Ma sélection de parfums de l’été 2018
Paris-Deauville de Chanel photographié par M/B

Ma sélection de parfums de l’été 2018

Ma sélection de parfums de l’été 2018

Citron givré, peau de nourrisson, patchouli ténébreux ou tranchant, maison dans les arbres, musc torride et couronne de roses: voici une sélection des parfums que j’ai préférés ces derniers mois, mis en scène par le duo M/B.

Si vous me suivez sur Instagram ou Facebook, vous savez sans doute que je viens de vivre une semaine difficile. Je ne parle évidemment pas de la finale de la coupe du Monde qui m’a remplie de joie. Mon chat adoré est mort mercredi dernier. Si vous n’avez jamais eu d’animal domestique, cette phrase doit vous faire l’effet d’une coquille vide. Cependant, si vous avez déjà noué avec un chien ou un chat pendant un certain nombre d’années – douze en ce qui concerne notre famille – vous pouvez imaginer notre chagrin. Ca va passer, on en est bien conscient, mais la gorge est encore serrée et le vide proportionnel à son obésité lovée dans le canapé… Ce weekend, j’ai néanmoins réussi à me remettre au travail. J’ai renoncé à publier tout ce que je comptais écrire avant mon départ en teacher training de kundalini yoga samedi prochain. Je vais faire de mon mieux et ce sera déjà très bien :-). J’ai décidé d’être la plus douce possible avec moi-même.

Il y a quelques semaines, j’ai confié au duo M/B, l’agence de communication visuelle fondée par Marine de Bouchony et Camille de Laurens, les parfums que j’ai préférés au cours de ce premier semestre 2018. Merci à mes deux amies pour leur fidélité et leur talent, j’ai beaucoup de chance d’avoir des photographies d’une si grande qualité pour accompagner mes textes, cela me rend très fière. Il est encore question d’agrumes, molécules idéales par temps de canicule, mais aussi de bois et de profondeur. Ces fragrances ne sont liées que par l’émotion qu’elles ont fait naître en moi. Je n’ai pas abandonné mon parfum Cristalle de Chanel pour l’une d’entre elles mais j’avoue lui avoir fait quelques infidélités. Et puis, il n’y a pas que des senteurs pour moi parmi ces parfums. Je les aime aussi parce que je perçois leur potentiel d’élégance renversante quelle que soit la peau qui choisira de les adopter.

Tempo de Diptyque photographié par M/B

Tempo de Diptyque

En 2018, les parfums Diptyque célèbrent 50 ans de création. L’occasion pour cette maison fondée boulevard Saint Germain à Paris par trois amis – Desmond Knox-Leet, Christiane Gautrot et Yves Coueslant – de s’inspirer de son année de naissance pour lancer deux nouveaux parfums. C’est le parfumeur archi talentueux Olivier Pescheux, fidèle complice de la marque, qui a imaginé ces fragrances. Pas question de formuler des « musées » olfactifs ni du vintage inadapté à la silhouette actuelle. Olivier a choisi deux voies distinctes pour s’exprimer au sujet de la libération des mœurs de 1968, tout en jouant sur un air d’aujourd’hui. Deux parfums radicalement différents. Fleur de Peau (qui n’est pas photographié ici) dessine les contours d’un corps nu. Un corps alangui, prêt à l’abandon le plus total. Mais un corps actuel, épilé, soigné, et bien moins chevelu que celui des jeunes révolutionnaires qui brandissaient des pavés contre les forces de l’ordre. Cette fleur de peau fait du musc son obsession. Un musc tendre et addictif qui se mélange à un rhizome d’iris, lui offrant une allure altière. Une touche de rose, quelques notes de graines séchées dans des sacs de jute et Fleur de Peau s’enroule autour du cou. Chez Diptyque, lorsqu’on me l’a présenté, on était sûr que j’allais le préférer au second parfum. Ils connaissent mon goût pour l’iris, les graines d’ambrette et de carotte. Pourtant, c’est Tempo, l’autre voie olfactive qui m’a subjuguée. Un éloge au patchouli, bois emblématique des années 1970, dont on s’aspergeait tant et si bien qu’on a fini par saturer nos cellules olfactives. D’autant qu’à l’époque, les petits flacons d’huile de patchouli n’étaient pas toujours de grande qualité. Olivier Pescheux a utilisé trois variétés de patchouli, débarrassées des effluves trop camphrés ou moisis qu’il recèle naturellement. Il y a ajouté du jasmin, de la sauge sclarée et un accord ambre gris. Je le sens sur mon poignet en écrivant et j’ai l’impression d’avoir les racines d’un arbre millénaire et somptueux agrippé autour de mon bras. Magnifique parfum avec une facette fleur de violette qui ajoute encore à l’élégance de la composition. Tempo de Diptyque, 125€ les 75ml.

L’eau de Citron Noir d’Hermès photographiée par M/B

Eau de Citron Noir d’Hermès

Les Colognes d’Hermès ont beau être mixtes, je suis certaine que ce parfum aimantera plus les hommes que les femmes. Pourquoi ? Il me semble receler une overdose de molécules ambrées qui signent le fond de nombreux parfums masculins actuels. Un petit côté tabac Amsterdamer aussi. J’adore sa tête zeste de citron vert et chair de citron jaune, aussi rafraîchissante qu’un cocktail frappé à la glace pilée, son aspect épicé qui donne envie de sentir la peau d’un peu plus près. Au fil des secondes écoulées, la brume hespéridée se métamorphose en parfum duveteux qu’on imagine bien arrimé aux poils d’un torse tanné au soleil. C’est doux et léger. Simple et efficace. Très différent de la série des dernières Hermessences et des muscs-en-huile irrésistibles dont je vous ai déjà parlés (je porte bien souvent Cardamusc lorsque je sors le soir), cette Cologne ambrée épicée devrait plaire à beaucoup d’hommes. Eau de Citron Noir d’Hermès, 98€ les 100ml

L’Eau de Chanel Paris-Deauville photographiée par M/B

Paris-Deauville de Chanel

En dehors de l’Eau de Cologne de Chanel qui s’inscrit dans la collection des Exclusifs et qui est une merveille dont je m’asperge régulièrement, la célèbre marque de luxe ne disposait pas encore d’une collection d’eaux fraiches à porter en toutes circonstances. En juin, si vous me suivez sur Instagram, vous m’avez peut-être aperçu sur la plage de Deauville ou à l’hippodrome en train d’assister au lancement de cette nouvelle ligne baptisée Les Eaux de Chanel. Au programme, trois nouveaux parfums composés par Olivier Polge comme autant d’invitations à partir en voyage dans des villes qui ont marqué l’histoire de la Maison Chanel : Deauville, Biarritz et Venise. Commençons par le flacon qui frôle la perfection. Une flasque de verre rappelant celles en métal que les amateurs d’alcool glissaient discrètement dans leur veston. Le vaporisateur a l’air banal mais il diffuse un micro nuage de parfum à chaque pression à l’inverse d’un spray grossier habituel. Même l’étui en carton ondulé est réussi. Quant aux fragrances, elles ne se contentent pas d’être fraiches. Paris-Venise dépasse largement l’idée qu’on se fait d’une Cologne et nous embarque aux portes de l’orient olfactif, cet accord qui mêle agrumes et notes balsamiques. C’est le plus féminin des trois et celui qui devrait plaire à toutes celles qui aiment la vanille lorsqu’elle est mise en sourdine, qu’elle ne colle pas et qu’elle ne joue aucune partition sucrée. Paris-Biarritz est fidèle à l’idée qu’on se fait de la côte basque, du vent, des tempêtes et de l’écume des vagues qui laisse un goût salé sur les lèvres. Elle va aussi bien aux hommes qu’aux femmes et j’ai beaucoup hésité à la faire photographier car j’ai bien du mal à la départager avec Paris-Deauville. Mais je crois que la dernière m’a attrapée grâce à sa note verte de basilic qui vient réveiller la flopée d’agrumes en tête. Et puis, à chaque fois que j’ai porté Paris-Deauville ces derniers jours, mon mari comme ma fille se sont exclamés en cœur : « oh la la, ça sent trop bon ton nouveau parfum ! ». Impossible de lutter contre un tel plébiscite. 112€ les 125ml, les Eaux de Chanel sont disponibles aux Galeries Lafayette Hausmann, dans les boutiques mode et parfum beauté Chanel Marais (40 rue des francs Bourgeois dans le 3e à Paris), Chanel au Ritz (15 place Vendôme à Paris dans le 1er) et Chanel Nice (1 place Magenta à Nice). On les trouve aussi vendues en ligne. Je ne comprends pas trop cette distribution quasi exclusive pour des parfums qui s’adressent à tous mais j’imagine qu’elle évoluera au fil de son succès.

Orage de Louis Vuitton photographié par M/B

Orage de Louis Vuitton

Louis Vuitton a sorti au printemps sa deuxième collection de parfums. Après les premiers consacrés aux femmes, celle-ci est dédié aux hommes. Cependant, rien ne nous empêche d’emprunter au vestiaire du sexe opposé. Il y a d’ailleurs plein d’hommes qui ont adopté Rose des Vents ou Apogée, initialement conçus pour les femmes. On aurait tort de se priver d’aller sentir les cinq nouveaux masculins. D’autant que ce ciel de tempête baptisé Orage mérite d’être découvert par le plus grand nombre. Encore un patchouli, mais traité très différemment du parfum Tempo de Diptyque dont je vous parle plus haut. Le patchouli du parfumeur Jacques Cavallier Belletrud ne cherche pas l’écho, même lointain, des seventies. Il est ici associé à du vétiver de Java, de la bergamote et de l’iris, qui font partie de mes ingrédients préférés de la palette du parfumeur. En général, le patchouli nous conduit dans les profondeurs d’une forêt humide et ténébreuse. Chez Vuitton, il réussit à s’élancer vers le ciel et à diffuser une lumière métallique, presque tranchante. C’est mon préféré des cinq parfums masculins. Orage de Louis Vuitton, 210€ les 100ml

Infusion de mandarine de Prada photographiée par M/B

Infusion de Mandarine de Prada

Si vous aimez les parfums signés par le nez Daniela Andrier qui écrit déjà depuis de nombreuses années les fragrances pour la marque italienne Prada, vous devriez adorer cette Infusion de Mandarine. Elle porte l’héritage des infusions qui l’ont précédées, en particulier l’Infusion d’Iris que j’ai portée lorsqu’elle est sortie, avant la naissance de ma fille. Mais c’est vraiment, comme son nom l’indique, la mandarine qui domine. Une mandarine rêvée qui apparaît presque figurative les premières secondes. On sent l’écorce fraîche qu’on vient à peine d’éplucher, la note acidulée de sa pulpe dont on parfume les confiseries qui fondent sur la langue. Jamais agressif, l’agrume s’attendrit au contact de la fleur d’oranger et du néroli. Apparaissent alors toutes les senteurs de soins pour nourrissons, de leurs crânes encore duveteux qu’on brosse en sortant du bain, et des petits plis de leurs cuisses potelées qu’on adore embrasser. Ce parfum est tellement doux. C’est un baume réconfortant les jours de doute ou d’épuisement. La main affectueuse sur l’épaule et le grand sourire optimiste qui murmure : « Tout ira bien. Tout finit toujours par aller bien ». 122.90€ les 100 ml aux Galeries Lafayette, 122€ les 100ml sur le site du Printemps.

Tree House de Byredo photographié par M/B

Parfum d’Intérieur Tree House de Byredo

La marque Byredo a lancé énormément de parfums cette année. Ben Gorham, son fondateur, a eu le flair de s’associer à son ami Virgil Abloh le créateur de la marque Off White, juste avant qu’il soit nommé à la tête de la création du prêt-à-porter masculin chez Louis Vuitton, l’espace d’une collaboration olfactive baptisée Elevator Music (musique d’ascenseur). Il a aussi lancé toute une collection de produits dérivés à partir de sa bougie parfumée Bibliothèque (le procédé est assez rare, en général, on part d’abord du parfum alcoolique avant de lancer les dérivés). Bref, on sent qu’il s’amuse. J’ai beaucoup aimé sa série de parfums d’intérieur. D’abord, il y a les flacons en verre noir ultra élégants qui ont aimanté mon attention. Mais pas que. Mon préféré est Tree House. J’adore l’idée d’une maison nichée dans les arbres. Celle de Byredo est installée en haut d’un grand cèdre mais le plancher est fait de bois de gaïac qui a une senteur légèrement fumée. On y a probablement installé un transat vintage en cuir élimé et on y fait brûler un peu de bois de santal et d’encens rapporté clandestinement d’Inde. Sur le toit, il y a tellement de feuillages qu’on peine à voir le ciel. C’est si vert qu’on dirait une voie lactée de gazon. Une vaporisation dans mon salon et je voyage à l’autre bout de la terre. Dommage que son sillage ne tienne pas aussi longtemps que la bougie du même nom. Du coup, je le vaporise sur les draps, ça accroche mieux la composition olfactive. Tree House parfum d’intérieur de Byredo, 85€ les 250ml.

Brume pour les Cheveux Portrait of A Lady des Editions de Parfums de Frédéric Malle (non photographiée mais je vous en parle quand même car elle était dans ma sélection)

Cela fait déjà quelques années que Frédéric Malle s’amuse à décliner les parfums cultes de sa marque dans des alternatives cosmétiques, comme des huiles végétales pour le corps, des beurres onctueux, des gels nettoyants pour le corps ou encore des laits hydratants (la formule comme le flacon du lait hydratant vont d’ailleurs être encore améliorés et remplacés en septembre). L’idée n’est pas de superposer son parfum en millefeuille. Les fragrances de Frédéric Malle sont déjà suffisamment diffusantes, vous n’avez pas besoin d’avoir toute la panoplie d’un parfum pour en profiter pleinement. Cependant ces déclinaisons permettent des usages différents selon l’envie, la zone du corps et le besoin de la saison. Quand il fait très chaud ou bien qu’on s’apprête à s’exposer au soleil, on n’a pas vraiment envie de s’asperger d’un parfum alcoolique (NDLR : les parfums alcooliques sont néanmoins testés pour ne pas être photosensibilisants, ça fait bien longtemps que la législation a imposé aux marques d’écarter tous les ingrédients – naturels ou non – qui seraient susceptibles de provoquer des taches sur la peau). L’idée de génie de Frédéric Malle : la brume odorante pour les cheveux. Elle existait déjà en version Carnal Flower pour celles et ceux qui adorent la tubéreuse et les fleurs blanches carnivores. Elle vient de sortir dans la sublime senteur Portrait of A Lady (signée Dominique Ropion), ce monument de roses fraîches posé sur un socle de patchouli et de notes ambrées modernes. Je sais que certaines – qui me l’ont déjà dit sur Instagram – reprochent à cette brume de contenir de l’alcool. De nombreux produits coiffants contiennent de l’alcool qui s’évapore au contact de l’air mais peut être desséchant pour les cheveux. Sauf si on ajoute des ingrédients hydratants, ce qui est le cas dans cette formule. Donc, pas d’inquiétude pour vos pointes. L’avantage non négligeable : la rémanence du parfum dans la chevelure, formidable support de diffusion qui agit comme un piège à molécules olfactives. Et puis, c’est beaucoup moins cher que le parfum classique. Brume pour Les Cheveux Portrait of A Lady des Éditions de Parfums Frédéric Malle, 150€ les 100ml.

Et vous, quels sont les derniers parfums qui vous ont émus? Ou juste ceux qui ont attiré votre curiosité?