« Madonna voudrait vous parler… »

« Madonna voudrait vous parler… »

« Madonna voudrait vous parler… »

Quand j’avais dix ans, bien avant que je découvre les Smiths, les Pixies, My Bloody Valentine et Sonic Youth, ma chambre était recouverte de posters de Madonna toute en tulle et crucifix. J’avais le vinyle Like A Virgin avec cette photo noir et blanc mythique posée sur mon piano. Je l’ai scrutée des weekends entiers en espérant qu’elle se mette à me parler. Bref, j’étais une petite fille des années 1980… Evidemment, j’ai jeté mon icône à la poubelle quand j’ai commencé à écouter des artistes indépendants, fustigeant tout ce que je qualifiais de trop « commercial ». Mais, un peu comme un vieux jouet qu’on a aimé et rangé dans une malle, j’ai toujours gardé une tendresse pour ce fantasme de mon enfance. Et puis, j’associe aussi Madonna à des souvenirs de l’an 2000, quand je travaillais chez Colette… Son album Music, concocté par Mirwais, occupait toutes les radios de l’époque. Et la blague à la boutique, c’était de faire croire à un vrai fan de Madonna, qui travaillait avec nous dans les bureaux, qu’elle venait d’arriver avec ses gardes du corps dans le magasin. A chaque fois, la même scène se répétait : il courait vers la boutique pour l’apercevoir et tout le monde riait. Jusqu’au jour où elle est vraiment venue faire son shopping chez Colette. Et quand on m’a prévenue, je n’y suis pas allée pensant que c’était à nouveau un canular. J’ai juste vu sa voiture repartir quand j’ai fini par me décider à descendre dans la rue.

Camille Hirigoyen et Julien Choquart

Imaginez mon émotion quand, il y a quelques semaines, mes amis Camille Hirigoyen et Julien Choquart, m’ont envoyé un email pour me dire « ON VIENT D’ÊTRE CONTACTÉ PAR LE MANAGER DE MADONNA ! ». Camille et Julien sont réalisateurs de films publicitaires et de clips. Ca fait plus de douze ans qu’on passe nos étés et la plupart de nos vacances ensemble. Ces deux là bossent tout le temps (euh… je crois bien que j’ai la même maladie). L’été dernier, en voiture, en plein milieu des Cévennes, ils étaient en train de réfléchir à leurs prochains tournages. C’est eux qui ont signé les deux sublimes vidéos de Christine and The Queens : Saint Claude et Christine. Et c’est d’ailleurs Saint Claude qui leur a permis de se faire repérer par celle que ses collaborateurs appellent « M ».

On les a convoqués dans une salle à Paris où ils ont pu écouter le titre pendant quelques minutes afin d’imaginer une mise en scène. Puis ils sont repartis sans musique chez eux dessiner et plancher sur le projet qu’ils devaient rendre la semaine suivante. Ils n’étaient évidemment pas seuls à proposer leurs idées, ils savaient que la compétition allait être rude. Les questions par email ont commencé à arriver en rafale. Puis, ils ont reçu ce message : « M voudrait vous parler, êtes vous disponible demain à 18h pour un rendez-vous téléphonique ? ». Bon ben, imaginez deux secondes la situation. Moi, j’étais tellement en transe pour eux que j’avais envie de chialer. Je n’arrêtais pas de répéter en boucle « nan mais c’est diiiiingue, nan mais vous allez parler avec Madonna quoi ? ». J’avais dix ans à nouveau. Ca sentait bon pour eux, toute notre bande d’amis en commun était déjà convaincue que ça allait se concrétiser. Et début janvier, ils sont partis à New York assister au casting des danseurs et ont enchainé avec le tournage de Living For Love, la corida qu’ils avaient imaginée pour elle.

 

Alors, qu’on aime Madonna ou pas, qu’on la trouve démodée ou non, qu’on regrette son addiction pour les injections en général et son mauvais goût en particulier, toute cette histoire continue à me sembler incroyable. Et je suis tellement contente pour eux que j’avais envie de partager ma joie avec vous. Et vous, vous étiez fan de qui quand vous aviez dix ans ?