Les Mauvaises Graines
Photographie Lili Barbery-Coulon

Les Mauvaises Graines

Les Mauvaises Graines

Depuis quelques semaines, le bitume du boulevard Saint Germain a changé. Pile au croisement de la rue du Bac, une jungle de fleurs et de fougères s’est emparée du large trottoir, aussi nu que dépressif jusqu’alors. Dans ce quartier du septième arrondissement qui regroupe tous les magasins de design, de meubles et de cuisine, l’arrivée de la boutique Les Mauvaises Graines est une petite révolution. Une explosion de vie et de vert cru au milieu du seul quartier où les hommes portent des pantalons à pince en velours côtelé corail ou moutarde, quelle que soit la saison, et où les femmes sont imbibées de la tête aux stilettos de Jardin Sur Le Nil d’Hermès quand ce n’est pas un bon vieux N°5 – dans sa version « extrait », ça va de soi. J’imagine la tronche des habitants du 203 bis boulevard Saint Germain lorsque David Jeannerot, propriétaire et fondateur des Mauvaises Graines, a installé son bordel fleuri devant sa vitrine… C’est un peu comme si on incrustait un morceau de Williamsburg entre deux magasins de Madison Avenue dans l’Upper East Side à New York…

Photographies Lili Barbery-Coulon

Bien avant qu’on commence à parler de la nécessité de remettre du vert au cœur des villes ou du retour du jardinage, David Jeannerot s’est mis à semer ses herbes folles sur sa terrasse à Montmartre, attirant peu à peu les abeilles, les insectes et une tribu d’oiseaux qui chantent désormais à ses fenêtres. Il a ouvert une première boutique dans son quartier et s’est fait connaître avec ses « jardins rock », de petites caisses en bois à l’effigie de ses groupes préférés, remplies de plantes vertes, prêtes à l’emploi, même sur un minuscule rebord de fenêtre. Evidemment, la presse a immédiatement adoré le personnage et son concept. Il y a quelques années, j’avais écrit pour Grazia un sujet sur le retour du jardinage en milieu urbain et son équipe avait alors refait une terrasse pour la série de photos. Je n’avais pas pu le rencontrer car il était pris par un autre jardin au même moment. Et puis, on s’est retrouvé dans le même livre japonais sur les jardins à Paris. Lui avec sa fabuleuse terrasse en haut des toits, moi avec notre petit jardin collectif (enfin, je dois avouer que je n’ai pas du tout la main verte et que je n’ai jamais osé planter quoi que ce soit en bas de chez moi de peur de contaminer toutes les autres plantes de la malédiction de la crevaison qui fait des ravages dans mon appartement).

Photographies Lili Barbery-Coulon

Si vous trainez près de Saint Germain des Prés, descendez le boulevard vers l’Assemblée Nationale, et faites le plein de feuillages chez David Jeannerot. On ne trouve d’ailleurs pas que du végétal dans cet espace. Il y a une édition de papier peint maison (une tête de félin couronné de fleurs), des bougies parfumées, des cartes postales et des tatouages éphémères, des vases, des livres et d’étranges objets en porcelaine comme cette collection de champignons pour remplacer les nains de jardin. Et puis, il y a évidemment le livre Les Mauvaises Graines (Editions Hachette) pour rêver au jour où on aura une terrasse en ville, rien qu’à nous… Demain, c’est férié, je ferme la boutique, mais je serai de retour mercredi avec un concours de folie ! Stay tuned <3

Photographie Lili Barbery-Coulon

Les Mauvaises Graines, 203 bis Boulevard Saint Germain, Paris 7e, Tel : 09 82 43 98 62