La couronne de noël de McQueens
23/12/2016
Pendant des années, je me suis passée de fleurs. Je n’osais pas entrer chez les fleuristes pour m’offrir un bouquet. Je pensais que ces lieux étaient réservés aux amoureux transis ou à ceux qui ont un cadeau à faire. J’étais intimidée par mon manque de connaissance botanique, mon incapacité à identifier les variétés, ma timidité à demander les prix. En prime, lorsque j’étais célibataire, j’avais l’impression que m’acheter un bouquet revenait à m’offrir une bague de fiançailles : un acte désespéré qui viendrait stabilobosser ma solitude aux yeux de tous. C’est chez Colette que j’ai entamé mon éducation florale. J’avais pourtant une grand-mère qui adorait les fleurs printanières et ne comprenait pas qu’on ait pu, dans les années 1980, valoriser les plantes artificielles. Quand j’ai commencé à travailler dans le célèbre concept-store parisien, j’étais fascinée par les grands vases de verre dont on changeait l’eau chaque matin pour replacer les quelques branchages minimalistes qui flottaient à l’intérieur. Je découvrais la beauté d’une branche de pommier ou juste de quelques amaryllis rouges. Je découvrais l’épure et le soliflore. Je n’avais jamais aimé les bouquets multicolores du 14 juillet ni les roses entourées de gypsophile mais je comprenais alors pourquoi. Quelques mois plus tard, la boutique a ouvert un flower bar avec Marianne Robic. On vendait une fleur par semaine. Une variété sélectionnée soigneusement par cette fleuriste culte. J’aimais beaucoup discuter avec la jeune fille qui tenait le bar à fleurs. J’adorais l’écouter énoncer les noms exotiques qui enchantaient son quotidien. Un jour, on m’a demandé d’aller chercher un bouquet chez Vertumne, la boutique juste en face de chez Colette, nichée rue de la Sourdière. Je vous en ai déjà parlé à l’occasion de l’atelier floral que j’ai organisé chez Jo Malone il y a quelques mois. Lorsque je suis entrée dans cet espace, j’étais bouleversée. Je ne savais pas qu’on pouvait provoquer de telles émotions avec les plantes. Je n’avais aucune idée du sillon que cette découverte allait creuser en moi : les fleurs me menaient droit vers ma passion pour l’olfaction et ma quête irrépressible de raffinement.
Depuis, je trouve toujours une occasion d’aller chez les fleuristes. Pour moi. Pour les autres. Pour le plaisir de regarder et de sentir. Quelle que soit la ville où je me trouve, je m’arrête toujours devant les magasins de fleurs. Du coup, lorsque la marque de cosmétiques Ren m’a proposé d’aller à Londres pour participer à un atelier de couronnes de Noël chez McQueens je n’ai pas hésité ! Un aller retour dans la journée qui m’a permis de rencontrer Kally Ellis, la fondatrice de cette boutique à l’est de Londres dont vous avez déjà probablement vu l’un des bouquets si vous aimez les très beaux hôtels anglais : c’est elle qui s’occupe de la décoration florale du Claridge’s, du Connaught et du Rosewood dont je vous ai parlé il y a quelques jours. Il y a 25 ans, en 1991, elle ouvre une toute petite boutique à Londres et se fait remarquer en composant des bouquets très différents de ceux proposés à l’époque. Elle ose les mélanges de couleurs improbables dans ses bouquets ronds, s’autorise des associations végétales improbables. Très vite repérée par les créateurs de mode et les journalistes, elle est embauchée il y a quelques années pour décorer la fête Vanity Fair des Oscars à Los Angeles, THE soirée où toutes les stars se rendent après la cérémonie. Elle le vit comme une marque de reconnaissance pour son travail et continue de s’en occuper depuis huit ans je crois. C’est elle aussi qui signe l’ornement floral du festival du film de Tribecca tout comme un nombre incalculable de défilés pendant la fashion week de Londres.
Sa boutique n’est pas très grande, en revanche, l’atelier derrière est gigantesque. En ce moment il ressemble à celui du Père Noël. On s’affaire à pimper des sapins pour les vitrines des boutiques chics de Mayfair, on transforme des branches en couronnes raffinées, on bombe des feuilles avec de l’or liquide, on serre les hortensias blancs contre du houx… J’ai eu du mal à me frayer un chemin avec mon appareil photo dans ce grand bazar floral. A l’étage, des rayons de vases rangés par couleurs attendent d’être livrés dans les palaces londoniens. Encore plus haut, dans ce bâtiment de Shoreditch (juste à côté de Columbia Flower Market dont je vous ai déjà parlé) qui devait probablement être une manufacture il y a quelques années, sont installés les bureaux de Kally et de sa petite équipe. Au dernier étage, un immense atelier : the McQueens school, une grande salle de classe où l’on peut venir passer la journée à prendre des cours d’arrangement floral (un cours ouvert aux particuliers, je vous mets les infos en bas de l’article).
Bien connue au Royaume Uni, Kally Ellis signe sa première collaboration avec Ren, cette marque qui croise le sérieux de la pharmacie avec un maximum d’ingrédients naturels. Bien évidemment, elle a choisi le gel douche culte de la marque – celui à la rose du Maroc – pour créer le packaging de cette édition éphémère (qui sera disponible au Bon Marché ou sur le site Oh My Cream en FÉVRIER 2017). Afin de célébrer le lancement presse du produit, elle a organisé un cours de couronnes de noël pour quelques journalistes. Ce qui m’a permis de découvrir que cet anneau en branche de sapin était archi facile à réaliser. Bon : on nous a mâché le travail car la base en sapin était déjà sur nos tables de travail. Mais je vous assure que même cette partie n’est pas compliquée à concevoir. Il vous suffit de fil de fer (un bien solide) et de pas mal de branchages ainsi que d’un sécateur de qualité. L’idée : toujours placer vos branches dans le sens des aiguilles d’une montre, les unes par dessus les autres. J’ai trouvé ce tuto pas très joli sur Youtube mais qui a le mérite d’être efficace. On tourne toujours dans le sens des aiguilles d’une montre ! Une fois que vous avez une forme qui vous plait, couper ce qui dépasse au centre et sur les côtés à l’extérieur (pas trop quand même). Je signale au passage que des couronnes sans décoration, juste en sapin, sont désormais vendues chez de nombreux fleuristes pour trois fois rien.
Reste à décorer la base : commencez par les feuillages que vous allez piquer en biais dans la couronne, en tournant toujours dans le sens des aiguilles d’une montre. Commencez par les éléments les plus volumineux, puis glissez les plus petits sous le fil de fer. Vous pouvez tout mettre dans la couronne à condition que ça ne moisisse pas sans eau : des fruits séchés au four (tranches de pommes, d’oranges, de clémentines…), des fleurs séchées comme de la lavande, des herbes aromatiques pour parfumer la maison (thym, romarin…), des rubans, des boules de noël…. Contrairement au dicton « less is more », la couronne c’est « more is more ». Si vous souhaitez glisser des fleurs fraiches, il vous faudra acheter des tiges en plastique qu’on remplit d’eau. Trop compliqué pour moi, j’ai préféré rester sur des éléments secs. En revanche, essayez de ne pas mélanger toutes les couleurs de l’arc en ciel. Choisissez 3 à 4 teintes et tournez autour… On est toutes ressorties fièrement avec nos couronnes différentes, c’est facile et relaxant ! Une bonne activité à partager avec ses enfants pendant les vacances.
Demain, ce sera le dernier jour du calendrier de l’avent sur Instagram (aujourd’hui il y a une coupe de cheveux chez David Mallett à gagner!) et le dernier post de blog avant 2017. Mamie Lili Noël a bien besoin de vacances ☺ A demain ! Cours d’une journée entière pour les particuliers chez McQueens à Londres (déjeuner, snack et thé compris) £220 par personne, renseignements et réservations sur le site, McQueens 229 Cambridge Heath Road, Bethnal Green, E2 0EL London