C’est quoi le christmas spirit?
Photographie Lili Barbery-Coulon

C’est quoi le christmas spirit?

C’est quoi le christmas spirit?

Ce weekend, mon amie Carine Bizet, journaliste au Monde et pointilliste de la mode, a posté sur Instagram une photo hilarante d’un chaton suppliant, accompagné de la légende suivante : « Please, please stop that Christmas Fever Shit ! ». Pendant des années, Noël a été pour moi la fête la plus déprimante de l’année. La célébration de la solitude et du naufrage familial. Aujourd’hui, c’est l’excitation de ma fille, si communicative, qui rend ce moment joyeux. Et puis, j’ai la chance de pouvoir choisir les gens dont je souhaite m’entourer ce jour-là. C’est formidable d’échapper aux conventions et aux cadeaux ratés parce qu’on se voit trop peu pour bien se connaître. Mon père est mort quand j’avais 13 ans et Noël a simultanément perdu tout son sens. Il l’a finalement retrouvé à la naissance de mon enfant. Bien sûr, je vois bien quelques exceptions autour de moi, célibataires ou non, parents ou pas, ultra excitées à l’idée de se retrouver avec leurs familles aimantes. Mais l’autre jour, près de l’ascenseur, j’ai vu une de mes collègues prise dans une longue conversation. Elle avait l’air excédé et a carrément décollé l’appareil de son oreille, l’a tendu vers le plafond en attendant que son interlocuteur ait terminé son laïus. Quand elle a raccroché, je lui ai demandée avec qui elle parlait, pensant qu’elle venait de conclure un entretien irritant avec le service téléphonique Orange. Elle m’a répondue : « Oh rien. Ma mère ». On a éclaté de rire.

Photographies lili barbery-coulon

On voit bien que Noël fait remonter à la surface toutes sortes d’émotions, d’exigences, de projections ancrées et je me demande si j’ai raison de maintenir ma fille dans la croyance du Père-Noël. Au fond, si on est toujours un peu déçu autour de cette fin d’année, est-ce que ce n’est pas parce qu’on ne s’est toujours pas remis de la destruction brutale du Père-Noël ? J’essaie du coup de lui transmettre autre chose : la joie de recevoir ceux qu’on aime, la confection de jolis paquets cadeaux (je lui ai dit que les adultes se faisaient leurs cadeaux eux-mêmes pour pouvoir emballer devant elle), la fabrication de petits sablés pour décorer la table, les petites attentions par ci par là. Hier, elle s’est mise à lire ce qui était inscrit sur le papier cadeau que j’utilisais, intriguée par les illustrations d’Anouk Ricard. Cette édition éphémère de papier cadeau est encore un coup des M/B. Chaque année, Camille et Marine, les fondatrices de cette agence de communication, proposent un papier imprimé pour Noël. L’occasion pour elles de collaborer avec des illustratrices qu’elles admirent. Je ne connaissais pas Anouk Ricard. Ne vous fiez pas à la naïveté du dessin. On est très loin du monde gentillet de l’Ane Trotro ou de Petit Ours Brun. Ici, les personnages s’échangent des « ça te plait ?… Non ! C’est quoi cette merde ? » ou encore « J’aime pas les huitres ». Le Père-Noël, quant à lui, débarque chez les gens pour leur demander de jouer moins fort de la musique parce que « c’est trop laid ». Et si on doute de son existence, il n’hésite pas à coller des beignes. Il est un peu tard pour commander sur Internet cette drôlerie pour Noël (sauf si vous fêtez ça en décalé en janvier comme beaucoup de familles ; dans ce cas allez sur le site de My Little Day). On le trouve aussi chez Colette (sur leur site et dans leur magasin, 213 rue Saint Honoré 75001 Paris).

Photographie lili barbery-coulon

Dans le même esprit sarcastique, je suis une dingue du Tampographe Sardon. Ce créateur propose des tampons avec des messages délirants. Ce n’est pas nouveau, il me semble même en avoir parlé dans le M il y a un bail. Mais Facebook m’a remise sur la trace de cette petite boite début décembre et je n’ai pas résisté à acheter le tampon « J’EN AI RIEN À FOUTRE » pour mon beau-frère (j’espère que tu n’es pas en train de lire ce texte, Renaud, ça briserait la magie de Noël, ha ha ha). Il m’a été envoyé avec un permis de « claquer les enfants des autres » que j’ai décidé de lui offrir en précisant que par « autres », j’entendais « autre que moi ». Mais si vous allez sur son site, vous verrez qu’il y a mille autres trouvailles irrésistibles : le coffret des insultes trotskistes (parmi lesquelles « rentier de gauche » ou « anarchiste petit bourgeois ») et un florilège d’injures qui me font pleurer de rire mais que je n’ose pas offrir de peur que la personne en question s’imagine que je cherche à la traiter de « mange merde » ou ma préférée « salope du côté obscur ». Rien que de l’écrire me met en joie. Esprit de Noël, quand tu nous tiens… Bon, trêve de blague, je vous embrasse tous bien fort, je ne sais pas si je vais réussir à poster beaucoup cette semaine. N’oubliez pas qu’il y a deux concours en cours (un sur le blog, l’autre sur Instagram) et qu’il est encore temps de participer. Et bon courage à tous ceux qui se sentent seuls, même au milieu d’une grande famille. Je vous envoie mes ondes les plus douces. <3

Photographie lili barbery-coulon