Frédéric Malle à New York
Photographie de Gérard Giaume

Frédéric Malle à New York

Frédéric Malle à New York

Installé à New York depuis l’ouverture de sa boutique de parfums sur Madison Avenue en 2009, Frédéric Malle ne descend Downtown que pour aller voir les galeries d’art ou lorsqu’un rendez-vous l’y contraint. Trop de monde. Trop de branchitude. Trop d’embouteillages. On s’y attendait : c’est l’Upper East Side que l’éditeur d’essences rares nous invite à découvrir. Mais, pas seulement. Le gentleman, aussi élégant en costume sur mesure Anderson and Sheppard qu’à vélo en polo blanc et pull bleu pâle, nous fait découvrir les madeleines de son enfance, du meilleur bagel au saumon au maroquinier de Park Avenue, en passant par le gospel à Harlem, les galeries d’art de Chinatown et les pancakes de Eat. Trois journées aussi intenses que surprenantes pour enfin sortir du triangle Soho-Tribecca-Meatpacking. Quant à ceux qui ont la chance de prolonger leur séjour sur place, Frédéric est sur le point de lancer son blog où il ne postera que des photos énigmatiques des lieux qu’il adore à New York. A suivre bientôt sur son nouveau site, qui ne devrait plus tarder à voir le jour.

De haut en bas, de gauche à droite :
La boutique T Anthony, une vitrine de Paul Stuart, Casa Lever et la vue de Central Park au dernier étage du Rockefeller Center

24 HEURES

Comme on est réveillé tôt à cause du jet lag, Frédéric Malle nous propose de profiter de ce qui ouvre dès 8h tapantes. Avant de se hisser au dernier étage du Rockefeller Center, on va faire un tour chez Paul Stuart, sur Madison au croisement de la 45e rue, « un magasin fin 70’s, début 80’s dont le look dominant est celui de Robert De Niro dans Casino » dit-il. Ensuite, on se dirige vers la 5e avenue et l’on remonte cinq blocks jusqu’au Rockefeller Center, « beaucoup plus beau que l’Empire State Building » d’après Frédéric. Difficile de repartir sans avoir mitraillé la vue sur Central Park du 70e étage. « De là, il faut aller au Moma qui me semble inévitable ». Evidemment, on aura réservé ses billets sur internet la veille pour éviter la file d’attente. Après avoir sillonné quelques salles du musée, on peut déjeuner sur place. « L’intérêt est que tous les restaurants du Moma sont délicieux, la cafeteria est géniale avec un menu italien, chic et pas cher, dans un décor néo Bauhaus vraiment réussi ». Une fois les batteries rechargées, on repart à pied vers Park Avenue chez T.Anthony où Frédéric se rend depuis qu’il est enfant pour acheter des valises ultra élégantes. En sortant à droite, on rejoint la 57e et l’on s’arrête devant la vitrine de Turnbull & Asser, un genre de Charvet british qui fabrique des chemises sur mesure. Un peu plus loin, sur le même trottoir, on passe à la Galerie Marian Goodman « où l’on trouve presque à coup sûr de bonnes expos, ajoute Frédéric. Juste en face, jetez un œil sur la vitrine de la galerie totalement mystérieuse de la 57e. Elle regorge de pièces hallucinantes et reste pourtant fermée au public ». Le bâtiment voisin abrite la librairie préférée du créateur de parfums : Rizzoli. A quatre rues de là, on se pose devant un café latte au restaurant Fred’s chez Barney’s. Une dernière session shopping dans le grand magasin et il est déjà l’heure d’aller dîner chez Casa Lever, « un restaurant italien dans l’un des plus beaux SOM buildings de l’après-guerre ».

De haut en bas, de gauche à droite :
Les colonnes à sentir de Frédéric Malle, le restaurant Eat, la façade de Bottino et l’entrée de la galerie Greene Naftali à Chelsea

48 HEURES

La journée débute par un petit-déjeuner gargantuesque chez Eat, véritable must de l’Upper East Side. Frédéric commande sagement un bagel toasté sans beurre mais toute la carte est à se damner : pain perdu brioché, pancakes, cheesecake, muffins… Impossible de quitter les lieux sans aller au magasin de jouets attenant, « idéal pour ramener des bricoles un peu différentes aux enfants » explique-t-il. Un peu plus bas, on passe chez J-Crew, la marque de prêt-à-porter « méga chic et pas cher » (enfin tout est relatif : je m’y suis ruinée il y a dix jours) puis dans sa boutique de parfums new-yorkaise où il faut absolument acheter la version américaine de French Lover, rebaptisée Bois d’Orage. Trois blocks plus bas, on déjeune chez Kai, un des restaurants japonais favoris de Frédéric. Après une orgie de poissons crus, on prend le métro jusqu’à la station Canal Street pour se promener dans les galeries d’art de Chinatown, en particulier Miguel Abreu et Reena Spaulings. On profite d’être Downtown pour admirer l’architecture de Wall Street et l’on continue son périple arty dans Chelsea grâce à un taxi qui nous emmène chez Greene Naftali, au 8e étage de la 26e rue. On dîne tôt, à quelques mètres de là sur la 10e avenue, chez Bottino, un petit italien qui sert de délicieux plats de pâtes à 15 dollars l’assiette.

De haut en bas, de gauche à droite : Le musée du design Cooper Hewitt, Central Park, Barney Greengrass et le restaurant japonais Kai sur Columbus Avenue

72 HEURES

Dimanche matin, on traverse toute la ville pour se rendre à Harlem, à l’église Mount Nebo, pour voir et écouter le Gospel. Un peu « voyeuriste » comme le souligne Frédéric Malle mais très impressionnant, même quand on n’est pas croyant. Il y a deux services le dimanche : un plutôt calme pour les lève-tôt de 8h à 9h30. Un autre, nettement plus animé, de 10h45 à 13h30. On file à l’anglaise avant la fin de la messe pour un brunch dans l’Upper West Side chez Barney Greengrass, le sanctuaire de l’esturgeon. Si la file d’attente est décourageante, on commande un bagel au saumon fumé et des œufs brouillés à l’esturgeon qu’on part déguster dans Central Park. Il suffit d’ailleurs de couper le jardin culte dans sa largeur pour rejoindre, à l’est, le musée national du design Cooper Hewitt. « Il y a toujours une bonne programmation, une vision très différente du design, comparée à celle qu’en ont les français, et une excellente boutique pour faire des cadeaux » recommande Frédéric. Le parcours new-yorkais de Malle s’achève chez Sushi of Gari sur Columbus : « C’est un restaurant japonais où il faut laisser le chef opérer. C’est ruineux mais délicieux ! »

CARNET DE BORD

Par ordre d’apparition :
Rockefeller Center, 30 Rockefeller Plazza, entrée sur 50th Street, NY 10112, Tel : + 1 212 698 2000, ouvert de 8h à minuit
Paul Stuart, Madison Avenue au coin de 45th Street, NY 10017, Tel : +1 212 682 0320
Moma, 11 West 53rd Street, NY 10019, Tel : + 1 212 708 9400, Fermé le mardi
T-Anthony LTD, 445 Park Avenue (au coin de 56th Street), Tel : +1 212 750 9797
Turnbull and Asser, 42 East 57th Street, NY 10022, Tel : + 1 212 752 5700
Marian Goodman Gallery, 24 West 57th Street, NY 10019, Tel : 1 212 977 71
Rizzoli Bookstore, 31 West 57th Street (entre la 5e et la 6e avenue), NY 10019, Tel : + 1 212 759 2424
Barney’s New York, 660 Madison Avenue, NY 10065, Tel : +1 212 826 8900
Casa Lever, 390 Park Avenue (au coin avec la 53th street), NY 10022, Tel : +1 212 888 2700
Eat, 1064 Madison Avenue (entre 80th et 81st street), NY 10075, Tel : +1 212 772 0022
J Crew, 1035 Madison Avenue, NY 10075, Tel : + 1 212 249 3869 (vêtements femme uniquement dans cette boutique mais il y a d’autres magasins mixtes ou homme dans NYC)
Editions de parfums Frédéric Malle, 898 Madison Avenue, NY 10021, Tel : +1 212 249 7941
Kai, 822 Madison Avenue, NY 10021, Tel : + 1 212 988 7277
Miguel Abreu Gallery, 36 Orchard Street (entre Canal et Hester), NY 10012, Tel : + 1 212 995 1774
Reena Spaulings Fine Art, 135 East Broadway, NY 10012, Tel : +1 212 477 5006
Greene Naftali Gallery, 508 West 26th Street, 8e étage, NY 10001, Tel : +1 212 463 7770
Bottino, 246 Tenth Avenue (entre 24th et 25th street), NY 10001, Tel : +1 212 206 6767
Mount Nebo Baptist Church, 1883 Adam Clayton Powell Junior Boulevard, NY 10026,
Tel : +1 212 866 7880
Barney Greengrass, 541 Amsterdam Avenue, NY 10024, Tel : + 1 212 724 4707
Cooper-Hewitt National Design Museum, 2 East 91st Street, NY 10128, Tel : + 1 212 849 8400
Sushi of Gari, 370 Columbus Avenue (entre 77th et 78th street), NY 10024, Tel : + 1 212 362 4816, ouvert le dimanche de 16h à 21h45