The Metrograph le ciné rêvé de NYC
Photographie Lili Barbery-Coulon

The Metrograph le ciné rêvé de NYC

The Metrograph le ciné rêvé de NYC

Il y a quelques années, j’avais un plaisir fou à aller au cinéma. Plus jeune, je connaissais toutes les salles Art et Essai à Paris et je me laissais facilement embarquer dans une minuscule salle pour découvrir un film d’un réalisateur polonais méconnu. Le jour de la fête du cinéma, je m’enquillais parfois cinq films dans la même journée pour profiter du tarif à dix Francs la séance. Lorsque les multiplex ont commencé à truster les centres commerciaux, je me suis immédiatement abonnée à la carte UGC. J’étais célibataire à l’époque et je n’avais besoin de personne pour aller au cinoche. J’ai vu des dizaines et des dizaines de films entre deux amphis à la Fac. Et puis, je me suis mise à bosser. Les séries télé ont débarqué. J’ai eu un enfant et découvert le tarif d’une soirée babysitting+ciné+restau (ah ben oui, quitte à prendre une babysitter, autant passer la soirée dehors)+taxi retour pour la babysitter… Ca fait cher le navet ! En prime, la durée des films en salles s’est tellement raccourcie qu’au moment où j’ai envie d’aller voir une œuvre, le DVD est déjà en vente. Mais surtout, les cinés sont devenus si laids que je n’ai plus aucun plaisir à trainer dans ces lieux qui clignotent dans tous les sens. En général, je réserve ma place sur Internet, je me rends à ma séance le plus tard possible et j’en ressors dès la fin du film.

Photographies Lili Barbery-Coulon.
Le pop corn à l’huile d’olive, j’avoue, je ne m’en suis toujours pas remise 🙂

A New York, ça fait bien longtemps que la plupart des petites salles de cinéma ont fermé. Vous n’aurez aucun mal à trouver une rétrospective de François Truffaut en DVD ou en VOD. Mais voir ces films sur grand écran à Manhattan paraissait impossible. C’était sans compter sur Alexander Olch, un créateur de mode cinéphile qui a ouvert une salle de cinéma absolument géniale dans le sud de New York : The Metrograph. Pensé pour aimanter ceux qui ont déserté les multiplex, ce cinéma n’est pas seulement un espace où l’on vient voir des films. C’est un lieu de vie. A l’étage, il y a un restaurant blindé chaque soir, des banquettes en cuir pour bouquiner l’après-midi et un bar avec des cocktails excitants. Sur la carte du restaurant, j’ai repéré un « writer’s menu » avec des petites assiettes de gourmandises qu’on peut picorer d’une main pendant qu’on écrit un scénario avec l’autre (le fantasme du créateur des lieux). On trouve aussi une micro librairie remplie d’ouvrages sur les figures cultes du cinéma. C’est amusant de voir combien les New-Yorkais sont fans des réalisateurs français. Au rez-de-chaussée, à côté de la caisse, il y a un grand stand parfaitement « marketté » où l’on peut acheter des sucreries, des barres de céréales, des graines et des jus pressés. Le pop-corn n’est pas un simple machin blanc caramélisé (que j’adore). Chez The Metrograph, il est préparé avec de l’huile d’olive et de la fleur de sel. Un snobisme qui m’a beaucoup amusé. Derrière le candy bar, une méridienne en velours rouge et quelques tabourets accueillent les clients entre deux séances mais aussi les visiteurs qui passent avec leur ordi pour profiter du wifi. Il ne manque plus que les personnages des films de Wes Anderson pour patiner cette carte postale rêvée.

Photographies Lili Barbery-Coulon.
Le rez de chaussée du cinéma

Evidemment, la programmation de The Metrograph est à l’image des lieux : surprenante et impeccable. Des films récents comme The Human Surge de l’argentin Eduardo Williams sont proposés aux côtés d’œuvres plus anciennes: Les Hautes Solitudes de Philippe Garel, Clean d’Olivier Assayas ou Chunking Express de Wong Kar-Wai… Il me suffit de lire le calendrier de la programmation pour prendre conscience de tous les films qui me restent à découvrir, de toutes les émotions à venir et de ces longues réflexions enclenchées par la vision d’une histoire qui vit en nous pendant des jours et des jours. Il est grand temps que je retourne au cinéma !

Photographies Lili Barbery-Coulon.
La librairie sur la mezzanine du cinéma

Je suis certaine que ce Metrograph va inspirer des entrepreneurs français : un cinéma où l’on irait diner, boire des coups, buller, bouquiner : quelle bonne idée ! En sortant du Metrograph, allez donc faire un tour chez Dimes, le restau plus hipster tu meurs où les yogis se ruent en sortant de Sky Ting Yoga (je vous en reparlerai !). Si c’est plein, il y a un minuscule café Dimes juste en face sur Division Street où j’ai déjà déjeuné avec Violette et Emily Weiss (simple et délicieux). Et juste à côté du café, Dimes a ouvert une épicerie bio avec une tonne de granolas délicieux à rapporter à Paris, les compléments alimentaires Sun Potion (le hit micronutrionnel du moment), une sélection de cosmétiques bio, des céramiques et un rayon tisanes plus que parfait.

Photographies Lili Barbery-Coulon.
Le restaurant et le bar du Metrograph

Et vous, quelles sont vos salles de cinéma préférées là où vous habitez ?

The Metrograph, 7 Ludlow Street, New York City, $13 le cocktail, $7 à $13 l’assiette issue du Writer’s Menu, environ $14 la salade composée, $9 le granola, $15 la place de cinéma par personne (à réserver en ligne pour être sûr d’avoir une place dans la salle)

Photographies Lili Barbery-Coulon, le Metrograph, le nouveau cinéma de New York, downtown