Tout ce que vous avez toujours rêvé de savoir sur l’hydratation
Photographie Lili Barbery-Coulon

Tout ce que vous avez toujours rêvé de savoir sur l’hydratation

Tout ce que vous avez toujours rêvé de savoir sur l’hydratation

En ce moment, je fais n’importe quoi. Je ne dors pas assez. Je travaille trop. Je mange n’importe comment et souvent trop. Je ne prends pas le temps de méditer. Je fais sauter mes séances de sport pour bosser. Et j’oublie de boire suffisamment d’eau. Résultat : en plus d’un état émotionnel aussi stable que l’attraction Space Mountain et d’un cul en progression exponentiel, ma peau me déteste. Bon évidemment, comme j’ai plutôt du bol niveau cutané, ça n’est pas flagrant pour les autres, mais moi, dans le miroir, je vois le milliard de ridules de sécheresse récemment échouées sur ma tronche sans parler de toutes les petites rougeurs qui me signalent qu’il est temps de sortir de cette phase « crash test ». Je ne sais pas comment vous vous extirpez de ce genre de cercle vicieux. Mon truc dans ces cas-là c’est 1) d’aller faire les courses et remplir le frigo de légumes et de fruits qui me font envie 2) me vernir les ongles car ça me donne l’illusion d’être une créature soignée qui prend soin d’elle 3) prendre une douche ou un bain et visualiser mes soucis s’évacuer dans le tuyau de vidange 4) faire une to do liste pour débarrasser mon cerveau de tout ce que j’ai peur d’oublier 5) appliquer un masque SOS sur ma peau afin de remettre les compteurs à zéro. Mais surtout pas un soin agressif. Juste une texture enveloppante bien hydratante. Encore faut-il savoir laquelle choisir…

Photographies et animation Ma Récréation

Récemment, la marque Clinique m’a contactée pour me parler de sa gamme Moisture Surge et m’a proposée de vous faire gagner des produits de cette ligne qui vient de baisser ses tarifs (fait rare dans l’industrie cosmétique !). J’adore leur masque qui s’applique le soir avant de se coucher et que ma peau absorbe en quelques minutes. J’aurais pu me contenter d’organiser le concours en vous vantant les mérites du produit mais je me suis dit que c’était l’occasion de creuser un peu le sujet de l’hydratation. Parce qu’après plus de quinze ans à écouter les créateurs de beauté me parler de la dernière molécule « XB486 » ou de « l’actif du Panama » qui va me lisser comme un fer à repasser, je n’ai acquis que trois convictions : 1) se méfier du soleil et s’en protéger dès qu’on s’expose 2) se nettoyer consciencieusement le visage tous les soirs avec un démaquillant non détergent 3) hydrater sa peau quotidiennement. Seulement voilà : hier soir, j’ai compté le nombre de soins hydratants reçus ces dernières semaines (sérums, masques, crèmes, gels) sachant que je ne fais même pas partie des journalistes qui reçoivent l’intégralité des nouveautés… Je me suis arrêtée de compter une fois le chiffre 40 franchi ! Difficile de déterminer quel produit est fait pour votre peau parmi cette offre délirante de nouveautés, sans énumérer tous les autres déjà en magasin. Du coup, j’ai décidé de faire le point sur les stratégies d’hydratation avec trois experts de la peau. Une dermatologue, une esthéticienne et un formulateur. A vous de faire votre cuisine et de piocher les conseils qui vous parlent, selon vos convictions (bio ou pas), vos habitudes et vos préférences en terme de texture (gel, crème, baume, sérum, huile…). Rendez-vous à la fin de l’article pour participer au concours.

Photographie Lili Barbery-Coulon

L’avis du dermato : « Attention à la manière dont vous nettoyez votre peau. Si vous utilisez un produit trop agressif, vous risquez de la déshydrater »

Dermatologue pratiquant dans son cabinet à Paris et à l’hôpital, le Dr Florence Poli m’a d’abord expliqué comment reconnaître son type de peau. « Une peau normale est ferme, souple et on ne distingue pas les pores – c’est le cas chez l’enfant par exemple. Une peau sèche est fine, elle a tendance à desquamer, elle est inconfortable et elle tiraille. La peau grasse est épaisse, luisante, grise, sans éclat et rugueuse car les cornéocytes restent collés par l’excès de sébum et on voit des pores dilatés » dit-elle. Miam ! J’espère que vous n’êtes pas en train de manger… Souvenez-vous du conseil de Joëlle Ciocco avec le papier cigarette pour savoir si vous souffrez vraiment d’un excès de sébum (commandement n°1). Reste à savoir si on a le même type de peau toute sa vie ? « La peau grasse peut perdre son film hydrolipidique de surface avec un traitement anti-acnéique, une mauvaise hygiène – du nettoyage répétitif et détergent – ou des traitements trop agressifs type acides de fruits ou rétinol. De la même manière qu’une peau normale peut se transformer en peau sèche lorsqu’elle bronze puisqu’elle s’épaissit. En outre, la peau s’assèche au fil du temps, on le voit bien chez les personnes âgées » poursuit le Dr Florence Poli. Mais du coup, comment savoir de quoi on a besoin ? « La peau est une barrière entre l’atmosphère et l’intérieur, explique-t-elle. Dans une ambiance tropicale, on n’a pas besoin de se mettre une crème hydratante. En revanche, dans l’avion, lorsque le climat est sec ou qu’il fait très froid en hiver, quand les radiateurs sont à fond, on perd de l’eau. Vous pouvez en boire mais comme elle part dans les urines, ce ne sera pas efficace pour la retenir au niveau du visage. Et je ne suis pas convaincue par l’utilité des compléments alimentaires dont je ne suis pas spécialiste. Méfiez-vous aussi des eaux thermales dont certaines conduisent parfois à la déshydratation. Donc, appliquer une crème reste le moyen le plus efficace d’obtenir un résultat. » Moi, je prends moult compléments alimentaires et je dois dire que j’ai déjà fait l’expérience d’avant après bluffants avec de l’huile d’onagre, de l’huile de bourache ou encore de l’huile de foie de morue (ce que je n’ai jamais substitué à mon rituel cosmétique quotidien)… mais je n’ai aucune preuve scientifique à vous offrir, juste mon ressenti. Alors comment choisir la bonne formule pour son visage ? « Soit on met une couche de gras (vaseline, huiles minérales, certaines huiles végétales) et ça empêche l’eau à l’intérieur de la peau de s’évaporer. Le problème est que ces hydratants occlusifs peuvent être comédogènes même lorsqu’ils sont d’origine naturelle. Ils n’empêchent pas pour autant la peau de respirer pour la simple et bonne raison que contrairement à ce que je lis souvent dans la presse féminine : LA PEAU NE RESPIRE PAS. On peut aussi utiliser des soins qui contiennent des ingrédients qui retiennent l’eau comme l’acide hyaluronique ou bien des composés du NMF (Natural Moisturizing Factor) comme des sels minéraux, des glycérols, des humectants, de l’urée qui à petite dose est très hydratante… » La plupart des formules hydratantes contiennent à la fois une partie « grasse » qui empêche l’eau de s’évaporer et des actifs qui retiennent l’eau. Evidemment, une peau grasse et déshydratée a tout intérêt à choisir une formule aqueuse et légère pleine d’ingrédients piégeurs d’eau plutôt qu’un baume bien riche qui conviendra mieux à une peau plus sèche. Un dernier conseil pour la route ? « Ne vous lavez pas constamment le visage, même si vous avez une peau grasse. Choisissez toujours des produits doux pour le nettoyage quotidien, un lait rinçable par exemple ou un lait à rincer avec un tonique. Vous éviterez ainsi d’accélérer la déshydratation de votre peau » ajoute le Dr Florence Poli.

L’avis de l’esthéticienne : « Ne vaporisez jamais de l’eau sur votre visage sans essuyer votre épiderme juste après, car l’eau en surface risque d’aimanter l’eau à l’intérieur vers l’extérieur »

J’aime beaucoup Sylvie Puig qui tient un petit institut de beauté – Jane de Busset – derrière la Madeleine à Paris. Elle excelle en nettoyage de peau. J’en ai déjà parlé dans mes bonnes adresses juste ici. On ne va pas chez elle pour se détendre (même si au final, ça détend) mais pour décrasser son visage. Et on ressort toujours toute rose, le teint frais. Je voulais avoir son avis sur cette histoire d’hydratation vu qu’elle a une approche très pratique de la peau. « Les femmes ont beaucoup de mal à faire la différence entre une peau sèche et une peau déshydratée, remarque-t-elle. La différence est subtile : une peau sèche est en manque de gras. Une peau déshydratée est en manque d’eau. On la reconnaît parce qu’elle a une multitude de petites rides et un aspect « fripé soleil » autour des yeux. L’épiderme est inconfortable et les femmes se plaignent alors de sensation de tiraillement. On peut avoir la peau grasse et déshydratée dans ce cas les crèmes trop grasses sont à proscrire puisqu’elles risquent d’alourdir l’épiderme ». Et quels sont les ingrédients les plus hydratants qu’elle recommande ? « L’acide hyaluronique, la glycérine, les huiles végétales (attention à ne pas en abuser) comme l’amande douce, la macadamia, le jojoba, l’argan, l’olive ou le sésame, les huiles pétrochimiques (la paraffine fait partie de cette famille, elle reste en surface donc elle ne résout pas les problèmes), la xanthane qui est une bactérie naturelle gélifiante et filmogène ou la carraghénane, un gel issu d’algues épaississantes. Et n’oubliez pas que si votre peau n’est pas sèche, donc en manque de lipides, une texture légère suffit amplement pour hydrater ». Quant au fait de boire pour hydrater la peau, elle est du même avis que le Dr Poli. Idem au sujet des compléments alimentaires qu’elle considère inutiles si on a une alimentation variée et équilibrée. Un dernier conseil pour la route ? « Ne vaporisez jamais de l’eau sur votre visage sans essuyer votre épiderme juste après. L’eau en surface risque d’aimanter l’eau à l’intérieur vers l’extérieur. Enfin, en cas de désert de Gobi, appliquez le soir après démaquillage une épaisse couche de crème. »

L’avis du formulateur : « Evitez les exfoliants et les produits riches en tensions actifs si vous avez la peau déshydratée ! »

J’ai rencontré Luc Jugla il y a de nombreuses années lorsqu’il formulait des produits pour la marque bio Doux Me créée par Caroline Wachsmuth (qu’elle a revendue depuis pour partir s’installer en Californie). C’est un maniaque qui se plie en douze pour respecter le brief d’une marque (David Mallett a fait appel à lui pour ses produits capillaires irréprochables). Je l’ai souvent interviewé car il a le don de simplifier la liste compliquée des ingrédients inscrits au dos des packagings. Désormais, il est Directeur Scientifique de Nec Plus Ultra Cosmetics. Je lui ai demandé s’il valait mieux opter pour un film opaque en surface qui empêche la déshydratation ou bien pour un soin qui recharge la peau en eau. « L’idéal est de trouver des formules qui puissent faire les deux : reconstituer les lipides qui vont offrir une meilleure imperméabilité à long terme et offrir une hydratation immédiate avec des actifs qui vont piéger l’eau comme des éponges sèches au contact de l’humidité naturelle de la peau. La troisième stratégie consiste à intégrer certains peptides qui vont agir sur la synthèse des composants dont la peau à besoin pour se régénérer seule. » Bon, mais comment on fait pour reconnaître tous ces ingrédients sur le packaging d’une formule ? « Pour les peptides, c’est impossible à moins que la marque les revendique, répond Luc Jugla. En ce qui concerne les lipides qui vont permettre de reconstituer le ciment à la surface, il y a évidemment les omegas 3, 6 ou 9. Certaines huiles végétales comme le jojoba qui est une cire liquide. La vaseline végétale qu’on retrouve dans de nombreux baumes à lèvres. Il y a évidemment les dérivés pétrochimiques qui ne vont pas soigner mais former un film occlusif (sur la formule, ils s’appellent mineral oil, petrolatum, parifeneum liquidum) » Personnellement, ces ingrédients sont ceux qui fonctionnent le mieux sur moi, de plus ils ne m’irritent pas contrairement à un paquet d’huiles végétales contre lesquelles ma peau fait des réactions. Mais si vous aimez les produits bio comme Luc Jugla, vous trouverez sans doute insupportable de mettre un dérivé de pétrole sur votre peau. Quant aux ingrédients qui piègent l’eau, en voici quelques uns : « Il y a l’urée (urea), l’acide hyaluronique (hyaluronic acid ou sodium hyaluronate), l’acide lactique (lactic acid) ou encore la glycérine (glycerin) » décrypte le scientifique. Un dernier conseil pour la route ? « Evitez les exfoliants et les produits riches en tensio-actifs si vous avez la peau déshydratée ! Certains gels douches sont aussi décapants qu’un liquide vaisselle ».

J’espère que tous ces conseils vous seront utiles pour bien choisir votre soin hydratant. La gamme Moisture Surge de Clinique contient un paquet d’ingrédients cités par ces experts, comme l’acide hyaluronique et l’urée ainsi que de l’eau chargée en aloès, des antioxydants et des actifs dérivés du sucre qui vont piéger l’eau à l’intérieur de la peau. Mon produit préféré de la gamme est le Masque Moisture Surge Hydratant de Nuit. On l’applique en couche fine sur la peau nettoyée. La peau absorbe ce dont elle a besoin et on n’a plus qu’à rincer le visage le lendemain (mais souvent, en ce qui me concerne, il n’y a rien à enlever au réveil, tout a été bu). Le produit phare est le Gel-Crème Désaltérant Intense, qui a une texture gélifiée très aqueuse. Personnellement, je préfère la texture du Gel-Crème Hydratant Fortifiant, un peu plus onctueuse, conçue pour les peaux sèches. Les deux sont en tous cas très fraiches à l’application. Il y a aussi une CC Cream et un Spray Désaltérant dans la gamme. Et pour gagner l’un de ces produits, il ne vous reste plus qu’à me dire lequel vous aimeriez remporter dans les commentaires ci-dessous. Vous avez jusqu’au vendredi 18 juin inclus pour jouer, j’annoncerai les résultats par email aux quatre gagnants(es) samedi 19 juin et dans le post de lundi 20 juin sur le blog. Go go go !

Photographie Lili Barbery-Coulon