Aman Hotel à Tokyo
Photographie Lili Barbery-Coulon

Aman Hotel à Tokyo

Aman Hotel à Tokyo

Je suis déprimée par notre époque. Je sais que c’est d’une banalité confondante. Mais ça me questionne sur la manière de vous écrire en ce moment. Je m’interroge sur nos responsabilités individuelles pour construire un monde meilleur et je n’arrive pas à trouver une réponse qui me convienne à titre personnel. Ce blog est un lieu de divertissement. Une parenthèse dans la journée. Une récré. Il n’a pas d’autre objectif que de vous changer les idées, de vous emmener ailleurs ou de partager mes sources d’émerveillement quotidien. Mais, parfois, quand je fais la promotion de lieux très luxueux comme celui que je m’apprête à chroniquer, de produits ruineux ou de voyages que j’ai la chance d’expérimenter grâce à mon activité, je suis tétanisée à l’idée de créer de la frustration. Un jour, quelqu’un qui compte beaucoup pour moi m’a dit avec une violence inouïe que mon blog était malveillant pour moi-même et surtout malveillant pour les autres. Qu’au fond, je m’érige ici en modèle et que cela doit renforcer un sentiment d’infériorité chez ceux qui me lisent. Ce n’est pas comme ça que je perçois cet espace. Mon intention se situe exactement à l’opposé de cette remarque assassine. Nous ne sommes pas revus depuis.

Photographie lili barbery-coulon

Samedi, j’ai participé à la première Birchbox school, une initiative de Birchbox lancée pour offrir des outils de formation aux jeunes blogueuses et youtubeuses en France. Je faisais partie des intervenants et j’ai parlé avec une cinquantaine de jeunes femmes d’écriture et d’image. Il m’a semblé important de leur rappeler l’importance de la responsabilité qu’elles doivent avoir vis à vis de leurs lecteurs lorsqu’elles prennent la parole publiquement et qu’elles font des recommandations, qu’elles aient ou non de grandes audiences. J’y pense tout le temps. Sans doute parce que c’est un message martelé au journal Le Monde. Mais aussi parce qu’en tant que lectrice de blog, je ne supporte pas d’être face à un auteur qui m’explique combien sa vie est géniale pour me démontrer combien la mienne est merdique. On a déjà eu cette discussion ici au sujet d’Instagram. La vraie vie ne se situe ni sur les blogs, ni sur les réseaux sociaux. La vraie vie, on sait tous combien elle est faite de rares moments doux et de grosses claques dans la gueule.

Photographie lili barbery-coulon.
L’entrée de l’hôtel au 33e étage

Ce qui me rassure et qui m’enthousiasme, malgré tout, dans ces questionnements avec moi-même, c’est que lorsque je vous rencontre dans la rue ou lors d’événements, lorsque je vous lis (ici dans les commentaires, sur Instagram ou sur vos blogs pour celles et ceux qui en ont et dont je connais l’adresse), je réalise la chance immense que j’ai d’avoir des lectrices et des lecteurs aussi intelligents. Il n’y a aucune condescendance dans mes propos. Au contraire, c’est vous qui m’impressionnez ! Evidemment, il y a aussi une majorité silencieuse dont je ne sais rien et c’est à celle-là que je m’adresse aujourd’hui.

Photographie lili barbery-coulon. Le lobby de l’hôtel

Voilà pour l’introduction en trois longs paragraphes ☺ J’ai découvert l’Aman Tokyo lors de mon dernier séjour au Japon. Je suis arrivée le 14 novembre 2015 à 12h, heure locale, et forcément, ce voyage s’est recouvert d’encre noire lorsque j’ai appris en sortant de l’avion ce qui venait de se dérouler dans mon pays. J’étais donc ultra émotive pendant toute ma semaine là-bas et je crois que j’ai mis de nombreux Japonais très mal à l’aise parce que je n’ai pas arrêté de sangloter devant eux (pile le genre de trucs qu’on ne fait pas dans ce pays). Parfois même des sanglots de joie devant des détails raffinés, ce qui m’a rappelé mon état émotionnel lorsque j’étais enceinte et que j’étais capable de chialer parce qu’il n’y avait plus de lait dans le frigo et de pleurer avec autant de vigueur lorsqu’on me disait que ma robe était jolie. A l’Aman Tokyo, la jeune femme impeccable qui m’a fait découvrir ma chambre doit encore se souvenir de ma réaction : je n’ai pas arrêté de pleurer en répétant « c’est si beau, j’ai tellement de chance, c’est si beau ».

Photographie lili barbery-coulon.
La vue de mon lit

Je vous ai déjà parlé du spa ahurissant de ce nouvel hotel. Je ne vous ai cependant pas encore montré les chambres et les espaces communs. J’aime beaucoup les petits hôtels à dimension humaine. Je préfère le sud de Tokyo au quartier financier de Ginza. Pourtant, alors que cet hôtel n’a à priori rien pour me plaire, il m’a époustouflée. Impossible d’imaginer ce qui se trame dans les hauteurs quand on arrive à l’accueil au rez-de-chaussée. Une hôtesse prévient la réception au 33e étage de votre arrivée, les portes de l’ascenseur s’ouvrent et une lumière invraisemblable jaillit. L’espace vertigineux donne sur une baie vitrée surplombant les jardins impériaux. Si on de la chance, les jours où il fait beau, on aperçoit le Mont Fuji sur la gauche. Lorsque je suis entrée dans ce lobby, j’ai été happée par cette carte postale et je me suis collée contre la fenêtre. C’est là que je me suis mise à chialer…

Photographie lili barbery-coulon

Ensuite, j’ai découvert ma chambre. Folie ahurissante. Elles sont toutes construites de la même manière, le lit donnant sur une baie vitrée bordée de coussins afin que chacun puisse s’allonger au bord de la fenêtre. La salle de bain séparée par une cloison coulissante en bois et en papier dispose d’une baignoire en ardoise accolée à la baie vitrée. On y trouve des instructions pour apprendre à préparer son bain comme les Japonais ainsi que des sels étranges infusés aux plantes. J’ai beau cherché le détail imparfait, je ne le trouve pas. Tout est soigné, de la lumière projetée avec délicatesse sur les plantes aux mini fruits délicieux en passant par le haïku du jour caché dans un porte carte de visite en bois léger.

Photographie lili barbery-coulon.
la salle de bain…

Si vous ne pouvez pas financer une nuit dans cet hôtel (je préfère vous prévenir, les prix sont aussi vertigineux que la vue), mais que vous avez les moyens de venir y petit-déjeuner, n’hésitez pas une seule seconde. Le breakfast est phénoménal. Il arrive en deux temps, d’abord des jus vitaminés et des fruits découpés puis les œufs de votre choix… j’ai vu sur d’autres tables des tas d’autres gourmandises délicieuses. Et sinon, venez boire un verre la nuit. La vue vaut vraiment le détour.

Photographie lili barbery-coulon.
la première partie du petit-déjeuner

A partir de 900 euros la nuit pour deux en Deluxe Room (71m2 avec baignoire, wifi et tout le luxe décrit précédemment), je ne trouve pas le prix du petit-déjeuner sur leur site, il faudra les appeler (ils parlent anglais bien évidemment). Aman Tokyo Hotel, The Otemachi Tower, 1-5-6 Otemachi, Chiyoda-ku, Tokyo 100-0004, Japon. Tel : + 81 3 52243333

Photographie lili barbery-coulon.
Les œufs Bénédicte