Un goûter « Koh Lanta »
Photographie Lili Barbery-Coulon

Un goûter « Koh Lanta »

Un goûter « Koh Lanta »

Dieu merci (dit la fille qui ne crois pas en Dieu), le mois de septembre est enfin arrivé à sa fin. Il s’est clôturé en feu d’artifice pour ma part puisqu’hier, on a fêté les 8 ans de ma fille avec ses copains. Si vous me suivez sur Instagram et que vous savez que je l’ai emmenée à Disneyland passer un weekend il y a deux semaines, vous devez vous dire : enfin, pourquoi faire un goûter après lui avoir mis Disney sur un plateau ? MAIS OUI POURQUOI !!! J’avais pourtant rudement bien négocié quatre mois plus tôt : « C’est soit Disneyland avec une copine soit une fête d’anniversaire mais pas les deux, c’est bien compris ? ». Une négo toute pourrie puisque réduite en miettes en juin dernier au moment de dire au revoir à ses copines d’école, l’enfant déclarait la larme à l’œil : « C’est trop triste, je ne vais plus jamais voir mes copains quand on aura déménagé dans le nouvel appartement et j’aurais tellement aimé avoir un goûter d’anniversaire ». Totalement manipulée par ce chantage affectif, j’ai cédé en précisant qu’on « ferait simple » cette année, pas « d’atelier reine des neiges » ni de gâteau sur mesure de Chez Bogato… Ma progéniture a alors trouvé l’idée du siècle : « Ben oui, on n’a qu’à faire un anniversaire Koh Lanta avec deux équipes et des épreuves de confort »… On récolte ce que l’on sème : ne laissez JAMAIS vos enfants regarder cette émission car ils finiront par vous demander de vous déguiser en Denis Brogniart et de ramper avec eux dans le bac à sable !

Photographies Lili Barbery-Coulon: avant la bataille, les filles accrochées à notre grille qui surveillent l’arrivée des garçons, la table décorée avec les merveilles de My Little Day, vaisselle Astier de Villatte et Aurélie Dorard, cloche en verre Ikea

Hier matin, ma journée a donc commencé à 6h, histoire de bosser un peu et de réfléchir aussi à ce qu’on allait bien pouvoir faire faire aux dix petits chéris l’après-midi même. A 6h45, l’enfant déboulait surexcitée inventant de nouvelles épreuves avec hélicoptère et serpents venimeux. J’étais déjà épuisée avant d’avoir petit-déjeuner et j’ai du avoir une réponse cinglante du genre « ARRÊTE DE ME PARLER D’HÉLICO, TU M’ANGOISSES, LA VIE C’EST PAS LA TÉLÉ BON SANG ET NON DENIS BROGNIART NE VIENDRA PAS CET APRÈS MIDI, PAS PLUS QUE JEFF LE MARSEILLAIS ». Huit heures plus tard, la table dressée sur un thème tropical, une pièce montée réalisée avec deux gâteaux au yaourt et une ganache au chocolat (la recette est juste ici), un autre gâteau au chocolat (au cas où il y aurait des relous qui diraient « j’aime pas le gâteau au yaourt ») dans le four, on avait à peu près élaboré les différentes épreuves qui devaient nous occuper de 15h à 18h. On a quitté la maison à 15h15 avec les neuf fauves réunis et on s’est cassé les dents sur la porte du jardin qu’on avait prévu de squatter : « fermé pour trois semaines pour travaux ». Léger moment de panique mais qu’à cela ne tienne, on s’est rabattu sur l’autre parc un peu plus loin. On a commencé par la constitution des équipes pendant que tout le monde hurlait « moi j’veux pas être dans l’équipe des filles » « moi j’veux pas être avec machin » « moi j’veux être capitaine » « moi je trouve ça nul koh lanta » « c’est quoi koh lanta ? »… J’avais déjà les cordes vocales déglinguées par mes nombreux « alors les enfants ECOUTEZ MOI ! » et les « ARRÊTEZ DE ME FAIRE HURLER BON SANG ON NE S’ENTEND PAS » tandis que mon mari tentait de réconforter une petite qui ne voulait pas du tout jouer. 15h31… il nous restait 2h30 avant la délivrance !

Photographie Lili Barbery-Coulon

Le tirage au sort des équipes avec des billes dans un pochon a eu lieu, trois enfants ont sangloté parce qu’ils n’étaient pas avec leurs copains, on a rebidouillé les équipes pour stopper les torrents de larmes et on leur a distribué leurs foulards. « Pourquoi il n’y a pas de foulards jaunes ? » Parce que j’avais pas de tissu jaune à la maison et que le vert, et ben c’est super le vert. « Moi je veux pas être dans l’équipe des verts, je veux être avec les rouges »… A 15h36, les deux équipes étaient finalement formées, leur nom trouvé et leur cri de guerre aussi. On a commencé par une course de relais (on avait embarqué deux peluches en guise de totem), puis on a enchainé avec une épreuve d’adresse (faire une course en tenant une balle posée dans une cuillère à soupe), une course dans des sacs de pomme de terre (pas mal de mômes à terre) et une épreuve culinaire où je leur ai demandé de manger du roquefort, de la roquette, un morceau de carotte crue et un radis. Ma fille est allée si vite qu’elle a tout vomi devant nous (carambars et chamalows engloutis juste avant compris). Ce qui a eu le mérite de faire rigoler ses parents et tous ses amis.

Photographie Lili Barbery-Coulon… L’épreuve de survie du Playmobil

Puis, on leur a proposé une « épreuve de survie » : chaque équipe devait construire une cabane pour un playmobil en allant ramasser des brindilles dans le jardin « ET SANS ARRACHER LES FLEURS MERCI ». Pendant que l’anniversaireuse tyrannisait ses copines en aboyant « NON C’EST MOI QUI FABRIQUE, VOUS, VOUS ALLEZ CHERCHER DE QUOI FAIRE LA CABANE », les garçons jouaient les architectes avec un vieux papier en guise de toit et trois bâtons de sucette. A la fin du chrono, nous (mon mari et moi) devions départager les deux équipes et malgré un réel effort des verts, j’ai dit « Bon, ben je crois que c’est clair, cette cabane est un peu plus fournie, je donne donc le point aux rouges ». J’avais oublié qu’un enfant de 8 ans n’est pas prêt à autant d’honnêteté de la part des adultes qui habituellement ne cessent de lui répéter « whaouuuu il est génial ton dessin » ou encore « mais bien sûr qu’il existe le Père Noël et qu’il passe à travers la cheminée avec de la poussière magique ». Perdre en courant, passe encore, mais pas sur une foutue cabane. J’ai senti la tristesse et la déception submerger l’un des invités pendant que les rouges continuaient à crier « on a gagné, on a gagné, on a gagné ! ». Il n’était que 16h23. Surtout ne pas se décourager. Surtout ne pas perdre le fil. On a enchainé avec une course en sacs où j’ai fini de perdre ma voix « MACHIN NE FAIS PAS DE CROCHE PATTE À BIDULE C’EST HYPER DANGEREUX ».

Photographies Lili Barbery-Coulon: avouez que la cabane ci dessus est plus jolie que l’autre, nan? Photo du dessous: les sacs de pomme de terre que vous trouverez sur le site de My Little Day

Après, on a eu la riche idée de leur proposer l’épreuve « à l’aveugle ». On bande les yeux d’un enfant et son binôme doit le guider avec sa voix en criant les directions afin qu’il retrouve une peluche déposée au sol à une vingtaine de mètres. J’avais oublié qu’à 8 ans, la droite et la gauche restent des concepts approximatifs et que « tout droit » signifie pour eux « marche en crabe » et que « stoooooooooop » veut dire « fonce en courant sur la vieille dame devant toi ». Mes cordes vocales n’étaient évidemment plus capables de la moindre vibration. 16h45, nous sommes rentrés à la maison pour le goûter. Des heures à préparer des gâteaux, une jolie table, à gonfler des ballons anéanties en 15 minutes chrono. « Moi j’aime pas le gâteau au chocolat, il est trop mou » « Y’a pas de coca ? Moi j’veux du coca, j’aime pas le jus d’orange » « Y’a plus de jus d’orange ? J’aime paaaaas le jus de pomme ». Trois verres de jus collant renversés au sol plus tard, on a laissé les enfants redescendre dans la cour de l’immeuble. Pendant deux minutes, on s’est imaginé qu’ils jouaient tranquillement à chat perché. On les regardait par la fenêtre, ils étaient drôlement mignons. Et puis ma fille a eu l’idée de lancer un concours du cri le plus strident. On s’est donc résigné à animer cette fête jusqu’au bout : un deux trois soleil « nan mais c’est pas juste, j’veux pas retourner au poulailler, j’ai pas bougééééé », jeu de mimes « mais c’est nul d’imiter un flamand rose, machin, il a trop de chance, il a eu éléphant, c’est fastoche », jeu de la momie (il s’agit d’enrouler le plus vite possible un couple d’enfants avec du papier toilette, ça vous occupe un bon 5 minutes + 2 minutes en plus de cris de joie au moment où ils déchirent tous les lambeaux). Dix minutes avant la fin, on a organisé la distribution des cadeaux (un truc appris grâce aux fées de My Little Day : l’enfant célébré s’assied, il ferme les yeux et doit reconnaître l’invité qui vient lui offrir son cadeau en imitant une autre voix. Chaque enfant s’extasie sur les cadeaux et BIM BAM BOUM il est l’heure pour les parents de venir récupérer leurs petits !

Photographie Bastien Coulon. Observez bien la tronche de la mère qui n’a pas eu le temps de se maquiller ni de se laver les cheveux et qui rêve secrètement d’une ile déserte. RAVI DE LA CRÈCHE

Je ne sais pas comment font les autres pour rester zen. Moi je suis certaine que j’ai terrorisé tous les copains de ma fille avec mes hurlements. Une fois seule dans le salon, j’ai eu une sensation jouissive : ça y est, c’était enfin fini, j’allais pouvoir m’écrouler dans mon canapé et ne plus penser à rien. C’est alors qu’une petite voix s’est exclamée « L’année prochaine, j’aimerais bien faire une pizza party ou bien un cours de pâte Fimo, ou juste une soirée filles en pyjama, sinon on pourrait aller au ciné, je me disais qu’on pourrait regarder des dvds et dormir toutes ensemble dans ma chambre… » KILL ME NOW !

Photographies Lili Barbery-Coulon

Et vous, comment gérez-vous les anniversaires de vos mômes ?