La voie de la méditation
26/02/2013
Comme l’impression d’être un hamster enfermé dans une roue ? Un marathonien en bout de course ? C’est dans cet état de fatigue et de stress que je me suis rendue dimanche chez Corebody pour le stage mensuel de méditation organisé par Gabrielle Richard et Rodrigo Cofreces, tous deux professeurs diplômés de yoga. Pas d’enchainement de postures au programme de ce temps pour soi. La séance a commencé par des exercices de respiration profonde. Puis par une méditation guidée par Rodrigo et elle s’est achevée par une relaxation allongée au sol. Il y a de plus en plus de personnes autour de moi qui méditent quotidiennement. Le mot peut paraître sectaire et effrayer les plus septiques. Pourtant, il ne s’agit que de trouver à l’intérieur de soi un espace qui n’appartient qu’à nous. Un lieu sûr dans lequel on peut venir se ressourcer à tout moment de la journée. J’aimerais pouvoir vous en parler comme si j’étais une experte en la matière. Mais c’est loin d’être le cas. Du coup, j’ai demandé à trois femmes dont j’admire la capacité à faire de leur santé une priorité, de répondre à quelques questions au sujet de la méditation. En espérant que leurs témoignages vous donnent envie autant qu’à moi de vous y mettre quotidiennement.
« Un espace de calme à l’intérieur de moi »
Caroline Wachsmuth
Caroline est professeur de yoga à San Francisco. En 2002, elle a été la première à se lancer dans la cosmétique labellisée bio et a créé Doux Me, une marque qu’elle a récemment revendue pour se consacrer à d’autres projets autour du bien-être.
Comment es-tu venue à la méditation?
Par hasard, lorsque je vivais en Afrique du sud en 1998. Une de mes amies m’a proposé de pratiquer avec elle et sa prof particulière de yoga. C’était tellement difficile pour moi. Quasi impossible de rester tranquille sur un tapis. Une véritable torture! Mais j’ai persévéré et j’ai fini par y trouver un bonheur intense, une sorte d’espace disponible en moi dont je ne soupçonnais pas l’existence. Un espace de calme infini, toujours accessible, dans n’importe quelle situation. Une sorte de « safe place ».
Aujourd’hui ma méditation, c’est ma pratique quasi quotidienne de yoga ashtanga. C’est une « méditation en mouvement » tôt le matin. Une heure trente sur mon tapis à ne pas m’accrocher aux pensées constantes qui passent dans mon esprit. L’idée n’étant pas de tenter de le vider, mais de ne pas dialoguer avec elles pour éviter de les multiplier. Au contraire, il faut laisser filer pour atteindre un état de « no mind ». Il y a des jours où c’est un effort constant. D’autres où toute la pratique est une méditation. Ces pratiques-là sont les plus bénéfiques. Ma méditation « assise » se limite à 5 à 10 minutes en tailleur, à respirer profondément, avant la relaxation finale (savasana).
La capacité d’accéder à un espace de calme à l’intérieur de moi, peu importe la circonstance. Le pouvoir de prendre de la distance, de respirer au lieu de m’énerver (au volant, dans une file d’attente, au téléphone…), de me calmer au lieu de paniquer (quand on perd quelque chose de précieux ou d’irremplaçable ou lors de l’annonce d’une très mauvais nouvelle, par exemple).
« Une sorte de préparation
à la journée qui commence » Béline Dolat
Rédactrice en chef adjointe de M le magazine hebdomadaire du Monde, Béline Dolat habite à Paris et pratique le yoga depuis une dizaine d’années.
Comment es-tu venue à la méditation?
C’est une suite logique au yoga.
A quoi ressemble ta pratique au quotidien ?
Ma « routine méditative » est très simple : je me lève à 6h45 tous les matins, avant tout le monde à la maison. Je m’assieds en tailleur face au jardin et j’écoute les consignes de Jon Kabat Zinn. Je pratique pendant une dizaine de minutes ce que l’on appelle la méditation en pleine conscience.
Qu’est-ce que cette pratique t’apporte ?
En si peu de temps, j’ai beaucoup de mal à ne plus penser à rien, à chasser toutes les idées qui affluent dans mon esprit mais c’est un moment de pause, de mise à distance. Une sorte de préparation mentale à la journée qui commence.
« Méditer agit autant sur le cerveau
que sur le corps » Aurélie Lambillon
Aurélie Lambillon est rédactrice en chef beauté, santé et forme pour le magazine mensuel Be. C’est une grande sportive qui a déjà participé à plusieurs marathons.
Comment es-tu venue à la méditation?
Je lisais de plus en plus d’articles sur la méditation mais sans trop y croire et surtout sans comprendre ce que c’était réellement. Et, j’étais bourrée d’a priori. Ca me semblait ennuyeux, inutile, voire dangereux, un truc pour les dépressifs, mal dans leur peau. C’est un dossier sur les pouvoirs de la méditation paru dans le Nouvel Observateur en 2010 qui m’a fait réfléchir et notamment les témoignages de ses bienfaits sur le corps et l’esprit par des personnes aussi différentes qu’André Comte-Sponville ou Bernard Giraudeau (alors très malade). J’ai ensuite acheté le livre qui était régulièrement cité dans l’article : Méditer, 108 leçons de pleine conscience par John Kabat-Zinn. Je l’ai trouvé intéressant mais c’est surtout le CD qui l’accompagnait qui m’a « accroché ». Je médite maintenant régulièrement depuis un an et demi et vraiment quotidiennement depuis 6 mois.
A quoi ressemble ta pratique au quotidien ?
Je médite avec une méthode en ligne, tous les matins pendant 20 minutes. Et je fais des méditations « flash » toute la journée (dans le métro, dans la rue) ou plus longues quand je pratique un sport seule (jogging ou exercices à la maison, je le déconseille cependant pendant un cours de boxe !). J’ai longtemps tâtonné et lu beaucoup de livres (Christophe André, Fabrice Midal, Dominique Servant) avant de trouver la méthode qui me correspond. C’est dans le journal The Gardian que j’ai découvert Andy Puddicombe. J’ai trouvé son livre traduit en français par hasard dans une librairie à côté de chez moi : Mon Cours de Méditation (Marabout). Sa méthode, la « pleine conscience », me permet d’évoluer et de progresser dans ma pratique puisqu’elle est différente tous les jours. J’aime son approche simple (mais pas simpliste) et pragmatique, très adaptée à mon cerveau occidental. Le New York Times dit de lui qu’il est « à la méditation ce que Jamie Oliver est à la cuisine ». Ce n’est pas très gentil pour Puddicombe mais ça résume assez bien l’histoire : avec lui la méditation n’est ni rébarbative ni compliquée.
Qu’est-ce que cette pratique t’apporte ?
Je crois que je n’en suis qu’au début des possibles car plus on médite, plus on en découvre les bénéfices. D’abord, je me suis rendue compte que c’était une démarche active et non passive. Active envers soi-même car c’est une vraie gymnastique du cerveau qui calme, clarifie les pensées, aide à la concentration, permet de prendre du recul en cas de stress ou de coup dur. C’est aussi une démarche active envers les autres. On imagine souvent, à tort, qu’en méditant on se regarde le nombril. Au contraire, on prend tranquillement du recul par rapport au flux de ses pensées pour s’intéresser mieux (sinon différemment) aux autres et plus généralement à tout ce qui nous entoure. Enfin, la démarche est simple puisqu’elle a toujours pour base la respiration mais elle agit autant sur le cerveau que sur le corps. Quand je médite, j’évacue toutes les tensions physiques susceptibles de m’assaillir consciemment ou inconsciemment. En résumé, la méditation m’aide à me reconnecter à mes pensées (sans les subir) et à mon corps (que j’avais parfois tendance à ne pas écouter). Elle fait partie de mon hygiène de vie et de mon équilibre, au même titre que le sport ou une soirée avec des amis.
Merci infiniment à Caroline, Béline et Aurélie pour leur confiance car c’est un sujet intime qui est difficile à partager avec les autres.
Les renseignements pour assister aux stages de méditation de Gabrielle et Rodrigo sont disponibles sur leur site internet Rain Yoga