40 jours du Long Ek Ong Kar
Photographie Julie Ansiau

40 jours du Long Ek Ong Kar

40 jours du Long Ek Ong Kar

40 jours de méditation. Cent heures en tout. Et une récolte d’enseignements incroyables… Voici enfin mon compte rendu, à chaud, sur mon expérience du Long Ek Ong Kar dont je vous ai tant parlé sur Instagram ces six dernières semaines…

Ca fait tellement longtemps que je n’ai pas réussi à écrire pour le blog. Il faut dire que les quarante derniers jours ont été absorbés par un cycle de méditation frapadingue dans lequel je ne me serais jamais lancée s’il ne m’avait pas été demandé dans le cadre de ma formation de cycle 2 à l’enseignement du kundalini yoga. Lorsque je rencontre des lectrices et lecteurs de mon dernier livre La Réconciliation, une question revient souvent : « Mais pourquoi continuer à vous former, n’êtes-vous pas arrivée là où vous l’espériez ? ». Je ne suis arrivée nulle part. Il n’y a pas de destination. L’idée même est un leurre. Personne ne recule ni n’avance, on est tous engagé sur un chemin d’évolution, qu’on en ait conscience ou pas. Et une chose est sûre : ma soif d’enseignements est loin d’avoir été étanchée.

La négociation avec ma conscience

Une fois inscrite au module de formation dédié au « Mental », j’ai reçu un email automatique avec les informations sur les horaires de départ et l’arrivée, le matériel habituel à apporter ainsi qu’un petit bonus : « Les élèves inscrits doivent préparer leur formation avec 40 jours du long ek ong kar pendant deux heures trente chaque jour ». J’ai relu la phrase plusieurs fois. Deux heures trente ? « Euh, non ils ont du se tromper, c’est impossible » ai-je pensé. Je me suis cependant aussitôt souvenue d’un groupe de yogis parisiennes qui s’étaient lancées dans cette aventure l’été dernier et dont j’avais entendu parler sur les réseaux sociaux. A l’époque, je m’étais dit qu’elles étaient complètement folles. Il faut dire que je m’en sentais incapable et que je n’en voyais pas l’intérêt. Pourquoi méditer deux heures trente d’affilée ? J’ai alors commencé à élaborer des stratégies d’évitement bien ficelées. Pas question de faire deux heures trente dès le départ. Je ferai quinze minutes, puis trente minutes et j’augmenterai jusqu’à atteindre les deux heures trente à la toute fin. Autre possibilité : faire trente minutes par jour en semaine lorsque je donnerai mes cours et étendre l’expérience à deux heures trente le weekend lorsque j’aurai plus de temps pour moi. Connaissant le perfectionnisme de Caroline Wietzel inscrite pour la même formation, j’ai même plaisanté en lui demandant de le faire à fond pour tous les autres élèves. Plus le début de l’expérience se rapprochait, plus je me demandais quelle option choisir. Pendant que je négociais avec ma conscience, une élève allemande très consciencieuse avait déjà commencé à méditer progressivement depuis un mois afin d’atteindre au premier des 40 jours la durée complète exigée de deux heures trente. On m’a alors recommandé de m’entretenir avec des yogis ayant déjà vécu l’expérience. Alors j’ai appelé Alix Maia, l’une d’entre elles. Je ne me souviens plus très bien de ce qu’elle m’a dit mais une alarme s’est déclenchée en moi. Une voix qui n’a rien à voir avec celle de mon mental s’est mise à me guider. « Pourquoi vivre l’expérience à moitié ? Si d’autres ont réussi à le faire, pourquoi ne pas essayer ? ». Un bref échange avec Birjiwan qui enseigne le kundalini yoga à Rama Institute sur l’île de Majorque a fini de me convaincre : « Tu sais, il y a eu un avant et un après « long ek ong kar » dans ma vie, cette expérience a été très importante pour moi ». Ok, ok, ok… J’ai arrêté les négociations internes et je me suis décidée : je commencerais le 8 janvier par la durée totale exigée de deux heures trente. Sans préparation préalable, en me jetant à l’eau, toute habillée.

Il s’agit d’une version courte qui ne dure que 7 minutes mais elle a l’avantage d’avoir été enregistrée en live avec un groupe de yogis

La création d’un groupe de soutien sur Whatsapp

J’allais avoir besoin de soutien et de motivation. Je savais qu’annoncer mon challenge sur Instagram me pousserait à l’honorer. Un truc d’ego bien sûr. Mais je doutais que l’ego suffise à traverser la totalité des 40 jours. J’ai alors eu l’idée de créer un groupe Whatsapp réunissant les yogis inscrits à la même formation. Je leur ai proposé qu’on se donne des rendez-vous horaires pour méditer chaque matin. Rien d’obligatoire. Ceux qui le désiraient n’avaient qu’à se signifier en envoyant un cœur ou l’émoticone de leur choix pour dire qu’ils venaient de démarrer. Libre à ceux qui le voulaient d’échanger ensuite sur leur ressenti au cours de leur expérience. Ce lien créé avec les autres yogis engagés dans l’aventure a ajouté une nouvelle dimension à mes méditations. Je sentais leur présence. Je me reliais à leurs cœurs. J’entendais leur vibration soutenant la mienne. Quant aux partages, ils ont tous été extraordinaires, tout au long des quarante jours. Une pluralité de témoignages dans lesquels chacun de nous s’est reconnu au moins une fois. L’enthousiasme, la joie, le ras-le-bol, la colère, l’envie d’abandonner, l’extrême fatigue, l’ennui, l’illumination, l’ennui à nouveau, la rage, la montée des ombres, la libération, la douceur, la vibration élevée… Un nuancier d’émotions renforçant l’un des enseignements essentiels du yoga : we are one.

pas une seconde de plus 🙂

La première semaine magique

Deux heures trente, c’est long. C’est TRÈS long. Imaginez le nombre d’emails traités en deux heures trente. La to-do liste élaborée qu’on peut dresser en deux heures trente. Le nombre de lessives qu’on peut lancer, sécher, étendre ou plier en deux heures trente. Les pages de textes qu’on peut coucher en deux heures trente. Des travaux venaient tout juste de démarrer chez moi et j’avais milles choses à organiser : trier mes affaires, les ranger dans des cartons, installer ma fille dans notre chambre le temps qu’on repeigne la sienne, commander la peinture… Le premier matin, j’ai trouvé l’expérience interminable. Mais je suis allée au bout. J’étais surprise par la puissance de ma volonté. J’ai commencé par pratiquer avec l’aide d’une musique que j’avais réglé en mode répétitif. Seul le redémarrage toutes les trente et une minutes m’indiquait le stade où j’en étais. J’avais choisi une version avec des temps d’expiration pas trop longs. Le long ek ong kar est une méditation qui se pratique en pressant sur certaines ligatures. Un peu comme si on enfilait une combinaison de plongée. Après une première longue inspiration par le nez, on commence en chantant un EK très court comme une explosion (un big bang interne). On serre simultanément les fesses et on enchaine sur le OOOOONG tout en serrant le périnée et en tirant les organes de reproduction vers le haut. Sur le KAAAAAR (de même durée que le ooooong) on plaque le nombril contre la colonne vertébrale jusqu’à ce que l’on ne dispose plus d’air pour chanter. En maintenant la ligature des trois premiers chakras déjà engagée, en reprend une longue inspiration dans la poitrine et on projette un court « SAT » dans la poitrine suivi d’un long NAAAAAAAM que l’on vibre dans le 5e chakra au niveau de la gorge. Lorsqu’on pense ne plus avoir suffisamment d’air, on murmure SIRI en le projetant au point entre les deux sourcils (3e œil : 6e chakra). Pendant la totalité de deux premières longues respirations, on ne desserre pas les ligatures du triangle inférieur. On reprend la moitié d’une inspiration tout en haut du corps (je rappelle qu’on a la sensation d’avoir une combinaison de plongée remontée jusqu’en haut) et l’on finit par chanter WA-HE GURU en visualisant l’ouverture du chakra coronal au sommet du crâne. Sur le son guru, on relâche toutes les ligatures sans écrouler la colonne vertébrale. Et l’on repart. Il y a tellement de choses sur lesquelles se concentrer les premiers jours pour maitriser la méthode qu’il n’est pas trop difficile de revenir au centre dès qu’on s’aperçoit qu’on s’est laissé attraper par nos pensées. Pendant toute la première semaine, j’étais pleine de joie de m’apercevoir que le temps passait plus vite que je ne l’avais imaginé au départ. « Wow déjà une heure ?! » m’écriai-je mentalement avec joie lorsque j’entendais la bande son repartir pour la troisième fois. Au fond, ce qui comptait pour moi, les premiers jours, était surtout d’arriver au bout des deux heures trente sans trop m’éloigner du sens du mantra : ek ong kar (je ne fais qu’un avec l’univers ou la source) sat nam siri (mon identité est la vérité) wahe guru (wahe est un cri d’extase, comme wow, et gu-ru désigne le processus qui permet d’identifier les ombres et de les mettre en lumière). On peut en prime accompagner le chant de visualisations : on se concentre sur chacun des chakras, du premier au septième en imaginant que la vibration du son les ouvre à émettre et recevoir. Et sur le « wa-he guru » on visualise une fontaine de lumière blanche qui jaillit de la fontanelle et redescend sur le corps tout entier. Le challenge s’est tout de suite révélé difficile mais la première semaine, je n’étais pas encore trop fatiguée. J’étais motivée par la découverte et la création du lien dans le groupe. Mon ego était focalisé sur la performance des deux heures trente et j’en tirais beaucoup de satisfaction. J’ai aussi ressenti une vibration phénoménale pendant et après le chant. J’ai connu des moments de béatitude intenses qui m’ont donné l’impression de percevoir mon énergie comme un maillon entièrement relié au champ énergétique du reste de l’univers. Faire un avec l’Univers n’apparait plus être un concept lointain mais une expérience physique et sensible. Même lorsque ces sensations ne durent que quelques minutes sur les deux heures trente, cela parait complètement magique. Bien sûr, il y avait beaucoup d’ego et tout n’était pas aligné avec ma conscience mais je garde un souvenir fabuleux de ces premiers jours.

L’ennui et la rage

Une dizaine de jours ont suffi à créer des habitudes. L’excitation des débuts a fait place à une avalanche de messages issus de mon mental. Est-il possible de produire autant de pensées en deux heures trente ? Certains matins, dans cette deuxième partie de mon parcours, je me sentais assaillie. J’avais beau serrer les « bandhas », visualiser mes chakras, chanter avec cœur, je me retrouvais prisonnière d’un flot ininterrompu de pensées. Une véritable déchèterie dans laquelle j’essayais de naviguer en triant les messages prioritaires. J’ai même fini par garder un cahier près de mon tapis de yoga pour me délester de ce qui m’encombrait le cerveau. J’écrivais dans le noir et en chantant… Ces notes sont complètement décousues : « Orthodontiste ». « Trouver escabeau peintre ». « Gris ciel pour la housse de couette ». « Finir préface livre C. ». « Rappeler Nassiri ». « Arborescence site ANS ». « Poignées placard BHV »… AU SECOURS ! L’ensemble ponctué de jugements en tout genre : « Ah merde, je suis loin là, ek ooooooong, je me recentre, penser à serrer le périnée, le nombril, kaaarrrr, combien de temps j’ai fait là ? putain c’est long… 20 minutes ? Merde, je pensais que j’avais chanté au moins une heure. Pfff, je suis complètement en train de passer à côté de l’expérience. SAT… Naaaaaaaaaam, SIRI, ah oui « siri » ça veut dire grand, génial, c’est génial WA-HÉ GURU… bon à la prochaine inspiration, je le fais mieux, j’y mets toute ma présence… ». La fatigue a commencé à s’accumuler comme un mille feuilles de plages de sommeil perdu. Parce qu’évidemment, ces deux heures trente on ne peut pas les inventer dans une journée qui en contient 24. C’est à la nuit qu’on les arrache. Rares sont les élèves qui ont réussi à pratiquer dans la journée ou qui ont fractionné en chantant une heure le matin et une heure trente le soir. L’idée ne m’a même pas traversé l’esprit : c’était plus facile pour moi de méditer somnolente qu’en plein jour lorsqu’on entend tout le monde s’exciter autour de soi. Les jours où je ne donnais pas cours le matin, je me réveillais vers 5h30 ou 6h. Le weekend, je poussais parfois jusqu’à 7 ou 8h. Le reste du temps, il fallait que je me lève à 4h (ou un peu avant) pour ne pas me mettre en retard. Malgré les siestes après l’heure du déjeuner, dès que j’en avais l’occasion, il m’était impossible d’éviter la fatigue et les bâillements à répétition. C’est alors que j’ai commencé à sentir une rage puissante monter en moi. « Mais à quoi ça sert tout ça en fait ? A rien. Il n’y a pas de magie, en tous cas, je ne la ressens plus. C’est du foutage de gueule. Si ça se trouve, c’est pour nous prouver qu’il n’y a aucun sens derrière cette pratique ?! Peut-être même que l’idée est de voir quels sont les cons qui vont aller jusqu’au bout d’un truc qui ne se sert à rien… » Quasi simultanément, alors que je traversais de grands doutes, j’ai eu l’occasion de tester une guidance avec une voyante américaine via Skype (on vit une époque formidable). Zeva Bellel, qui est coach mais qui est surtout la personne qui arrive toujours à me surprendre avec des cadeaux invraissemblables et parfaitement choisis, m’a offert pour Noël une consultation avec Amanda Richards. Je n’en avais jamais consultée, en dehors d’une diseuse de bonne aventure qui venait de temps en temps aux présentations presse d’une marque de beauté pour prédire à 99% des journalistes qui lui tendaient la main qu’elles finiraient par écrire un livre… Pour des « écrivantes », ce n’était quand même pas le scoop du siècle… J’ai beau être ouverte et curieuse, je cultive encore beaucoup de scepticisme face à ces promesses. Pourtant, j’ai de plus en plus visions pour les autres et pour moi-même, d’intuitions qui se révèlent systématiquement justes. Je fais l’expérience quotidiennement d’informations non tangibles qui se matérialisent très rapidement ensuite. Cette guidance m’a beaucoup troublée. Mon mari, toujours cynique (mais aussi plein de discernement), riait avant même que je lui en fasse le récit, me disant qu’elle avait probablement lu tout mon compte Instagram pour pouvoir inventer mon futur. Sauf qu’à aucun moment, nous n’avons parlé de mon avenir. Les éléments qu’elle a partagés spontanément avec moi sans que je la questionne m’ont bouleversée car ils répondent exactement aux interrogations qui me traversent en silence pendant mes pratiques spirituelles du matin, qu’il s’agisse du long Ek Ong Kar ou d’autres méditations. Régulièrement, je demande des signes (précis) que je ne reçois pas. En tous cas, pas sous la forme que j’espérais. J’attends des preuves sensibles. Comme si une partie de moi doutait terriblement de mon propre pouvoir. Ce que j’ai demandé à voir de mes yeux pendant des mois, la voyante l’a perçu avec précision tout autour de moi, sans même que j’en fasse mention ou que je l’interroge sur ce point. Elle l’a décrit avec une telle précision que j’en avais les larmes aux yeux. Quand je lui ai demandé pourquoi je n’arrivais pas à le voir moi-même, elle a souri et m’a dit qu’une reine ne perçoit pas la couronne qu’elle porte au sommet du crâne. Cette image a offert un nouveau tournant à ma pratique du long ek ong kar.

Surrender ou la fin des attentes

Bien que n’ayant duré qu’une heure, la conversation avec la voyante américaine a continué à résonner pendant plusieurs jours. Le fait qu’elle voit très nettement sans que je lui en ai parlé, le signe que j’attends depuis plusieurs mois m’a permis de reconnaitre ce que je n’avais pas encore clairement identifié : il y a en moi une Lisa qui a très peur de croire en son propre pouvoir. Qui a encore très peur de l’invisible. Plutôt que de lutter contre elle, j’ai décidé d’accepter cette facette de moi. Je me suis autorisée à ne pas croire. J’ai choisi d’accepter que je n’avais pas, pour le moment, cet accès. Je me suis rappelée que j’avais plein de qualités, de dons et de talents et que je n’étais pas en train de passer à côté de ma vie juste parce que je ne voyais pas ce signe que j’avais espéré et que cette voyante américaine percevait avec clarté. J’ai commencé à aborder le long ek ong kar complètement différemment. J’ai accepté la colère, l’ennui, la fatigue, la lassitude et le non-sens. Est-ce que c’était si grave de ne pas croire dans le processus en cours ? J’avais décidé d’aller au bout de l’expérience et je voulais la vivre pleinement, j’ai continué mais j’ai abandonné l’acharnement et le passage en force. J’ai pratiqué pendant une semaine avec beaucoup plus de douceur. Par moments, au cours des deux heures trente, j’avais la tête posée sur ma main et le dos affalé. A d’autres j’ai chanté allongée sur mon tapis. J’ai arrêté de diriger mon cerveau dans un sens qui me paraissait acceptable. Je chantais et méditais sans plus aucune attente. Bizarrement, cette semaine, je ne me suis pas vraiment ennuyée en méditant. J’étais plus calme. Tout ça n’avait plus autant d’importance que les jours d’avant. J’avançais dans les jours et j’en étais déjà à plus de la moitié des quarante jours. Il y avait bien quelques moments d’extase dans mes méditations mais je ne ressentais plus ni colère ni excitation. J’étais en train de faire l’expérience véritable de ce que signifie « surrender ». Rendre les armes. Lâcher prise. C’est alors qu’une expérience complètement inexplicable s’est produite.

Les mémoires enfouies

C’était le 25e jour et cela faisait déjà deux heures dix que je méditais. Tout le monde dormait encore chez moi. J’étais dans l’état d’esprit que je viens de décrire dans le paragraphe précédent. Je venais de regardais l’heure et je n’en revenais pas: je n’avais pas vu le temps passer. Il ne me restait que vingt minutes. L’équivalent d’un battement de cils au regard de la durée de l’exercice. Plusieurs pensées se télescopaient simultanément. L’une concernait des souvenirs issus de mon adolescence. L’autre était une question récurrente que je me pose depuis plusieurs années sans y trouver de réponse. J’observais ces pensées comme Tom Cruise dans Minority Report devant l’écran lui permettant de regarder plusieurs scènes simultanées. En l’espace de quelques secondes, je me suis retrouvée projeter dans les premières années de ma petite enfance avec une précision si sophistiquée des détails que tout mon corps s’est mis à réagir. Je reconnaissais un lieu que j’avais complètement exclu de ma mémoire. J’y retrouvais des senteurs minutieusement archivées quelque part dans mon cerveau, des sensations physiques si réelles que j’étais complètement troublée. Je n’étais pas en train de penser à mon passé. Je vivais pleinement cette réalité ancienne. La réponse que je cherchais se trouvait là sous mes yeux comme un morceau de puzzle coincé entre deux lattes de parquet. C’était si évident. Je n’y avais pourtant jamais songé. J’ai ressenti une douleur vive dans le diaphragme comme si je venais de décoller une paroi engluée qui ne demandait à présent qu’à remonter à la surface. Un nouveau monde ouvrait ses bras.

Le retour de la lassitude

Il m’a fallu plusieurs jours pour digérer l’information. J’ai continué à méditer quotidiennement. Chaque matin, je me demandais si d’autres découvertes allaient émerger, ce qui m’a inconsciemment remise dans une situation d’attente. Et de légère crainte également. J’avais désormais conscience de la puissance de l’exercice. J’avais fait l’expérience de la signification du mantra. Ek Ong Kar. Je ne fais qu’un avec la Source. Cette phrase avait à présent un sens nouveau. Je ne fais qu’un avec toutes les parties de moi. J’accueille tout ce qui est. Sat Nam. La vérité est mon identité. J’avais eu accès à un tronçon de souvenirs disparus qui changeaient profondément la donne de la narration, cette histoire autobiographique que l’on se raconte, que l’on répète et qui finit par nous définir. C’est comme si on m’avait confié l’enregistrement d’un autre réalisateur et que son regard modifiait ma compréhension générale. Wa-he Guru. De l’ombre à la lumière.  Pendant ce temps, le groupe continuait à partager son ressenti, jour après jour. Certains confiaient de fantastiques prises de conscience sur leur niveau vibratoire, leur énergie et leurs perceptions corporelles accrues. D’autres réalisaient combien l’exercice quotidien les mettait face à leurs propres jugements et qu’il était nécessaire à présent de se pardonner de ne jamais être à la hauteur de leurs attentes, dans cette méditation comme dans leur quotidien en général. Il y a eu tellement de prises de conscience phénoménales pour chacun. Une élève nous a raconté une libération très imagée qui s’est traduite ensuite par le soulagement physique de nombreuses tensions. Un autre a maintenant l’impression d’avoir le cœur plus ouvert, prêt à s’aimer et à aimer les autres encore plus fort. Je n’ai malheureusement pas cette sensation. Franchement, sur la fin, j’avais surtout hâte que cela se termine, ne serait-ce que pour retrouver une vie « normale » et un rythme plus adapté à ma vie urbaine. Deux ou trois jours avant la fin, j’ai même eu envie de tout abandonner ou de réduire la méditation à 30 minutes. Finalement, je suis allée au bout. Full time.

Un processus toujours en cours

Dans mes cours de kundalini yoga, j’explique souvent aux élèves que les quelques secondes qui suivent l’expiration finale, après une posture, sont essentielles. Relâcher la colonne vertébrale à cet instant précis revient à saccager la récolte d’un champ qu’on a mis des mois à cultiver. Bâcler une intégration en posture du cadavre alors que toute l’énergie générée par l’exercice est en train de se répartir dans les interstices les plus mystérieux de nos corps énergétiques est vraiment infertile. J’ai médité cent heures en l’espace de 40 jours. Je pense qu’il m’en faudra autant pour intégrer et digérer tous les enseignements de cette aventure. Je vous livre ce texte à chaud pour ne rien oublier. Je devrais ajouter également que ma capacité respiratoire a augmenté et que la longueur de mes inspirations comme de mes expirations est de plus en plus grande. J’ai développé des liens fraternels avec une bande de yogis issus de toute l’Europe grâce à ce groupe Whatsapp. Ma faculté de concentration s’est développée. Pour le reste, tout est encore à découvrir. Je n’ai pas vu la Vierge, les treize apôtres ni tous les prophètes dans ma salle de bain. Je ne me suis pas réveillée plus spirituelle au 40e jour. Je mentirais si je laissais croire le contraire. Dans quelques semaines, j’aurai plus de recul et mon analyse sera encore différente, c’est certain. En attendant, je pars samedi retrouver mon groupe pour une nouvelle semaine de formation. J’ai tellement hâte de pratiquer avec eux. Je me réjouis de tous les fous rires à venir, de tous les enseignements que nous allons intégrer afin de pouvoir les traduire dans nos vies et les transmettre à nos élèves.

J’ai pratiqué avec cette version pendant plusieurs jours

Si vous souhaitez faire l’expérience du long ek ong kar

Voici mes recommandations :

  • Commencez (surtout si vous ne méditez pas souvent) par 7 minutes pendant 40 jours. Je l’ai fait en 2018 et j’ai adoré, cela m’a beaucoup apporté en terme d’alignement postural et de prises de conscience des 7 chakras
  • Pour faire l’expérience de deux heures trente du long ek ong kar, une première fois, je vous recommande de le pratiquer en groupe. Réunissez quelques personnes et organisez-vous une session dans un lieu où vous pouvez chanter sans déranger le voisinage.
  • Pour connaitre la technique du long ek ong kar et vous entrainer à l’appliquer correctement, regardez cette vidéo.
  • Avec ou sans musique ? J’ai commencé avec un accompagnement musical mais sur les conseils d’une des yogis de mon groupe, j’ai essayé sans. Je n’ai plus jamais réussi à remettre de la musique les jours d’après. Mais bon, à vous de tester. Il y a plein de versions gratuites sur Internet. Reste à trouver celle qui convient à votre capacité respiratoire. Celle-ci était par exemple trop lente pour moi au début et finalement, c’est celle qui correspond le mieux à mon rythme respiratoire aujourd’hui.
  • Le matin ou le soir ? L’autre nom du L.E.O.K est « Morning Call ». Je vous recommande de le pratiquer le matin au réveil. On a tous trouvé ça plus facile de la pratiquer très tôt. Dès que tout le monde est réveillé autour de soi, on a beaucoup plus de mal à rester concentré. Il y a d’autres arguments concernant l’inclinaison de la terre par rapport au soleil pendant les heures ambrosiales. Je préfère vous laisser chercher si le sujet vous passionne.
  • Pourquoi 40 jours ? Parce que ce serait le temps nécessaire pour télécharger un nouveau programme dans nos cellules. Deepak Chopra propose systématiquement des cycles de 21 jours de méditation tout comme Gabrielle Bernstein. Je ne sais pas d’où viennent ces chiffres. Il n’y a pas de police de la méditation, donc c’est à vous de faire le choix qui semble juste pour vous. En revanche, l’engagement dans la pratique est capital pour vivre pleinement l’expérience. Si on n’y arrive pas, on se pardonne et on reprend du début.
  • Tenez un journal. C’est génial d’observer la progression du ressenti et ses découvertes au fil des jours. Ce sera plein d’enseignements pour plus tard.
  • Est-ce qu’il faut faire du yoga avant ? Est-ce qu’il faut se relaxer après ? J’avoue que j’ai eu tellement de mal à trouver ces deux heures trente quotidiennes qu’il ne m’est pas venu à l’esprit de faire du yoga avant de méditer. Je crois qu’il est recommandé de s’allonger à la fin mais je n’ai pas toujours eu le temps de le faire.
  • Et si on ne tient qu’une heure au lieu de deux heures trente ? On se félicite c’est déjà fantastique. On essaiera d’augmenter le lendemain. J’imagine que certains profs disent que « si on n’a pas fait la durée complète, on doit recommencer depuis le début»… Mouais. Je ne suis pas de cet avis. Je crois à l’encouragement plutôt qu’au coup de fouet. Ce qui est intéressant à mon sens, c’est surtout ce que l’on apprend sur soi, pas de pouvoir le faire deux heures trente d’affilée.
  • Si vous vous lancez dans un cycle de 40 jours de 2h30, choisissez une période de votre vie compatible avec ce challenge. J’ai pu le faire car j’enseigne le kundalini yoga, que je travaille aussi de chez moi et que je peux m’octroyer des siestes. J’ai pu le faire parce que je me suis autorisée à annuler tous mes diners (ou presque) et rendez-vous le soir. J’ai pu le faire parce que je suis motivée par la formation dans laquelle je suis engagée et que ma soif d’apprendre s’est érigée en priorité. J’ai pu le faire car ma fille qui a douze ans et demi n’a pas besoin de moi pour se réveiller le matin et que j’ai la chance d’avoir un mari qui me soutient dans toutes mes expériences bizarroïdes. Si vous êtes parent d’un tout petit qui vous réveille encore la nuit, cette pratique doit être adapté à vos priorités. Si vous avez un travail très prenant avec des réunions non-stop, il est fort probable que vous soyez trop fatigué.e pour tenir deux heures trente par jour. Soyez indulgent.e avec vous-même. Trouvez l’équilibre qui vous convient.
  • Est-ce qu’on peut murmurer au lieu de chanter à pleine voix ? Oui ! On peut tout à fait fermer les ligatures et chanter sans hausser le ton. C’est un peu plus difficile mais ça marche.
  • Est-ce qu’on a le droit de bouger dans la posture ? De déplier les jambes ? Évidemment ! Le but n’est pas de se faire mal. Les premiers jours, les jambes ont du mal à rester croisées pendant deux heures trente. Au fil des semaines, le confort augmente.