No pain no gain: j’ai testé les bootcamps!
Photographie Lili Barbery-Coulon

No pain no gain: j’ai testé les bootcamps!

No pain no gain: j’ai testé les bootcamps!

Chose promise, chose due, je vous parle aujourd’hui des coulisses de l’enquête Le Culte du Muscle, sortie dans le spécial beauté de M le magazine du Monde (numéro du 6 novembre 2015). Normalement, vous devriez pouvoir la lire juste ici sur le site du Monde. Depuis quelques mois, je reçois chaque jour plusieurs dizaines de communiqués de presse me vantant de nouveaux lieux dédiés au sport, des applications pour comptabiliser ses performances, des programmes musclés pour avoir un « bikini body », des vêtements techniques pour être parfaitement sapée à son cours de yoga, des compléments alimentaires pour « sécher » sa silhouette, des bracelets pour le running… Il y a deux ans, au cours de mon road-trip en Californie, j’avais été frappée par tous ces gens courant à toute heure sur le bord des routes. C’était encore nouveau et surprenant pour une Parisienne persuadée que ça n’arriverait jamais en France. Aujourd’hui, je croise quotidiennement des hommes et des femmes moulés dans du lycra, un Iphone scotché à l’avant-bras et un objet connecté au poignet. Vous l’avez sans doute remarqué aussi ? Et puis, alors que je croyais que les boot camps étaient un truc démodé exclusivement conçu pour les Californiens en manque de sensation, je me suis aperçue que de nombreuses salles lançaient des activités « hard core » usant d’un vocabulaire militaire pour garantir les résultats. Sans parler des réseaux sociaux qui nous inondent quotidiennement des performances des uns et des autres. Je me suis demandée après quoi on courait, tous ? Vers où ce marathon du corps parfait mène-t-il ?

Une heure après être rentrée d’un cours commando, j’ai encore les joues rouges!

Pour bien comprendre la motivation de chacun, j’ai testé quasiment toutes les activités dont je parle dans le papier, et ce, en un temps record. Il faut savoir que j’ai horreur du sport et que mon activité physique se limite à une heure hebdomadaire avec un prof à la maison (ce qui me semble déjà héroïque), aux escaliers dans le métro (je ne prends pas le métro ou quasiment jamais) et à la marche (ah ça, je cavale et toujours les bras chargés de paquets). Quand je dis que j’ai horreur du sport, j’exagère un peu. J’aime bien la sensation après l’effort. J’aime assez le côté « on donne tout, on lâche tout, on se vide la tête de tous nos soucis ». Mais s’il y avait une pilule qui permettait d’obtenir les mêmes résultats sans rien faire, je crois que j’opterais sans hésiter pour la drogue.

Vous l’aurez compris, avec une heure d’exercice par semaine, on ne peut pas vraiment me qualifier de « sportive ». Imaginez donc à quelle vitesse je me suis transformée en courbature géante pendant cette immersion dans les cours de sport les plus musclés du moment. Impossible d’enfiler les manches d’un manteau normalement, ni de dévaler les escaliers sans entendre mes muscles grincer de douleur. J’ai d’ailleurs entraîné deux autres copines dans ma « chute » : Domino Lattès et Mai Hua. Je ris encore quand je repense à nos tronches en sortant de ces séances de torture… Voici un petit résumé des épisodes les plus marquants :

Photographie LILI BARBERY-COULon:
train like a model à l’Usine

Train Like A Model à l’Usine

Je n’avais jamais fait de boxe de ma vie. Je suis arrivée cinq minutes en retard, toutes les filles (le public de ce cours est exclusivement féminin) étaient déjà écarlates à jouer les Marsupilami avec une corde à sauter. Moi aussi j’avais envie de me la jouer Sylvester et de crier Adrienne en faisant des mini-sauts ultra légers. Au lieu de ressembler à Karlie Kloss, je me suis rapidement engueulée avec le fil de ma corde et la prof m’a gentiment recommandée de la poser au sol et de sauter sur place. Premier fail. Après avoir fait grimper son niveau cardiovasculaire (traduction : la sensation que le cœur va sortir de la poitrine), on enfile des gants de boxe et on entame le renforcement musculaire en binômes. L’une porte les pâtes d’ours et doit amortir les coups. L’autre doit frapper en alternant direct, crochet, uppercut… J’ai eu plus de mal à coordonner les mouvements qu’à suivre sur le plan physique. Le cours est très ludique, je me suis beaucoup amusée. Je ne pensais pas que j’allais avoir des courbatures aussi méchantes au niveau des triceps dès le lendemain matin. Renseignements sur le site de L’Usine

Photographie LILI BARBERY-COULON

The Skinny Bitch Collective

Rien que le nom suffit à me faire sourire. Non mais sérieusement ! Il y a un peu plus d’un mois, l’attaché de presse de la boutique Colette, Guillaume Salmon, me propose de tester une séance avec le gourou du fitness anglais, Russel Bateman, heureux fondateur du « club des connasses osseuses ». Au fond, « skinny », qui était encore péjoratif lorsque je vivais en Irlande en 1994, est devenu le nouveau mot pour qualifier la minceur en anglais. « Thin » ne suffit plus. Le but est d’être maigre. Osseuse. De passage à Paris avec une armada de bombasses archi fines, il nous a donné un cours à l’Elephant Paname pour qu’on puisse tester la méthode qui lui vaut plus de 80 000 followers sur Instagram. L’enfer est un faible mot pour qualifier ce que nous avons vécu Domino et moi. J’avais eu la riche idée, quelques jours plus tôt, de la convaincre de me suivre dans cette expérience, lui promettant qu’on allait « bien se marrer ». J’en ai rarement autant bavé pendant une heure. Il n’y a pas de temps de pause, on enchaîne les mouvements sans s’arrêter sur une musique archi forte. J’ai enrichi mon vocabulaire de tout un tas de nouveaux termes : moutain climber, burpee, jumping jacks… pendant que Domino me hurlait dessus « Je ne te pardonnerai jamais de m’avoir entraîné là-dedans avec toi » et que Russel nous faisait enchaîner fentes et pompes dynamiques. L’enfer sur terre. En même temps quand on regarde Penny Lane, le mannequin qui nous montrait ce qu’on devait faire, on se dit que ça vaut la peine de transpirer…Plus d’informations sur le site SBC

Cours Commando à l’Usine

A ce stade, j’avais déjà tellement mal partout que je croyais avoir atteint un seuil en terme de courbatures… j’avais tort ! La prof qui a mis au point ce cours n’était pas là le jour où j’ai testé. Je remercie ma bonne étoile pour cet imprévu car d’après ce que j’ai compris, elle est bien plus exigeante que le coach que j’ai eu. Encore une fois, il s’agit d’un circuit où l’on va enchaîner montée cardio vasculaire et un menu d’exercices savoureux : abdominaux, gainage, pompes… Il y avait un couple ce jour-là que je n’ai pas cessé d’observer pendant la séance. Tous les deux étaient très entraînés, visiblement musclés et habitués à cette salle de sport. Ils avaient l’air de tellement apprécier l’effort qu’ils se rajoutaient des challenges supplémentaires, en accélérant leur course ou en faisant plus de pompes que le nombre demandé. C’était lunaire. Le tout rythmé évidemment par un nombre conséquent de selfies en pleine séance ! Je suis ressortie le corps titubant, les cheveux trempés de sueur, le visage écrevisse pendant qu’eux buvaient un smoothie de légumes, les joues à peine rosées… Plus de Renseignements sur le site de L’Usine

Le Boot Camp au Ken Club

Cette fois, c’est à Mai Hua que j’avais promis une expérience démentielle : « ça va être super, viens, on teste et après on ira nager dans la grande piscine ». Toujours enthousiaste, Mai a cependant vite compris, en voyant la taille de Mehdi, notre coach, qu’on n’était pas vraiment là pour rigoler. C’était pas dur. C’était horrible ! Medhi ne nous a pas lâchées une seconde. On est passé du TRX (je vous en parle plus bas) au step puis aux haltères, au gainage et aux abdos… le tout agrémenté de montées cardio vasculaires. J’ai cru que je n’allais jamais arriver au bout, que j’allais m’écrouler comme une crêpe au sol. Je me suis surprise à la toute fin lorsque j’ai eu un dernier regain d’énergie. Mais punaise, c’était vraiment très difficile. Penser qu’il y a des gens qui suivent ce cours à l’année me laisse perplexe. Le bénéfice à la sortie, c’est évidemment qu’on est super fier de soi, qu’on n’a pas du tout envie de se jeter sur un burger frites et qu’on se sent aussi stone qu’après une soirée dans un coffee shop à Amsterdam. Plus d’infos sur le site du Ken Club ou bien celui du Klay (qui propose aussi cette activité)

Là je fais ma maligne parce que cette photo donne l’impression que je fais 10 kilos de moins qu’en vrai et surtout parce que les muscles de mes bras sont dessinés… J’ai cru pendant quelques secondes que tous ces bootcamps avaient servi à quelque chose 🙂

Le TRX

Amusé par le récit de tous mes tests sportifs, mon prof de gym m’a proposé de m’incruster dans un des cours collectifs de TRX qu’il donne toutes les semaines dans une salle. C’est sans aucun doute la discipline que j’ai préférée. Il s’agit de sangles accrochées au plafond dans lesquelles on va venir fixer ses mains ou ses pieds. Le principe, inventé par les forces militaires américaines, permet de se servir uniquement du poids du corps et de cibler les muscles profonds (à condition d’être bien positionnés). Plus on se penche vers le sol, plus c’est difficile car le poids du corps est plus difficile à soulever. On va ainsi faire des pompes ou dans l’autre sens des exercices pour muscler les dorsaux, on va aussi accrocher ses pieds et se tenir en équilibre sur les mains au sol pour faire du gainage renforcé. C’est très intense mais il n’y a pas d’hystérie dans les mouvements. On est obligé de bien se placer pour réussir l’exercice donc à priori, peu de chance de se faire mal, et c’est très efficace pour dessiner une silhouette élancée. Le TRX est proposé dans la plupart des clubs mais c’est une activité qui a beaucoup de succès et il n’y a parfois pas assez de sangles pour tout le monde…

Le bootcamp du Midtown Studio

Pour être tout à fait honnête, je n’ai pas testé ce cours, je l’ai regardé. Je n’avais plus de jus ce jour-là. Cependant, je compte bien aller en faire bientôt l’expérience. Calqué sur la méthode du Barry’s Boot Camp (LE cours dont tout le monde parle à Londres), ce studio propose un enchaînement d’entraînement cardiovasculaire sur tapis et du renforcement musculaire au sol. On sue, on crie, on court, on enchaîne les pompes, on saute, on repart sur le tapis. Pas le temps de s’ennuyer, le programme change toutes les minutes. Et les séances évoluent de jour en jour, s’attardant sur les jambes une journée, les bras le lendemain ou les abdos le surlendemain. Tous les participants (des jeunes, des filles archi fit mais aussi des ronds et quelques quinquas) sont sortis enthousiasmés, me jurant que c’était le sport le plus complet qu’ils avaient testé jusqu’ici. Renseignements sur le site de Midtown Studio

Alors est-ce que ce papier va me transformer en addict du sport ? Aucune chance. Cependant, il m’a donné envie de m’inscrire à une activité en plus de mon cours hebdomadaire à la maison. Reste à trouver le lieu, le temps et le budget. La plupart de ces cours suggèrent l’idée qu’on peut se métamorphoser physiquement. Evidemment, si on augmente son activité hebdomadaire, on va se sentir plus tonique, plus rapide dans les escaliers, plus efficace en sortant du supermarché, les bras chargés de courses. Cependant, si le but est de ressembler à Penny Lane, le sport ne suffira pas. Tous les coachs le disent : 70% d’une transformation physique est due à l’alimentation. Et si vous n’êtes pas prêts à rester au régime à vie, sachez que votre corps reprendra naturellement sa forme originelle dès que vous recommencerez à vous nourrir comme avant. Ensuite, les lois du métabolisme et de la génétique sont très injustes : même avec cinq séances hebdomadaires et une assiette réduite au minima (attention à la vie sociale et à la santé !), la plupart d’entre nous n’obtiendront jamais le corps d’un mannequin. Dire qu’il s’agit d’une histoire de volonté est une saloperie qui agresse quotidiennement les femmes. Il y a des corps qui réagissent comme de la pâte à modeler. D’autres qui ont une lymphe paresseuse et qui sont gorgés d’eau. D’autres encore qui stockent juste en regardant les vitrines de la Pâtisserie des Rêves parce qu’elles ont la malchance d’avoir plus d’adipocytes que leurs copines. Donc, méfiez-vous des promesses surdimensionnées. Le principal est de trouver son équilibre… Et vous, combien de fois par semaine (par mois, par an) pratiquez-vous une activité physique ? et quel sport ? Vous vous sentez pressurisés par les performances de votre entourage?