Bon Kushikatsu
Photographie Lili Barbery-Coulon

Bon Kushikatsu

Bon Kushikatsu

Sur les conseils du traiteur japonais Maori Murota, je suis allée tester pour vous la dernière merveille culinaire du onzième arrondissement. Ouvert il y a seulement deux mois, ce restaurant rend hommage à une spécialité gastronomique d’Osaka, le kushikatsu, une brochette panée dans la chapelure et dorée dans une huile bouillante. Un genre méconnu à Paris et servi dans quelques lieux comme Shu. A l’instar de Guilo Guilo ou Momoka, le restaurant propose un menu unique imaginé selon l’humeur du chef et l’arrivage des produits du jour. Premiers bons points avant même que le repas n’ait commencé : le décor soigné composé de bois brut et de béton, le sourire communicatif du personnel à l’œuvre, la délicatesse de la vaisselle à l’image du presse-citron en forme de petit moineau… Confortablement installés derrière le bar, les clients observent les gestes chorégraphiés du chef derrière son immense friteuse en cuivre qui a la particularité d’absorber intégralement les odeurs de cuisson. Le bal des saveurs peut commencer. Devant nous : quelques crudités, quatre sauces, du sel, du citron et un petit plateau avec une grille dorée. Quatorze bouchées vont défiler pendant près de deux heures, chacune introduite par la serveuse qui nous indique avec quelle sauce les manger. Bœuf chateaubriand au miso pané, champignon shiitake caramélisé, gambas croustillantes, aubergines orgasmiques au foie gras, œufs de hareng frits napées d’oursin cru… Un festin accompagné de riz complet, de soupe miso et de pâtes au sarrasin et au thé vert. Comme tous les clients dégustent les mêmes saveurs au même moment, on ne peut pas s’empêcher d’échanger des regards complices pour honorer notre chance d’avoir accès à autant de subtilité. Le repas prend fin avec deux brochettes sucrées dont une mini boule de glace extatique qui a laissé mon amie Alexandra rêveuse : « On est quand même en train de se taper un eskimo pané ! ». Crise de fou rire largement amplifiée par la qualité du saké chaud – hautement recommandé quand il fait moins dix – qui a fini d’achever notre carte bleue. Evidemment, la note est ruineuse. Mais Bon, Kushikatsu porte si bien son nom qu’il mérite vraiment qu’on casse sa tirelire. Parce que sortir d’un restaurant en se sentant aussi heureux (et je ne parle pas des vapeurs d’alcool !), ça n’a pas de prix.

Photographies Lili Barbery-Coulon

Bon Kushikatsu, 24 rue Jean-Pierre Timbaud, Paris 11e, Tel : 01 43 38 82 27, ouvert tous les jours à partir de 19h30 sauf les dimanches et jours fériés, dernière commande à 21h30, 58€ le menu unique sans boisson