Marfa et la région du Big Bend
12/12/2012
« Mais qu’est-ce que tu pars faire au Texas ? » m’a-t-on demandé cinquante mille fois avant l’été. Sur place, même surprise des locaux : comment expliquer la présence d’une famille parisienne en plein milieu du désert du Chihuahua ? L’an passé, je publiais sur ce blog le parcours d’Emmelie Brunetti, expatriée à Marfa. Un article que j’ai eu tellement de plaisir à écrire que cette exception culturelle du Far West est devenue mon obsession. Il m’aura fallu quelques mois pour organiser un premier aller-retour éclair en avril 2012. Cinq jours pendant lesquels la photographe Camille de Laurens et moi-même avons fait notre propre remake de Thelma et Louise (sans la tentative de viol ni le meurtre et encore moins Brad Pit – on est des petites joueuses…). Ce mini road-trip commandé par Grazia (article paru en octobre 2012) m’a fait l’effet d’un choc. Esthétique et culturel.
Je ne m’attendais pas à être aussi fascinée par ces paysages et la variété surréaliste d’artistes résidant à Marfa. Vous avez peut-être lu le sujet du M, le magazine du Monde, celui du Madame Figaro, du Vanity Fair ou des Inrockuptibles à propos de Marfa ? Située à trois heures en voiture d’El Paso Texas, Marfa est devenue célèbre le jour où le casting du film Giant s’est installé à l’Hôtel Paisano. Plus tard dans les années 70, l’artiste new-yorkais Donald Judd a changé le destin de la ville en s’y installant. Progressivement, cette perle rare au milieu de la région du Big Bend est devenu un lieu de pèlerinage, une terre d’accueil des plasticiens, sculpteurs ou musiciens du monde entier. Pour des raisons économiques (l’inflation récente des loyers à New York et à Los Angeles a largement contribué au mouvement) mais surtout pour se rapprocher du messie Donald Judd. Disparu en 1994, il a offert une série d’œuvres permanentes en héritage à Marfa (qu’on peut aller voir à la Judd Foundation et à la Chinati Foundation) comme ces célèbres cubes de béton au milieu du désert ou encore ces monolithes de métal, tous différents, sur lesquels se reflètent les couleurs d’herbes séchées et de ciel bleuté. Une splendeur.
Cependant, Marfa n’est pas réservé aux amateurs de land art. Lieu privilégié de tournages depuis Giant, la petite ville de 2500 habitants a vu défiler les frères Cohen qui y ont filmé quelques scènes de No Country For Old Men, mais aussi le casting de There Will Be Blood ou encore celui de Three Burrials. D’où l’impression permanente d’être à l’intérieur d’un film. Ce qui n’a pas échappé aux branchés d’Austin et de Brooklyn qui débarquent en masse tous les weekends. Dans les jours qui viennent, je posterai dans la rubrique Worldtour un tour d’horizons des hôtels de Marfa et de sa région. J’avais déjà commencé avec The Maverick Inn à Alpine (à 30 minutes de Marfa). Si vous décidez d’aller faire un tour dans ce désert, je vous recommande de passer une nuit à El Paso en arrivant, non pas pour visiter la ville qui ne présente aucun intérêt en dehors de ses usines de bottes de cowboys à prix cassé, mais pour vous reposer. Puis de louer une voiture pour partir directement à Marfa. Commencez par deux ou trois nuits à Marfa pour vous acclimater et installez-vous ensuite à Alpine pour une nuit au Maverick. La même route (N°90) vous conduira au petit village de Marathon où je vous recommande aussi de passer une nuit ou deux. De Marathon, prenez la route 385 qui vous mènera au Big Bend National Park, l’un des plus beaux parcs nationaux des Etats-Unis. Il contient des lodges très abordables afin d’observer les aigles à l’aube. Du Big Bend, récupérez la route 67 en longeant le Rio Grande, à la frontière du Mexique et remontez en direction de Marfa. Sur le chemin, arrêtez-vous dans l’un des plus beaux ranchs de la région : le Cibolo Creek Ranch. Et terminez votre séjour à Marfa avant de repartir vers l’aéroport d’El Paso. Ce périple nous a pris 15 jours en août. Il faisait très chaud mais ça n’a rien entamé à notre enthousiasme. Je vous conseille cependant d’y aller au printemps si vous rougissez à plus de 25 degrés. Maintenant, vous savez quoi réclamer au Père Noël…