Pas si virtuelle

Pas si virtuelle

Pas si virtuelle
Photographie Lili Barbery-Coulon. Tasse et soucoupe signées Astier de Villatte
Mon entourage se fait du souci pour moi. Enfin, surtout pour mon addiction à Instagram-mon-ordi-Google-mon-Iphone-que-je-ne-quitte-jamais-Twitter-Facebook-ma-boite-mail… Ces nouveaux outils m’ont-ils transformée en sociopathe ? Certes, j’ai quelques difficultés à laisser mon téléphone à plus de 20 centimètres de moi, hormis à l’heure des repas en famille (je me force). Je ne fume plus depuis 7 ans, je ne me drogue pas, je ne bois quasiment jamais d’alcool mais je commence chacune de mes journées en checkant mon appli Instagram (au cas où, bien sûr, une photo d’une importance capitale serait apparue pendant mon sommeil. Je sais, c’est pathétique). Cependant la caricature qui consiste à dire que « ah, c’était mieux avant » et que « les gens ne se parlent plus », « qu’internet a bousillé les relations humaines » et « qu’on ne vit plus que dans le virtuel » est INSUPPORTABLE. Car elle est fausse. Grâce à ce blog et aux réseaux sociaux, je n’ai jamais rencontré autant de créateurs et de talents. En m’intéressant aux autres blogueuses, comme Mai Hua ou Lisa Gachet, je me suis fait de véritables amies dont je ne peux plus me passer. En postant mes photos sur Instagram, j’ai retenu l’attention de jeunes créatrices qui m’ont à leur tour invitée à découvrir leur travail, à l’instar de Sarah Stagliano et Fanny Boucher. Je reçois des emails du monde entier, de françaises expatriées ou d’étrangères fans de Paris. Lorsqu’elles s’aperçoivent que je traverse la ville où elles habitent, elles me proposent de prendre un café, me livrent leurs bons plans. Je ne peux même plus comptabiliser toutes les rencontres issues d’Internet depuis que j’ai créé ce blog il y a trois ans. Avant l’été, j’ai ainsi reçu un email hyper enthousiaste de Nadège Fougeras, une internaute. Editrice d’objets littéraires pour Ipad et auteur, elle venait juste de mettre au monde un bébé qu’elle voulait me présenter : un livre numérique au sujet de Tokyo. Son message était suffisamment drôle pour m’intriguer et nous nous sommes retrouvées chez Claus. Juste à côté de nous, deux japonaises buvaient délicatement du thé pendant qu’on gloussait bruyamment en mettant des miettes partout sur la table. Ce sont ces différences culturelles qui passionnent Nadège. Expatriée à Tokyo pendant quelques années, elle se met à écrire de longs emails à ses copines pour leur raconter ce qui la choque et l’amuse au Japon. Ses messages sont si poilants que son entourage se met à les transférer. Si bien qu’un jour, un inconnu lui parle de cette « fille hilarante qui parle de son quotidien au Japon ». Elle réalise alors qu’elle a plusieurs centaines de lecteurs et, une fois rentrée en France, elle décide de rassembler ses textes, ses photos et ses vidéos pour en faire un livre. Elle contacte des japonaises à Paris afin qu’elles disent à leur tour ce qui les a le plus surprises lorsqu’elles se sont installées en France. Et elle produit un objet numérique à double entrée (Paris vu par les japonaises, Tokyo vu par les françaises). Un ovni à picorer sur Ipad, truffé de vidéos, de gifs, de sons et de photos. Les éditions Hachette viennent d’en publier une version papier qui s’appelle Paris-Tokyo Allo La Terre dans lequel on retrouve les points de vue opposés des Japonaises et des Françaises. C’est formidable les rencontres 2.0, non ?

Paris-Tokyo Allo La Terre de Nadège Fougeras, 16€ sur Amazon, aux Editions Hachette. Application Ipad Allo La Terre aux Editions Merveilleuses, 5.49€