Tokyo-Kyoto #6 : de Kiyomizudera à Ginkakuji
Photographie lili barbery-coulon

Tokyo-Kyoto #6 : de Kiyomizudera à Ginkakuji

Tokyo-Kyoto #6 : de Kiyomizudera à Ginkakuji

Photographies lili barbery-coulon. La vue de la terrasse du temple Kiyomizu-dera à Kyoto.

Je l’admets : ce feuilleton « Tokyo-Kyoto » n’est pas lancé à la vitesse du Shinkansen. J’ai bien du mal à trouver le temps de passer d’un épisode à l’autre. Au cas où vous découvrez ce blog, je vous invite à aller lire les posts précédents (#1 #2 #3 #4 et #5) qui vous emmèneront – du moins je l’espère – en voyage au Japon. Sixième réveil dans ce pays de rêve et nous nous levons à Kyoto. Chaussez vos Stan Smith, le programme est chargé. Plus tôt vous partirez, plus vous éviterez les touristes. Et ils sont nombreux : des cars entiers de chinois et d’européens, munis d’ombrelles, de casquettes et d’appareils photos. Ambiance Mont Saint Michel en terme de densité humaine au mètre carré dans les temples les plus célèbres. Ce serait pourtant dommage de ne pas aller les voir. Et puis, même dans les lieux touristiques, on réussit toujours à s’isoler car les jardins sont grands.

Photographie lili barbery-coulon

Notre petite maison à Kyoto était située juste à côté de Kiyomizudera Temple. Nous avons donc commencé par ce monument sur pilotis niché dans les collines au sud-est de Kyoto. Arrivée sur la terrasse (j’imagine que ce n’est pas le mot correct pour désigner ce balcon gigantesque), je me suis avancée entre les touristes au bord de la rambarde. Comme eux, j’ai regardé les arbres devant moi. Les verts profonds, les tâches de chlorophylle fluorescente, le feuillage rouge. J’ai baissé la tête vers le jardin construit comme un parcours initiatique, jonché d’escaliers, de cerisiers en fleurs et de pruniers. Et je me suis mise à pleurer. Complètement submergée par la beauté du paysage. Mes photos (prises avec mon Iphone, la batterie de mon Canon était vide) ne sont absolument pas à la hauteur de ce que j’avais sous les yeux. Je n’étais pas si haut mais j’ai eu l’impression d’être sur le toit du monde. Peut être les vapeurs d’encens qui m’étaient montées à la tête. C’est un must-see absolu. Oubliez les touristes, ouvrez les yeux, vous allez adorer.

Photographie lili barbery-coulon

De Kiyomizudera Temple, on va passer la journée à remonter à pied (ou à vélo, il y a de plein d’endroits où en louer à Kyoto) jusqu’au pavillon d’argent (Ginkaku-ji Temple) toujours à l’est mais au nord. En sortant de Kiyomizudera Temple, suivez la promenade marquée sur les cartes « Sannen-zaka ». Il y a plein de boutiques pour les touristes dans lesquelles on ne sait pas trop quoi acheter. Mais si on regarde bien, on trouve toujours des merveilles. Il y a par exemple sur le chemin vers Chion-In Temple un magasin entièrement consacré à Totoro qu’on repère grâce à la présence d’une énorme peluche devant l’entrée. Passez aussi à la Pâtisserie des Rêves. Le lieu est petit mais vraiment sublime. Et puis, il y a des desserts qu’on ne trouve pas en France, comme des gaufres au thé matcha (les Japonais adorent les crêpes et les gaufres), et leur Saint Honoré au thé vert est une dinguerie. Entrez dans Chion-In Temple. Avec un peu de chance, vous pourrez aller écouter les moines en train de prier tous ensemble. Ils chantent des sons très graves, presque gutturaux. Là encore, j’ai pleuré. La vibration émanant de ces dizaines d’hommes serre le cœur et les tripes (non, je n’étais pas sous substance ce jour là 🙂

Photographie lili barbery-coulon. Dans les hauteurs de Nanzen-ji, marchez près des arcades en brique rouge et remontez jusqu’au dernier temple tout en haut. 

Pour déjeuner, les options ne manquent pas à Kyoto. Nous n’avions réservé nulle part et nous avons adoré les tous petits restaurants abandonnés des touristes où l’on mange des plats simples et familiaux, comme un katsudon ou une soupe de sobas. Comme notre fille commençait à fatiguer de cette longue marche, nous avons pris un taxi pour nous rendre à Nanzen-ji Temple. Le contraste entre les briques rouges du pont et la végétation est saisissant. Il y a plusieurs temples réunis dans le même espace mais j’ai surtout été émue par la nature et les jardins à l’écart.

Photographies lili barbery-coulon. En haut, le jardin d’Eikan-do Temple, en bas, une vue du chemin des Philosophes

Un peu plus loin, arrêtez-vous à Eikan-do Temple. Si vous êtes fatigué, vous trouverez entre Nanzenji et Eikan-do, des petits cafés où l’on trouve toujours un bon latte et des pâtisseries. Le jardin d’Eikan-do est absolument merveilleux. Tellement soigné. Il faut faire le tour du point d’eau pour bien voir toutes les perspectives imaginées par les jardiniers. C’est une splendeur. En sortant, repartez vers Ginkaku-ji en prenant le « Philosopher’s path » (le chemin des philosophes ou Tetsugaku-no-Michi). Il longe un cours d’eau dans lequel nagent de très gros poissons (ce qui amuse beaucoup les enfants). En outre, le chemin est bordé de pruniers et de cerisiers dont les pétales, au printemps, tombent doucement sur l’eau, à la vitesse d’une boule de coton. Il y a plein d’amoureux habillés en kimonos, se protégeant du soleil et du regard des touristes par des ombrelles. Très dépaysant.

Photographies lili barbery-coulon.
Le chemin des philosophes 

Gingakuji (le pavillon d’argent) est facile à repérer : il suivi de suivre la foule. C’est certes un peu pénible qu’il y ait autant de monde mais ça ne m’a pas empêché d’apprécier le lieu. N’essayez pas de doubler les touristes pour avancer plus vite. On est au Japon : on oublie ses mauvaises manières françaises, on respecte les autres et on prend son temps. Sur le sentier qui mène au jardin principal, on passe devant un immense cône en sable blanc entouré de stries. Il représente une montagne entourée d’eau. Les formes sont si précises qu’on m’a dit qu’elles étaient refaites chaque jour par les jardiniers afin qu’elles restent parfaites. Je n’avais qu’une crainte : que ma fille très attirée par ce sable finisse par shooter dedans. On a réussi à contenir les tentations. Suivez le parcours de visite du jardin. Et surtout, regardez les jardiniers en chaussettes qui enlèvent une à une les feuilles tombant des arbres sur la mousse. Ne cherchez pas d’herbes folles : il n’y en a pas et si quelques pétales de fleurs sont au sol, c’est qu’on a choisi qu’ils y reposent.

Photographies lili barbery-coulon. Gingaku-ji, sa montagne en sable blanc à l’entrée (cette sculpture en sable est gigantesque) et ses sous-bois de mousse

Prochain épisode à Kyoto pour une nouvelle journée de temples et de jardins. On va encore en prendre plein la vue… Miam, Miam, Miam…

 Photographie lili barbery-coulon