Auberge de Chassignolles
Photographie Lili Barbery-Coulon

Auberge de Chassignolles

Auberge de Chassignolles

Découverte au hasard d’un long trajet entre les Côtes d’Armor et les Bouches du Rhône, cette auberge auvergnate est une pépite. Tenu par des anglais, cet hôtel sans prétention est si poétique qu’il donne envie de tout plaquer pour aller écrire un roman au sommet des volcans… Je dis ça, je dis rien.

Photographie Lili Barbery-Coulon. Le petit village de Chassignolles en Auvergne

La France, d’ouest en est, du nord vers le sud

Cet été, nous avons traversé la France des Côtes d’Armor jusqu’aux Cévennes en passant par les Calanques de Marseille et un saut de puce à Cassis. On aurait voulu tout faire en train mais en dehors des Bouches du Rhône, les lieux où nous avons séjourné ne disposaient pas de transports en commun à moins de vingt kilomètres. On a donc loué une voiture pour l’été que mon mari a conduit seul car, comme de nombreux boulets parisiens, je n’ai pas mon permis de conduire… Ne me jetez pas la pierre, il vous faudrait toute la muraille de Chine pour dégommer ceux qui n’ont pas leur permis à Paname. Si j’arrive à obtenir mon teacher training level 1 de yoga kundalini, je fais ici le serment d’enfin m’inscrire dans une auto-école et passer ce sésame qui me permettra de relayer mon mari l’été prochain.

Photographie Lili Barbery-Coulon. L’orage qui a fini par nous tomber sur le coin de la tronche

une auberge recommandée sur instagram

Pour éviter des trajets trop longs en voiture, nous avons décidé d’ajouter quelques étapes à notre périple. Et c’est pourquoi je vous ai demandé à la dernière minute, début août sur Instagram, si vous aviez des recommandations à me faire pour passer une nuit près de Clermont-Ferrand. Merci à toutes ceux qui m’ont répondue. Je suis impressionnée par votre réactivité et la qualité de vos suggestions. Je ne me souviens plus de toutes vos propositions (j’en avais pourtant dressé une liste dans l’une de mes stories), seulement du Bois Basalte et de l’Hôtel Radio qui étaient complets à la date qui m’intéressait. Finalement, j’ai opté pour l’Auberge de Chassignolles sans même regarder où elle se situait exactement. Le site internet de l’hôtel était simple et peu bavard mais plusieurs lecteurs semblaient sûrs de leur coup en m’envoyant dans cet endroit. Je cherchais une chambre abordable (vu qu’on avait déjà investi nos économies dans deux hôtels ultra luxueux – chez Roellinger et aux Roches Blanches à Cassis) et cette auberge tombait pile dans ma fourchette de prix. Je n’ai même pas eu le temps de voir que le site du Fooding recommandait également le restaurant de ce petit hôtel avant de réserver.

Photographies Lili Barbery-Coulon

loin de tout

Finalement, Chassignolles s’est révélé beaucoup plus au Sud que ce que je m’étais imaginé (le problème quand on réserve sans lire une carte de France). On a largement dépassé Clermont, puis Issoire et mon mari n’arrêtait pas de me demander : « Mais ça fait des heures qu’on roule, elle est où cette halte qui est censée être pratique, pas trop loin de l’autoroute ? ». Hum, hum… On est sorti de l’autoroute au sud d’Issoire et le GPS a annoncé trente minutes de route supplémentaires. Vous savez ces petites minutes qui vous paraissent des heures quand tout le monde a faim/mal aux fesses/envie de faire pipi/et soif dans la voiture. On a traversé des petits bourgs et d’immenses forêts sous la menace d’un orage grondant au loin, on a croisé un aigle et deux biches, on a grimpé et tourné encore comme si l’on suivait une spirale interminable d’un dessin d’Escher et on est finalement arrivés à Chassignolles.

Photographies Lili Barbery-Coulon

un trésor inattendu

Juste en face de l’église du XIIe siècle entièrement restaurée se trouve cette fameuse auberge en plein milieu d’une place sans troquet ni boulangerie. Juste un terrain de boules. Quelques vacanciers anglais en train de dîner devant leur maison. Un chien aboyant après un chat. L’Auberge est tenue par des anglais absolument charmants, on s’y rend pour les chambres mais aussi pour le bar et le restaurant qui aimantent les habitués du coin comme les touristes de la région. Autour de la place de l’église, quelques ruelles remplies de jolies maisons fleuries et des champs à perte de vue. Un bijou posé à près de mille mètres d’altitude.

Photographie Lili Barbery-Coulon

comme dans un roman

On était tellement crevé par la route que la perspective d’un lit douillet faisait déjà notre bonheur. Peter Taylor, le propriétaire, nous avait prévenu que le cuisinier n’était pas là le lundi soir et qu’il fallait qu’on apporte de quoi nous sustenter. Plusieurs clients dans la même situation se préparaient des encas avec du pain et du fromage sur la terrasse du bar. Chacun avait l’air de sortir d’un roman. Il y avait cette fille en pantalon jaune et débardeur blanc, un grand chapeau en paille sur son chignon en bataille, en train de vider délicatement un melon avec son Opinel sous le regard de son amoureux, un homme d’une cinquantaine d’années qui semblait écrire une nouvelle en l’observant. Il y avait aussi un couple de trentenaires, le visage rougi par le désir et une randonnée sans crème solaire qui finissait de se cramoisir le teint avec des verres de rosé en se regardant dans les yeux silencieusement. En me baladant dans le village, je les ai retrouvés plantés en plein milieu d’un champ de blé s’embrassant fougueusement avant les premières gouttes de pluie. Une vraie scène de cinéma. On avait super faim et on n’avait pas vraiment prévu ce qu’il fallait pour dîner sur le pouce. On n’était pas inquiet, juste heureux de regarder toutes ces scènes de vie. Peter a remarqué qu’on n’avait pas grand chose à grignoter et nous a proposé de partager le repas qu’il avait préparé pour sa bande de copains anglais. Meilleure ratatouille de l’été ! La pluie s’est mise à tomber pendant le dîner. On l’a regardée s’abattre sur les toits bien à l’abri sous le haut vent du bar. C’était parfait.

Photographie Lili Barbery-Coulon. Un petit lit pour un couple très amoureux (notre lit était plus large, j’imagine qu’on doit avoir l’air d’un vieux couple 🙂

un petit-déjeuner de rêve

J’ai adoré la manière dont les propriétaires ont décoré l’auberge. On se croirait dans une maison de famille avec leur vaisselle chinée dans les brocantes du coin, les fleurs des champs sur les tables et les affiches anciennes accrochées au mur. Il y a même un petit salon-bibliothèque rempli de romans et de jeux de société à l’étage si bien qu’on se sent comme chez soi. Les chambres sont monacales, toutes blanches avec quelques meubles anciens et des rideaux en toile de Jouy. La plupart disposent d’une salle de bain privative (modeste mais super propre), d’autres n’ont qu’un lavabo et doivent partager la leur. Notre chambre était au dernier étage avec une jolie vue sur une arrière-cour fleurie. On a dormi divinement bien mais c’est au petit matin qu’on a compris qu’on était décidément dans un lieu précieux. Après avoir fait mon yoga derrière l’église (je pense régulièrement à cet automobiliste qui m’a croisée en pleine pratique vers 5h30 du mat et qui a failli finir dans le fossé tellement ma présence et mes mouvements l’ont fait flipper :-), j’ai rejoint la salle à manger pour découvrir le petit-déjeuner. Tout ce que j’aime était installé sur la table : un fromage de pays, du pain frais, des œufs coque, des mirabelles, des tranches de melon, du granola et des yaourts nature maison, du beurre salé et des confitures maison elles aussi… Rien de très sophistiqué, pas de viennoiseries ni d’oeuf parfait au saumon fumé mais un cœur battant et perceptible dans chaque détail. On s’est régalé et on a beaucoup regretté de ne pas pouvoir rester plus longtemps. D’autant que la table du restaurant a une réputation irréprochable.

Photographie Lili Barbery-Coulon

 

Bref, une adresse géniale : méconnue, pas chère, raffinée et avec une âme. Ça nous a donné envie de passer des vacances en Auvergne ! Auberge de Chassignolles, Le Bourg, 43440 Chassignolles, Haute Loire France, 04 71 76 32 36. 60€ la nuit en chambre double avec salle de bain privative (45€ la nuit avec salle de bain commune), 7.50€ le petit-déjeuner par personne, 25€ le dîner que je n’ai pas pu tester mais je crois que leur chef est vraiment incroyable et ne travaille qu’avec des produits locaux. Wifi gratuit.