Chalet Rosière dans les Alpes
Photographie Lili Barbery-Coulon

Chalet Rosière dans les Alpes

Chalet Rosière dans les Alpes

On est arrivé dans la nuit. Il était si tard que je me suis instantanément endormie dans la voiture qui nous conduisait de la gare jusqu’au petit village des Laix à Montvalezan. J’avais le sommeil grignoté par des angoisses fugaces – des visions d’accidents de voiture traversaient mon esprit – lorsque la voiture a freiné dans la neige. Pendant une fraction de seconde, j’ai cru que nous étions sortis de la route et que mon cauchemar s’était matérialisé. En fait, nous venions juste d’arriver au paradis. Un éden glacé en plein cœur des Alpes : le Chalet Rosière.

Photographies Lili Barbery-Coulon. Le Chalet Rosière et la chambre que j’occupais pendant mon court séjour

J’ai découvert cet endroit grâce à la marque Gap qui a décidé d’y lancer sa collection de vêtements sportswear Gap Fit. Le Chalet Rosière n’est ni un hôtel, ni une simple location de vacances. C’est une maison de famille dans laquelle on voudrait rester pour l’éternité. C’est probablement ce que se sont dit Adriana et Charles Volkers, les parents de Philip Volkers, l’actuel propriétaire, lorsqu’ils ont racheté ce chalet en ruines en 1991, installé en contrebas de la station de ski Rosière (à dix minutes en voiture exactement). Originaire d’Angleterre, le couple a tout quitté pour faire sa vie dans les Alpes françaises. Disparue il y a plusieurs années après avoir lutté contre une maladie grave, Adriana Volkers a laissé cette maison à ses deux enfants. Cependant, il y a deux ans, alors que Philip Volkers, brillant photographe, menait une carrière à succès à Londres avec son épouse Alex Volkers, ancien mannequin touche-à-tout, il a été question de vendre cette maison trop compliquée à gérer depuis l’étranger. Le couple qui cherchait un alibi pour sortir de la capitale britannique a saisi cette opportunité : « Il fallait qu’on quitte la ville, on suffoquait, on avait besoin d’autre chose ». m’ont-ils confié. Ils passent alors des mois à revoir les espaces et à imaginer une nouvelle destinée à cette maison. Ils décident d’y mettre tout ce qui fait sens pour eux aujourd’hui. Du yoga, une alimentation de qualité, de la méditation, de la bienveillance dans les détails…

Photographies Lili Barbery-Coulon.
Le tipi de méditation du Chalet Rosière où l’on peut siroter un vin chaud ou une infusion au gingembre et le domaine skiable de Piccolo San Bernardo.

C’est ainsi que le Chalet Rosière a ouvert ses portes au public à la fin de l’année 2016. La maison qui contient six chambres doubles peut loger douze personnes mais on peut également réserver le bâtiment mitoyen pour quatre invités supplémentaires. Les chambres sont équipées de salles de bain privatives pour la plupart et les espaces communs débordent de livres et de dvds à emprunter mais pas de télévision dans les chambres (en même temps qui pourrait bien avoir envie de se mettre devant un écran quand on peut regarder le soleil se lever et se coucher derrière les montagnes ?). Il y a du wifi – de qualité toute relative mais suffisamment bon pour répondre à ses emails. Ce serait néanmoins dommage de venir jusqu’au Chalet Rosière pour bosser. Cette maison au service hôtelier irréprochable est l’endroit idéal pour se déconnecter.

Photographies Lili Barbery-Coulon. Le Chalet Rosière et son jacuzzi en extérieur au premier plan, le petit déjeuner et moi juste en dessous, j’ai pas l’air ravi sur cette photo, pourtant j’avais l’impression d’être sur l’Everest de la sérénité

Au programme : yoga au réveil, petit-déjeuner healthy (ou non, car toutes les options sont disponibles), ski dans la journée sur le domaine de Rosières qui mène directement sur les pistes italiennes dans la vallée d’Aoste (des pasta al dente à l’heure du déjeuner c’est mille fois plus excitant qu’une tartiflette savoyarde qu’on met vingt-quatre heures à digérer, à mon goût), yoga détente au retour du ski pour étirer les muscles ou méditation autour du feu dans le tipi, puis diner dans la salle à manger. Quelles que soient les options choisies, la maison est louée avec un service de ménage quotidien et son chef in-house qui vient préparer les petits déjeuners et les diners chaque jour. Cette cuisinière hors pair se plie à toutes les exigences – vegan, gluten free ou au contraire full Savoie – à condition de la prévenir à l’avance. Elle essaie de privilégier les produits locaux quand ils sont disponibles. Et tout ce qu’elle prépare est délicieux. Je n’aurais qu’un bémol : elle n’a pas la main légère concernant les matières grasses, même si elle cuisine exclusivement avec des huiles végétales de qualité.

Photographies Lili Barbery-Coulon: Rebecca, notre prof de yoga en Gap Fit au réveil par moins dix dehors (pieds nus, tout est normal, je vous rassure, on a fait le cours devant un feu de cheminée dans une salle dédiée) et les pancakes gluten free aux myrtilles du petit-déjeuner.

C’est amusant de voir à quelle vitesse ce couple de Londoniens branchés a réussi à attirer tous les experts anglophones du well being installés dans la région. La prof de yoga que nous avions – Rebecca Black – est une avocate écossaise reconvertie dans le yoga vinyasa et le snow board. Elle a conçu des cours de yoga spécialement pour les amateurs de glisse afin d’ouvrir leurs chakras le matin et bien savourer leur chance puis réparer les muscles endoloris en fin de journée. La masseuse qui vient sur demande est une anglaise spécialisée dans l’ostéopathie sacro-craniale et les deep tissue massages, pile ce dont on rêve après une journée de ski. J’ai testé son « deep tissue », j’avais mal dans les lombaires ce soir-là. La douleur s’est évanouie pendant le massage. Alex et Philip ont également tout un carnet d’adresses d’intervenants anglais susceptibles d’enrichir votre séjour sur place. N’hésitez pas à leur faire part de vos besoins et ils sauront s’adapter.

Ski dans la journée, yoga le soir, le paradis je vous dis. Merci à la journaliste Laetitia Paul pour cette photo
de moi en pleine action :-)(je porte des vêtements Gap Fit sur cette photo)

Quant aux chambres de la maison, elles célèbrent la simplicité, la chaleur du bois brut et la douceur de tout ce qui réconforte à la montagne. Si vous aimez le confort cinq étoiles, le room service et les baignoires à jets, vous risquez d’être déçus par le Chalet Rosière et je vous recommande plutôt l’un des palaces de Courchevel ou de Val d’Isère. Chez Philip et Alex, le luxe se lit dans les détails comme les produits de beauté bio distribués dans les salles de bain, formulés rien que pour les clients du chalet (dont une drôle de « body bar », un genre de beurre très gras avec lequel on peut aller sous la douche… un peu trop hippie pour moi mais très drôle à essayer), un panier de cadeaux savoureux dans la chambre (une boisson bio pour dormir, une barre énergétique au chocolat cru, des cartes postales et un stylo pour envoyer des mots doux à ceux qu’on aime, et ces lunettes démentielles « Love Specs » – voir la photo ci dessous – qui font apparaître des hologrammes en forme de cœur à chaque fois qu’on regarde une lumière vive à travers leur filtre), un jacuzzi bouillant en extérieur à tester absolument après une journée de ski, des discussions enthousiasmantes avec les propriétaires… Ca faisait longtemps que je n’avais pas eu un tel coup de cœur pour un espace. En deux jours et trois nuits, j’ai eu l’impression de partir plusieurs semaines en vacances. Il faut dire qu’avec neuf heures de sport (trois heures de yoga et six heures de ski) en une journée, le cerveau déverrouille toutes les tensions.

Photographies Lili Barbery-Coulon. Les petits cadeaux dans chaque chambre et la pièce où l’on peut se faire masser sur demande.

Quant à la collection de vêtements Gap Fit pour faire du yoga, elle est super bien pensée. Je ne suis pas dingue des modèles bariolés (je suis d’un ennui féroce quand il s’agit de fringues) mais les brassières sont archi bien coupées (idéales pour tout type de sport, même le ski et même lorsqu’on a une poitrine forte) et je trouve les leggins noirs unis super confortables. De toutes façons, j’ai une relation assez particulière avec cette marque, ayant bossé dans leurs magasins dans les années 90. C’est chez eux que j’ai commencé à développer ma maniaquerie Marie Kondo en pliant des murs de pulls « col cheminée » au carré. C’est chez eux que j’ai appris à remplir une to do liste et à établir mes priorités. C’est aussi chez eux que j’ai compris comment les vendeurs arrivent à vendre des paires de chaussettes pour faire augmenter leur « UPT » (unités vendues par transaction). Du coup, quand j’entre dans leur boutique de la rue de Rennes à Paris, j’ai un peu l’impression de retourner dans une maison que je connais par cœur et où j’ai encore plein de souvenirs.

Merci à Clémentine Montesano pour cette photo de moi juste après notre cours de yoga du matin. Ci dessous, photographie Lili Barbery-Coulon du domaine skiable de Rosière

L’ennui au Chalet Rosière où je rêve de retourner avec amis et enfants, c’est qu’il faut réserver la maison pour une période de 7 jours, du samedi au samedi. Cependant, contactez Alex et Philip et voyez avec eux si vous pouvez négocier un long weekend, il doit bien avoir des arrangements possibles… C’est un couple charmant, très à l’écoute, je suis certaine qu’ils auront des suggestions intelligentes.

Photographies Lili Barbery-Coulon. Chalet Rosière

Chalet Rosière, Les Laix, 73700 Montvalezan, location de la maison pour 12 pour 7 nuits à partir de 11880€ selon la période de l’année, c’est à dire 141€ par personne et par jour. Ce prix comprend : le transfert de la gare de Bourg Saint Maurice (20 minutes de trajet en voiture) aller et retour, les transferts quotidiens pour aller skier et rentrer au chalet (10 minutes de Rosière mais vous pouvez également aller skier sur Tignes ou Val d’Isère, c’est juste plus loin), les sept nuits en chambre double, tous les petit-déjeuners, quatre dîners savoyards servis avec du vin (mais vous pouvez composer les menus à votre guise), le goûter quotidien avec un gâteau fait maison, une coupe de champagne à l’arrivée, le ménage et la conciergerie, ainsi qu’une réduction de -20% sur la location des skis. Ce prix n’inclut pas les forfaits de skis, les déjeuners dans la station le midi ni les cours de yoga. La formule « well being » qui comprend huit heures de yoga dans la semaine et quatre diners healthy est à partir de 12 660€ pour 12 pour un séjour de 7 nuits. Une blinde ? Pas si l’on compare les services proposés au Chalet Rosière avec le tarif d’une semaine au ski dans un appartement minuscule où l’on doit faire les courses dans une superette aux prix délirants et faire à manger après une journée de ski… Ca sent le vécu ? Si peu !