Woom Center à New York
Photographie Lili Barbery-Coulon

Woom Center à New York

Woom Center à New York

Allez, on repart à New York. Après TriBeCa (le Greenwich Hotel, The Class by Taryn Toomey et Smith and Mills), je vous embarque downtown dans une salle de yoga très particulière située à la frontière de Nolita et du Lower East Side. C’est une énergéticienne à Brooklyn – un autre grand moment de mon séjour à New York, promis je vais tout vous raconter – qui m’a recommandé d’aller découvrir ce lieu inauguré en octobre 2016. J’avais déjà tellement d’activités et de rendez-vous prévus que je ne pensais pas avoir le temps de faire l’expérience d’un cours. Il m’a suffit d’une visite d’un quart d’heure pour me convaincre que je ne pouvais pas quitter Manhattan sans tester ce yoga hallucinogène.

Photographie Lili Barbery-Coulon

Situé quasiment en face du New Museum, ce bâtiment ahurissant des architectes japonais Kazuyo Sejima et Ryue Nishizawa (SANAA), Woom Center est installé au premier étage d’un petit immeuble sur Bowery. On entre d’abord dans un petit café qui ressemble plus à une salle à manger ouverte sur une cuisine familiale qu’une brasserie soignée. David Shemesh, le mari d’Elian Zach-Shemesh la fondatrice, prépare des jus de betterave et de gingembre en discutant avec les élèves assises derrière le bar. L’espace lumineux dispose de petites banquettes en velours. Il faut dire que la banquette en velours est le nouveau tic déco new-yorkais. A l’instar des pots de confiture qui ont remplacé les verres et les tasses à café dans tout le sud de Manhattan, elle est partout ! Le lieu est si cosy que certains clients ne sont même pas là pour le yoga. Ils viennent juste pour les jus délicieux et le wifi de qualité. A gauche de l’entrée, les élèves posent leurs affaires dans un petit vestiaire et les plus pudiques peuvent utiliser les toilettes joliment décorées pour se changer. C’est clean, ça sent bon (je le précise car ce n’est pas toujours le cas dans les salles de yoga), ça ricane dans tous les sens : l’ambiance est aussi chaleureuse que le couple à la tête de ce centre.

Photographie Lili Barbery-Coulon

Avant de concevoir ce lieu, Elian et David ont multiplié les aventures professionnelles. Elian a été actrice, chanteuse et auteure. David, qui est chef, était propriétaire de deux restaurants dans le Lower East Side lorsqu’il s’est mis à travailler sur l’ouverture de Woom Center. Déjà en pleine reconversion, Elian qui est une grande adepte de yoga depuis de nombreuses années s’est mise à enseigner cette discipline deux ans avant l’ouverture du centre. Le couple s’est aussi formé à la thérapie par le son (aux Etats Unis, on parle de sound healing ou de sound therapy ou de sound meditation) grâce à Alexandre Tannous au New York Open Center. C’est ainsi qu’ils ont eu l’idée de concentrer plusieurs outils dans la même pratique. Je m’explique : chez Woom Center, on ne se contente pas d’enchainer les assanas. On respire, on écoute, on regarde, on ressent.

Photographie Lili Barbery-Coulon

Le cours commence dans une salle blanche et épurée, à peine éclairée. On s’assoit sur son tapis, avec deux blocs en bois, un gros coussin en coton et une couverture à proximité. Tous ces outils fournis par le centre vont nous servir au fil du cours. On doit aussi se munir d’un masque pour couvrir ses yeux à l’intérieur duquel est écrit « LOOK INSIDE ». Le masque en tissu est super bien fait, il ne sert pas la tête et il passe à la machine après chaque utilisation (on est aux Etats-Unis : on ne plaisante pas avec l’hygiène). Le mot d’ordre est clair : regarder à l’intérieur de soi, augmenter sa propre vibration pour mieux vivre à l’extérieur avec les autres. Le seul programme qui m’excite en ce moment…

Photographie Lili Barbery-Coulon

J’avais un peu peur avant que la séance commence. Même si la gentillesse de David et d’Elian m’avait donné envie de venir tester un cours, je me demandais ce que toutes ces stimulations sensorielles allaient provoquer en moi. Le cours a commencé et comme si notre prof, Aby Gonzales, avait pu lire dans mes pensées, elle nous a demandé s’il y avait des élèves qui venaient pour la première fois. Nous étions deux ou trois à lever la main. Alors, elle nous a dit : « Vous n’avez aucune raison d’avoir peur, la peur n’est qu’une projection, mais vous pouvez aussi accueillir cette peur et écouter ce qu’elle a à vous dire de vous ». On a mis nos masques et on s’est mis à respirer profondément, guidés par Abi et accompagnés par des vibrations sonores assez douces. Cette phase qui permet de se déconnecter de ses pensées pour se concentrer sur son corps qui ondule sous la force de l’air qui remplit le ventre et les poumons dure une dizaine de minutes. On est ensuite invité à retirer son masque. Les murs face à nous ne sont plus blancs. Ils servent d’écran à un projecteur qui diffuse un film hypnotique constitué de formes géométriques en mouvement. Des fractales, des mandalas, du feuillage, du vert, du cru. La salle était assez chaude, je n’ai pas réussi à savoir si je transpirais comme un veau à cause des enchainements ultra dynamiques des assanas ou bien si la température était volontairement élevée.

Photographie Lili Barbery-Coulon

On a commencé par des salutations au soleil, avec pas mal de variantes à chaque fois. J’adore ce mouvement. Même en recommençant mille fois la même chose, le corps ne répond jamais exactement pareil. Enfin, c’est peut être parce que je suis une débutante. J’ai l’impression de m’améliorer un peu plus à chaque fois. J’observe ce que je bâcle, ou au contraire ce qui me demande beaucoup d’efforts. Je sens mes muscles qui chauffent, la volonté que je dois mettre jusque dans le bout de mes doigts. L’oxygène qui me remplit à chaque remontée, les côtes qui s’ouvrent, la colonne qui s’aligne et s’assouplit (j’ai tellement souffert du dos que le simple fait de réussir à me cambrer est une immense victoire). On ne chôme pas pendant le cours d’une heure, mais les débutants peuvent tout à fait essayer. Aby n’a pas le temps de corriger les postures donc attention, c’est à vous de connaître vos limites et de ne pas aller trop loin afin d’éviter de vous faire mal. La bande son accompagne l’intensité des mouvements tout comme les images qui vibrent sur les trois murs de la salle. Des vibrations visuelles qui sont sensibles aux vibrations sonores: si l’on chante un mantra, les images changent et évoluent en conséquence.

Photographie Lili Barbery-Coulon
(David est derrière le comptoir)

Vous l’aurez compris: Woom Center, c’est le yoga en dolby surround! Un genre de yoga multi-sensoriel boosté aux amphétamines. Le cours se termine par une phase de reconnexion au sol et à sa propre respiration avec le masque sur les yeux. L’enseignant passe avec une petite clochette très agréable près de chaque élève et elle pulvérise une eau florale sur le visage. C’est absolument parfait.

Photographie Lili Barbery-Coulon.
Le son de la voix de David a légèrement fait évoluer l’image, vous verrez une petite différence entre les deux photos si vous regardez bien)

Evidemment, on peut atteindre le même état de transe et de paix spirituelle de façon beaucoup plus simple sans masque, sans écran, ni musique. Je le sais depuis que j’ai commencé à pratiquer le kundalini yoga il y a six mois (d’ailleurs, ce centre new-yorkais propose aussi des cours de kundalini). Woom Center ne fait qu’accélérer l’accès à notre vibration intérieure, celle qui n’appartient qu’à nous. Et sincèrement, c’est vraiment réussi. J’adorerais qu’un lieu pareil ouvre à Paris. D’autant qu’après avoir fait l’expérience de ce bien-être, on saura le reconnaitre, enfin je pense, plus facilement dans une autre pratique. Vous avez déjà fait l’expérience d’une pratique aussi complète ? Ou d’un yoga hybride ?

Woom Center, 274 Bowery, 2nd Floor (c’est à dire 1er étage), New York. Le centre donne des cours de yoga vinyasa tel que je l’ai décrit, mais aussi des cours plus intenses et plus longs (1h30 ou des stages exceptionnels le weekend ou le soir), des sessions de thérapie sonore, du yoga kundalini… bref, il y en a pour tous les goûts. $25 le cours, tarifs dégressifs, plus on en fait, moins c’est cher…