Atelier boxe parent-enfant au Noble Art Club
Photographie Lili Barbery-Coulon

Atelier boxe parent-enfant au Noble Art Club

Atelier boxe parent-enfant au Noble Art Club

Ouuuuuh comme la semaine dernière a été difficile. Je ne sais pas comment vous tenez face à la violence exprimée dans les médias et sur les réseaux sociaux depuis le 23 avril. Heureusement que j’ai le yoga kundalini et la méditation pour retrouver mon centre et observer mes émotions avec un peu de distance. Ces derniers jours, j’ai retrouvé une grande tristesse, un sentiment familier déjà éprouvé en 2015, après les attentats de Charlie Hebdo puis en novembre au moment des attaques au Bataclan et sur les terrasses parisiennes. Un chagrin profond. Archaïque, ancré dans mes cellules. Un chagrin qui me renvoie à mon histoire familiale. Je n’arrive pas à être en empathie avec la haine de l’autre exprimée avec autant de brutalité. Et je supporte mal de ne pas réussir à me mettre à la place de ceux avec qui je suis en profond désaccord, car il s’agit, à mon sens, d’une condition indispensable pour se comprendre et avancer.

Photographie Lili Barbery-Coulon

Mon chagrin n’est pas venu seul. Il s’est accompagné d’une colère opaque. Mercredi soir, pendant mon cours de yoga, la rage qui était dense s’est fissurée. Un infime rayon lumineux l’a transpercée. J’ai compris à quoi elle me renvoyait. Et je suis sortie du cours nettement plus détendue. La période est difficile et l’on est condamné à trouver des moyens de faire sortir la colère qu’elle génère. Peu importe la manière, qu’elle soit spirituelle, sportive, méditative. L’effort physique me semble un exutoire très efficace pour commencer. Et ça ne vaut pas que pour les adultes. Les enfants absorbent nos peurs et nos colères en écoutant nos discussions, même lorsqu’ils sont couchés. Eux aussi parlent politique dans la cour de récré, défendent la position de leurs parents avec vigueur et sont les rois de l’alternative fact qu’il faut ensuite « désosser » une fois de retour à la maison. Il y a quelques semaines, j’ai testé un cours parent enfant très particulier au Noble Art Club, une salle dédiée à la boxe située dans le 17e arrondissement à Paris. Et je me suis dit que c’était le moment idéal pour vous en parler histoire de vous inciter à aller vous défouler avec vos petits et décharger toutes les tensions accumulées ces derniers jours.

Photographie Lili Barbery-Coulon

Installé au fond d’un immeuble moderne de l’avenue de Wagram, le Noble Art Club est insoupçonnable. On entre par une salle où se trouve le ring et quelques accessoires pour apprendre à augmenter sa coordination. La pièce n’est pas éclairée par une fenêtre mais l’escalier qui la traverse mène vers une verrière gigantesque. Au premier étage du club, sont installés des vestiaires assez luxueux, un coin cuisine et un bar pour se poser après son cours de boxe, quelques canapés et une grande salle d’entrainement sous la lumière naturelle de la verrière. Dans le canapé, Jean-Yves Davison nous attend, l’œil souriant et la poignée de main ferme. Cet ancien champion de kick boxing et de boxe thaï a mis au point une méthode avec une spécialiste de l’enfance afin d’apprendre aux petits à « contrôler leurs émotions, développer leur concentration et leur esprit d’initiative ». Il donne des cours réservés aux enfants mais il a aussi créé une activité parent-enfant qu’on peut partager à deux. Le but : « apaiser les tensions, se dépenser et renforcer les liens ». Je crois que j’avais envie de cocher toutes les cases, me trouvant bien souvient plus proche du sketch de Florence Foresti (« la base de mon éducation repose sur deux piliers : crier et courir » versus les « mamans calmes »).

Photographie Lili Barbery-Coulon

Le cours commence par un petit parcours : chacun à son tour, on doit sauter à cloche-pied dans des cerceaux, éviter des obstacles, faire la course l’un contre l’autre… Les battements cardiaques s’accélèrent au fil des : « Allongez-vous sur le ventre et hop relevez-vous, sautez et allongez-vous, recommencez… ». Ma fille était ravie de me mettre une raclée en rapidité, sautillant comme un petit singe au milieu des obstacles. Moi, pas peu fière de montrer qu’il faut quand même un peu de concentration pour rester debout en équilibre sur une demi sphère. Une fois l’échauffement terminé, les choses sérieuses commencent… sur le ring, un étage en dessous.

Photographie Lili Barbery-Coulon

Ma fille était trop contente d’enfiler des gants de boxe, elle comptait bien se défouler sur moi pour me faire payer les « non tu ne peux pas te faire percer les oreilles », « non tu ne peux pas t’enchainer un deuxième dvd, tu dois éteindre l’écran », « non tu ne peux pas prendre mon téléphone pour jouer sur Snapchat alors que tu n’as pas terminé ta fiche de lecture ». Tous ces « non » qui les frustrent et qui façonnent aussi leur détermination et éduquent leurs désirs. Jean-Yves nous a d’abord demandé de frapper sur des numéros en nous demandant des combinaisons de plus en plus compliquées. Puis, on a frapper contre un bras circulaire en prenant soin de ne pas se le prendre dans la figure. On apprend à esquiver, à se baisser, à se protéger, à mettre des coups au bon moment. Moi qui n’ai jamais rien compris à la boxe, je dois avouer que j’ai trouvé ça jouissif.

Photographie Lili Barbery-Coulon

Ensuite, pour le plus grand plaisir de ma fille, nous sommes montées sur le ring. Moi j’avais du mal à me concentrer sur autre chose que l’odeur insupportable de mes gants de boxe (les mordus apportent tous leurs propres gants, ces gants sont prêtés par le club mais étant en cuir, il est très difficile de les nettoyer, or les mains transpirent énormément…). J’étais focalisée sur cette senteur détestable, ma fille n’a pas hésité à m’en coller une alors que je baissais ma garde. On a ri ! Elle était déchainée. On a transpiré. On s’est défoulé. Et on est ressorti soudées, heureuses d’avoir partagé ce moment ensemble. Ce qui n’a pas empêché ma fille de me dire sur le trottoir : « bon et maintenant on fait quoi ? » comme si j’étais à moi seule le centre de loisirs du 9e arrondissement de Paris. J’ai répondu : « Ben on fait rien. On profite. C’est déjà pas mal ».

Photographie Lili Barbery-Coulon

Noble Art Club, 135 avenue de Wagram, Paris 17e, Tel : +33 1 47 54 91 95, atelier duo parent-enfant sur demande et sur rendez-vous uniquement en tête à tête avec un coach : 85€. Ateliers pour les 3 à 6 ans le dimanche matin, sur rendez vous (limité à 8 enfants) 35€ le cours pour l’enfant, 30€ le cours pour le parent dans une autre partie du club (ce n’est pas un atelier où l’on suit le cours ensemble). Cours enfants 6-13 ans les mercredis à 15h et les samedis à 10h, sur rendez vous, 35€ le cours.