Vent de panique

Vent de panique

Vent de panique
Samedi dernier. 16h23. Deuxième étage du Bon Marché. Une dizaine de clientes s’apprêtent à prendre l’escalator qui mène à la mercerie et se heurtent au panneau suivant : « Nous effectuons des travaux de rénovation pour améliorer votre confort. Vous trouverez à présent le rayon mercerie au deuxième étage du magasin ». Je suis le mouvement des dinguos du loisir créatif qui traversent d’un pas militaire les étalages de blanc en soldes. Stupeur et tremblements : où sont les laines mérinos, les feutrines multicolores, les rouleaux de tissu Liberty ? Divisée par quatre, la surface de la nouvelle mercerie est si petite qu’elle devrait être interdite aux claustrophobes. « Mais enfin où sont passées les pelotes en taille quatre ? » s’exclame une jeune tricoteuse désespérée. « Dites, vous allez remettre la mercerie à sa place après les travaux, hein ? » surenchérit une brodeuse sous bétabloquants. « Comment on va faire, nous ? » ajoute une bourgeoise révoltée, prête à voter pour François Hollande en guise de représailles. Les vendeuses, encore plus tristes que leurs clientes, ont tenté de nous consoler avec des promesses de commande sur mesure et une authentique empathie. Sans grand résultat. Je veux bien croire que cet espace perché au troisième étage n’était pas le plus rentable du Bon Marché, mais c’était sans doute celui qui avait su conserver l’âme du Bonheur des Dames de Zola. On y trouvait des conseils d’expertes et des matériaux rares. Et surtout des conversations improbables entre bloggeuses de la génération Y et retraitées pleines de rhumatismes. Bref : RENDEZ-NOUS LA MERCERIE DU BON MARCHÉ!
J’en profite pour vous mettre à contribution et vous demander quelles sont vos bonnes adresses de substitution, en dehors de la Droguerie, la Croix et la Manière, le Bonheur des Dames, et des Fils et Une Aiguille?