Curiosity, le temple des petits cadeaux
Photographie Lili Barbery-Coulon

Curiosity, le temple des petits cadeaux

Curiosity, le temple des petits cadeaux

Il y a quelques mois, mon amie Elisa Bailly, dont je vous ai déjà parlé à plusieurs reprises et qui a réalisé une recette de cuisine pour Ma Récréation, est venue déjeuner chez moi. Elle n’est pas arrivée les mains vides. Mais au lieu d’un bouquet de fleurs ou d’une bouteille de vin, elle m’a apporté un set de jolis vases en céramique qui trônent à présent dans ma bibliothèque. Sur le paquet, une carte de visite indiquait le nom d’une boutique située rue de Condorcet à Paris. Je me suis promis d’aller jeter un coup d’œil, d’autant qu’Elisa m’a promis que ça allait me plaire. La carte de visite s’est retrouvée dans un dossier épais de lieux à aller voir. Les mois ont filé et récemment, dans un délire de rangement à la Marie Kondo (oui, oui, toujours elle), j’ai mis la carte à la poubelle. A la question « cet objet vous procure-t-il de la joie » j’ai répondu : non cette carte me culpabilise car elle me rappelle que je n’arrive pas à faire tout ce que je voudrais en une journée. Le nom de la boutique – Curiosity – s’est quand même logé dans un coin de mon cerveau, puisqu’hier, en sortant de la présentation presse d’Aesop, dans le même quartier, j’ai reconnu l’enseigne et je suis entrée. Je n’avais pas mon appareil photo sur moi. Mais plutôt que de me promettre de revenir, j’ai fait quelques clichés avec mon téléphone et j’ai aussitôt questionné le propriétaire des lieux.

Photographie lili barbery-coulon

Curiosity est à peine plus grande qu’une boite à chaussures. Cette petite boutique à deux pas d’APC, Aesop, Kitsune et Philippe Model Maison (où l’on trouve des céramiques aussi dingues que ruineuses) est une mine d’or pour faire des cadeaux pas chers. Comme vous le savez, j’ai un goût prononcé pour les objets luxueux. Ce qui ne signifie pas que j’ai les moyens de tous mes désirs ni que je n’éprouve pas du plaisir à dénicher des bricoles poétiques à prix dérisoire. Scénographe et designer le matin, Jean Dange ouvre son magasin tous les jours l’après midi. Tous les six mois, il change intégralement le décor de la boutique, repeint les murs et sélectionne uniquement des objets sur le thème qu’il s’est fixé. Il y a encore peu, il m’a raconté que Curiosité était rose et bordeaux. En ce moment, le vert est décliné en touches à côté de lampes en or jaune mat ou de miroirs en forme de fruits. Les premiers prix commencent à 4 euros et il faut compter, par exemple, 31 euros pour un set de trois vases en porcelaine blanche ou 800 euros pour un grand secrétaire vintage. On sent le plaisir de la chine et le goût de Jean pour la décoration. Il lancera d’ailleurs à la rentrée sa première collection de linge de maison et petit mobilier. Une bonne adresse pour se faire plaisir sans dézinguer son budget.

Photographie lili barbery-coulon

Curiosity, 55 rue de Condorcet, Paris 9e, Tel : +33 9 83 43 92 74, du mercredi au samedi de 13h à 19h30 (j’ai du avoir de la chance car hier, un mardi, c’était ouvert)

Photographie lili barbery-coulon

PS : Je n’ai pas exprimé ma tristesse au sujet de l’attaque homophobe à Orlando sur le blog, bien que je l’ai fait sur les réseaux sociaux. La description de l’horreur dans cette boîte de nuit continue de me mettre la nausée et ravive toutes les blessures dont nous ne sommes toujours pas remis. L’idée qu’on puisse massacrer des gens parce qu’ils sont gays m’est insupportable. Hier, alors que je réfléchissais à un moyen d’en parler sur le blog, j’ai appris dans quelles circonstances le couple de policiers de Magnanville a été poignardé devant leur petit garçon de 3 ans, retrouvé « en état de sidération »… Un enfant d’ailleurs hospitalisé à Necker dont les façades ont été vandalisées par les casseurs de la manifestation d’hier… Je voudrais pouvoir poser des mots intelligents sur tout ça. Il n’y a que la chiale et le dégoût qui me viennent. Alors hier, j’ai regardé une vingtaine de fois de suite la vidéo d’un oiseau posé sur un tapis roulant jouant inlassablement à se laisser transporter par le mouvement de la machine. Comme si j’avais besoin de me nettoyer les yeux de toute cette merde absorbée en si peu de temps. Je vais continuer à me concentrer sur le beau, ici, sur le blog. Pas parce que je suis indifférente à l’horreur de l’époque. Mais parce que j’ai besoin de ces plages de légèreté pour affronter la réalité. Bon courage à tous <3