Le mauvais esprit de Facebook

Le mauvais esprit de Facebook

Le mauvais esprit de Facebook

Photographie Lili Barbery-Coulon

Facebook est un réseau social qui rend haineux. D’abord parce qu’on y découvre ce qu’on a toujours voulu ignorer à propos de vagues connaissances. Leurs opinions politiques à l’opposé des nôtres. Leurs statuts impudiques. Leur humour parfois douteux. Cependant, il me paraît impossible de délaisser ce réseau lorsqu’on cherche à partager une information avec le plus grand nombre. J’ai ouvert mon premier compte Facebook en 2007. Je n’avais pas l’intention de me construire un « réseau », il ne s’agissait pour moi que de commenter des photos personnelles avec ma bande d’amis proches. Très vite, le cercle s’est agrandi. Les statuts intimes ont fait place à des partages d’articles. Pourtant en 2009, effrayée par le caractère chronophage de Facebook et souhaitant renouer avec l’invisibilité digitale, j’ai détruit mon compte. Cela m’a pris plusieurs semaines : il a fallu que j’efface chaque statut, chaque commentaire, chaque photo, chaque message privé. Désactiver un compte ne suffit pas sur Facebook, comme on le sait tous à présent. Peu de temps après cette dilapidation volontaire, j’ai commencé à réfléchir à la création de Ma Récréation. Lorsque j’ai mis ce blog en ligne le 3 novembre 2010, j’ai réalisé qu’il était impossible d’en faire la promotion sans Facebook. J’ai donc rouvert un compte personnel afin de créer une « fan page » pour le blog. Cela s’est révélé très efficace car, à l’époque, Facebook ne triait pas les informations dans le fil d’actualité. Elles apparaissaient, comme sur Twitter, de façon chronologique. Désormais, lorsqu’on ouvre Facebook, même si on a un millier « d’amis » dans son réseau, on n’entend parler que de 70 d’entre eux. Pourtant, les autres continuent probablement à partager des photographies, des vidéos, des articles. Mais Facebook choisit de ne nous parler que des plus « actifs ». Pour les « fan pages », c’est encore pire. Les administrateurs sont régulièrement encouragés à payer pour s’assurer que leur actualité va apparaître dans la timeline de leurs inscrits. Ils peuvent investir 4 à 150 euros pour « stimuler une actualité ». Pour 4 euros, ils ont la garantie de toucher 1300 à 3500 personnes (c’est à dire l’audience que j’avais gratuitement avant que les règles ne changent). Pour 150 euros, entre 32000 et 84000 internautes. Vous noterez l’aspect « à la louche » des chiffres. Un jour, j’ai donc misé cinq euros sur un post, juste pour voir. Facebook se comporte alors comme si vous entriez dans un casino pour la première fois. Il vous appâte en partageant le post avec une audience de maboule. Etrangement, les jours qui suivent, si vous ne « stimulez » pas vos actualités, les « personnes ayant vu l’actualité » diminuent sensiblement. La tentation de réinvestir revient donc au galop. Mais comme le système est aussi toxique qu’un dealer d’héroïne, il n’est pas question de vous permettre d’atteindre la même audience la seconde fois pour le même tarif. L’idée est de vous pousser inexorablement à dépenser plus. Evidemment, je refuse de donner un euro de plus à Mark Zuckerberg. Si vous souhaitez continuer à recevoir mes actus sur Facebook, il y a un petit bouton à actionner. En haut de la page, à droite du bouton J’aime, il y a un bouton « Message » avec une petite roulette grise. Passez votre souris sur la flèche et cliquez sur « ajouter à vos listes d’intérêt ». Néanmoins, je ne suis pas certaine que cela résolve totalement le problème. Sinon, vous pouvez aussi me suivre sur Twitter ou sur Instagram, j’essaie de penser à relayer les articles du blog sur ces deux autres réseaux. Et j’espère bien trouver le temps de vous renvoyer ma newsletter régulièrement… Ces derniers mois, je n’ai pas réussi à m’en occuper, ça va venir!
Et dire qu’Instagram appartient à Facebook… C’est sûr, ils vont finir par nous bousiller ce petit bijou d’appli. Vive la communication 2.0.