L’éveil de la conscience écologique
Comment ne pas aimer cette image sur laquelle nous ne faisons qu'un avec la Terre?

L’éveil de la conscience écologique

L’éveil de la conscience écologique

Modifier ses comportements pour mieux respecter la planète exige beaucoup de renoncements. A moins d’avoir été élevé.e à la campagne ou d’avoir grandi dans une famille soucieuse de ces questions, il est bien difficile d’avancer sur ce chemin à l’âge adulte. Mais, on n’a plus le temps d’écarter les orteils pour savoir comment on s’y mettra dans dix ans. Je suis persuadée qu’il faut cesser d’attendre que les changements viennent de l’extérieur (et surtout pas de tout en haut) et je suis convaincue que chaque geste compte. La posture qui consiste à ne rien faire sous prétexte qu’il y a bien pire que nous sur l’échelle des agresseurs de la planète est stérile. Or, on le sait, il y a urgence. Et si on réfléchissait ensemble à tout ce qu’on peut commencer à faire dès aujourd’hui pour gravir petit à petit cette montagne ? J’ai commencé à écrire ce texte dans les Cévennes cet été, bien avant que Nicolas Hulot ne démissionne de son poste de ministre. Bien avant la marche pour le climat du samedi 8 septembre 2018, impulsée par le jeune journaliste Maxime Lelong. J’ai posé mes idées comme on dresse une liste de résolutions avant la rentrée des classes. Elle est incomplète et foutraque. Mais je la partage avec vous afin que vous puissiez l’enrichir de vos propres engagements… ainsi que les solutions que vous avez déjà trouvées. Hauts les cœurs !

Photographie Lili Barbery-Coulon il y a onze ans déjà

Premier réveil : l’arrivée de ma fille

L’éveil de ma conscience écologique a démarré quand je suis tombée enceinte et que j’ai arrêté de fumer pour prendre soin de l’enfant qui grandissait en moi. Mais je n’ai commencé à changer mon alimentation que lorsque ma fille est née, il y a onze ans. Jusqu’au passage de la diversification alimentaire et des premières purées de légumes, je ne voyais pas l’intérêt d’acheter bio, de questionner mon bilan carbone, ma surconsommation de produits en tous genres, mon utilisation de sacs en plastique, mon gaspillage hebdomadaire, la toxicité des produits ménagers ou cosmétiques pour l’environnement ou la santé de ma famille. Avant de tomber enceinte, je fumais un paquet et demi par jour de cigarettes – que j’écrasais sur le trottoir (« Ben quoi, vaut mieux un mégot qu’une crotte de chien, nan ? » – je buvais du Coca Light comme de l’eau et me gavais de fromages blancs 0% que je sucrais avec du Canderel. Lorsque mon amie Caroline Wachsmuth, déjà yogi en 2002 et fondatrice de la toute première marque cosmétique certifiée bio (Doux Me : elle l’a revendue depuis) me mettait en garde sur mon lifestyle, je haussais les sourcils avec un argument imparable :  « J’ai rien contre l’écologie, le bio, tout ça, mais en ville, c’est tellement pollué qu’un peu plus ou un peu moins, franchement… et puis, tu vois, je mange plein de légumes, donc je peux bien boire un Coca Light de temps en temps, ça équilibre ! ». Quand je me rendais dans une boutique bio, je trouvais que tous les clients avaient le teint aussi vert que le label AB et les fruits me semblaient au bout de leur vie. Quant aux prix, ils me choquaient bien plus que les sommes vertigineuses que j’investissais dans ma collection de talons Prada. Lorsque j’ai préparé les premiers repas solides de ma fille et que son pédiatre m’a recommandé d’utiliser uniquement des légumes bio, je n’ai cependant pas questionné son avis. Je voulais ce qu’il y a de mieux pour elle et pour sa santé. J’ai quand même continué à acheter des légumes bourrés de pesticides pour mon mari et moi, tout en réservant les denrées du marché bio du Boulevard Raspail pour elle. Un matin, fort heureusement, j’ai fini par trouver ça grotesque. J’ai commencé à remplir mes placards avec des produits plus vertueux que mes tomates espagnoles cultivées sous serres. Je venais de tirer le fil d’une bobine que je n’allais plus cesser de dérouler. J’ai progressivement éliminé les desserts lactés industriels que je consommais quotidiennement, remplacé les briques de lait « premier prix » par du lait bio (cependant je n’en achète que lorsque j’en ai besoin pour une recette de cuisine car plus personne n’en boit à la maison aujourd’hui), et acheté des œufs bio (Merci au livre Je Sais Cuisiner pour Mes Doudous de Martine Camillieri)… En onze ans, je suis passée de l’hyperconsommation en supermarchés à des achats mesurés de fruits et de légumes bio, locaux (ou les deux) dans des commerces spécialisés ou des marchés. Et puis, ces deux dernières années de pratique de kundalini yoga ont généré de nouvelles questions. Plus la conscience est éveillée, plus il devient difficile de ne pas entendre les messages qu’elle nous envoie. La quête de l’harmonie sur un tapis de yoga se conjugue assez mal avec une séance de shopping dans une chaîne de fast fashion ou l’emploi injustifié d’un taxi. On cultive tous des zones d’incohérence et ce n’est pas en imaginant qu’on fait mieux que les autres ni en nous culpabilisant qu’on va se sortir le cul des ronces. Ne nous jugeons pas. Agissons. Maintenant. Chaque petit pas compte pour changer le monde. Et une fois qu’une nouvelle habitude est acquise, on peut réfléchir à la prochaine marche à franchir.

Deuxième réveil : le film Baraka

En avril dernier, dans l’ashram où je me forme à l’enseignement du yoga kundalini, ma conscience écologique a sursauté. Il était temps ! Le respect du vivant est décliné là-bas sur chaque centimètre carré. Dans la cuisine, on prépare des repas bio végétariens et tout ce qui peut être composté l’est. On respecte l’eau de la rivière qui traverse le terrain en choisissant des produits ménagers et des gels douches non toxiques pour elle. Même le papier toilettes est écologique, fabriqué à partir de matériaux recyclés et sans agent blanchissant. On vit simplement, on mange simplement, on se contente de peu pourtant la joie y est contagieuse. Le film Baraka dont je vous ai parlé dans l’article relatant quelques enseignements de cette première semaine de formation m’a beaucoup secouée. Deux scènes en particulier : celle des poussins sur le tapis roulant qu’une main trie selon leur sexe (je rappelle qu’il est toujours autorisé en France de 1) broyer des poussins mâles vivants 2) mutiler le bec des poussins femelles en le brûlant – toujours à vif – pour éviter le cannibalisme dans les cages à poules… mais aussi d’émasculer les porcelets sans la moindre anesthésie). La deuxième scène est celle des arbres coupés à la tronçonneuse en Amazonie devant des populations condamnées à migrer pour trouver un nouveau lieu de vie. J’ai eu le ventre noué en regardant ces images qui datent des années 1990. Et j’ai pris des décisions.

Photographie Lili Barbery-Coulon

Plus de viande depuis avril 2018

Les reportages accablants sur les abattoirs en France avaient déjà beaucoup fait baisser ma consommation de viande. Je me vantais d’en manger très peu avant de partir dans cette école de yoga. Néanmoins, je ne comptabilisais pas les tranches de jambon sous vide (si, si…) que je mangeais roulées en guise d’apéro en préparant le dîner ni les poulets fermiers rôtis (pas du tout bio d’ailleurs) du week-end : c’était pas « vraiment » de la viande puisque ce n’était « ni rouge ni sanguinolent ». Pendant mon teacher training de yoga, on ne m’a jamais demandé d’adopter un comportement alimentaire. Aucun professeur ne m’a dit : « Vous ne devriez pas manger de viande ». Quand j’ai vu Baraka, une alerte a retenti à l’intérieur de mon corps. J’adore le goût de certaines viandes. J’ai toujours aimé le porc, les côtelettes d’agneau, le steak haché et les cuisses de poulet. Mais comment avoir la certitude que l’animal a été correctement traité pendant son existence ? A-t-il pu rester suffisamment longtemps avec sa mère ? Comment savoir comment il a été tué ? Quelle alimentation lui a-t-on donné ? Trop de questions auxquelles mon boucher n’a jamais réussi à répondre. Sans parler de toutes les interrogations au sujet du réchauffement climatique causé par l’élevage intensif. J’ai alors décidé de simplifier les réponses : j’ai cessé de manger de la viande en rentrant de ma première semaine de formation. Attention, je ne fais pas de prosélytisme et je ne cherche pas à culpabiliser ceux qui, comme mon mari et ma fille, en mangent. Cependant, si l’on fait le choix d’en manger, il me semble capital d’essayer de baisser sa consommation (j’ai été éduquée en pensant qu’une protéine animale à chaque repas était nécessaire pour être en bonne santé : C’EST FAUX) et de privilégier les circuits contrôlés via des réseaux comme La Ruche Qui Dit Oui ou la boucherie Terroirs d’Avenir rue du Nil à Paris. Si vous avez des suggestions dans vos régions, laissez un commentaire, vos voisins pourront en bénéficier ! Est-ce que la viande me manque ? Pas pour le moment. Le goût oui, parfois et la satiété qu’elle apporte également. Socialement, c’est compliqué d’annoncer qu’on ne mange pas de viande car on se fait beaucoup agresser (en plus je ne fume pas et je ne bois pas d’alcool : pile la caricature de la fille pas drôle qu’on n’a pas envie d’inviter à table…). Mais manger en conscience un animal sans savoir s’il a été heureux, maltraité, violenté, gavé de médicaments ou de soja modifié génétiquement, ça ne me manque pas du tout. Je sais qu’il existe des éleveurs vertueux. Camille Labro en parle dans son livre Fourche et Fourchette. Peut-être que j’aurais un jour la chance d’en rencontrer un.e et qu’il/elle me donnera envie de manger de la viande à nouveau ? Pour le moment, en tous cas, ce n’est pas possible pour moi. J’ai déjà exclu la viande à plusieurs reprises pendant de très courtes périodes. On verra où me mène cette nouvelle expérience…

Exit le coca zéro

Mon autre décision a été d’arrêter le coca zéro. Je me vantais de ne plus en avoir chez moi mais j’en buvais encore pas mal à l’heure du déjeuner lorsque j’étais dans un restaurant. Je ne vais pas détailler les raisons, il y en a trop pour les énumérer. J’ai aussi arrêté complètement de boire du café, pas dans un souci écologique mais par respect pour mon propre corps : j’en buvais trois tasses à la fin de chacun de mes déjeuners à la maison, c’était en train de devenir une addiction donc j’ai fait sauter cette case. Or jusqu’ici tout va bien. Quant au thé, j’en bois beaucoup moins qu’avant. J’ai remplacé la plupart de mes théières du matin par des infusions de plantes ou d’épices sans théine. Quand je bois une tasse de thé, je choisis une variété qui me plait vraiment parmi des marques dont c’est la spécialité. Là encore, ça n’a rien à voir avec l’écologie, j’ai juste cherché à chasser les excitants avec lesquels je carburais non-stop.

Photographie Lili Barbery-Coulon. Jamais sans ma gourde!

Eau de source ou eau du robinet

Vaste question que celle de l’eau. Je bois l’eau du robinet depuis des mois. Je la trouve dégueulasse, chlorée et j’ai toujours un peu peur d’avaler des hormones issues des contraceptifs ou encore des pesticides de champs où l’eau a été récupérée. Mais je n’en peux plus de jeter des bouteilles en plastique à la poubelle. Du coup, j’ai acheté des bâtons de charbon chez Welcome Bio Bazar qu’il faut laisser infuser au moins huit heures dans une carafe afin qu’il absorbe les toxines en présence (ce qui signifie qu’il faut deux carafes pour avoir de l’eau prête à consommer tout le temps). Je ne sais pas si c’est très fiable mais ça élimine le goût du chlore. J’avais une carafe filtrante (peu importe la marque) que j’ai longtemps utilisée mais j’ai appris qu’elle était inefficace voire contre-productive… Et puis, lorsque j’ai fait ma mono diète de riz complet à la demande de mon mentor de yoga kundalini (il faudra que je vous raconte cette expérience), on m’a demandé de consommer exclusivement de l’eau de source. Pour préparer mon riz et pour me désaltérer. Catastrophe ! Moi qui étais si fière d’avoir réussi à sortir les bouteilles en plastique de la maison, ça m’a remis un doute affreux ! Je sais par ailleurs qu’en naturopathie, la question de la qualité de l’eau qu’on offre au corps est primordiale… Comment faire ? Qu’est-ce qui est pire ? Boire de l’eau du robinet sans savoir exactement ce qu’on absorbe ou boire de l’eau minérale en bouteilles dont le plastique finira dans l’estomac d’une baleine ? A la maison, on s’interdit d’acheter des bouteilles d’eau minérale de moins de 8 litres. On a beaucoup de mal à trouver de grosses citernes dans notre quartier mais on a fini par en dénicher. C’est loin d’être la panacée mais c’est déjà moins pire que les packs de 1.5L ou de 50cl. Lorsque je suis partie en voyage de presse à Biarritz avec Avène en juillet dernier visiter les locaux de l’association Surf Rider, nous avons passé un long moment à discuter de ce sujet. J’utilise des gourdes et des bouteilles thermos depuis plusieurs mois (la base pour transporter de petites quantités d’eau). Surf Rider en fait sans cesse la promotion. Les images de bouteilles flottant à la surface de l’océan ou de bouchons retrouvés dans le ventre d’oiseaux marins qui meurent sur les plages font passer l’envie d’aller s’acheter une petite bouteille d’eau avec son sandwich. Lorsque je suis passée sur France Inter dans l’émission de François-Régis Gaudry, j’ai remarqué qu’avant de commencer l’émission, il a distribué des verres non jetables et une grande bouteille que nous nous sommes partagés. Ce n’était pas un hasard : il a exclu de son plateau les petites bouteilles d’eau individuelles. Ce sont des gestes simples mais prenons conscience qu’ils comptent vraiment. Et je crois que je vais quand même reprendre le chemin de l’eau du robinet car jeter des bouteilles me déprime trop. Pensez-y quand vous êtes dans un taxi qui vous propose une petite bouteille : avez-vous suffisamment soif pour créer un nouveau déchet ? J’espère qu’on finira par imposer l’eau minérale en carton recyclé. Les fabricants pensent qu’elle ne se vendrait pas car le consommateur aurait besoin de transparence pour acheter de l’eau. On est si débile que ça ? Et quid des consignes en verre qu’on rapportait chez les commerçants quand j’étais enfant ?

Mollo sur les ingrédients exotiques

J’adore l’avocat et le quinoa. Je suis une dingue de mangues et de fruits exotiques. Difficile de se résoudre à ne pas les acheter quand ils nous tendent les bras sur les étals des primeurs. On le sait bien pourtant : une consommation trop régulière de ces produits qui étaient encore rares ou inconnus il y a quelques années provoque des désastres dans les régions dont ils sont issus (sans parler du bilan carbone de leur transport jusque chez nous). L’exportation du quinoa a fait flamber son coût au Pérou comme en Bolivie, si bien que les populations locales n’ont plus les moyens d’en acheter et se tournent vers la junk food plus abordable. Au Mexique, on n’hésite pas à déforester pour cultiver des produits exportables comme du maïs, ce qui modifie tout l’écosystème et appauvrit durablement les sols. J’avais appris cela grâce à WWF et Yves Rocher lors d’un voyage pour observer la migration du papillon monarque. Le goût des occidentaux pour l’avocat qui le tartinent au petit-déjeuner comme du beurre (je prends ma part de responsabilité : j’en ai fait la promotion dans mon livre Pimp My Breakfast et je l’ai souvent photographié sur Instagram) a conduit les Mexicains à raser d’autres forêts pour le cultiver. Il nous faut donc redevenir raisonnable et VARIER notre alimentation. Il n’est pas bon de manger constamment la même chose. Ni pour notre santé. Ni pour la planète. Alors allons-y mollo avec les ingrédients « branchés » qui viennent de l’autre bout du monde…

Illustrations issues du sublime livre Leçons de Choses de Deyrolle (Editions Michel Lafon)

Le poisson ? Quel poisson ?

Dommage que les poissons n’aient pas d’oreille de lapin adorable ni de voix de chaton pour miauler à la mort : leur cadavre dans mon assiette me bouleverse moins qu’un morceau de viande. Pourtant, les poissons ne sont pas mieux lotis que le bétail. Selon un rapport des Nations Unies qui date de 2010, on craint la fin de la pêche commerciale dès 2050 (après-demain !) si l’on ne prend pas des mesures drastiques pour augmenter les quotas et privilégier une pêche éthique et durable. Sur le plan de la souffrance animale, je sais que je manque de cohérence en continuant à en consommer. J’avance à tout petits pas mais j’avance. J’en mange dix fois moins qu’avant et lorsque j’en achète, je vais chez Terroirs d’Avenir, rue du Nil. Il m’arrive aussi d’acheter de la pêche équitable et responsable chez Picard mais je ne sais pas si c’est à la hauteur de la promesse énoncée. J’ai des copines qui commandent sur Poiscaille, je n’ai toujours pas essayé mais il paraît que c’est top. Si vous avez d’autres plans éthiques, n’hésitez pas à les partager en commentaire. Quant aux espèces menacées dont vous trouverez de nombreuses listes en ligne, mieux vaut les éviter et varier vos achats. Attention aux poissons trop petits qui n’ont pas encore eu le temps de se reproduire… Bref, va falloir sortir du combo saumon/cabillaud si nous voulons que nos petits-enfants aient un jour la chance d’en voir autre part qu’à l’ Aquarium du Trocadero.

Photographie Lili Barbery-Coulon

Bio, de saison ou local ?

Les trois mon général ! Ce n’est pas toujours possible malheureusement. Attention à ne pas prendre le label bio pour ce qu’il n’est pas : ce n’est pas parce qu’un produit ou un magasin porte le label AB sur sa façade qu’il est forcément bon pour la planète ou la santé. Certains champs français cultivés en agriculture raisonnée valent bien mieux qu’un produit bio issu de l’autre bout du monde (bilan carbone pourri + cahier des charges du label bio très différent du nôtre). Il n’y a pas de réponse simple : scrutons les étiquettes, questionnons les commerçants ainsi que les vendeurs sur les marchés et faisons notre propre équation. Par exemple, je préfère acheter des légumes de ma région sans emballage plutôt qu’un paquet de tomates bio cultivées sous serre en Espagne et vendues dans du plastique. Pour faire mes courses de fruits et de légumes à Paris, j’aime tout particulièrement le marché bio du boulevard des Batignoles, la boutique Terroirs d’Avenir rue du Nil dans le 2e, l’épicerie Saveurs et Vous, 9 rue Keller dans le 11e, Humphris rue Milton ou Au Bout du Champ rue des Martyrs dans le 9e. Plus rarement, on commande sur le site Comptoir Local. Pour les céréales, les légumineuses, les graines et les produits laitiers (végétaux ou animaux), je vais dans des chaines de boutiques bio et je privilégie la vente en vrac. On se rend aussi en bas de chez nous dans une petite superette qui vend quelques produits bio mais surtout des tas de trucs bien industriels. Ca ne me réjouit jamais mais certains soirs où je me suis mal organisée, je n’ai pas le choix.

Les fameux emballages réutilisables en cire d’abeille par Superbee

Emballage et déchets

Pendant des années, j’ai rempli mes poubelles sans même prendre le temps de trier. Je n’en suis pas fière. Dans le 7e arrondissement où j’habitais avant, on avait une minuscule poubelle jaune pour tous les habitants du même immeuble. Elle était toujours pleine. Du coup, les bidons de lessive s’échouaient dans les poubelles vertes avec les épluchures de carotte et la tonne de bouteilles de Mont Roucous que je buvais chaque semaine sans pouvoir être recyclés. A présent, je suis devenue la relou de service concernant le tri à la maison. Ce qui me désespère, c’est que malgré tous mes efforts, je continue à être celle qui produit le plus de déchets dans l’immeuble : je reçois tellement de cartons et d’emballages chaque semaine… Lorsque je fais mes courses, je privilégie les courses en vrac. Plusieurs influenceuses sensibles à ces sujets ont récemment partagé leurs recettes pour réduire leur consommation de plastique (et même de sachets en papier pour les fruits qui finissent toujours roulés en boule à la poubelle) : elles apportent leurs pochons en tissu qu’elles ont fabriqués ou récupérés (de nombreuses marques de fringues en donnent pour accompagner l’achat d’un vêtement) et pèsent leurs fruits, légumes, céréales et autres graines avec ça. Je n’y pense pas encore systématiquement, il va falloir que je les garde dans mon panier à courses pour ne pas les oublier mais j’ai au moins pris l’habitude d’aller faire les courses avec un sac pour ne plus en acheter en plastique. Chez les primeurs, je n’utilise pas de sac, je mets tout dans mon panier et je leur donne les fruits et les légumes au fur et à mesure pour qu’ils les pèsent à la caisse. Ca fonctionne à peu près. Quant aux marques qui vendent leurs produits dans des emballages gigantesques ou inutiles, je tourne les talons : no way. On a aussi éliminé l’essuie-tout à la maison suite à une vidéo d’Et Pourquoi Pas Coline sur le sujet. Les torchons et l’éponge suffisent amplement, je l’avoue. Enfin, dernière astuce : pour remplacer le film étirable, il existe désormais des micro toiles cirées en coton remplies de cire d’abeille (de la marque SuperBee par exemple que j’ai découverte grâce à Miss Maggie’s Kitchen). Ces produits sont lavables, ils protègent hyper bien les aliments, ils sont plus jolis que du film étirable et on peut les conserver longtemps. Il existe des tutos pour en fabriquer, ça a l’air super simple et ça me donne envie de m’y mettre. Et vous, quels sont vos trucs pour réduire vos déchets ? Un lombricomposteur dans votre immeuble ? Personnellement j’en rêve mais ça va être coton d’aborder ce sujet avec mes voisins lors de la prochaine assemblée générale…

Photographie Lili Barbery-Coulon

Métro, vélo, dodo

L’un de mes plus grands défis de cette rentrée est de diminuer ma consommation de taxis et autres chauffeurs privés. Ces dernières années, j’ai pris l’habitude d’en prendre beaucoup trop. Les raisons majeures : le gain de temps car je peux passer des appels ou répondre à des emails en voiture + la grosse flemme de marcher, surtout quand j’ai les bras chargés de paquets + le manque d’envie de me retrouver comme une sardine dans un métro bondé. L’arrivée de la société Uber en France ne m’a pas poussé à diminuer mes trajets en voiture, bien au contraire. J’ai arrêté d’utiliser Uber en prenant conscience du modèle économique et social que j’encourageais : les trajets n’étaient pas assez chers pour que les chauffeurs gagnent dignement leur vie. J’ai remplacé par Chauffeur Privé (plus cher car ils se vantent de payer leurs impôts en France) et je me suis remise à faire appel aux chauffeurs de taxi que j’avais boudés pendant plusieurs années. Tous ces trajets ont fini par 1) me coûter une blinde 2) alourdir fortement mon bilan carbone et donc augmenter la pollution. A présent, je passe de nombreuses journées sans bouger de mon quartier car je multiplie mes rendez-vous dans mon périmètre, c’est un privilège d’entrepreneuse, j’en suis consciente. Et puis, l’argument « gain de temps en voiture » n’est plus valable à Paris : on va bien plus vite en métro qu’en taxi. On ne va pas se mentir : personne n’aime passer du temps dans les transports en commun lorsqu’ils sont blindés. Ca pue, il fait chaud et on y croise la misère qu’on préférerait oublier. Néanmoins, en regardant le bord de la Seine à côté de l’Hôtel de Ville dimanche dernier, j’ai observé une scène intéressante : sur les quais, des automobilistes pestaient dans leurs voitures en klaxonnant les uns après les autres. Sur les berges, les cyclistes et les gosses en rollers souriaient en profitant du soleil, les piétons dansaient sous un pont en écoutant un saxophoniste jouer un morceau de jazz. La juxtaposition des deux situations était éloquente… Je sais qu’il y a beaucoup de travailleurs qui n’ont pas d’autre choix que de prendre leur voiture le matin, mais est-ce vraiment le cas de tous ceux qui participent aux bouchons du matin au soir ? J’adorerais me mettre au vélo même si j’ai assez peur en deux roues à Paname. J’ai de plus en plus d’amis qui circulent en vélo électrique et ils jurent que ça leur a changé la vie. Autre argument pour s’y mettre : toutes mes copines qui font du vélo à longueur d’année n’ont jamais entamé un régime de leur vie et ont une silhouette olympique. De quoi booster sa motivation ?

Les t-shirts Patine en coton bio sont beaux et sont fabriqués avec éthique

Et la mode dans tout ça ?

Plus je vieillis, moins je m’achète de vêtements. Vous devez vous en apercevoir sur Instagram : je suis souvent habillée de la même manière. J’ai quelques pièces coûteuses que j’adore et que je ne cesse de recycler, pas mal de t-shirts en coton bio fabriqués dans des conditions éthiques (de marques comme Patine par exemple), beaucoup de tenues de yoga que je porte en continu… Je renonce à énormément d’achats dans les grandes chaines de fast fashion mais il m’arrive de craquer et je ne suis jamais pleinement satisfaite en sortant de ces magasins. D’abord parce que je ne sais pas comment les fringues ont été fabriquées. D’autant que l’industrie textile est l’une des plus polluantes (plus de 10 000 litres d’eau sont nécessaires à la fabrication d’un seul jean). J’arrive cependant à faire des efforts en privilégiant des marques vertueuses. Pour ma fille, c’est beaucoup plus difficile : j’ai beau lui expliquer pourquoi un tee-shirt ne peut pas coûter 7.90€, elle se moque pas mal de mes arguments. Je ne suis pas experte de ces questions mais Delphine Desneiges a beaucoup avancé sur le sujet. Elle a même créé un annuaire de la mode éthique en répertoriant un certain nombre de marques qui font des efforts. Il reste aussi le vintage ou les vêtements de seconde main qui permettent de changer de look à moindre coût. Les distributeurs savent bien que les interrogations ne cessent de grimper chez les consommateurs de mode (je pense notamment au mouvement Go for Good aux Galeries Lafayette). Or, plus on va réclamer des comptes en consommant, plus on va faire bouger les lignes.

Photographie Lili Barbery-Coulon

Les produits ménagers

Je débute sur cette question mais j’ai bien l’intention de progresser. J’aime trop me baigner dans les rivières et dans la mer pour continuer à faire comme si je ne savais pas où atterrissent tous les produits rinçables. J’ai commencé par abandonner l’adoucissant dans mes lessives. On s’en passe très bien en fait. Lorsque je trouve que le linge ne sent pas assez bon, je le vaporise avec Dans Mon Lit de Frédéric Malle, L’eau Sezane ou encore des Colognes en tout genre. J’ai testé plusieurs liquides vaisselle trouvés en magasin bio. J’achète de grands bidons (toujours dans l’idée de produire moins de déchet) de la marque Ecover et j’en suis très contente. Leurs tablettes pour le lave-vaisselle sont très efficaces également. Je n’aime pas l’odeur du vinaigre blanc mais je dois avouer qu’on n’a rien fait de plus naturel pour nettoyer efficacement la maison. Ça, et le bicarbonate qui décape à peu près tout et qu’on trouve dans les magasins bio comme dans les quincailleries. Sur Instagram, j’ai reçu des centaines de recettes pour fabriquer de la lessive à base de savon de Marseille ou des tablettes pour le lave-vaisselle. Je n’en suis pas encore là, mais qui sait, peut-être dans quelques mois ? En attendant, je teste la lessive à l’aloe vera de Biovie (une marque du groupe Léa Nature) et je n’ai rien à redire en terme d’efficacité. Parfois, j’utilise également l’Ecoegg et je trouve ça économique et efficace. Si vous avez des recettes écologiques à partager concernant la lessive, le ménage, les sols… n’hésitez pas à laisser un commentaire pour en faire bénéficier le plus grand nombre !

Photographie Lili Barbery-Coulon les dentifrices Le Bon

Les produits d’hygiène

Tampons, dentifrice, coton tiges, couches pour bébés, papier toilette, mouchoirs en papier, coton démaquillant… là aussi il y a du boulot si on veut protéger la planète et notre santé. Il existe aujourd’hui de nombreuses alternatives à l’autoroute qu’on nous a imposée pendant des années. Et ces alternatives sont bien souvent plus économiques à la longue. Sur la plage de Biarritz cet été, lorsque j’étais avec Avène et Surf Rider en train d’inspecter le sable, j’ai repéré des tonnes de « bâtons de sucette ». Il ne s’agit pas de sucettes mais de bâtonnets en plastique issus de coton tiges ! On trouve ces petits outils en version papier ou bois, c’est quand même moins dégueu pour la mer et ça ne coûte pas beaucoup plus cher. Rayon dentifrice, ça bouge de plus en plus. Il y a bien évidemment beaucoup de choix dans les magasins bio (je teste actuellement le dentifrice Dentavie Haleine Fraîche de Lea Nature que je trouve top mais mon mari n’aime pas sa texture pommade non moussante). La marque Le Bon propose une large variété de dentifrices élégants aux ingrédients naturels et aux goûts surprenants. Il y a aussi Aesop qui fait un dentifrice irrésistible. Et pour tout le reste, faisons l’effort de découvrir les alternatives vendues en magasin bio. Je ne dis pas que tout le monde doit laver les couches de son bébé et je suis bien contente que ma fille ne soit plus un nourrisson car je n’ai plus à me poser ces questions. Mais il va bien falloir qu’on apprenne à faire autrement si on veut que les choses changent pour de bon ?

Photographie Géraldine Couvreur. Ah ben je fais la maligne dans ma salle de bain avec 12 milliard de produits… J’ai de GROS progrès à faire, c’est certain!

Quant à la beauté…

Hum. Ce paragraphe mérite bien dix articles à lui seul. J’aimerais vous dire que j’ai des solutions simples à proposer. Le fait est que je n’ai pas encore réussi à trouver le bon équilibre entre 1) mon besoin d’ingrédients bien tolérés par ma peau sensible et je ne parle pas seulement des huiles essentielles qui peuvent être agressives mais aussi de conservateurs naturels qui me font réagir ou de matières auxquelles je suis allergique 2) ma soif d’efficacité 3) mon désir de moins d’emballages inutiles 4) ma quête de sensorialité (qui encourage à utiliser un produit correctement et durablement) 5) mes questionnements légitimes sur la santé à long terme face à certains perturbateurs endocriniens et autres pesticides cachés 6) mon envie de plus d’écologie… Je vous assure que dans ce domaine que je maîtrise bien, l’équation n’est pas aussi simple que ce que les applications proposant de scanner vos produits cosmétiques semblent le dire. J’ai encore fait une réaction à la rentrée à une marque bio pourtant très sérieuse. J’ai aussi dû arrêter un déodorant bio à base de bicarbonate qui me décapait les aisselles. J’ai pris des coups de soleil avec une crème solaire soit disant vertueuse SPF 50. Ca ne m’empêche pas de continuer à chercher la perle rare. Je scrute les listes INCI que je sais à peu près déchiffrer. Je privilégie les formules qui contiennent le plus d’ingrédients naturels mais j’ai du mal à trouver plus efficace que la pétrochimie pour protéger mes lèvres du dessèchement sans qu’elles fassent une réaction. Dans l’ashram où l’on m’enseigne le yoga kundalini, on a réglé ce problème de manière drastique. Un seul gel douche corps et cheveux est proposé pour se laver de la marque bio Emma Noël. On fait donc le tri par le vide en utilisant le minimum vital. Tous ceux qui ont déjà vu ma salle de bain savent que je suis à l’opposé de ce modèle, même si je me maquille moins depuis plusieurs mois et que j’utilise de moins en moins de produits. Les seuls produits résolument vertueux que j’ai adoptés sont les huiles végétales bio avec lesquelles je me masse le corps avant ma douche froide chaque matin, certains savons 100% naturels pour la douche, quelques shampooings contenant une grande proportion d’ingrédients naturels ou organiques. Niveau cutané, c’est beaucoup plus compliqué et ce n’est pas faute de tester une tonne d’options sensées être irréprochables. On en reparlera, ce sujet me passionne, comme vous pouvez l’imaginer.

photographie lili barbery-Coulon

se mettre au vert

Si vous habitez à la campagne, ce paragraphe ne vous concerne pas. Pour moi qui habite en ville dans un arrondissement assez peu fourni en parcs et autres jardins, il est capital de me reconnecter régulièrement à la nature. Ma prof de yoga kundalini Caroline Benezet recommande à ceux qui ne peuvent pas aller à la campagne d’aller marcher régulièrement pieds nus dans un jardin de leur ville. C’est encore l’été, n’hésitez pas. Ca fait du bien instantanément et ça permet également de puiser de la motivation pour le changement de nos comportements. On a trop tendance à oublier celle qui nous accueille et nous nourrit sous cette croûte de bitume. L’autre moyen de se mettre au vert pour booster sa motivation écologique est de jardiner et pourquoi pas de faire pousser des légumes. Je n’ai pas de balcon chez moi ni potager partagé dans mon quartier (ça se développe un peu partout, renseignez-vous) mais j’ai des fenêtres avec des gardes corps sur lesquels je peux mettre des jardinières. Cet été, toutes mes plantes aromatiques ont cramé avec la canicule pendant que j’étais dans les Alpes. C’est l’occasion de reprendre toutes mes jardinières à zéro. La semaine prochaine, je vais visiter une ferme à l’orée de Paris pour que ses propriétaires me conseillent en permaculture à mon tout petit niveau d’urbaine. Je vous en reparlerai.

Photographie Géraldine Couvreur (qui date de l’an dernier quand ma sauge n’avait pas été écrasée par la canicule de cet été)

Chaque achat est un acte politique

Quel monde veut-on ? C’est la question qui nous est posée quotidiennement lorsque nous consommons. Quel système souhaite-t-on soutenir ? Qui veut-on vraiment aider : les grands qui écrasent les petits ou bien les micro fourmis qui essaient de construire un monde meilleur ? Ceux qui détruisent ou ceux qui nous unissent ? Renseignez-vous au sujet des marques qui vous font douter. Il existe des listes de marques qui utilisent des ingrédients issus des cultures OGM de Bayer/Monsanto, ça vaut le coup de les consulter. Chez moi, la grande difficulté est d’éveiller la conscience écologique de ma fille qui adore tout un tas de conneries industrielles que je ne valide ni sur le plan de la santé, ni sur le plan humain. Il y a des produits qui ne rentrent plus dans nos placards, même si elle les aime. On a trouvé des alternatives qui lui plaisent mais ça nous a parfois pris plusieurs mois. Pour mon mari qui a toujours eu une alimentation très régressive, ce n’est pas simple non plus d’abandonner certains produits. J’alerte mais je ne leur impose rien. Dans mon yoga, on dit qu’il faut incarner le changement pour inspirer les autres. J’en suis certaine. A force de me voir évoluer sur ce chemin, ils se mettent à faire des efforts à leur tour. Est-ce que ça va suffire pour sauver la planète? Je n’en sais rien. Mais plutôt que de déprimer en pensant à tous les avions qui déversent leurs carburants sur nos tronches, je préfère cultiver ma motivation d’aller chaque jour un peu plus loin et me réjouir lorsque je sors de lieux comme la chocolaterie Rrraw où j’étais lundi après-midi. Non seulement les fèves de cacao conscient et éclairé que j’y ai achetées vont me faire du bien mais elles vont aussi honorer tous ceux qui ont travaillé à l’élaboration de ce produit de qualité. Je suis heureuse d’être un maillon de cette chaîne d’or. Cette joie ressentie me donne de l’élan pour continuer à avancer sur ce chemin difficile et accepter de renoncer à mes mauvaises habitudes pour l’environnement. Chaque jour, un petit pas supplémentaire…

Photographie Lili Barbery-Coulon. Derniers jours pour les tomates fraîches de saison