Anacapri et le Capri Palace Hotel
20/05/2015
J’ai eu du mal à écrire ce post parce que c’est l’avant-dernier de mon feuilleton napolitain et je n’ai pas envie qu’il se termine. Ces derniers jours passés à vous faire le récit de notre road-trip d’avril m’ont permis d’étirer ces vacances. Il y a d’ailleurs des lecteurs qui pensent que je suis en Italie depuis plus de trois semaines. J’adore l’idée. Souvenez-vous, lundi, je vous emmenais à Sorrento. C’est là que nous avons embarqué pour Capri. La traversée est très rapide, à peine 30 minutes et l’on arrive sur cette parcelle mythique au milieu de la mer. J’étais impatiente et émue d’y retourner. J’avais eu la chance d’y aller quelques années auparavant, en voyage de presse, pour le lancement d’un parfum Azzaro. C’était une escapade de rêve, il faisait beau mais pas trop chaud, il n’y avait pas encore beaucoup de touristes et nous étions logés dans l’un des plus beaux hôtels du centre de Capri : le Quisinana. Un palace culte débordant de lustres et de marbre, kitsch et cheesy comme les Américains l’attendent de l’Italie, déclinant les imprimés floraux sur les rideaux en soie, la moquette et les coussins sur les lits.
Cette fois, j’ai eu la chance d’aller dormir chez son concurrent, de l’autre côté de l’île à Anacapri : le Capri Palace Hotel qui fait partie lui aussi des Leading Hotels of The World. Malgré son nom, vous verrez à la fin dans la partie infos en italique, qu’il existe des chambres abordables (on est bien en dessous des prix du Sirenuse à Positano ou du Caruso à Ravello). Cependant, sur Airbnb, je vous ai trouvé plusieurs plans nettement plus accessibles ainsi qu’un Bed and Breakfast archi mignon à Anacapri dont je vous parlerai demain. Quel que soit votre budget, rien ne vous empêche d’aller boire un verre au Capri Palace (leur cave est ahurissante si vous aimez les bons vins). Pour dîner dans le restaurant déjà auréolé de deux étoiles, il faudra investir un peu plus, mais ça en vaut vraiment la peine.
Aller à Capri, c’est un peu comme entrer à l’intérieur d’une carte postale. Chaque centimètre carré est infusé de scènes mythiques de films, de photographies noir et blanc de célébrités dans les années 1960… C’est une île à fantasmes et on peut parfois avoir le sentiment d’être dans un Disneyland de l’Italie avec tous ses clichés. Néanmoins, il est très facile de s’extirper de la foule (surtout hors saison) et de se remplir de la beauté fracassante de ces contours escarpés. Plus petit et moins show-off que Capri, le petit village d’Anacapri est exempt des grands noms du luxe qui siègent autour de la célèbre piazzetta de Capri. Vous ne trouverez ni magasin Prada ni boutique Dolce and Gabbana dans le village, ce qui est assez reposant. Derrière la place principale, on aperçoit le Capri Palace Hotel et à droite le télésiège pour grimper en haut du Monte Solaro (un must-do absolu !).
On grimpe sur un siège individuel ou à deux avec un enfant sur ses genoux et en 12 minutes de panorama à couper le souffler, on atteint le sommet le plus haut de l’île. Ceux qui ont le vertige auront sans doute quelques papillons dans le ventre en regardant les mouettes plonger au creux des falaises. Quel que soit le point où l’on se trouve sur cette terrasse en hauteur, tout est beau : trois cent soixante degrés d’émerveillement garanti. Quand on a pris le télésiège, le ciel était assez couvert. Mais les nuages se sont dissipés sous nos yeux une fois arrivés au sommet. Magique ! Il faut compter 10 euros pour la remontée mécanique et le retour. Cependant, vous pouvez payer moins cher et faire une belle randonnée pour redescendre à pied vers Anacapri.
Le Capri Palace venait à peine d’ouvrir ses portes lorsque nous y avons séjourné. C’était très agréable car nous étions presque seuls à déambuler dans ses grands couloirs. Les chambres sont toutes différentes (j’ai pu en visiter un paquet). Ca va de la villa privée gigantesque dédiée à Gwyneth Paltrow sur le toit de l’hôtel à la petite chambre avec vue sur jardin d’où on aperçoit le Monte Solaro. Les chambres les plus spectaculaires sont évidemment celles qui donnent sur la piscine (chauffée à 28 degrés) et donc sur la mer. Les propriétaires qui ont d’abord fait fortune avec une boutique de prêt-à-porter de luxe ont eu l’idée de meubler et de décorer les chambres baptisées Capri Touch, uniquement avec des éléments de leur marque. Du coup, si on craque pour le linge de lit en lin surligné de bleu ou pour le carrelage de la salle de bain, on peut tout acheter au rez-de-chaussée de l’hôtel.
Mais le plus fou dans cet hôtel, c’est son restaurant. J’y ai mangé le meilleur risotto aux artichauts et aux fruits de mer de ma vie (et je pèse mes mots) suivi d’un homard aux petits légumes de printemps encore croquants. C’était divin. Le dessert arrive comme un festival de Cannes à lui seul : en plus de ce que vous commanderez, on vous apporte un « pré-dessert » histoire de vous mettre en bouche, puis des mignardises pour vous finir le foie. Et dans l’éventualité où vous n’en auriez pas eu assez, les serveurs passent avec un chariot de bonbons maison, de guimauve, de chocolats et de nougatine afin de vous préparer un goodie bag en guise de petit souvenir. On a trainé nos ventres pleins jusqu’à notre chambre, en riant aux éclats en comptabilisant tout ce qu’on avait réussi à engloutir en un seul repas.
Pour me remettre le lendemain, en toute logique, j’ai décidé d’aller tester le soin culte du spa de l’hôtel : le « leg school ». En discutant avec des clients, j’ai appris que certains venaient au Capri Palace spécialement pour suivre cette cure de remise en forme, à l’instar d’une thalasso chic en Bretagne. Le protocole a été mis au point par un gourou italien de l’anti-âge : Professeur Francesco Canonaco. Sous une véranda avec vue sur le jardin du spa d’un côté, et la piscine intérieure de l’autre, on s’allonge dans une méridienne recouverte d’un sac en plastique blanc. Les méridiennes sont installées en quinconce afin que vous ne voyez pas la tête de votre voisine (vous verrez ses jambes et ça suffit bien comme ça). Je ne savais pas du tout à quoi m’attendre. On m’avait juste promis que je me sentirais fraîche et légère en sortant. Cette promesse me suffisait amplement.
Une fois allongée en peignoir et string jetable sur le fauteuil, une esthéticienne débarque avec un bol rempli d’une boue glacée. Pas seulement froide au toucher, la préparation 100% naturelle contient des huiles essentielles qui activent la circulation sanguine. Elle étale le mélange de la cheville jusqu’en haut de la cuisse et vous enveloppe ensuite dans un sac plastique comme un petit rouleau de printemps. Ca chauffe, ça brûle, ça glace. Au bout de vingt minutes à tenter de lire un magazine comme si de rien n’était, l’esthéticienne revient et vous prie de la suivre (allez marcher naturellement avec un sac et de la boue séchée entre les cuisses) jusqu’à la douche. Elle vous rince à l’eau chaude. On respire et on se dit que c’est enfin terminé. PAS DU TOUT. On retourne gentiment vers son siège toujours recouvert de plastique blanc et là, on vous enroule la jambe d’un long pansement gelé imbibé d’une infusion de plantes. Je me suis mise à crier, l’esthéticienne m’a répondue « no pain, no gain » pendant que les autres clientes pouffaient de rire. Quand leur tour est arrivé, je me suis aussi mise à rigoler avec elles. Après avoir infusé dans cette préparation pendant vingt autres minutes, l’esthéticienne retire le pansement puis passe un gel anti cellulite sur toute la jambe. Alors, forcément, si on fait ça tous les jours pendant une semaine, autant vous dire qu’on a la jambe galbée ! En une seule séance, j’avais l’impression d’avoir perdu deux kilos. Bon, c’était juste une impression, hein ! Mais j’ai regagné ma chambre en traversant les couloirs telle Karlie Kloss sur un podium. La pauvre fille…
A Anacapri, il faut absolument aller visiter la Villa San Michelle, celle du médecin et écrivain suédois, Axel Munthe. C’est une splendeur absolue, vous ne pouvez pas manquer cet endroit. En retournant de la Villa vers le Capri Palace, vous tomberez sur la boutique de parfums Carthusia. C’est une très jolie parfumerie qui a réussi à exporter ses créations dans un circuit de distribution confidentielle. Les jus sont inégaux mais si vous aimez les parfums floraux vous devriez être comblés. Un peu plus loin, vous trouverez, comme partout sur l’île, des magasins de sandales. Vous pouvez acheter les modèles tout prêts (qui ressemblent à nos tropéziennes) ou commander une paire sur mesure. C’est très amusant car il y a une variété phénoménale de peaux et de couleurs. Enfin, si vous cherchez une cuisine familiale, délicieuse et pas trop chère, je vous recommande la Trattoria Il Solitario. La famille qui tient le restaurant est adorable, les enfants y sont très bien accueillis et les plats sans prétention sont irréprochables.
Demain, ce sera le dernier jour de ce joli voyage.
Capri Palace Hotel, à partir de 360 euros la chambre double en petit-déjeuner avec vue sur le jardin, 550 euros avec vue sur la mer. Evidemment, le wifi est compris dans ce tarif. Via Capodimonte 14, 80071 Anacapri, Tel: +39 081 9780111