Tokyo-Kyoto #2: le quartier d’Omotesando
Photographie Lili Barbery-Coulon

Tokyo-Kyoto #2: le quartier d’Omotesando

Tokyo-Kyoto #2: le quartier d’Omotesando

Photographies lili barbery-coulon. En haut, la maison de la cérémonie du thé avec ses buissons d’azalée dans les jardins du temple Meiji-Jingu, au milieu le parvis du temple, et ci-dessus le mur des prières accrochées devant le temple

Deuxième journée du feuilleton Tokyo-Kyoto. Avec le décalage horaire – sept heures de plus – on a du mal à se lever lorsqu’on vient d’arriver au Japon. Mais j’étais si impatiente de découvrir Tokyo que j’ai forcé ma petite famille à décoller à 10h. Mes amis parisiens m’avaient recommandé de nombreuses adresses autour de l’avenue Omotesando. Virginia, mon amie expatriée à Tokyo, m’a recommandé de commencer la visite de ce quartier par le temple Meiji-jingu bâti au milieu d’un parc de soixante-dix hectares en plein cœur de Tokyo. Une bonne idée que je vous recommande également. Le jardin qui abrite la maison où étaient organisées les cérémonies du thé pour l’Empereur Meiji et l’Impératrice Shôken est une merveille. Si vous y allez en juin ou en juillet, vous aurez sans doute la chance de voir la rivière d’iris en fleurs. En avril, c’était déjà spectaculaire. Ensuite, allez lire les prières à l’entrée du temple et observez les arbres gigantesques surgir au milieu du parvis en pierre. On se sent loin de tout. Et pourtant, à quelques minutes à pieds, on retrouve le haut de l’avenue Omotesando, l’équivalent de nos Champs Elysées. En plus propres (en même temps, c’est pas bien difficile).

Photographies lili barbery-coulon. En haut, la carte que je vous ai concoctée sur Google Map. Mon conseil: enregistrer toutes vos adresses dans votre appli Google Map avant de partir en vadrouille et laissez vous guider par votre téléphone. En bas: l’avenue d’Omotesando sur laquelle on aperçoit Kiddyland au milieu en haut de la photo.

A première vue, l’avenue n’a pas grand intérêt. On y aperçoit des files de japonaises en train d’attendre sagement leur tour pour acheter des pop-corns parfumés (la grosse tendance à Tokyo actuellement). Il y a quelques magasins de bonbons régressifs et beaucoup de boutiques de marques de luxe mondialement connues. Mais je préfère prévenir les âmes sensibles aux jouets minuscules, aux films de Miyazaki et les collectionneuses de gommes parfumées des années 1980 : vous allez défaillir une fois arrivé devant Kiddyland. C’est l’équivalent de Toys R Us en version nippone. C’est à dire complètement monomaniaque de Snoopy, Totoro, Rilakkuma, Hello Kitty et autres créatures kawaï. Personnellement, j’ai perdu quelques neurones dans la boutique, j’ai eu envie de tout acheter, ce qui a suscité une grande inquiétude chez mon enfant, elle s’est d’ailleurs beaucoup mieux conduite que moi dans le magasin, sans doute un peu gênée par le comportement hystérique de sa mère « rhaaaaaaan, vous avez vu les lunch box Snoopy ? ». J’ai acheté beaucoup de bidules et de mini jouets, de papèterie et de conneries qui ne servent à rien. Et pourtant, je REGRETTE sincèrement de ne pas en avoir acheté plus (mon cas est désespéré, je le crains).

Photographies lili barbery-coulon. En haut: les étalages de Kiddyland avec des rayons dédiés à Miyazaki, en dessous: le marchand de glaces et de desserts devant le restaurant Maisen, et juste ci-dessus: le célèbre Tonkatsu (ce n’est pas le meilleur de Tokyo, loin de là, je vous parlerai bientôt de Tonki à Meguro!)

En descendant Omotesando, je vous recommande d’aller faire un tour dans le Good Design Store de Comme des Garçons (au dessus de la boutique Chanel, sur le même trottoir que Kiddyland), un genre de Muji version Rei Kawakubo. En face, via le petit pont au dessus des voitures, vous tomberez sur le centre commercial Omotesando Hills. Il paraît qu’il y a des sushis très bons et pas chers du tout à déguster sur des plateaux tournants. Mais ça faisait déjà deux heures et demi qu’on vadrouillait et ma fille n’aime pas trop les sushis. Nous sommes donc allés chez Maisen, comme me l’avaient recommandé trois amis différents. Maisen est un restaurant niché derrière Omotesando, dans l’une des jolies petites rues dans lesquelles on a envie de se perdre. Elles sont truffées de boutiques adorables et de concept stores plus intéressants que ceux installés sur l’avenue. Chez Maisen, on ne mange que du tonkastu. Il s’agit de porc pané servi avec une salade de crudités, du riz blanc et une soupe miso. C’est très simple, pas cher et on n’a pas besoin de réserver. On attend en général un petit quart d’heure avant d’être servi mais la file d’attente est si bien organisée que le temps passe très vite. Essayez dans le « franponais » que vous maitriserez ce jour là de demander une table en bas au bar, ou bien dans la salle sur tatami. Evitez la salle au fond vraiment glauque avec des chaises en plastique, elle est souvent réservée aux touristes. Comme partout au Japon, les toilettes sont hallucinantes : on y trouve des cure-dents, des coton tiges, des kleenex et bien entendu les WC de la marque Toto. Imaginez le même traitement dans une brasserie modeste à Paris…

Photographies lili barbery-coulon.
La façade du petit café incontournable Omotesando Koffee

Chez Maisen, vous ne trouverez pas de dessert (on en mange finalement peu au Japon) mais il y a un marchand de glaces à l’italienne à la sortie pour les gourmands et un petit café incontournable à deux rues de là : Omotesando Koffee. Impossible de trouver le lieu au hasard. On croit d’abord qu’il s’agit d’un petit jardin zen à l’intérieur d’une maison de bois. Il n’y a qu’un sigle discret indiquant qu’on y vend du café. Osez passer une tête à l’intérieur du jardin, vous découvrirez à l’intérieur de la maison un comptoir minuscule où un jeune barista japonais officie dans les règles de l’art. Capuccino, Machiatto, Espresso : toutes les variétés sont réalisées avec soin et on peut déguster sa boisson assis dans le mini jardin ou au comptoir. Le lieu est absolument parfait. Soyez attentifs aux carrelages des maisons de ce quartier, aux plantes chéries par les habitants, aux jeunes créateurs installés dans les cours cachées. Omotesando regorge de trésors dès qu’on abandonne les grandes artères. Traversez ensuite Aoyama et continuez sur Omotesando pour aller voir le bâtiment de la boutique Prada, signé des architectes suisses Herzog & De Meuron. Ce serait idiot d’aller à Tokyo pour s’acheter des chaussures italiennes surtaxées. Cependant, ce grillage de verre concave et convexe vaut le détour. Il y a aussi, sur le même trottoir, la boutique Comme des Garçons qui ressemble plus à un musée qu’à un lieu d’achat. Les pièces y sont beaucoup moins chères qu’en France, difficile de résister…

Photographies lili barbery-coulon. Le barista japonais d’Omotesando Koffee (pris en photo par Bastien Coulon) et son délicieux capuccino.En bas: la petite pâtisserie Higashiya

De l’autre côté de la rue, allez voir Higashiya, une délicieuse pâtisserie japonaise. C’est vraiment minuscule mais vous y croiserez toujours une file de japonais en train d’acheter des trésors à la pâte de haricots rouges ou de châtaigne grillée. Chaque création ressemble à un bijou et les écrins estampillés du logo sublime de la maison épateront vos amis à votre retour. Même les réfractaires aux pâtisseries japonaises. Continuez à vous perdre dans ses rues autour d’Omotesando et allez prendre un thé chez Sunny Hills.

Photographies lili barbery-coulon. En haut: la boutique Comme des Garçons. En bas: le concept store Prada

Ce salon de thé, construit par les architectes japonais Kengo Kumas and Associates est hallucinant de beauté. On le repère de loin grâce à sa structure en bois clair au milieu des immeubles en carrelage blanc. On a d’abord l’impression d’un château d’allumettes grandeur nature. Une fois entré à l’intérieur de la structure, on est aimanté par le bois, on regarde chaque croisillon, chaque baguette pour comprendre l’enchevêtrement. Je ne savais pas ce qu’on allait y déguster ni si ma fille pourrait y goûter. Je doutais qu’on y trouve des petits écoliers et un verre de lait… Après avoir attendu quelques minutes qu’on nous place, je me suis aperçue que tout le monde buvait et manger la même chose : un thé pas trop infusé accompagné d’un biscuit rectangulaire truffé de pâte d’ananas.

Photographies lili barbery-coulon.
Le salon de thé Sunny Hills.

On se lève pour payer et la caissière nous répond qu’il n’y a pas à régler : Sunny Hills n’est qu’un show room permettant de goûter ces biscuits à l’ananas dont les Coréens sont très friands. On a été tellement bien accueilli que je me suis sentie obliger d’acheter une boîte (délicatement emballée, évidemment !) mais je ne suis pas certaine que ce soit exigé. En même temps, vu mon niveau de japonais (c’est à dire nul), je ne peux pas vous confirmer cette information.

Si vous avez encore le courage de marcher dans ce quartier, allez au musée Nezu qui se trouve juste à côté (son jardin est, paraît-il, magnifique) ou encore dans le Spiral Building, un centre commercial avec des boutiques d’objets design japonais ainsi que des bijoux et des livres d’art. La journaliste Minako Norimatsu m’avait aussi recommandé d’aller voir sa boutique de mode préférée, Drawer sur Kotto Dori ainsi que le magasin Vulcanize. Ma fille en avait marre, et nous devions bien avouer que nous étions nous-aussi épuisés. Nous avons prix un taxi pour Tokyo Midtown, un grand centre commercial à Roppongi, pas très loin de l’endroit où nous étions logés. Cela nous a tous permis de somnoler dans la voiture (les taxis japonais sont merveilleux et souvent moins chers qu’à Paris) et d’offrir un goûter francophone à notre enfant : le rez-de-chaussée de la tour est rempli de boulangeries françaises et de traiteurs cinq étoiles. Un genre de Grande Epicerie avec des produits du monde entier. Dans les étages, il y a une petite boutique d’objets traditionnels, Wise Wise Tools, assez chère mais irrésistible. Si vous aimez ce qui est vendu chez Nakaniwa à Paris, ça devrait vous plaire. On a laissé tomber la fondation 21_21 Design Sight d’Issey Miyake et Tadao Ando (juste à côté de Tokyo Midtown). J’aurais adoré y aller mais on ne peut pas tout faire en un séjour. Et puis, ça offre des excuses pour retourner à Tokyo ! A la place, on a tenu notre promesse et accompagné notre fille dans le parc situé devant Tokyo Midtown. Encore une splendeur dont les tokyoïtes ont le secret. Un étang, des tonnelles fleuries, un toboggan design, un jardin zen, des pelouses sur lesquelles on a le droit de s’étendre et des écoliers criant de joie autour des balançoires. On est rentré vers 17h30, remplis de nos milliers de découverte de la journée. Prochain épisode au marché au poisson…

PHOTOGRAPHIE LILI BARBERY-COULON. LES TOBOGGANS DEVANT TOKYO MIDTOWN A ROPPONGI, JUSTE AVANT LE COUCHER DE SOLEIL