Les dernières série télé qui m’ont enthousiasmée
Montage Bastien Coulon

Les dernières série télé qui m’ont enthousiasmée

Les dernières série télé qui m’ont enthousiasmée

Voyage dans le temps, sexualité, vieillissement, construction de la violence quotidienne et jeux de pouvoir: les dernières série télé que j’ai découvertes en 2019 continuent à libérer les tabous et à souligner le changement de paradigme global que nous traversons actuellement. Réjouissances et sélection de mes derniers coups de coeur.

Vous l’aurez remarqué, je publie beaucoup moins de billets sur le blog qu’avant. J’ai moins de temps pour écrire et quand j’ai envie d’aborder un sujet, cela me demande une lente macération qui se conclut par un texte aussi long que le dernier post qui a visiblement beaucoup résonné pour vous. J’aime beaucoup prendre le temps de digérer les enseignements que je reçois pour ensuite les partager sur Instagram ou sur le blog. Mais j’ai aussi envie d’écrire sur des sujets plus légers, avec la même conscience. Je reçois beaucoup de questions chaque semaine sur des sujets variés et j’ai décidé d’y répondre lorsqu’elles m’inspirent. Il y a peu, on m’a demandé quelles étaient mes dernières découvertes en matière de séries télé. Voici donc ma sélection…

hyperconsommation de séries télé et pause salvatrice

Après avoir consommé des séries avec boulimie pendant une quinzaine d’années, j’ai ressenti le besoin de faire une longue pause. Par exemple, je n’ai jamais vu un seul épisode de Games of Thrones alors que mon mari a adoré cette série et qu’une de mes abonnées Instagram (qui est devenue depuis une amie) m’a offert les cinq premières saisons en DVD il y a au moins trois ans. Je n’ai pas vu non plus The Handmade’s Tale, Westworld, American Horror Story dont mon mari me parle comme autant de chefs d’œuvre. J’ai été occupée par d’autres projets et j’avais peur de me lancer dans une activité chronophage qui m’empêcherait d’aller au bout de l’écriture de mon livre, de ma formation exigeante à l’enseignement du yoga (impossible de se coucher tard lorsque j’enchainais les challenges de 40 jours à 5h du matin) ou de la préparation des cours de kundalini yoga que je donne chaque semaine. En dehors de Big Little Lies et de The Crown, j’ai raté à peu près tout ce qui est sorti entre 2015 et 2018 ! Il me reste donc des merveilles à découvrir et je me les réserve comme des cadeaux à m’offrir au moment opportun. L’arrivée de Netflix dans nos vies a toutefois modifié mon comportement. Cette profusion de séries et de documentaires intégralement disponibles sans coupure pub ni streaming colonisé par des promos porno est irrésistible. C’est peut-être pour cette raison que je n’ai pas réussi à écrire plus de posts sur le blog ces dernières semaines !!! 🙂 🙂 🙂 Voici donc mes derniers coups de coeur…

Dark

J’ai absorbé les deux saisons de cette série allemande, quasiment sans interruption avant mes vacances d’été 2019. L’intrigue se déroule de nos jours dans la petite ville de Winden. Le fils d’un policier vient de disparaitre sans explication. Cela n’est pas la première fois que cela se produit dans cette commune où est installée une gigantesque centrale nucléaire. Un autre enfant avait également disparu 33 ans plus tôt sans qu’on n’ait jamais compris ce qui lui était arrivé. Où se-sont volatilisés les enfants ? Ont-ils été kidnappés ? Qui est ce personnage habillé en prêtre qui se promène avec un grand chapeau dans la forêt derrière la centrale nucléaire ? Dark nous propose de faire l’expérience du voyage à travers le temps. Un passage caché permet en effet de se propulser par sauts de trente-trois ans dans le passé ou vers le futur. Au-delà des énigmes à résoudre, les questions posées par la série sont passionnantes : alors que nous consacrons une grande partie de notre présent à rejouer mentalement des scènes du passé en imaginant ce que nous aurions aimé y changer, avons-nous déjà envisagé ce qu’il se passerait si nous avions véritablement le pouvoir de retourner physiquement dans le passé ? quelles conséquences ces changements auraient sur notre présent ? Sur notre futur ? Quel impact aurait le futur sur nos actions d’aujourd’hui si nous en avions un aperçu même fugace ? Les épisodes de Dark ne s’arrêtent pas au générique de fin. Ils vivent en nous pendant plusieurs jours, animent les conversations autour de la table. On se retrouve même à dessiner des timeline pour bien situer l’intrigue. Elle donne lieu à des discussions improbables du genre « non mais si mon moi à 7 ans rencontre mon moi à 40 ans, comment mon moi de 7 ans va se reconnaitre dans sa version 33 ans plus vieille, lui faire confiance et appliquer ce que mon moi de 40 ans a à lui recommander ? ». Ce jeu-là, je l’explore régulièrement en méditation. Les livres de Joe Dispenza comme les expériences que j’ai vécus en formation à l’enseignement du kundalini yoga m’ont habitué à me connecter à mon enfant intérieure pour la réconforter et satisfaire ses désirs. Et je me connecte parfois à mon soi futur pour lui demander conseil. Ou bien simplement à la sensation que j’aurais si je réalisais un rêve qui me tient à cœur, en vibrant cette énergie de joie dans mon présent aujourd’hui, en ressentant l’effervescence dans toutes mes cellules exactement comme si le rêve était totalement réel. Mes cellules n’ont pas d’yeux pour vérifier si l’information est vraie ou non. Ce qui compte n’est pas la réalité mais la connexion à cette sensation. Si je la fais entrer dans mon présent, si je la rends réel aujourd’hui, alors je la vibre, qu’elle ait existé ou non. Et là, la magie commence… Dark interroge notre rapport au temps. Évidemment, il s’agit de science-fiction mais j’y vois de nombreuses interprétations spirituelles. C’est extrêmement bien joué et bien filmé. Le rythme est haletant. Il y a quelques scènes violentes mais je ne les ai pas trouvées gratuites et elles ne m’ont pas empêché de dormir la nuit… (série non recommandée aux moins de 16 ans)

The Kominsky Method

Cette série qui a commencé à être diffusée sur Netflix fin 2018 met en scène Michael Douglas et un nombre ahurissant de grands acteurs américains. Il y interprète le rôle d’un vieux prof de théâtre célibataire et pas très en forme. Il vient tout juste de perdre l’une de ses meilleures amies d’une longue maladie éprouvante. Avant sa mort, il lui a fait la promesse de prendre soin de son époux, un vieil agent de stars hollywoodiennes, grincheux et associable. Liés par l’amour qu’ils avaient pour la défunte, les deux septuagénaires se retrouvent à partager leurs problèmes de prostate et de confrontation au deuil. Je n’ai jamais vu le sujet du vieillissement des hommes traité avec autant d’honnêteté et d’humour. On passe du viagra à la difficulté d’uriner en passant par la perte de mémoire ou la panique de ne plus trouver sa place dans un monde qui encense la jeunesse… C’est tellement intelligemment écrit, sans pathos, avec des personnages remarquablement joués. Le réalisateur s’amuse avec les références issues du monde réel en intégrant quelques célébrités jouant leur propre rôle et en référençant le scénario de clins d’œil aux rôles phares interprétés au cinéma par Michael Douglas. Quel acteur exceptionnel ! C’est fantastique qu’on puisse voir la vieillesse de cette manière dans une série télé qui reste légère. Dans un genre très différent, si le sujet vous intéresse, je vous recommande le livre Grandir de Sophie Fontanel dans lequel elle raconte comment elle a accompagné sa mère à la fin de sa vie, ainsi que le sublime film Amour de Michael Haneke dont je garde encore l’écho émotionnel plusieurs années après l’avoir vu. Il est temps que l’on se réconcilie avec le vieillissement qui reste un véritable tabou. Et pas seulement avec la question de l’autonomie à la fin de l’existence mais aussi avec tout ce qui commence à déconner ou à nous échapper, une fois passé un certain cap. (série non recommandée aux moins de 13 ans, sans doute à cause des jurons)

Sex Education

Dans une Angleterre irréelle où les maisons portent les couleurs de l’arc en ciel et où il ne tombe jamais une seule goutte de pluie, les lycéens de l’établissement Moordale sont constamment occupés à parler cul. En même temps, existe-t-il un sujet plus préoccupant que la sexualité entre 15 et 18 ans ? Masturbation, pornographie, abstinence choisie ou subie, frigidité, avortement, homosexualité non avouée ou assumée, absence de désir, blocages, nymphomanie, de nombreuses questions sont analysées méthodiquement par les deux personnages principaux, Otis Milburn fils de deux sexothérapeutes, vierge et incapable d’avoir la moindre érection et Maeve Wiley, une jeune élève à la réputation débridée, abandonnée par sa mère et dont le père est en prison. Les deux adolescents qui n’ont à priori rien en commun au début de la série s’unissent pour proposer une consultation privée en sexothérapie dans les toilettes du lycée. Si vous n’avez pas vu cette série, ma description vous donnera peut-être l’impression qu’il s’agit d’un teen-movie comme un autre, feuilletonné en épisodes de série ; il n’en est rien. Cette série s’adresse aux adultes autant qu’aux adolescents, aux parents d’ados comme aux célibataires sans enfant. Elle interroge la sexualité de notre époque avec beaucoup de liberté (attention, certaines images peuvent choquer les plus jeunes) et aborde l’impact des réseaux sociaux sur les relations amoureuses ainsi que le partage de photos intimes via messageries en ligne (beaucoup plus banal qu’on ne l’imagine et dans tous les milieux sociaux !). J’ai dévoré les deux premières saisons au printemps 2019 et je suis impatiente de découvrir le troisième volet en 2020. (série non recommandée aux moins de 16 ans, pourtant les collégiens français connaissent déjà très bien cette série)

The End of The Fxxxxg World

Depuis que je suis toute petite, je ne supporte pas la violence à l’écran. Pourtant, j’ai passé plusieurs étés à regarder des vidéos qui n’étaient pas de mon âge quand j’étais à l’école primaire. L’été, alors que j’allais voir mon père qui habitait au Canada, je passais une grande partie de mes journées à visionner avec mon grand frère des films qu’on louait au vidéo club. Nous devions partager le magnétoscope mais nous n’avions pas du tout les mêmes goûts. Je le torturais en louant Grease, Dirty Dancing et toutes les comédies romantiques les plus « cheesy ». En échange, je regardais les films qu’il aimait et qui n’étaient pas de mon âge. J’étais ultrasensible et je me coltinais des cauchemars pendant des mois après chaque visionnage. De ces premières expériences, j’ai longtemps gardé la peur « d’avoir peur ». Je passe à côté de nombreuses œuvres, préférant la légèreté des comédies aux scènes susceptibles de me hanter. Pourtant, je m’aperçois aujourd’hui que mes craintes s’estompent et que je peux regarder de plus en plus de scènes que je n’aurais pas pu approcher il y a encore deux ans. Les images ont moins d’impact sur moi qu’avant, probablement parce que j’ai moins de peurs enfouies car j’ai fait un travail énorme en les identifiant à travers mes différentes formations à l’enseignement du kundalini yoga. N’empêche que lorsqu’on a commencé à regarder cette série anglaise baptisée « The End of The Fxxxxg World », il m’a fallu moins de dix minutes pour déclarer : « Nan mais moi, je ne regarde pas ça. C’est trop glauque. Je ne peux pas. Et puis si l’objectif est de rendre un serial killer sexy, merci, mais non ! ». Pourtant, quelques jours plus tard, on en est déjà au milieu de la deuxième saison. Adaptée du roman graphique américain de Charles Forsman, cette série raconte l’histoire d’un jeune ado sociopathe qui collectionne les meurtres d’animaux domestiques et d’une lycéenne du même âge qui dit plus aisément « va te faire foutre » que bonjour à ses interlocuteurs. Ces deux gosses paumés vont se retrouver pris au piège d’une fuite rocambolesque. La violence qui n’est jamais gratuite (et qui ne constitue pas non plus le cœur de la série) est contrebalancée par le caractère comique des scènes improbables traversées par le duo. Ce road movie à la Bonnie and Clyde me rappelle à la fois le cinéma d’Hal Hartley que j’ai tellement aimé dans les années 1990 (The Unbelievable Truth, Trust Me, Simple Men…), l’atmosphère des films des frères Cohen (en particulier Fargo) mais aussi celle des cavales qui tournent mal (la liste est bien trop longue pour que je tente d’être exhaustive, d’autant que ma culture cinématographique est pleine de lacunes). On s’attache vite aux deux ados, on voudrait les prendre dans nos bras, leur donner de l’amour et les mettre à l’abri. Et puis, la série me plait parce qu’elle déconstruit l’idée qu’on se fait des monstres. Elle nous pousse à interroger nos propres monstres, notre capacité à saboter nos vies ou à faire les choix justes. En prime, les deux acteurs ont un jeu irréprochable. (série non recommandée aux moins de 16 ans)

The Morning Show

Cette série vient à peine de commencer. Elle est diffusée sur l’Apple TV. Au compte-goutte puisqu’on est rationné à un épisode par semaine… je ne suis plus du tout habituée à attendre pour voir la suite, ça a tendance à m’agacer un peu. Néanmoins, les premiers épisodes sont suffisamment prometteurs pour me donner envie de patienter. The Morning Show réunit Jennifer Anniston et la génialissime Reese Witherspoon. Mais cette fois, rien à voir avec l’épisode de Friends dans lequel elle jouait, il y a vingt ans, la sœur de Rachel se battant pour lui piquer Ross (avec cette réplique hilarante de Reese Witherspoon à l’époque : « Can’t have ? the only thing I CAN’T have is dairy »). Jennifer Anniston y interprète la présentatrice phare du Morning Show, une de ces émissions culte aux États-Unis où un grand nombre est habitué à regarder la télé en prenant son petit-déjeuner. La série commence en plein séisme : Steve Carrel, le co-présentateur du Morning Show, est brusquement viré car on le soupçonne d’avoir harcelé sexuellement plusieurs employées de l’émission. Par un truchement improbable, c’est une jeune journaliste de Virginie (Reese Witherspoon), grande gueule, rebelle et colérique qui doit le remplacer au pied levé. Il est trop tôt pour dire si la série mérite que je lui consacre du temps. Je suis intriguée par ce qui nous est montré des coulisses de cette émission, ses enjeux politiques et hiérarchiques. Mais surtout par l’effondrement d’un système basé sur la domination par le pouvoir, l’argent ou la célébrité. J’attends de voir ce qu’ils vont faire du mouvement #metoo évoqué dès le premier épisode. Pour l’instant, je n’ai pas bien compris ce que la série cherche à prouver. Les Américains ont le don de décortiquer leur cynisme et leurs propres addictions avec panache. Pour le moment, l’ensemble m’a bien harponnée et j’ai envie de voir la suite. Et puis, pour une fois, on ne voit pas Jennifer Anniston dans un rôle de potiche décérébrée et sympathique. Steve Carrel joue également un rôle à contre-emploi de ses habituels personnages comiques. Bref, à suivre… (série non recommandée aux moins de 15 ans, je ne vois pas bien pourquoi, peut-être à cause du mot « fuck » et des jurons ?)

Et vous, quelles sont les dernières série télé qui vous ont enthousiasmé, questionné, fait grandir?