South Kensington Club à Londres
photographie lili barbery-coulon

South Kensington Club à Londres

South Kensington Club à Londres

D’abord je voulais vous remercier pour vos commentaires incroyables sous mon dernier article « Aman Hotel à Tokyo ». J’ai mis du temps à lire et à répondre aux messages publics et privés. Merci infiniment. Certains mots m’ont particulièrement touchée. Je ne pensais pas que cette récréation pouvait avoir un impact aussi positif. Merci ! Par ailleurs, vous êtes nombreux à me dire que vous m’avez vue ici ou là et que vous n’avez pas osé venir me voir. N’hésitez pas la prochaine fois. En général, c’est moi la plus intimidée. Mais ça me booste et ça me donne du courage. On est en train de se créer un cercle vertueux, avec une somme insensée de connexions bienveillantes qui nous unit, ça me rend très heureuse. En tous cas, je vais continuer à partager mes sources de joie et d’émerveillement, je vous le promets !

Photographies Lili Barbery-Coulon – la salle de fitness du South Kensington Club et un petit coin de lecture entre deux salles d’activités

Dans la série « vis ma vie de journaliste beauté », je tenais absolument à vous raconter mon expérience à Londres au South Kensington Club. Il y a plusieurs mois, j’ai été contactée par l’attachée de presse anglaise de ce tout nouveau lieu. Elle voulait absolument me le faire visiter. Je n’ai pas tout de suite compris de quoi il s’agissait : en France, on a des clubs de sport ou bien des spas. Les deux concepts sont rarement réunis dans un même espace. Le South Kensington Club ne se contente pas de quelques cabines de massage en plus de ses salles de fitness. Il dispose d’un service de conciergerie pour voyager à l’autre bout du monde (qui en plus d’organiser l’itinéraire idéal, compile une préparation sportive adaptée avec un coach avant le départ), un salon de thé, un bar à jus, un restaurant healthy, une bibliothèque, une piscine watsu et des bassins thérapeutiques à la russe… Bien sûr, à Paris, on a le Ken Club et l’Usine dans le genre « club de sport archi luxe » (les deux institutions vont d’ailleurs ouvrir de nouveaux lieux en 2016 à Paris). Cependant je n’ai encore rien vu d’équivalent au South Kensington Club.

Photographies Lili Barbery-Coulon

Situé dans le quartier ultra privilégié de South Kensington, le club privé ressemble à une chapelle. Cet espace gigantesque de 2320 mètres carré appartient à Luca del Bono, un riche entrepreneur italien expatrié à Londres. Avant ça, le bâtiment à l’architecture Georgienne abritait la boite de nuit de Roonie Wood, le guitariste des Rolling Stones. Précédemment, c’était un énorme studio de danse (Pineapple dance studios d’où la présence de quelques ananas sur les vitraux des salles du dernier étage). Et bien plus tôt encore, une partie de l’espace a hébergé le tout premier atelier de peinture de Francis Bacon. C’est dire si les lieux sont chargés d’histoire.

Photographies Lili Barbery-Coulon

Le club se déploie sur plusieurs niveaux et bien qu’il n’ait été inauguré que récemment, il fourmille déjà d’adhérents à chaque étage. Alexandra, l’attachée de presse, m’a conduit dans le restaurant healthy, le bar à cocktails, le bar à jus, sur la terrasse – des chapeaux sont à votre disposition pour les jours de grand beau temps (on voit que le propriétaire est italien et qu’il n’a toujours pas intégré la réalité de la météo British) – et dans les différents espaces de Pilates dynamique, Broga (un entrainement fractionné dont on ressort à peine vivant), une salle de cycling (à Paris aussi, les cours de vélo en salle sont en train de se démocratiser à vitesse grand V), une salle de yoga, une bibliothèque… A l’issue de la visite, Alexandra m’a proposé de tester deux activités phares de l’espace bien-être. Un « banyan treatment » et une séance de watsu. Premier fail : j’avais oublié mon maillot de bain. Mais vu le prix qu’on paie à l’année pour devenir membre, le South Kensington Club dispose évidemment de 1-pièces Speedo tout neufs pour les têtes en l’air comme moi. Je n’avais aucune idée de ce que j’allais vivre et c’est là qu’elle m’a laissé dans les mains de mon thérapeute : un russe très massif, aux mains faisant deux fois la taille des miennes, à l’air aussi commode que celui de Poutine quand on lui parle de la Turquie. Cette armoire vivante m’a présenté l’espace à la russe et j’ai bien senti en arrivant que j’allais faire une drôle d’expérience. Je n’ai pas été déçue.

Photographies Lili Barbery-Coulon. Les escaliers vers le spa en haut et la bibliothèque au coin du feu en bas

Le principe de cette thérapie consiste à passer du très chaud au très froid pour créer un choc thermique, évacuer les toxines et remettre toutes les énergies à neuf. On m’a d’abord demandé d’aller dans un sauna pendant quelques minutes. Les premières secondes, j’étais ravie. J’adore la sensation de la chaleur sur ma peau, surtout en plein hiver. Mais rapidement, j’ai senti mon cœur battre à toute allure, la température ne cessait de grimper et même mes boucles d’oreille en métal finissaient par me brûler la peau. C’est là que mon thérapeute est entré dans la pièce en maillot de bain avec deux bouquets de feuilles d’arbre. La scène aurait été hilarante si j’avais été accompagnée d’une copine mais j’avoue avoir été un peu interloquée. Il a commencé à me fouetter le corps des pieds à la tête avec ces branches humides. Je sais, dit comme ça, ça peut paraître torride. Mais j’étais surtout concentrée sur ma respiration et l’impression d’avoir été transformée en rôti mariné aux fines herbes. Brusquement, un autre thérapeute est entré, toujours aussi russe, mais plus mince et parlant anglais ce qui a facilité l’échange. Je suis ressortie du sauna, il m’a demandé d’entrer dans un jacuzzi à 28 degrés qui m’a paru glacé. Et m’a expliqué que le traitement allait bientôt commencer, que tout ceci n’avait été qu’une introduction. Mon Rambo russe est revenu avec un chapeau cloche en feutrine blanche qu’on m’a prié d’enfiler – plus ridicule, c’est pas possible, faut m’imaginer avec des joues écrevisse, le cheveu collé au front, moulé dans un maillot de bain un poil trop petit et du vernis écaillé aux pieds – afin d’empêcher la chaleur de monter jusqu’à mon cerveau. Rassurant ! Je suis ensuite entrée dans un autre sauna, plus petit, et encore plus chaud que le premier. Il m’a collé une branche d’eucalyptus sur la tête et a recommencé l’opération de fouettage du cou jusqu’aux orteils. Ils appellent ça « russian leaves dance ». Hum hum, bizarrement, je trouve que la sémantique est assez mal choisie ☺ Bon, je n’ai pas souffert, le principe n’étant pas de fouetter le corps mais de rabattre l’air chaud stagnant dans les hauteurs du sauna sur la surface de la peau. Au bout de quelques minutes où j’ai tenté un timide « it’s too hot » derrière mes feuilles d’eucalyptus, il m’a autorisée à sortir et là, il m’a poussée dans une grande bassine en bois remplie d’eau glacée. Mais vraiment glacée. Si gelée que j’ai hurlé en pensant très fort à Michel Blanc dans les Bronzés. Je n’ai pas du crier suffisamment fort car pour me « finir », les deux loustics m’ont versé un seau d’eau froide sur la tête.

Photographies Lili Barbery-Coulon.
Le restaurant et le bar à cocktails

On aurait dit une tomate prête à être pelée. J’ai atterri sans trop me souvenir comment dans le jacuzzi qui, cette fois, m’a semblé à température idéale. Et là, bizarrement, j’ai compris pourquoi on m’avait fait subir tout ça : je me suis sentie revigorée. L’air qui passait dans mes poumons me paraissait tout à coup très frais comme si j’avais bu de la liqueur de menthe. J’étais complètement régénérée. Deux secondes plus tard, on m’a priée de rejoindre le bassin de la salle d’à côté. Le thérapeute spécialiste du watsu m’y attendait. Autre ambiance. Lumière tamisée, fond musical doux et un masseur en combinaison de plongée. On a parlé ostéopathie et shiatsu avant d’entrer dans le bassin. Le watsu est une contraction de water et de shiatsu. Il s’agit donc de mobiliser des points sous l’eau et de se servir de la poussée d’Archimède pour suivre les mouvements naturels du corps et apaiser les éventuelles douleurs du moment. Le corps est porté par quelques bouées et par le thérapeute qui bouge d’un bout à l’autre de la piscine vous faisant basculer à droite et à gauche, un peu comme si on se retrouvait à nouveau dans le ventre de sa mère. Très étrange. Mais je n’ai pas réussi à apprécier pleinement ce moment, j’étais encore sous le choc de la séance de trempage à la russe, je riais intérieurement et ce type en combinaison de plongée qui me faisait flotter telle une naïade avait beau être plein de bonnes intentions, je ne pouvais m’empêcher de me dire : « Nan mais qu’est ce que je fous à moitié à poil à faire de la natation synchronisée avec un type en combi ??? ». J’ai sauté dans un taxi vers la gare de Saint Pancras et lorsque j’ai retrouvé dans l’Eurostar mes copines journalistes et qu’elles m’ont demandé « Alors c’était bien ton club privé ? » je n’ai pas su quoi raconter de ces scènes improbables.

Photographies Lili Barbery-Coulon (je n’ai pas pu prendre de photo du bassin ni des saunas – j’étais en maillot, mon appareil était dans les vestiaires) cependant voici une photo de la salle banyan qu’on peut louer à plusieurs

South Kensington Club, 38-42 Harrington Road, SW7 3ND, Londres, Tel : + 44 207 581 80 88. Abonnement entre £2250 et £3500 (c’est à dire entre 3000 et 4600 euros l’année, je n’ose imaginer combien les membres investissent dans la crèche ou l’école de leurs enfants…). J’ai oublié de vous dire qu’il y aussi un salon de coiffure, un bar à ongles et un barbier dans l’espace et que les vestiaires sont si parfaits que j’ai piqué trois mini doses de dentifrice Marvis avant de sortir… Le soin russe coûte £35 (c’est à dire 46 euros) et on peut également louer une salle avec sauna et bain glacé pour se le faire tranquillement avec ses copines, sans mon thérapeute moscovite… 

Photographie Lili Barbery-Coulon
(les fameux chapeaux devant la terrasse et un parapluie plus utile tout de même)