Liquides
Photographie Lili Barbery-Coulon

Liquides

Liquides

Photographies lili barbery-coulon .Les parfums dans l’étagère au dessus du bar en haut, et les produits pour soigner sa barbe en bas

Quand j’étais petite, je vivais au dessus d’une parfumerie et d’un marchand de café. Lorsque je rentrais de l’école et qu’on ouvrait la boite aux lettres, les vapeurs de grains de café fraichement torréfiés se mélangeaient aux nouvelles fragrances pulvérisées dans la journée et à l’odeur de cire chaude avec laquelle on épilait les clientes au fond de la boutique. Je sens encore cette combinaison en l’écrivant. Cette odeur me rendait dingue, je la sniffais comme un animal. Sans le savoir, la dame aux cheveux courts et à l’air pincé qui me donnait de temps en temps des échantillons a éduqué ma curiosité olfactive tout comme le magasin d’arabica. Progressivement remplacées par de grandes chaines dédiées à la beauté, les petites parfumeries de ce genre ont presque toutes disparues à la fin des années 1990. Pourtant, si l’on en croit les dernières ouvertures de lieux atypiques consacrés aux essences, il se pourrait bien que la parfumerie de quartier reprenne ses droits. Du moins, à Paris. Après Colette, Jovoy et Nose, un nouveau multi marques de parfums hors normes vient d’ouvrir rue de Normandie. Créé par David Frossard, expert de la distribution de marques de niche et le designer Philippe Di Meo, qui a lancé il y a deux ans ses Liquides Imaginaires comme des eaux bénites, le magasin Liquides fonctionne comme un bar. On entre, on s’installe (il y aura bientôt des tabourets derrière le comptoir, ça vient juste d’ouvrir, un peu d’indulgence !) ou sur la banquette jaune près de la vitrine et on est invité à boire un thé (maison) ou un café.

Photographies lili barbery-coulon. Les parfums Liquides Imaginaires de Philippe Di Meo (au dessus) et le thé maison Liquides

L’idée est de se poser. Et de parler tranquillement de ses odeurs préférées, de ses souvenirs et des parfums qu’on a adorés porter. Une parenthèse dans la consommation pour prendre le temps de trouver la signature odorante qui deviendra la notre. Il n’y a pas autant de parfums que chez Sephora ou chez Marionnaud. Mais une sélection de produits rares à tous les prix. Des colognes accessibles de Jardins de France (29€ le grand flacon) aux senteurs orientales et luxueuses d’Amouage (pas vraiment mes préférées), en passant par les créations de Byredo, Miller Harris, Arquiste, Parfums d’Empire, Odin… J’ai ressenti d’ailleurs Green de Byredo, un genre de Grey Flannel modernisé. Je l’ai porté toute la journée. C’était dingue avec mon N°19 de Chanel. Comme si on avait mis une doublure Savile Row à mon manteau. Le seul problème de Liquides, c’est son entourage proche : pile à côté d’Isabel Marrant, à deux pas d’Acne ou encore de Merci et de Bonton Filles du Calvaire, une visite dans le quartier risque de mettre votre carte bleue à rude épreuve…

Photographie lili barbery-coulon. Le bar central devant lequel seront bientôt installés des tabourets pour prendre un verre

Liquides Boutique, du lundi au samedi de 11h à 19h, 9 rue de Normandie, Paris 3e, Tel: +33 9 66 94 77 06, ainsi qu’au Bon Marché, 24 rue de Sèvres, Paris 7e, tel : 01 44 39 80 00