Holiday Café
photographie lili barbery-coulon

Holiday Café

Holiday Café

Bien qu’habitant à Paris depuis vingt-sept ans, je ne vais jamais dans le 16e arrondissement. Il m’arrive de traverser l’Ouest Parisien pour partir à la campagne, aller voir des copines qui habitent à Boulogne ou accompagner mon mari au Parc des Princes (euh, c’est très rare, ça a du nous arriver cinq fois en quinze ans). C’est un quartier qu’on associe souvent à la haute bourgeoisie à cause de ses boutiques luxueuses du côté de la Muette et de ses appartements spectaculaires en bord de Seine. Pourtant, il existe encore, vers la Porte de Saint Cloud, des rues abordables où les loyers et le prix du mètre carré sont parfois bien moins chers que certains tronçons bobos du 10e. De quoi aimanter de nombreuses familles, heureuses de profiter du Bois de Boulogne avec leurs enfants le weekend. Le problème, c’est que cette partie du 16e est tellement excentrée qu’elle intéresse peu les créateurs de mode ou les restaurateurs les plus pointus qui préfèrent investir des arrondissements du nord de Paris. Au printemps dernier, en 2016, le directeur artistique Franck Durand a cependant décidé d’y ouvrir une brasserie ovni, grande comme une boîte à souliers Pierre Hardy : le Holiday Café.

Photographie @Holiday Café

Des mois qu’on m’en parle et qu’on me propose d’y aller… Mais je suis la Parisienne typique qui a l’impression de sortir de la capitale dès que je franchis la frontière invisible du Trocadéro. C’était sans compter sur une de mes lectrices, Pauline Frotiée, avec laquelle j’ai sympathisé sur les réseaux sociaux (vous la connaissez peut-être sous son pseudo Instagram @Spring_is_coming). Directrice artistique dans l’audiovisuel, elle travaille dans le coin et m’a donné rendez-vous dans ce petit café de l’avenue de Versailles, fin janvier.

Photographie Lili Barbery-Coulon

Le lieu est aussi impeccable qu’un col de chemise amidonnée sortant du Pressing. J’ai rarement vu autant de perfection déclinée sur une surface qui ne peut recevoir qu’une quinzaine de clients, tout au plus. Holiday Café est l’extension physique du magazine semestriel baptisé Holiday. Cette revue, née aux Etats Unis en 1946, proposait une carte blanche à des écrivains et à des photographes au sujet d’une destination imposée. Le magazine culte, bien connu des graphistes et des publicitaires, disparaît à la fin des années 1970. En 2014, le directeur de création artistique Franck Durand qui s’occupe des campagnes de nombreuses marques de mode à l’instar de Balmain ou Isabel Marant décide de relancer cette publication et d’en faire une marque. Il faut dire que le nom, Holiday, est infiniment évocateur et que son identité visuelle est particulièrement efficace. Ces deux dernières années, on a donc vu fleurir des tote-bags et des t-shirts estampillés du mot Holiday. Pour cette brasserie installée dans un quartier que Franck Durand souhaiterait redynamiser, il s’est entouré de l’architecte Franklin Azzi (qui en plus d’être talentueux est aussi le père d’une toute jeune fille irrésistible que j’aime beaucoup). La façade crème, le voile blanc sur la porte d’entrée, les meubles en bois associés au tissu bleu des banquettes : pour une raison que je ne saurais définir, on se sent à la fois à New York et à Paris, à Londres et sur la côte amalfitaine.

Photographie Lili Barbery-Coulon

Le menu a été élaboré par Daniel de La Falaise, un chef incroyable à qui je voudrais dédier un post entier tellement sa cuisine m’a enthousiasmée lorsque je l’ai rencontré il y a quelques années à l’occasion d’un lancement presse d’un parfum Chloé. Le type, sublime by the way, produit aussi des huiles d’olive démentielles qu’il me semble avoir déjà vues en vente chez Claus. Sa cuisine est aussi raffinée que lui, acide, fraîche, savoureuse. Un gros bémol cependant : les plats à la carte ne sont pas assez copieux. J’ai choisi une salade de haricots croquants avec du poulet. Tout est préparé à la seconde avec des produits délicieux. Ca se sent et ça se voit puisque la cuisine est installée derrière le bar. Mais ça mériterait un peu plus de générosité (et de féculents) dans les assiettes. Les plats ressemblent à des entrées et à moins de se gaver de pain ou de commander plusieurs assiettes, on ressort en ayant faim. C’est dommage car tout le reste est irréprochable. Même la tenue du personnel imaginée par la marque Editions M.R est pensée avec goût.

Photographie Lili Barbery-Coulon

En tous cas, c’est un lieu qui donne envie de passer plus de temps à la Porte de Saint Cloud. D’autant que Franck Durand a confié avoir bien d’autres projets dans le secteur. A suivre…

Photographie Lili Barbery-Coulon

Holiday Café, 192 avenue de Versailles, Paris 16e, Tel : +33 1 42 24 90 21, ouvert du mercredi au samedi de 10h à 23h et le dimanche de 10h à 15h. 14€ la Chicken Salad, 14€ le Croque Demoiselle, 16€ l’assiette de Burrata, 17€ l’assiette de Pata Negra, 7€ la salade de fruits frais découpés minute, 8€ la part de gâteau au chocolat maison (de toutes façons, tout est préparé sur place et avec des produits d’exception)