sur le lieu de fabrication de ses produits, en tous cas pas sur son site internet. En revanche, elle est investie dans un programme de démocratisation du yoga dans des quartiers où cette pratique reste rare: elle y organise des cours gratuits et donne régulièrement tapis et produits. Je manque de temps pour vous offrir un point de vue vraiment équilibré. Pour répondre correctement, il faudrait que je m’achète ces produits, que je les teste pendant plusieurs mois et que j’enquête auprès de la marque. Ce que je peux dire en observant le site c’est que 1) les mannequins ne sont pas toutes blanches et il y a un tout petit peu de diversité de forme parmi les silhouettes montrées (c’est homéopathique) 2) les tarifs restent élevés: 48 à 68€ la brassière, 78 à 98€ le legging. 

image issue du site scandinave Organic Basics

Image issue du site Organic Basics

Organic Basics

En fouillant sur Internet, j’ai découvert Organic Basics, une marque danoise dont les engagements me donnent vraiment envie de tester les produits: les matières synthétiques utilisées comme le nylon sont toutes d’origine recyclée, on peut visiter leurs usines de fabrication en Europe et en Turquie sur leur site, et leur investissement sur le plan carbone est remarquable. Fondée en 2014 grâce à une campagne Kickstarter, cette marque de lingerie en coton bio (dont la production au bord de la mer Égée fait la promesse d’une réduction drastique de l’utilisation de l’eau) propose aussi des leggings et des brassières en nylon recyclé. Je ne peux pas juger de la qualité des produits que je n’ai ni testés ni touchés, mais esthétiquement les pièces ont l’air sublimes et confortables. J’adore leur casting de mannequins choisis pour montrer les produits: elles font vraiment la promotion de la pluralité de la beauté. Et puis, j’ai lu que la marque avait à coeur de continuer à réduire au maximum son impact environnemental et étudie les propriétés de fibres conçues à partir d’algues. Les prix sont élevés (81€ un legging, 65€ une brassière) mais on trouve des ensembles plus avantageux à 114€, en espérant qu’ils soient aussi durables que la marque le dit. Si vous avez déjà commandé ou testé cette marque, je veux bien votre avis en commentaire car elle répond à presque tous les critères importants à mes yeux.

Images issues du site Baya, la jolie blonde est Lara Histel-Barontini et vous pouvez LA RETROUVER SUR INSTAGRAM

Baya yoga

Comme c’est rafraichissant de voir sur un site français des femmes rondes, des femmes noires, des femmes asiatiques, des filles normales comme celles que l’on croise dans la rue, des silhouettes qui ne savent pas faire le grand écart mais qui s’éclatent quand même sur leur tapis! Connue pour ses tapis éthiques, la marque Baya est née en 2016 grâce au soutien d’une campagne Ulule. Créée par Hortense et Agnès, deux passionnées de moins de trente ans, la marque a récemment élargi son offre aux vêtements avec une collection de brassières et de leggins fabriquée au Portugal avec du coton biologique et des matières de synthèse recyclées. Je n’ai pas testé les produits donc je ne peux pas vous en dire plus au sujet de la technicité, la durabilité, le maintien de la poitrine ou encore l’opacité des tissus. Les prix eux varient autour de 50€ pour une brassière et de 70€ pour un legging. J’aime beaucoup la modestie avec laquelle les deux créatrices prennent la parole sur les questions environnementales. Plutôt que de grandes phrases statutaires, elles préfèrent revendiquer leurs “petits pas” en affichant une transparence totale. Bravo!

Images issues du site Kind

kind

Kind est une marque française qui décline plusieurs services: des cours de yoga, un café healthy à Paris et une ligne d’activewear en nylon et en spandex (deux matières synthétiques). La priorité de la fondatrice Nathalie Alsing Alauzen: l’impact social. L’épanouissement de ses employés et des personnes qui collaborent de près ou de loin à la création de cette marque est capital à ses yeux. Mais son engagement ne s’arrête pas à cette intention. La marque soutient financièrement la création d’entreprises par des femmes et collabore avec des ONG comme Kiva. En ce qui concerne la diversité, Kind a fait le choix de présenter ses collections sur des femmes qui ne sont pas mannequins (j’ai reconnu une prof de yoga que j’aime beaucoup parmi les modèles) comme l’illustre la capture d’écran que j’ai prise sur leur site (ci dessus). Je ne peux pas vous dire si les produits sont de bonne qualité ni s’ils répondent aux critères de ma roue car je ne les ai pas eus en main. La marque déclare sur son site “être constamment à la recherche de matières innovantes et respectueuses de la planète” mais je n’ai rien lu sur le nylon et le spandex qu’ils utilisent. S’agit-il de matières recyclées? J’ajouterai les infos si je les obtiens. Les tarifs sont plutôt en dessous de ceux pratiqués par les marques engagées: un legging coûte 48€.

image issue du site Wolven

Images issues du site Wolven

Wolven

Dans un genre beaucoup plus californien, Wolven s’est récemment fait remarquer sur les réseaux sociaux avec des campagnes ciblées qui montrent des influenceuses et des célébrités américaines faisant la promotion de leur tenue de yoga imprimée. Fondée à Los Angeles, cette marque propose des vêtements conçus à partir de fibre de bouteilles en plastique recyclées ainsi que des t-shirts en fibres de hêtre. La fabrication est transparente: sur leur site, on trouve des photos de l’usine qu’ils ont choisi en Chine ainsi que des informations sur la fabrication des t-shirts à Los Angeles. Ils ont fait du développement durable leur priorité et sont attentifs au bilan carbone qu’ils tentent de diminuer et compensent lorsqu’il n’est pas possible de faire autrement. Sur la question des bouteilles recyclées, je suis partagée à cause d’une conversation que j’ai eue avec l’association No More Plastic. Vous l’aurez compris en lisant mon article: impossible d’avoir un produit technique et élastique sans matières synthétiques. Quitte à en utiliser, autant qu’elles n’aient pas été produites et qu’elles soient issues de matières recyclées. D’autant qu’ici, la marque Wolven s’est engagée avec l’association Cancel Plastic qui ramasse les bouteilles abandonnées sur les plages. Néanmoins, je crains toujours que ces démarches salutaires encouragent la consommation de boissons et d’eaux en bouteilles avec une équation du type “bon ben je ne change rien puisque le plastique de ma bouteille deviendra un jour un legging de yoga”. Par ailleurs, recyclées ou non, ces matières continuent à polluer les océans au moment du lavage en machine puisqu’elles rejettent des microparticules de plastique. J’espère que des ingénieurs finiront par trouver des substituts fiables, naturels et biodégradables. Miska, la marque de maillots de bain pour adolescentes, utilise pour ses maillots une polyamide issue de l’huile de ricin. J’ai lu que cette matière était très utilisée avant que le nylon apparaisse dans les années 1960 et le supplante pour des raisons de coût de fabrication. Cette matière pourrait peut-être offrir des pistes de réflexion aux fabricants de yogawear? Pour en revenir à Wolven, je n’ai ni touché ni essayé leurs produits dont la gamme de prix reste élevée (environ $75 pour un legging et de $36 à $74 pour une brassière auxquels vous devrez ajouter une livraison internationale…). Les modèles imprimés ne me plaisent pas du tout mais il y a quelques tenues de couleur unie qui sont plus à mon goût. En terme de diversité, j’ai trouvé une section “body love” sur leur site où la marque prouve que leurs vêtements ne sont pas réservées aux femmes minces ou maigres. J’ai trouvé étrange que cette section soit mise à part mais elle a le mérite d’exister.

Photographie Delphine Joly pour Kitiwake

Kitiwake

Kitiwake est une toute jeune marque française fondée par deux créatrices: Cannelle et Juliette. La première qui est styliste de formation a travaillé pendant six ans à la création de robes de mariée. Quant à Juliette, elle a fait du management dans une multinationale pendant 7 ans avant de se lancer dans cette première aventure entrepreneuriale. Passionnées de bien-être et de yoga, les deux jeunes femmes ont à coeur de mettre le développement durable, le respect de la planète et de l’humain au centre de leurs priorités. Les matières naturelles utilisées pour la confection de leurs vêtements sont le coton bio, le bois de hêtre et l’eucalyptus (les fameux MicroModal et Tencel, des fibres botaniques mises au point par la société autrichienne Lenzing qui cherche des solutions “from earth to earth”). Quant aux matières de synthèse pour leur collection “activewear”, Kitiwake utilise l’Econyl, du nylon recyclé à partir de filets de pêche qui a en plus l’avantage de pouvoir être recyclé à nouveau et à l’infini. Et ce n’est pas tout: à l’instar de marques de mode solidaire comme Mister K qui reverse une partie de ses bénéfices à des associations qui luttent contre le cancer, Kitiwake s’engage à reverser une partie des ventes à des associations qui résonnent avec les convictions des créatrices: Plastic Odissey, Genetic Cancer, Hindbag et Karuna Shechen l’association de Matthieu Ricard. Rayon transparence et éthique, le bilan est également impeccable: tout est fabriqué en France et au Portugal et l’on a, sur le site, accès à des photos des usines en question. Seuls bémols: la marque dispose de peu de choix pour le moment (elle sort une nouvelle collection mi juin avec une nouvelle matière naturelle à base d’huile de ricin) et même si les modèles qui portent les vêtements sur le site ne sont pas des mannequins retouchées, ça manque de peaux noires et racisées. Niveau tarifs, il y a actuellement des soldes qui rendent les produits abordables. Une marque à suivre (mais comme je n’ai rien testé je ne peux pas vous dire si les tenues tiennent techniquement leurs promesses). 

Images issues du site Vaara

Vaara

Fondée par l’actrice russe Tatiana Korsakova, la marque d’activewear Vaara qui est localisée à Londres est probablement la plus chère du marché mondial. Comptez plus de 90 livres sterling pour une brassière (c’est à dire un peu plus de cent euros). C’est aussi la marque qui donne le moins d’infos sur son site: impossible de savoir où et comment les produits sont fabriqués ni quelles matières sont utilisées. Aucun engagement écologique revendiqué. Dommage car le design des pièces est très inspirant. J’attends plus d’une marque qui s’adresse à des personnes cherchant à s’aligner avec leur conscience supérieure.

Photographie issue du site Ecoalf

Ecoalf

Enorme coup de coeur pour cette marque madrilène lancée en 2009 par Javier Goyeneche. A la naissance de son fils Alfredo, cet entrepreneur se demande quel genre de monde nous sommes en train de laisser en héritage aux jeunes générations. Son but: recycler les déchets. Le concept de la marque se développe alors uniquement autour du recyclage et de l’upcycling. Ecoalf va même jusqu’à disposer d’énormes conteneurs près des ports de pêche afin de permettre aux marins de recycler les déchets en plastique ramassés en mer. Et pour les pousser à le faire, la marque les rémunère! Mais leur engagement ne s’arrête pas là: ils ne cessent d’innover afin que leurs produits dépassent les exigences techniques des marques qui travaillent sans conscience. Ils enchaînent les collaborations intelligentes et ont créé une fondation pour participer au nettoyage actif des océans. Rayon yoga: leur collection minimale est fabriquée en matières recyclées. Je n’ai pas testé la technicité mais les photos font très envie (j’aime beaucoup la surface côtelée de la matière des leggings et brassières). Leur volonté de réduire les coûts de production est toujours dans leur charte: ils ont donc retiré le maximum de coutures qu’il jugeaient inutiles. Reste à savoir si les promesses techniques sont à la hauteur de la désirabilité du site (les prix sont d’ailleurs tout à fait raisonnable: 69,90€ le legging) et si les pièces sont vraiment durables. Je n’ai pas trouvé d’infos sur les lieux de fabrication, c’est dommage. Dernier point: pas trop de mélange des genres niveau beauté physique. Seul un physique de ballerine est mis en avant sur la page yoga. 

Images issues du site People Tree

People Tree

La marque anglaise People Tree ne vient pas de découvrir le commerce équitable ni les matières premières respectueuses de l’environnement: en 2021, cela fera 30 ans que sa créatrice Safia Minney travaille à prioriser ces valeurs dans le milieu de la mode. Elle fait d’ailleurs partie des intervenants du célèbre documentaire The True Cost. La collection yoga de cette marque fair trade est conçue en coton bio à 95% et 5% d’élasthanne. Comme je n’ai pas testé ni touché les produits je ne peux pas vous dire s’ils répondent à des critères de durabilité et de technicité, ni même s’ils sont transparents ou confortables. En revanche, lorsqu’on clique sur un produit du site, il y a une option géniale dans la rubrique “Maker” à voir sous la description de la taille et des matières: ce bouton nous permet de voir où le produit a été fabriqué et par quelle usine. En l’occurrence en Inde par Assisi Garments, une fabrique qui respecte la charte fair trade ultra exigeante de People Tree. Les prix sont les moins chers que j’ai pu trouver au cours de mon enquête: environ 25 euros une brassière, entre 29 et 55€ un legging. Maintenant je vais avoir besoin de l’avis de celles qui utilisent déjà ces produits?!

Il existe bien d’autres marques de yogawear, vous l’aurez compris: impossible d’en dresser la liste complète sans remplir l’équivalent d’un annuaire. Charlotte, la créatrice de la marque consciente Linnea Lund m’a parlé d’une marque scandinave qui a l’air génial aussi: Filippa. J’ai jeté un oeil avant de boucler ce dossier et c’est en effet très prometteur. N’hésitez pas à partager vos trouvailles en commentaires, ils seront forcément précieux pour toutes celles qui essaient de faire des choix conscients.

Avant de commencer cet article, j’avais juste l’intention de répondre à une question fréquemment posée. J’ai finalement passé une semaine pleine à écrire un dossier qui est encore loin d’être complet. Je remercie toutes celles qui m’ont posé cette question car j’ai énormément appris au cours de mon enquête. Je sais aujourd’hui que la transparence n’est pas une valeur négociable pour moi. J’ai besoin que les marques assument leur processus de fabrication et leurs choix. J’ai besoin de voir les usines, de comprendre les coûts donc les prix et de savoir quelles matières tissent le legging que je porte. Mais avoir son nom ne me suffit plus. Le recyclage, l’upcycling, l’engament environnement et l’impact positif sur le vivant ne doivent plus être alternatifs. Ils doivent devenir la norme. Quant à la non diversité des femmes choisies pour montrer les vêtements de yoga, il est nécessaire qu’elle évolue rapidement vers une meilleure représentation de la société dans son ensemble. Le nouveau monde ne pourra pas se construire sur des vieux codes qui entretiennent de la discrimination. Or, n’oublions pas que le marketing se nourrit de nos désirs: à chacun de s’interroger sur ses propres héritages racistes, grossophobes, sexistes, âgistes… tant qu’ils auront encore un écho en nous, on nous servira la même campagne publicitaire.