Chez Lesage Intérieurs à Chennai
Photographie Lili Barbery-Coulon

Chez Lesage Intérieurs à Chennai

Chez Lesage Intérieurs à Chennai

Et Glou et glou et glou… Non je n’essaie pas d’imiter Nemo. Je ne me suis pas non plus mise à l’alcool. Mais une chose est sûre : j’évolue actuellement en apnée. Et ça ne va pas s’arranger dans les jours qui viennent. Donc ne m’en voulez pas si je manque un peu de régularité sur Ma Récréation. Aujourd’hui, je vous embarque en Inde, à Chennai (qu’on appelait avant Madras) où je suis allée en novembre 2014. J’ai eu le privilège d’aller visiter les ateliers de broderie Lesage Intérieurs. Ouverte il y a une vingtaine d’années par Jean-François Lesage – le fils du célèbre brodeur François Lesage, cette maison nichée au milieu des arbres réalise des broderies pour des décorateurs du monde entier : Muriel Brandolini, Jacques Grange, Peter Marino… Mais aussi pour quelques créateurs de souliers comme Christian Louboutin. Tout ce qui concerne la mode et en particulier la haute couture est cependant fabriqué à Paris dans les ateliers Lesage Paris.

Photographies lili barbery-coulon

Ce qui est frappant quand on arrive dans cet atelier indien, c’est le silence. Chacun est affairé, assis au sol devant d’immenses métiers, une aiguille à la main. Pas question d’avoir l’œil rivé sur son téléphone pendant qu’on manipule des cristaux aussi minuscules, des perles microscopiques et du fil d’or. Ce qui se déroulait sous mes yeux était si spectaculaire que j’avais envie de tout photographier. Je ne savais même plus où poser mon regard tellement j’étais émerveillée. Mais chez Lesage Intérieurs, on respecte trop les créateurs pour laisser les journalistes de passage mitrailler leurs œuvres. On m’a donc demandé de me restreindre et de ne pas capturer de travaux encore confidentiels. Ce que j’ai fait.

Photographies lili barbery-coulon

L’atelier accueille plusieurs dizaines de brodeurs. Tous sont payés dignement. L’atelier va d’ailleurs bien plus loin puisqu’il aide ses employés à financer les études de leurs enfants. Au rez-de-chaussée, des hommes installés côte à côte réalisent des broderies sur des toiles qui deviendront demain les rideaux d’un palace ou d’un château en pleine restauration. A l’étage, sous les néons qui font encore monter la moiteur ambiante, on pique inlassablement des perles dans une chorégraphie synchronisée à la perfection. Sur le bureau de Jean-François Lesage et de ses ateliers, des livres, des échantillons, des flacons de perles… Et puis cette pièce magique derrière l’escalier au rez-de-chaussée où l’on entrepose des kilomètres de fils à broder, dans toutes les couleurs imaginables… J’aurais voulu rester des heures et me nicher à côté de ces artisans du beau pour apprendre à les imiter. Pourquoi est-ce que cela m’émeut autant ?

Photographies lili barbery-coulon.
Sur cette dernière photo en bas, vous verrez une brodeuse qui pique le papier calque de petits trous réguliers pour en faire un pochoir délicat

On nous a raconté comment on passait du motif commandé par le créateur au dessin sur calque. Ensuite, on fait sur ce calque de minuscules trous avec une aiguille sur le motif. Je croyais bêtement que cela servait à marquer les endroits où les perles doivent être brodées. Pas du tout. En fait, on place ce calque troué sur le tissu qui doit être brodé, puis on étale une pâte blanche sur le calque. La matière va passer à travers les minuscules trous et s’imprimer subtilement sur le tissu. Comme un pochoir en fait. Ensuite, on se met à broder sur le motif imprimé à la pâte blanche, tendu sur un grand métier.

Photographies lili barbery-coulon. Regardez l’élégance et la tenue de la jeune femme qui nous a fait visiter les lieux. En dessous, les perles qui se trouveront peut être un jour sur l’un de vos souliers Louboutin.

Pour moi qui ne crois pas en Dieu, ce lieu est bien plus spirituel que n’importe quel temple. L’idée que les hommes soient capables de créer autant de beauté me console de tout. Et surtout de l’horreur dont on est abreuvé matin midi et soir en ce moment.

Photographies lili barbery-coulon. En haut les plantes sur la terrasse des ateliers, en bas, la cave à trésors…

Alors voilà, je voulais depuis longtemps vous embarquer à Chennai avec moi mais j’ai mis un temps fou à trier plusieurs centaines d’images… J’espère que ça vous plait. Et comme vous l’attendez tous, voici les résultats du concours Glossier. Les dix gagnants sont : Louise, Augustin et Augustine, Raphaële, Léa Stefanelli, Eglantine, Mathimoa, Sophie, Aloÿse, Ma fine bouche et Selma. C’est moi qui vous envoie un email pour avoir votre adresse, donc pas de panique si vous êtes plusieurs à vous appeler Sophie ou Louise dans les commentaires, je sais qui sont les gagnantes et je vous contacte d’ici ce soir. Merci mille fois pour la qualité de vos commentaires. J’ai appris plein de choses grâce à vous et je vais aller tester tout ce que vous avez conseillé. Merci merci merci !

Photographie lili barbery-coulon