« Maison ». Voilà ce que je me suis dit en entrant dans l’atelier couture de Rrose Sélavy, tel E.T. dans la chambre de Drew Barrymore. Huit petites filles derrière des machines à coudre étaient en train de fabriquer des trousses vichy pour l’Iphone de leurs parents et j’ai aussitôt retrouvé mes huit ans. Dans cet espace de 350 mètres carré du 9e arrondissement, on coud, on peint, on sculpte, on dessine de 2 à 102 ans. Samedi dernier, j’ai accompagné ma fille à un atelier de modelage et pendant qu’elle fabriquait un arbre bien enraciné dans le sol, je me suis faufilée dans les autres salles de création. A gauche, une dizaine d’enfants en plein cours de peinture s’amusaient à faire le portrait de leur famille. Au fond à droite, des adultes sculptaient sous le regard de leur professeur, un artiste professionnel, des nus et des visages. A l’étage, derrière la cuisine où chacun peut venir se reposer, de jeunes adolescents venaient de commencer leur cours de dessin manga. Enfin, en vitrine dans la rue Fromentin, l’enseignante de l’atelier couture me montrait les trésors fabriqués par ses élèves : des couronnes de Noël en Liberty, des peluches en forme de Totoro, des tenues de poupée…

Quand j’étais petite, je rêvais d’avoir un jour une pièce immense (dans ma maison imaginaire) remplis de bocaux de perles multicolores, de boutons, de papiers imprimés, de bloc d’argile, de pastels, d’acryliques et de machines à coudre. Un espace où foisonneraient les outils de création pour bidouiller, coller et fabriquer soi-même. Rrose Sélavy, dont le nom fait référence au personnage imaginé par Marcel Duchamp, ressemble beaucoup à ce lieu fictif avec juste un peu plus de néons. J’y ai croisé des enfants heureux et des adultes épanouis, tous enthousiasmés par leurs projets. Un espace de rencontre et d’échange dans lequel on peut inscrire son enfant (ou soi-même) au trimestre ou juste pour un atelier d’essai à tout moment de l’année.