Sha Wellness Clinic
Photographie lili barbery-coulon, si vous allez à la Sha Wellness Clinic, partez faire la randonnée matinale au bord de la mer, vous ne le regretterez pas!

Sha Wellness Clinic

Sha Wellness Clinic

Fin mai, je suis partie tester quelques jours de cure à la Sha Wellness Clinic en Espagne. J’ai déjà parlé de nombreuses fois de ce concept detox à la croisée de la médecine occidentale et de la médecine chinoise dans les publications pour lesquelles j’ai travaillé. Mais je n’ai jamais eu l’occasion d’y aller. Jamais le temps, jamais le bon moment. Et je dois avouer qu’avant mon changement d’hygiène de vie, l’idée de me nourrir de bouillon, ou pire, de jeûner pendant quelques jours ne m’excitait pas des masses. De nombreuses journalistes y ayant déjà mis les pieds me disaient pourtant que l’espace valait le détour. Et puis, la perspective de me retrouver seule, sans enfant ni mari ni copine, me réjouissait. J’avais bien besoin d’un moment rien qu’à moi. Du coup, j’ai fait mes bagages pour Alicante.

Photographies Lili Barbery-Coulon.
En haut, les transats sur la terrasse supérieure,
en bas ma chambre et sa terrasse privative

Le mot « clinique » risque d’en effrayer certains. A l’arrivée, les codes de l’hôtellerie de luxe prennent nettement le dessus sur ceux de l’hôpital. Pas de blouse blanche ni de seringue pour vous accueillir. Encore moins de vapeurs d’alcool à 90 ou de sol javellisé. Le personnel redoublant de gentillesse me conduit dans ma chambre avec vue sur la mer. L’occasion de traverser le bâtiment central, tout blanc, ses piscines extérieures en terrasse, sa longue file de transats et de lits à baldaquins au zénith, son restaurant avec baie vitrée où l’on passe des heures à mastiquer en peignoir à l’heure du déjeuner… Ma chambre est grande, lumineuse et aérée. Elle comporte une terrasse privative où je peux bronzer sans être vue par les voisins. Derrière une grande bouteille d’eau minérale et une coupe de fruits avec deux pommes (note pour plus tard : conserver ces pommes comme un trésor précieux et ne SURTOUT pas les manger dès la première journée, elles seront d’une grande utilité les jours d’après), je trouve l’Ipad qui m’est attribué avec mon programme décliné heure par heure. J’enfile aussi sec le peignoir de circonstance et je file au spa. Euh, à la clinique.

Photographie LILI BARBERY-COULON

Quelle que soit la cure que vous ferez à la Sha Wellness, tout commence par un rendez-vous avec une infirmière, un médecin et un nutritionniste. L’infirmière vous pèse, vous mesure, prend votre tension et vous pose un milliard de questions sur votre santé. Elle vous file aussi une série de flacons à remplir avec la première urine du matin (miam !) et peut aussi prescrire un bilan sanguin si le médecin le demande. La nutritionniste que j’ai rencontrée était absolument charmante. Ex journaliste de la télévision espagnole, cette femme a tout plaqué pour se lancer dans l’alimentation macrobiotique. Végétarienne convaincue, elle m’a semblée cependant très ouverte à la discussion. Elle m’a expliquée comment optimiser mon hygiène de vie au quotidien et m’a proposée le choix entre deux menus à table : Kushi (traduisez hardcore) et le Bio Light (il y a peu à manger mais on tient facilement). Ils ont également adapté mes menus à la restriction sans gluten prescrite par mon médecin à Paris. Il existe un autre menu pour ceux qui auraient peur de perdre du poids à la Sha Wellness : le menu Sha, très copieux, il est souvent prescrit aux mannequins russes filiformes qui accompagnent leurs maris, des hommes d’affaires qui ont visiblement trop abusé de vodka l’hiver dernier.

Photographie LILI BARBERY-COULOn: risotto de riz noir et champignons (menu Sha), tellement copieux que je n’ai pas réussi à finir mon assiette (qui avait été précédée par une entrée et suivie d’un dessert très gourmand.

Mais on ne vient pas seulement à la Sha Wellness pour maigrir. Moi par exemple, je voulais surtout prendre soin de moi et je ne crois pas qu’un amaigrissement violent en quatre à sept jours soit bon pour le corps, ni efficace à long terme. J’ai voulu tester tous les menus pour pouvoir vous les raconter mais j’avais surtout envie d’être à l’écoute de mes sensations, pas de me torturer. La majorité des curistes présents lors de mon séjour avait visiblement envie de perdre du poids. Cependant j’ai aussi rencontré des gens qui souhaitent arrêter de fumer, j’ai repéré de nombreux sportifs passés se requinquer entre deux compétitions et le médecin m’a dit que la clinique recevait aussi des patients atteints de maladie grave pour tenter de booster leur guérison via l’alimentation et le bien-être.

Photographie LILI BARBERY-COULOn.
Ce plat m’a été servi dans le cadre du Menu Biolight. Des boulettes de poisson délicieuses. Ne cherchez pas d’accompagnement ni de « refill ». Ce que vous avez à manger est à l’échelle de la mini fleur de brocoli.

Après les premiers bilans avec les experts, les réjouissances peuvent enfin commencer : massage à gogo, acuponcture à la demande, shiatsu, réflexologie plantaire… le tout pratiqué dans des cabines éclairées à la bougie et illustrées par un fond sonore relaxant. Tout le monde se balade avec son Ipad, le pose dans son vestiaire pour aller faire quelques brasses entre deux rendez-vous ou profiter des bains à remous brûlants et glacés. On a sans cesse l’impression d’être occupé, du coup on ne pense pas vraiment aux repas. Mon programme incluait une séance de coaching en tête à tête (j’ai sué comme jamais avec une fille très jolie mais bien coriace). On se remplit de soi car on n’a pas le temps de penser au reste. Téléphoner à table est interdit et il est impossible de passer sa journée à bosser dans sa chambre (mon reflexe habituel) sauf si on est là en touriste. Mais quel serait l’intérêt de venir dormir dans cet hôtel sans faire une cure ?

Photographie Lili Barbery-Coulon.
Le bonheur de la vue quand on traverse l’hôtel
pour aller marcher à l’aube

La journée se poursuit avec les activités collectives facultatives mais gratuites. Je vous les recommande vivement. D’ailleurs, si vous réservez une cure, demandez bien à ce qu’on ne vous booke aucun rendez-vous à l’heure des randonnées matinales ni pendant les cours de yoga ou de méditation. Ce serait dommage de manquer ça. Se lever à jeun et aller marcher rapidement au bord d’une falaise surplombant la mer, c’est magique. On rentre à l’hôtel transpirant, silencieux et profondément heureux. Régénéré par la beauté du paysage et l’effort du début de journée. Une douche et tout le monde se retrouve pour le petit-déjeuner. Et les premières crises de fou rire commencent. Il faut observer la tronche des hommes d’affaires habitués à picoler et manger comme douze devant leur petit bol de porridge au lait d’amande ou leur soupe miso. Certains se plaignent discrètement auprès de leurs épouses. D’autres demandent carrément à être resservis. « Désolé Monsieur, ça n’est pas recommandé dans votre cas ». Bim ! Et ils ne sont pas les seuls à faire la tête. J’ai eu l’occasion de déjeuner avec une famille de françaises (la grand-mère, la fille et la petite-fille, déjà adulte) qui s’échangeaient discrètement un concombre contre un morceau de tofu, une fraise contre trois cuillères à café de riz. On ne va pas se mentir : même si tout ce qu’on nous propose est délicieux (enfin au goût de ceux qui aiment tout ce qui est sain), on ne sort jamais en déclarant « aaaaah j’ai trop mangé ». Bizarrement, je n’ai jamais eu faim. Sans doute l’apport constant de tisanes drainantes et de potions bizarroïdes comme cette infusion à la prune salée qui m’a fait l’effet d’une purge…

Photographie Lili Barbery-Coulon. La piscine couverte du spa. Tout autour un espace bain thermal avec jets glacés, bains bouillonnants, hammam et sauna

Et puis, si on veut allez plus loin que le changement d’alimentation (il y a des cours gratuits pour cuisiner macrobiotique), le sport et les massages, l’espace « clinique » propose une batterie d’examens et de traitements de pointe, habituellement réservés aux athlètes. On peut booster son sang à l’ozone et se le réinjecter pour avoir la pêche pendant plusieurs mois d’affilée (pas pour moi, merci). On peut faire une recherche génétique pour savoir quel âge réel a notre corps et ce qu’on peut changer pour prolonger son espérance de vie. Il est possible de traquer le gène de l’appétit ou celui de la combustion des sucres pour savoir si le surpoids n’aurait pas des raisons plus profondes qu’on ne l’imagine. On peut aussi tenter une hydrothérapie du colon (pensez Guillaume et les Garçons à Table… la canule, Diane Kruger, tout ça…) mais là j’ai dit non merci : j’en ai déjà fait l’expérience pour un article que j’avais écrit pour Vogue il y a des lustres… La Sha Wellness Clinic propose aussi des cures pour ceux qui ont perdu le sommeil. Et il y un médecin esthétique entièrement dévoué aux injections (encore moins mon truc !) ainsi qu’une batterie de traitements rajeunissants.

Photographie Lili Barbery-Coulon.
Le petit déjeuner du menu Kushi: une soupe miso, une micro salade de fruit, un mini bol de céréales (qui n’est pas sur la photo) avec du lait d’amande.

Passée l’adaptation au nouveau rythme alimentaire, j’ai profité pleinement de cette pause. Je ne rêve que d’une chose : y retourner mais cette fois avec une copine, histoire de ricaner en peignoir et claquettes. En trois jours, j’ai perdu un kilo que je n’ai pas repris ensuite mais j’attribue cette perte à mon arrêt du gluten et du lait de vache plus qu’à cette cure express. La moyenne de perte pour ceux qui suivent le menu Kushi est de 4 kilos par semaine, ce qui me paraît délirant. En même temps, avec un petit bouillon le soir et zéro fruit au dîner, je ne suis pas vraiment étonnée. Un conseil en tous cas : n’y allez pas en amoureux ! Ou bien seulement si vous rêvez tous les deux de prendre soin de vous. Sinon vous risquez d’entendre une plainte en continue qui pourrait vous gâcher la durée de votre séjour. Sans compter les discussions sur le colon qui risquent de flinguer la libido…

Sha Wellness Clinic, à partir de 240€ la nuit en chambre double (repas compris), cure « Discovery » sur 4 jours (incluant une heure avec un coach, deux thérapies manuelles type shiatsu ou deep-tissue massage, un massage relaxant ou drainant, un check up avec le médecin, les examens de santé, l’accès illimité aux bains thermaux, les boissons sur mesure recommandés par le nutritionniste + l’accès illimité aux activités collectives) 975€. C’est super cher mais tous les lieux équivalents dans le reste du monde pratiquent des tarifs au moins deux fois plus élevés. Sha Wellness Clinic, Verderol 5, 03581 El Albir, Espagne, Tel : +34 966 811 199, renseignements sur [email protected]