Mndfl à New York
Photographie Lili Barbery-Coulon

Mndfl à New York

Mndfl à New York

La semaine dernière, je vous parlais de mon expérience chez Inscape à Manhattan. Voici un autre studio new-yorkais pour apprendre à méditer en pleine conscience : Mndfl (une contraction de Mindfulness). Si l’atmosphère d’Inscape propulse dans un film d’anticipation en déclinant les nouvelles technologies du sol au plafond, le studio Mndfl, fondé en novembre 2015 par Lodro Rinzler et Ellie Burrows, mise sur la simplicité d’un décor qui pourrait ressembler à celui d’un appartement. Dans le studio Mdnfl du quartier chic de Greenwich Village, on entre par un salon avec des canapés et l’on s’installe autour d’un mug de thé ou d’une tisane qu’on se prépare soi-même. Ici, pas d’enregistrement audio (c’est le cas chez Inscape), mais une multitude de professeurs qui viennent animer des cours de méditation sur des thèmes variés et précis : amélioration du sommeil, gestion des émotions, rééquilibrage énergétique, initiation à la spiritualité quotidienne, cours pour enfants, utilisation d’un mantra, détente corporelle, respiration…

Photographies Lili Barbery-Coulon. La façade du studio Mndfl dans Greenwich Village et le salon à l’entrée

J’ai embarqué mon amie Caroline Wachsmuth avec moi. Elle fait du yoga depuis de nombreuses années et la méditation fait partie de son quotidien. Pourtant, on n’avait aucune idée de ce que nous allions trouver pendant cette séance d’une demi-heure. On a beaucoup aimé la manière dont on a été reçues en arrivant. Kevin Townley, le professeur en charge de notre session (je viens de découvrir qu’il était aussi acteur en le passant dans la moulinette de Google), comme la personne à l’accueil font tout pour créer du lien. Au lieu d’être uniquement concentré sur soi, j’ai eu la sensation que Mndfl nous offrait un alibi pour échanger au sujet de la difficulté de l’époque ou des bienfaits de ces pratiques. Et c’est exactement ce dont j’ai besoin actuellement. La campagne présidentielle donne lieu à une telle violence sur les réseaux sociaux qu’on s’y sent constamment agressé, seul(e) derrière son écran. Soit on décide de ne plus suivre que des gens qui sont d’accord avec nous avec le risque de s’enfermer dans une bulle virtuelle qui ne nous renseigne pas sur le monde qui nous entoure. Soit, on se prend un tsunami d’injures dans la tronche, sans même avoir émis d’avis publiquement ni commenter. Dans les deux cas, on manque cruellement d’espace de discussions bien réelles avec des inconnus.

Photographie Lili Barbery-Coulon. Le couloir où l’on peut déposer ses affaires et s’armer de coussins et de couvertures avant d’entrer dans la salle de méditation

Après les présentations, on dépose ses affaires dans un couloir où sont rangés des coussins et des couvertures puis on s’installe dans l’une des deux salles de méditation. La plus petite est installée sous une verrière et elle fait face à un grand mur végétal. L’autre, plus grande, est nappée de murs crème et de rideaux aux tons neutres. Sur internet, lorsqu’on s’inscrit pour sa séance, on choisit l’emplacement numéroté du coussin où l’on souhaite s’installer. Certains préfèrent faire face au professeur tandis que d’autres veulent s’asseoir au fond et à l’abri des regards. Du coup, pas de surprise en entrant, on sait où s’installer. Ce jour-là, nous avons fait un exercice méditatif sur la bienveillance et la capacité à souhaiter le meilleur, même à ceux qui nous agacent, voire à ceux que nous détestons. La séance commence par une focalisation classique sur la respiration les yeux fermés. Puis Kevin nous a demandé de choisir mentalement trois personnes. Une que nous adorons et dont nous nous sentons très proches. Une personne inconnue pour laquelle nous ne ressentons rien de particulier. Le chauffeur de bus que vous avez croisé le matin même. Un anonyme que vous avez observé dans le métro avant de venir. Ou peut-être juste votre voisin dans la salle. Et puis, il faut aussi choisir quelqu’un qui nous énerve, voire que nous haïssons. La difficulté est de les choisir vite pour ne pas perdre le fil des instructions du professeur.

Photographie Lili Barbery-Coulon

Ensuite, toujours en fermant les yeux, confortablement assis sur son coussin avec une couverture à disposition si nécessaire, on doit mentalement souhaiter à chaque personne sélectionnée de l’amour, de la santé et de vivre une vie heureuse. Il ne s’agit pas d’apprendre à aimer notre pire ennemi, mais juste de lui souhaiter le meilleur. Et bien, je peux vous dire que l’exercice est hyper difficile. Je l’avais déjà fait mentalement lors d’une méditation pendant un cours de yoga kundalini de Caroline Benezet. On chantait un mantra en anglais : love to all, health to all, light to all… Et je ne sais pas pourquoi, le cours était si joyeux, je me sentais tellement soudée aux autres élèves autour de ces intentions bienveillantes que je me suis mise à me concentrer sur Donald Trump qui venait d’être élu. Bon, comme vous pouvez le constater, ça n’a eu aucune efficacité puisque le mec continue à faire n’importe quoi. Mais j’étais très sincère en le faisant. Que peut-on souhaiter à ceux qui nous font du mal, à ceux qui ont une énergie ultra toxique ? Qu’ils aillent bien, afin qu’ils cessent de nuire. Cette fois, je n’ai pas choisi Trump. Je me suis concentrée sur une personne beaucoup plus proche de moi. L’exercice est alors nettement plus difficile. Et ça devient vraiment intéressant. Très vite, on observe l’émotion ressentie pour ce proche avec beaucoup de distance. C’est une émotion qui nous appartient, point barre. Elle ne définit pas l’autre. Elle ne nous définit pas non plus. Ce n’est pas une vérité absolue, juste un point de vue. Et cette émotion peut changer. Lui souhaiter le meilleur permet d’activer une mise à distance. Et qui sait si ces messages invisibles que l’on envoie à leur attention agissent de manière cosmique sur eux ? Laissez-moi rêver. En tous cas, lorsque l’exercice se termine, on se sent complètement détendu.

Photographie Lili Barbery-Coulon. La « grande » salle de méditation (la petite est la photo d’ouverture)

A la fin du cours, Kevin, notre professeur au look improbable, nous a proposé de répondre à nos questions. J’ai trouvé formidable d’écouter le ressenti et les interrogations des autres. Caroline et moi sommes ressorties de la salle complètement présentes à nous-mêmes. Il n’était plus question de programme à suivre ou de rendez-vous d’après. On avait envie de s’installer dans l’instant. D’ailleurs, on a bien squatté les lieux ☺ En face de l’accueil, il y a des étagères où les professeurs font chacun une recommandation de lectures sur la méditation, le développement personnel ou la quête de spiritualité. Il y a aussi des produits de « beauté » sensés booster le bien-être, de l’encens, des t-shirts (j’en ai d’ailleurs acheté un en souvenir), des mugs… Mndfl se distingue des autres propositions new-yorkaises par sa dimension humaine. En prime, ils ont fondé un programme éducatif visant à former les enseignants à la méditation et à l’introduire auprès des populations les plus fragilisées socialement (aller lire la section Mndfl Ed. à ce sujet). J’en vois déjà qui risquent de dire que lorsqu’on manque de tout, il faut d’abord nourrir et vêtir avant de s’intéresser à la pleine conscience. Je crois que d’une part, l’un n’empêche pas l’autre. D’autre part, ces techniques qui font du bien et de manière sensible doivent être diffusées au plus grand nombre. Ma fille m’a raconté que sa maitresse a commencé à introduire des exercices de méditation dans sa classe. Je trouve ça formidable. Ces outils boostent la concentration, permettent de faire le tri dans ses pensées, mais surtout de prendre de la distance avec nos émotions. Elles sont toujours là, mais on sait que derrière elles, il existe un espace silencieux et aussi réconfortant que le ciel bleu au dessus des nuages dans lequel on peut se lover quand on le souhaite. Juste en fermant les yeux.

Photo Lili Barbery-Coulon. Les recommandations littéraires des profs de méditation chez Mndfl

Le premier cours de 30 ou de 45 minutes est à $10, ensuite c’est $18 ou $25 mais on peut acheter des cartes dégressives. Les trois studios Mndfl sont situés à : Greenwich Village, 10 East 8th Street, New York, NY 10002, Tel : +1 212 477 0487 ou Upper East Side, 239 E. 60th Street, New York, NY 10022 Tel : +1 212 477 0601 ou à Williamsburg, 208 N. 8th Street, Brooklyn, NY 1121, Tel : +1 718 218 6060