Ateliers cuisine à l’Hôtel Royal à Evian
Photographie Lili Barbery-Coulon

Ateliers cuisine à l’Hôtel Royal à Evian

Ateliers cuisine à l’Hôtel Royal à Evian

Eveiller la curiosité des enfants en matière de gastronomie n’est pas une mince affaire. Quand je vois ce que Mimi Thorisson arrive à faire avaler à ses sept enfants – oui, oui, vous avez bien lu, elle élève sept enfants… – je me dis que j’ai complètement raté mon job de mère. Pourtant, ce n’est pas faute d’avoir essayé. J’ai tenté les assiettes décorées à la manière de Mark Northeast. J’ai soigné les couleurs et rôti des légumes comme s’il s’agissait de frites. J’ai déguisé les brocolis en petites purées truffées de beurre salé avec deux traits de ketchup à la place des yeux. Rien n’y fait : en dehors d’une passion pour les tomates cerises, la ratatouille, la soupe de potiron, les carottes vapeur et les haricots à l’ail, ma fille ne s’aventure pas à manger ce que je prépare. Ca fait un paquet d’années que j’ai arrêté de lutter (son pédiatre m’a promis qu’un jour, à force de m’observer manger avec plaisir des légumes et du poisson, elle en ferait de même). Je lui demande juste de goûter ce que je cuisine. Et je prépare toujours une base commune qu’elle aime bien (du riz, du quinoa, des pâtes, des pommes de terre…) pour conserver la sensation qu’on partage le même repas. Je vois bien que d’autres parents ne lâchent rien et qu’ils arrivent à obtenir des résultats. Il m’est cependant impossible de forcer un enfant à mettre dans sa bouche un aliment qui le répugne. Néanmoins, il y a aussi des enfants gourmands qui mangent de tout avec plaisir et sans effort. Ils sont rares mais ils existent. Un peu comme ces bébés qui font leurs nuits à la sortie de la maternité… Si vous êtes les heureux parents de ces enfants, ne la ramenez pas devant vos amis. C’est aussi horripilant qu’une fille ultra mince qui bouffe comme douze et s’étonne devant ses copines au régime de ne jamais prendre un gramme.

Photographies Lili Barbery-Coulon

Pourtant, il existe une méthode simple pour éduquer le goût des enfants : les faire cuisiner. Quand ils sont petits, les expériences sont limitées aux pâtisseries, aux petits sablés à l’emporte pièce, aux gâteaux au yaourt ou au chocolat. Mais dès qu’ils peuvent manipuler un couteau, ils sont super fiers qu’on les laisse préparer une salade. L’Hôtel Royal à Evian, dont je vous ai déjà parlé à l’occasion du lancement de sa nouvelle décoration signée François Champsaur, propose des cours dans sa cuisine gastronomique à l’attention des adultes ou des enfants. Pendant les vacances de la Toussaint, on a testé cet atelier de deux heures avec ma fille ainsi que d’autres journalistes accompagnées de leurs enfants. Lorsqu’Auriane Longuet, la seconde du chef Patrice Vander, nous a annoncé sa recette du jour – coquillages Saint Jacques aux agrumes et aux betteraves cuites et crues – je me suis dit qu’aucun des enfants n’allait écouter la leçon tant le plat me paraissait loin de leurs goûts. J’avais tort : elle a capté toute leur attention du début jusqu’à la fin.

Photographies Lili Barbery-Coulon

Au fond de la cuisine se trouve une grande pièce dans laquelle on commence par s’habiller d’un tablier et d’une toque en papier. La marmaille était surexcitée à l’idée de porter un chapeau de chef et en les voyant sauter comme des kangourous au milieu des casseroles, j’anticipais déjà le vacarme à venir. Je ferais une très mauvaise voyante puisqu’ils se sont calmés à la seconde où Auriane leur a demandé de s’occuper des betteraves ; une équipe s’est occupée d’envelopper les petites betteraves bien rincées dans du papier aluminium afin de les mettre au four dans un plat tapissé de gros sel (pour absorber l’humidité). L’autre petit groupe s’est chargé d’éplucher les betteraves restantes avec des économes (note pour plus tard : leur faire éplucher les pommes de terre à la maison). Pendant que le beurre bordier au yuzu se faisait fouetter par un robot, les petits ont zesté les citrons verts et les clémentines. C’est Auriane qui a tranché les betteraves crues à la mandoline avec les mamans présentes. Alors que les betteraves au four finissaient de cuire, les enfants se sont occupées des Saint Jacques (déjà nettoyées, sans corail mais toujours attachées à leur coquille, demandez à votre poissonnier de les préparer de cette manière). Ils ont mis une cuillère à soupe de beurre au yuzu tempéré et fouetté sur chaque coquille. Auriane les a enfournées pour dix minutes à 180 degrés et elle a aussitôt sorti un tourne-disque devant les enfants ébahis.

Photographies Lili Barbery-Coulon: voici l’assiette composée par chaque enfant

L’idée : délimiter l’assiette en trempant un pinceau dans une réduction de jus de betteraves. On pose le pinceau sur le rebord et on laisse le tourne-disque faire le reste. Les gamins auraient bien aimé recommencer l’opération l’après-midi entière. Il faut ensuite dresser l’assiette en disposant les petites betteraves cuites et les tranches crues. Juste avant de disposer les coquillages au centre des assiettes, les enfants ont aidé Auriane à préparer une émulsion rose avec du jus de betterave, du jus de citron, un peu de sucre, de l’eau et une touche de lécithine de soja. Un peu de mousse sur les coquilles quelques zestes de citron vert et de clémentine : c’est prêt !

Photographies Lili Barbery-Coulon (vous aurez reconnu Sophie Trem et ses deux enfants à gauche et Violaine Belle Croix au fond)

Nous nous sommes ensuite installés dans la pièce du début pour déjeuner. On avait toutes bon espoir que nos enfants dévorent le plat qu’ils avaient préparé. Les plus grandes (12 ans) ont apprivoisé toutes les saveurs. Deux des petits ont mangé avec plaisir. Les deux autres ont fait la fine bouche mais ils ont quand même goûté. Le cours de cuisine s’est achevé par un déjeuner (je vous rassure, ils ont tous commandé des pâtes !). En tous cas, on a passé un moment formidable. Il faut dire que dans cet hôtel, les familles sont choyées : le kids resort qui se trouve à mi chemin entre l’Hôtel Royal et l’Ermitage (qui appartiennent au même resort) accueille chaque jour une soixantaine d’enfants qui peuvent déjeuner et diner ensemble sous la surveillance d’animateurs si les parents le souhaitent. L’Ermitage a même installé une salle de jeux à côté de son restaurant pour permettre aux petits de quitter la table des parents et aller jouer à la dinette ou bouquiner en attendant le dessert. Quant à l’Hôtel Royal, il était à la hauteur de mon souvenir. J’ai une passion pour les salles de bain en marbre dans les chambres, le grand bar avec ses fauteuils en velours, pour le petit-déjeuner (le mien était assez light comparé à la proposition du buffet car je fais attention à ce que je mange depuis quelques semaines, je vous en reparlerai), son parcours aquatique chauffé en extérieur et son atmosphère paisible au bord du lac Léman. Un paradis luxueux qu’on a bien du mal à quitter.

Photographies Lili Barbery-Coulon. Un petit-déjeuner à l’hôtel royal, l’une de ses salles de bain et son bar

Cours de cuisine pour les enfants à l’Hôtel Royal à Evian avec le chef Patrice Vander , sa seconde Auriane Longuet, ou le chef pâtissier Stéphane Arrête, le premier samedi du mois de 10h à 11h30 (le cours est suivi de la dégustation du plat préparé), 39€. Les cours pour adulte durent 4h (de 9h à 13h trois samedis par mois), ils coûtent 150€ avec en prime un cadeau pour chaque participant, le déjeuner et un verre de vin. Ces cours sont ouverts aux clients de l’Hôtel Ermitage ainsi qu’aux non résidents du resort.