Girl Empowerment
photo inside/out Paris

Girl Empowerment

Girl Empowerment

Comme beaucoup de filles, je suis issue d’une famille où les femmes – mes grand-mères – ont grandi en apprenant à se soumettre à la volonté des hommes. Chacune à leur manière et dans des milieux sociaux très différents, elles ont beaucoup souffert de cette domination dont elles n’avaient pas toujours conscience. Ma grand-mère maternelle était tellement convaincue qu’il valait mieux être un homme qu’une femme qu’elle me disait quand je préparais mon bac : « Etre enceinte, c’est un peu comme passer un examen. Si tu as un garçon, ça veut dire que tu as réussi. Si tu as une fille, c’est que tu as échoué ». Elle me le disait sans ciller, sachant que j’étais une fille, et devant ma mère, sans même se rendre compte du caractère insupportable de sa remarque pour nous trois. Du côté de ma grand-mère paternelle que j’adorais, l’environnement bourgeois et éduqué dans lequel elle évoluait ne l’a pas épargnée des humiliations. De ces histoires lointaines, j’ai hérité une soif de justice et d’égalité entre les sexes qui m’a souvent causé quelques problèmes. Comme le jour où je me suis opposée à ma maitresse de CE1 qui exigeait que les feuilles d’examens soient d’abord distribuées aux garçons. J’avais 8 ans et je me suis pris une gifle en criant : « C’est injuste de favoriser les garçons qui ont plus de temps que nous pour réfléchir à leurs réponses ». Ce n’était que le début de ce qu’on a progressivement qualifié chez moi de « grande gueule » ☺ et qui ne m’a jamais quitté.

Lauren Bastide, Photographie @La Poudre

Ancienne rédactrice en chef du magazine Elle, ex chroniqueuse télé pour Le Grand Journal, Lauren Bastide vient de lancer un podcast qui s’appelle La Poudre. Vous avez sans doute déjà entendu parler de ce projet qu’elle lance le 1er décembre 2016, car toute la presse en ligne en parle déjà. En juin dernier, elle venait de quitter Canal Plus avec un grand soulagement et elle m’a parlé de ce qu’elle était en train de créer. Elle était surexcitée à l’idée d’entamer une discussion bimensuelle autour du féminin, de sa construction, de ce qu’il recèle de plus intime, de ses signes particuliers et universels. Au fil des semaines, elle va interroger des femmes célèbres, réalisatrices, députées, blogueuses, auteures, militantes… Une conversation de 35 à 55 minutes à écouter pile quand on le choisit. Un dialogue entre deux femmes qui bouscule et nous pousse à nous questionner à notre tour sur la manière dont nous avons bâti, ou non, notre féminité. Vous pouvez vous abonner dès aujourd’hui à son podcast ici et vous inscrire à la newsletter juste ici. Et si vous aimez le foot, la société de production de podcasts que Lauren a fondée avec le journaliste Julien NeuvilleNouvelles Ecoutes – lance simultanément le podcast Banquette. Ils en sont convaincus : les podcasts vont révolutionner l’information et le divertissement. Et en prime c’est gratuit!

Le logo du nouveau podcast de Lauren Bastide,
dessiné par Artus de Lavilléon

Parallèlement, une autre de mes amies a lancé la semaine dernière un site internet qui s’appelle Inside Out. C’est un hasard, mais Alison Beckner (dont je vous ai déjà parlé dans mon article sur le yoga kundalini) est très proche de Lauren Bastide. Ca m’amuse de les réunir dans le même post sur mon blog. Alison est une américaine expatriée à Paris. Elle est dingue de sport, d’alimentation healthy et de bien-être au sens large. Elle a d’ailleurs une agence – Scout – qui s’occupe de faire la promotion des talents issus du milieu du sport et du wellness. Il y a quelques mois, elle s’est rapprochée de Jessica Boukris (une pro du marketing et de la communication digitale qui bosse actuellement au développement du magazine Cheek) et ensemble, elles ont eu l’idée de composer une plateforme dédiée aux domaines qu’elle trouvait laissés pour compte sur le net. Bien sûr, il existe beaucoup de blogs dédiés au fitness et au régime drastique mais ce sont souvent des modes de vie impossibles à dupliquer dans la vraie vie. D’ailleurs, le sport a longtemps été caricaturé. Quand j’étais au collège, puis au lycée dans les années 1990, c’était complètement ringard d’aimer l’EPS. On faisait tout ce qu’on pouvait pour sécher ces deux heures de cours hebdomadaires (oublier ses baskets, avoir trois fois ses règles dans le mois…). Mon monde se divisait entre les intellos qui aimaient les groupes de rock alternatif et les sportifs, comme s’il était impossible de créer un pont entre les deux. C’est finalement à la fac que j’ai commencé à ressentir le besoin d’avoir une activité régulière. L’an dernier, pour M le magazine du Monde, j’ai pondu une grande enquête sur le sport à outrance qui illustre le changement de paradigme qui n’a pas échappé à Alison et Jessica. Aujourd’hui, le sport n’est plus réservé à une catégorie sociale ou intellectuelle, ni même à un genre. Il est devenu un style de vie à part entière. Derrière une activité physique pratiquée avec plaisir, d’autres prises de conscience apparaissent. La quête d’un épanouissement, la recherche de bon sens dans l’assiette, le besoin de se rapprocher de soi. Evidemment, le sport nourrit aussi une soif de performance et une obsession pour la santé qui illustrent bien nos angoisses d’aujourd’hui. En tous cas, Jessica et Alison ont bien l’intention de nous faire découvrir des femmes qui ont trouvé dans l’exercice une nouvelle manière de vivre qui leur convient. Allez faire un tour sur le site hyper beau, il donne envie d’aller à la piscine (et je vous assure que de ma part, ce n’est pas rien).

Photographie Corinne Stoll pour Inside Out

Je suis persuadée qu’on a beaucoup à gagner à se soutenir entre femmes. Trop souvent, au travail, dans nos cercles privés, parfois même dans la rue, les femmes sont les premières à flinguer leurs homologues. Il est temps que nous apprenions à faire exactement le contraire. Et je suis certaine que ces thèmes déjà importants aujourd’hui vont devenir centraux dans les années qui viennent…

Photographie Corinne Stoll pour Inside Out

Ps: voici les résultats du concours Une Journée Parfaite (non non je ne vous avais pas oubliées!). Les dix gagnantes sont: Diane Denoyelle, Emli, Marion Berranem, Emmanuelle de Pétigny, Alice François, Carla Van Hoove, Mamaou (Viret), Sylvie (sytelemark), Virginie Delumeau, Prune (desjardinclaire). Merci de m’envoyer vos adresses par email à [email protected] Merci à toutes les autres participantes qui m’ont laissé des commentaires géniaux, j’ai adoré vous lire, you made my day! xxx