Initiation à l’ikebana chez Miwa
Photographie Lili Barbery-Coulon

Initiation à l’ikebana chez Miwa

Initiation à l’ikebana chez Miwa

Tiens, ça faisait longtemps que je ne vous avais pas parlé de Japon. La bonne blague… Allez donc faire un tour dans la rubrique Road Trips pour relire les neufs posts dédiés à mon périple japonais du printemps dernier. Comme j’aimerais me téléporter à Kyoto pour aller voir les feuilles des arbres rougir en plein automne… Samedi dernier, j’ai eu l’impression d’y être l’espace d’une heure et demie. Il m’a suffit d’entrer chez Miwa rue Jacob, ce club privé pour nippophiles auquel j’ai déjà consacré quelques articles (ici et ) pour me sentir très loin de Paris. Les membres du club sont régulièrement invités à participer à des master class en tout petit groupe (samedi, nous étions trois) autour d’un thème. Samedi, le pavillon Miwa recevait Maitresse Shuho, responsable de l’art floral au pavillon d’argent (Jishô-ji ou Ginkaku-ji) à Kyoto.

Photographie Lili Barbery-Coulon

On m’a laissé faire quelques photographies que je partage avec vous. Vêtue d’un kimono écru, ses longs cheveux attachés en arrière, elle a commencé à nous présenter les objets avec lesquels elle travaille au quotidien. J’étais fascinée par ses gestes. La délicatesse avec laquelle elle attrapait chaque couteau, le murmure de ses syllabes qui coulaient comme une cascade au loin. Sa tenue qui m’a semblé être tissée en lin était parfaitement repassée. Je m’imaginais à sa place, toute froissée, faisant tomber la moitié des objets par terre dans un geste brusque. Mais comment font ces gens pour atteindre un tel niveau de perfection ?

Photographie Lili Barbery-Coulon 

Bien sûr, il n’était pas question de faire de nous des professionnels de l’ikebana en si peu de temps. Juste de nous initier. Ce qui m’a beaucoup touchée dans son discours c’est l’aspect métaphorique de la composition florale. Elle évolue, se fane et se transforme en une autre forme de vie. Elle doit nous rappeler notre place au milieu de la nature. Elle doit sans cesse lui rendre hommage. Chaque fleur, chaque pousse choisie pour une composition doit avoir un sens. En France, nous cherchons la beauté dans le bouquet. La grandeur éclatante. Au Japon, on met du sens dans chacun de ses gestes. Maitresse Shuho nous a livré quelques règles à respecter pour réussir une première composition florale. En voici quelques unes : bien nettoyer l’espace où nous allons composer et purifier la pièce en faisant brûler de l’encens. Prendre soin des plantes qui doivent toujours rester bien hydratées. Préparer les accessoires sur un plan de travail. Saluer. Contempler. Prendre un thé. Un vrai rituel…

Photographie Lili Barbery-Coulon. Le fameux komiwara dont je vous parle juste en dessous 

Ensuite, elle nous a distribué quelques plantes et nous avons du réaliser une composition du style tatebana. Pour ce type d’ikebana, on utilise un komiwara, un cylindre fabriqué en pailles de riz attachées les unes aux autres qui fait le diamètre du vase. Il va servir de support aux fleurs qu’on va planter à l’intérieur. A l’aide d’un petit outil pointu en bambou, on glisse la colonne vertébrale de son bouquet en plein centre. Cette première action est essentielle car elle permet de tracer un lien entre la terre et le ciel. Il faut observer les proportions du vase pour que cette première tige ne soit ni trop haute ni trop basse. Ensuite on compose à partir de cette colonne. Les fleurs et les feuilles doivent être humidifiées comme si elles venaient de recevoir la rosée du matin. Il suffit de peu d’éléments pour voir la beauté apparaître. Enfin, on remplit le vase d’eau à ras bord car l’eau, elle aussi, fait partie de l’ikebana. Il y a plein d’autres formes d’ikebana et je ne suis pas une experte donc soyez indulgent si j’ai fait des erreurs dans ma présentation. Le pavillon Miwa n’est pas ouvert au public mais vous pouvez aller visiter la galerie Nakaniwa qui se trouve dans la cour juste à côté. Vous y découvrirez des objets rares fabriqués par des artisans japonais. C’est un endroit merveilleux pour rêver et se sentir loin de Paris.

Photographie Lili Barbery-Coulon. Pour les japonais, même la plus belle des compositions ne sera jamais à la hauteur d’une simple herbe folle qui arrive à se frayer un chemin au milieu du bitume. C’est pourquoi on avance dans l’ikebana avec beaucoup d’humilité