Les ateliers sans gluten de La Recyclerie
Photographie Lili Barbery-Coulon

Les ateliers sans gluten de La Recyclerie

Les ateliers sans gluten de La Recyclerie

Difficile de concentrer autant de courants du moment dans un même endroit. La Recyclerie a ouvert en juin 2014 et je dois avouer que je n’ai pas pris le temps d’y mettre les pieds avant la semaine passée. Sans doute parce que c’est situé à la Porte de Clignancourt et que la connasse/parisienne qui sommeille en moi considère que le trajet équivaut à peu près à un Paris-Dijon en train corail. D’ailleurs, comme une connasse, j’ai voulu m’y rendre en Uber mercredi dernier. Ce qui m’a donc pris environ 1h30 (Paris-Dijon je vous dis). J’ai failli péter les plombs dans les embouteillages (merci la Fashion Week) et mon chauffeur, n’en pouvant plus de m’entendre gémir « oh la la, on est tellement en retaaaard », a fini par me larguer avec ma fille au milieu d’un chantier, m’indiquant vaguement La Recyclerie du bout du doigt. Je suis arrivée furieuse, remplie de mauvaises ondes, trainant ma fille par le bras qui ne comprenait pas comment une invitation à un atelier pâtisserie pour enfants avait pu si mal tourner.

Photographies Lili Barbery-Coulon

Pourtant, entrer dans cette ancienne gare transformée en lieu de vie m’a fait l’effet d’un massage. Immédiatement, je me suis sentie loin des marteaux piqueurs et des automobilistes injurieux. L’espace gigantesque cumule à peu près toutes les tendances dont je parle régulièrement sur le blog ou dans M, le magazine du Monde. Située au bord des voies ferrées de la petite ceinture, La Recyclerie porte bien son nom : pas un seul centimètre carré n’échappe au concept du recyclage.

Photographie Ma Récréation

On peut y boire un café (à 1euro, ce qui n’existe nulle part ailleurs à Paris), déjeuner une cuisine saine et préparée sur place quotidiennement. On peut aussi venir y réparer son électro ménager ou de vieux appareils électriques. Pour ça, inutile d’avoir un CAP en mécanique. René reçoit dans son atelier tous types de demandes : soit on lui confie son objet à réparer, soit il vous donne une leçon pour vous rendre autonome, soit vous lui louez ses machines et ses outils car vous savez déjà vous en servir. Moi qui jette toaster, bouilloire et autre machine à café dès qu’elles montrent leurs premiers signes de faiblesse, j’ai du chemin à faire mais l’idée me paraît séduisante.

Photographie Lili Barbery-Coulon

A gauche, dans l’entrée, on trouve le programme culturel du mois. Il y a des ateliers de création pour les adultes et les enfants, tous élaborés avec un esprit écologique, citoyen ou un axe santé. C’est ainsi que Fanny, la pâtissière qui prépare chaque jour des desserts sans gluten destinés à la clientèle du restaurant, a eu l’idée avec son amie Elise (maman d’un petit garçon intolérant au gluten) de créer des ateliers pour les petits. Les deux jeunes femmes ont d’ailleurs l’intention d’ouvrir une pâtisserie sans gluten à Paris (je vous tiendrai au courant, c’est promis). Mercredi dernier, Fanny a donc animé son premier atelier avec toute une bande de bambins chapeautés d’une toque en papier. Les petits ont eu l’occasion de goûter plusieurs types de farine, puis de préparer une pâte à cookie qu’ils ont truffés de noisettes, de pépites de chocolat ou de raisins secs. Pendant la cuisson, certains sont restés autour de la table à colorier la boîte en carton qui transporterait les biscuits. Les autres sont sortis au bord de la voie ferrée admirer le jardin que La Recyclerie est en train de fignoler. Il y a même des poules et des chèvres. Les voir au milieu de ces grands immeubles du 18e arrondissement semble complètement invraisemblable.

Photographie Lili Barbery-Coulon (il faut débarrasser sa tasse, son verre ou son assiette quand on a fini de consommer à La Recyclerie)

Sur instagram, j’ai accompagné l’un de mes clichés par la légende « La Récyclerie, plus hipster tu décèdes ». J’ai un peu menti en fait. Je n’ai pas vu beaucoup de branchés dans cet endroit. Enfin, pas ceux qui en portent habituellement les signes (la barbe, la chemise à carreaux, les baskets du moment et le bun planté sur le haut de la tête…). J’ai vu beaucoup d’habitants du quartier, hyper heureux qu’un lieu pareil ait ouvert à côté de chez eux, qui viennent y chercher leurs paniers de légumes livrés par La Ruche Qui Dit Oui chaque weekend ou juste un peu de calme pour travailler avec leur ordi. J’ai vu des mamies, des amateurs de reggae, du beau-gosse à tempe grisonnante, une bande de copines aux éclats de rire haut perché et des enfants… J’imagine que le concept va rebuter tous ceux qui fustigent la tendance sans gluten et qui pensent que la production de légumes sur la petite ceinture n’a qu’une vocation cosmétique ou marketing. Peu importe. Il y a tous les autres, de plus en plus nombreux : ceux qui cherchent un sens dans leur consommation, qui veulent améliorer leur quotidien, qui se questionnent sur l’avenir de la planète, ceux qui en ont marre de jeter chaque jour un peu plus d’objets… Quant à ceux qui n’ont pas de conviction particulière, je pense qu’ils seront séduits par la lumière incroyable et la bonne ambiance du lieu. Je suis repartie en métro, on a mis 18 minutes pour regagner le centre de Paris, en mode « un peu moins connasse » qu’à mon arrivée.

Photographie Lili Barbery-Coulon

Les ateliers sans gluten du mercredi après-midi à La Recyclerie: 20€ par enfant de 16h à 17h (ça déborde un peu) et 30€ pour les adultes à 17h30. Les membres de l’association les amis Récycleurs ont droit à une réduction de 5€ par atelier. Tout le programme sur le site de La Recyclerie. Et si vous êtes adepte du sans gluten, n’hésitez pas à aller visiter le nouveau site Because Gustave, concoctée par Cécile Gleize que j’ai rencontrée sur place. La Recyclerie, 83 boulevard Ornano, Paris 18e, Tel : 01 42 57 58 49, Métro Porte de Clignancourt