Les ateliers de Seize
Photographie Lili Barbery-Coulon

Les ateliers de Seize

Les ateliers de Seize

Hier, j’avais prévu de publier un article sur mes parfums préférés du moment. En me levant et en découvrant que Donald Trump était devenu le nouveau Président des Etats-Unis, je n’ai pas eu le cœur de le mettre en ligne. Evidemment, depuis le Brexit, on se doutait que cette éventualité pouvait devenir une réalité. Cependant, les algorithmes qui me font voir ce que j’ai envie de lire sur Facebook, Instagram, Google ou Twitter, les journaux que je consulte en ligne, ainsi que les opinions de ceux que je valorise aux Etats-Unis m’avaient donné la sensation que ça ne pouvait pas arriver. Wake up and get your shit together. Hier matin, comme une amie journaliste le soulignait, j’ai pourtant eu l’impression d’être entrée à l’intérieur d’un épisode de Black Mirror. Notre époque est une douche glacée qui n’en finit pas de s’écouler sur nos colonnes vertébrales. A chaque fois qu’on croit avoir touché le fond de la piscine, le sol semble s’effondrer à nouveau.

Photographies Lili Barbery-Coulon. Atelier Dreamcatcher chez Seize

Passé l’état de stupéfaction (enfin il ne m’a pas encore quitté), je me suis demandée, comme après chaque attentat ces derniers mois, quelle leçon tirer de ces événements. Comment mettre du sens dans cette noirceur qui nous aveugle ? Un peu plus tard dans l’après-midi, j’ai regardé cette vidéo de Nicole Ferroni en me rendant à la nouvelle boutique Seize où j’avais réservé un atelier de création pour ma fille. La perspective de regarder ma fille fabriquer des pompons me paraissait bien futile dans ce contexte chaotique. Le message de Nicole Ferroni a brusquement fait écho en moi : je suis, comme elle, convaincue que nous avons le pouvoir, chacun à notre niveau, de devenir des « héros invisibles » et d’amorcer de grands changements. En étant présent les uns pour les autres, en rayonnant d’énergies positives, en dépensant différemment et intelligemment notre argent, en étant plus solidaires sur nos lieux de travail, en nous soutenant entre femmes, en défendant les minorités qui souffrent, en arrêtant de nous abreuver de conneries à la télé ou sur internet, en tendant la main, en boycottant la médiocrité plutôt qu’en en faisant l’apologie sur les réseaux sociaux, en chérissant ceux qu’on aime, en créant, en mettant de la conscience dans tout ce que l’on entreprend, en arrêtant de nous laisser voler nos neurones par nos téléphones, en passant du temps ensemble IRL, en ouvrant les yeux, en discutant avec ceux avec qui nous n’avons à priori rien en commun, en sortant de nos bulles, en disant bonjour et merci, en refusant de répondre à la violence verbale quotidienne, en décuplant notre lucidité, en nourrissant nos cœurs. En votant.

Photographie Lili Barbery-Coulon. Devant la vitrine de chez Seize

Voilà ce qui me traversait l’esprit lorsque j’ai franchi la porte de la boutique Seize. Claire Chicoine, la fondatrice ainsi que Sophie, l’animatrice des ateliers Do It Yourself, nous attendaient. L’espace truffé de merveilles fabriquées à la main m’a extirpé de ma gravité. Souriante et ravie de faire notre connaissance, Claire m’a fait visiter sa toute nouvelle boutique inaugurée le mois dernier. Ex blogueuse passionnée de DIY, ancienne chargée de communication, elle a tout quitté pour créer ce concept. Avec Seize – située au 16 rue Crussol dans le 11e – la jeune trentenaire nous invite à participer à des ateliers de notre choix (terrarium, tricot, bijoux, tissage, broderie, art floral, couture…) entre copines ou avec des inconnues, afin d’apprendre à concevoir un objet. Les ateliers sont également ouverts aux enfants le mercredi après-midi et ma fille a eu l’occasion de fabriquer un « Dreamcatcher pompons » afin d’attraper ses plus jolis rêves dans sa chambre. Mais Seize ne se contente pas de réunir les amateurs d’activités manuelles. C’est aussi un espace de co-working à utiliser pour une heure ou la journée avec un accès à un wifi haut débit et à une petite cuisine très pratique, une boisson et une douceur à grignoter entre deux emails. Claire profite aussi de ce lieu pour distribuer tous les créateurs qu’elle repère sur Pinterest ou Instagram. Idéal pour dénicher des cadeaux artisanaux.

Photographies Lili Barbery-Coulon

J’ai écouté Claire me raconter l’atelier de la veille qui s’est terminé dans les éclats de rire plus d’une heure après l’horaire prévu. Elle se réjouit déjà de toutes ces rencontres et des liens qui se nouent à la faveur d’aiguilles à tricoter ou de points de croix. Je crois que nous avons sévèrement besoin de nous réunir. Ma fille qui est habituellement incapable de rester concentrée deux heures d’affilée, ne voulait plus partir. Elle a choisi ses couleurs, fabriqué ses pompons, attaché ses flocons de laine sur le cerceau de métal (ceux qu’on utilise pour concevoir des lampes), découpé les fils avec entrain. Nous sommes sorties enchantées avec un nouvel objet qui trône fièrement sur l’un des murs de sa chambre.

Photographies Lili Barbery-Coulon

Noël approche. Si on est suffisamment privilégié, on va encore acheter et recevoir des tonnes de choses inutiles qui risquent d’encombrer un peu plus nos lieux de vie. Et si, au lieu d’acquérir des biens matériels, on pensait à s’offrir une expérience ? Parce qu’hier soir, en ressortant de ce petit paradis, je me suis sentie reboostée à bloc. Evidemment, je ne suis pas en train de vous dire qu’on va changer le monde en fabriquant des pompons en laine pastel. Mais, vu le combat qui nous attend, on a intérêt à se trouver des batteries de douceur. On va en avoir bien besoin !

Photographie Lili Barbery-Coulon

Seize, 16 rue Crussol, Paris 11e, Tel : +33 1 48 06 86 19. 30€ l’atelier de 2 heures pour enfant à partir de 7 ans (matériel et goûter inclus), 40 à 60€ l’atelier de 2 heures pour adulte (matériel et apéro inclus). Les inscriptions se font en ligne sur le site juste ici. 5€ de l’heure et 20€ la journée de co-working (wifi, boisson et douceur compris)

Photographie Lili Barbery-Coulon. Le dreamcatcher fabriqué par ma fille avec l’aide de Sophie