Tokyo-Kyoto #7: jardin de pierre et pâtisserie de luxe
PHOTOGRAPHIE LILI BARBERY-COULON. EN HAUT, LE PLATEAU DU SALON DE THÉ TORAYA DE KYOTO À L'HEURE DU THÉ

Tokyo-Kyoto #7: jardin de pierre et pâtisserie de luxe

Tokyo-Kyoto #7: jardin de pierre et pâtisserie de luxe

JUSTE CI DESSUS, LA CARTE GOOGLE QUE J’AI CONCOCTÉE POUR VOUS SUR LAQUELLE VOUS ALLEZ POUVOIR RETROUVER CHAQUE ADRESSE CITÉE DANS CE POST.

Septième jour au Japon. Après une randonnée de folie, on ralentit le rythme. Enfin juste un peu. Au lieu de marcher six heures non-stop, nous allons crapahuter toute la matinée et beaucoup glander l’après midi. A vous de voir où vous aurez envie de vous poser le plus longtemps d’après mes descriptions. Si le sixième épisode du feuilleton Tokyo-Kyoto était dédié aux temples à l’est de Kyoto, nous partons aujourd’hui au nord-ouest de la ville. L’idée est de démarrer par le jardin de pierre de Daisen-In Temple (qui fait partie de l’ensemble de temples baptisé Daitoku-ji) pour atterrir à Ninnaji Temple en passant par Kinkakuji Temple (le pavillon d’or)et Ryoanji Temple. Tous ces temples se trouvent dans un périmètre rapproché. Vous pouvez faire ce parcours à pied ou à vélo (mais les flemmards qui en ont les moyens pourront aussi prendre des taxis pour rejoindre chaque étape).

Photographies lili barbery-coulon. En haut, les moines marchant vers Daisen-In à côté de ma fille fascinée. En bas, le pavillon d’or de Kyoto.

Je n’ai pas de photo à vous montrer du jardin de pierre de Daisen-In.. C’est un lieu très ancien (il date de 1509) que l’on visite en chaussettes et sans téléphone à la main (on vous réclamera smartphone et appareil photo à l’entrée). L’avantage, c’est qu’on est pleinement présent et qu’on savoure la visite en mémorisant chaque mètre carré. Le lieu de prière au centre est entouré d’un jardin de sable et de pierres représentant en miniature les peintures que l’on voit sur les portes coulissantes. Sur le sable sont dessinés des cercles concentriques aussi fins que précis. Du coup, on a l’impression d’être au bord d’un point d’eau. Un peu plus loin, on aperçoit une pierre en forme de bateau, un rocher plus gros pour simuler une montagne au milieu d’arbustes parfaitement taillés. A la fin de la visite, on peut déguster un thé matcha. Je ne l’ai pas trouvé exceptionnel (comparé à celui que j’avais bu chez Yasu Kakegawa) mais c’est agréable d’assister à la préparation.

Photographie lili barbery-coulon. L’entrée du jardin du temple Ryoanji

Juste après, on se rend au pavillon d’or, le célèbre Kinkakuji temple. Il ne faisait pas très beau, le lieu était asphyxié par les touristes. J’avoue ne pas avoir été aussi émue que la veille. Enfin, ça reste incontournable et le jardin est vraiment sublime. On ressort enivré par les vapeurs d’encens. Et avec une sérieuse envie de massacrer les vacanciers qui vous bousculent pour faire des selfies tous les dix mètres.

Photographies lili barbery-coulon. Les pétales qui tombent comme de la neige dans le jardin de Ryoanji Temple et la vue de l’étang principal du même jardin. 

A vingt minutes à pied en descendant à l’ouest, allez visiter le jardin du temple Ryoanji. C’est l’un de ceux que j’ai préférés à Kyoto. A l’entrée, en avril, les pruniers ont des fleurs si volumineuses qu’on dirait qu’on a rajouté des pompons en papier de soie rose dans les arbres. On passe sous cette voûte de pétales et on commence par la visite du jardin de pierre (moins intime et plus grand que celui de Daisen-In) puis il faut se perdre dans le labyrinthe végétal et bien observer la manière dont les arbres ont été plantés. Il n’y a pas de hasard dans les jardins japonais. Tout a du sens. Même la manière dont les pétales tombent sur la mousse. On termine par le tour de l’étang où chaque perspective mérite une photo.

Photographie lili barbery-coulon. Les derniers arbres en fleurs de Ninnaji Temple fin avril 2014 

Si c’est encore la saison des cerisiers, ne quittez pas ce quartier sans passer au Ninnaji Temple. Il y a un champ de cerisiers juste en face de la pagode. Il n’y en avait qu’un ou deux encore en fleurs le jour où nous y étions, avec au moins deux couples de jeunes mariés en train de se faire prendre en photo. J’aurais bien aimé voir ces arbres quelques jours plus tôt. Vous aurez sans doute trouvé de quoi déjeuner sur votre chemin entre Daisen-In et Ninnaji. On s’est un peu perdus pour dénicher un repas à l’abri des touristes. Et nous sommes repartis en taxi à l’autre bout de Kyoto, au salon de thé Toraya à côté du jardin du palais impérial. Ceux qui connaissent et aiment Toraya à Paris seront émerveillés. C’est une version beaucoup plus grande, climatisée et ouverte sur un jardin zen avec une bibliothèque à disposition de la clientèle et des serveuses de toute beauté servant des pâtisseries et du thé glacé avec une délicatesse absolue. Il faut vraiment y aller, même si vous n’aimez pas les desserts japonais, commandez au hasard, vos papilles vont voyager.

Photographie lili barbery-coulon. Le salon de thé Toraya de Kyoto (vérifiez bien sur la Google map, je n’ai mis qu’une seule adresse Toraya alors qu’il en existe plusieurs à Kyoto) 

Juste à côté, nous sommes passés dans l’un des pavillons du festival de photographie Kyotographie, occupé par la sélection de M le magazine du Monde (cette phrase corporate est destinée à obtenir une augmentation sensible et méritée 🙂 Plus sérieusement, je veux vous dire un mot de ce festival qui existe depuis deux ans. Fondée par la photographe française Lucille Reyboz et le japonais Yusuke Nakanishi, cette manifestation investit des lieux inattendus à Kyoto et permet à des photographes du monde entier d’y exposer leur travail pendant quelques semaines au printemps (En 2014, c’était du 18 avril au 11 mai). J’ai rencontré Lucille en Espagne il y a bientôt dix ans. J’étais rédactrice beauté à Vogue à l’époque et elle m’accompagnée en reportage pour photographier l’hôtel Marques de Riscal, construit par Franck Gehry au milieu de la Rioja. Elle vit désormais à Kyoto et elle mériterait que je lui consacre une série d’articles tant il y a à raconter sur sa présence au Japon, sur ses liens avec l’Afrique et sa manière de regarder les gens. Un personnage romanesque qui a réussi à fonder un festival incroyable et déjà reconnu à l’international en seulement deux éditions.

Photographie lili barbery-coulon. L’entrée de la maison du thé Kodo-Kan qui a servi de pavillon d’exposition pendant le festival Kyotographie 

Je ne sais pas si la petite maison de cérémonie du thé, Kodo-Kan, où se trouvait l’exposition du M est ouverte au public le reste de l’année. Je pense que oui car ils ont un site internet avec des horaires (en japonais uniquement pour le moment). ce lieu est une merveille et vaut vraiment le détour. Cette exposition m’a aussi permis de découvrir les jardins suspendus d’Aki Murase (Re :planter). Je n’avais pas le droit de les prendre en photo dans l’espace dédié au festival Kyotographie. Alors j’ai trouvé son compte Instagram et je lui ai demandé une visite privée de son atelier. Je vous raconte tout demain. <3

Photographie lili barbery-coulon. Le jardin de la maison du thé Kodo-kan à Kyoto