Recycler, replanter, partager
Photographie Lili Barbery-Coulon

Recycler, replanter, partager

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Je vais encore faire la promotion d’Instagram. Vous allez finir par croire que je suis payée pour le faire (I wish…). Comme je vous le disais hier, lorsque nous étions à Kyoto, nous sommes passés à la maison du thé Kodo Kan où se déroulait l’une des expositions du festival Kyotographie. Plusieurs photographes sélectionnés par M le magazine du Monde y présentaient leur travail. Et tout au fond de la pièce, j’ai aperçu une drôle de lampe qui a capté toute mon attention. Une suspension en verre dont l’ampoule éclairait un jardin minuscule. Vivant. Eclatant de beauté. J’ai tout de suite demandé si je pouvais le photographier. On m’a répondu que c’était interdit avec l’embarras qui caractérise un japonais obligé de dire non. Heureusement, il y avait quelques cartes de visite à côté de l’œuvre. Dès que j’ai pu, je suis allée voir le site internet replanter.com où le jeune créateur Aki Murase renvoie vers ses comptes Facebook et Instagram. Je me suis abonnée à ses photos et je lui ai fait la demande, en guise de commentaire, de le rencontrer le jour même (nous repartions le lendemain).

Photographie lili barbery-coulon.
Aki Murase en plein travail

Aki Murase est allé voir mon profil Instagram, a regardé mes photos, puis mon blog dont je donne l’adresse url. Il a compris que j’étais journaliste et la mention du M a agi comme un sésame. Il faut dire que notre directeur de création, Eric Pillault, maniaque du Japon, venait de passer dix jours à rencontrer tous les exposants du festival Kyotographie. L’artiste m’a proposé de me recevoir le soir même. Et nous sommes partis en famille à la recherche de son tout petit studio.

Photographie lili barbery-coulon

Première surprise à l’entrée : sa colocataire parle parfaitement bien le français. Quant à Aki, il maitrise l’anglais ce qui nous a permis d’échanger longuement dans son atelier. On tient à peine à trois dans son espace de travail qui ressemble à un cabinet de curiosités autant qu’à un laboratoire. On y trouve des vinyles de Bebel Gilberto, des outils de toutes sortes, des sphères de verre sur des étagères et des boutures de plantes sur le rebord de la fenêtre. Tout se recycle, rien ne se perd. D’ailleurs, sur son site, le créateur écrit en introduction : « Je veux interroger la société de consommation, mon travail propose une nouvelle méthode de recyclage qui réunit toutes sortes de plantes, de matériaux jetables et d’artéfacts. Ainsi « les objets vivants = Re :planter » proposent de nouvelles formes de vie à Kyoto ».

Photographie lili barbery-coulon

Je lui ai demandé quelle était sa formation, s’il avait fait les Beaux-arts ou bien des études de jardinage. « Ni l’un, ni l’autre, je suis autodidacte » m’a-t-il dit avec son petit chapeau qui lui faisait un visage d’enfant. Il nous a montré des tonnes de créations en cours, en nous expliquant comment prendre soin de ses jardins zen. Chaque lampe est d’ailleurs vendue avec un kit d’outils qu’il a mis au point, y compris une éponge avec un manche long et incurvé pour humidifier et nettoyer les parois de la sphère. Car il s’agit bien d’un objet vivant dont il va falloir prendre soin pour le faire grandir et durer le plus longtemps possible. Re:planter garantit une durée de vie d’un minimum de deux ans. Il m’a montré des images de personnes qui ont réussi à maintenir en vie des plantes pendant plus de 50 ans, à l’intérieur de systèmes équivalents à celui-ci.

Photographie lili barbery-coulon

On a failli en acheter une. Mais c’était impossible à transporter en avion. Je ne rêve donc plus que d’une chose : qu’une marque ou qu’un concept-store l’invite à Paris pour faire des performances sous nos yeux avec des variétés locales. Come on, we need Re:planter in Paris !

Photographie lili barbery-coulon