Chez Glossier à New York
Photographie Lili Barbery-Coulon

Chez Glossier à New York

Chez Glossier à New York

Je reviens requinquée des Cévennes. Il ne s’agissait pas de vraies vacances puisque je suis partie avec mon ordi, une enquête pour M à rendre et pas mal de problèmes de chantier à régler mais c’était absolument merveilleux d’écrire en regardant la vallée orangée et de m’interrompre pour laisser passer les moutons dans le jardin. Ca m’a donné l’énergie de me replonger dans tous mes posts en attente et j’entame la semaine par une nouvelle rubrique qui me tient particulièrement à cœur : At Work.

Au dernier étage des bureaux de Glossier, photographies lili barbery-coulon

At Work m’offre l’occasion de m’incruster dans les espaces de travail des gens qui m’inspirent. J’avais déjà commencé avec les parfumeurs via In The Lab mais la conversation était résolument centrée autour de leur goût pour les senteurs. Ici, nous allons parler un peu de vie professionnelle mais aussi de déco. Je suis toujours curieuse de voir comment les gens organisent et décorent leur bureau, qu’ils soient chez eux, dans leur propre entreprise ou salariés dans une grosse structure. Au fil des semaines d’autres rubriques déco vont venir enrichir le nouvel onglet « Interiors ». J’espère qu’elles vous plairont.

Photographies lili barbery-coulon.
Emily Weiss et les fleurs de Marisa Competello

Pour ce premier opus, je vous embarque à New York où j’ai fait un saut en juillet dernier. Direction les bureaux de Glossier, la marque montante de cosmétiques créés par Emily Weiss, créatrice du site Into The Gloss. Lorsque j’ai rencontré Emily, elle venait d’ouvrir ce qui avait encore à l’époque la forme d’un blog. J’étais très impressionnée par la qualité de sa rubrique The Top Shelf et je lui ai envoyé un email en pleine fashion week parisienne pour la féliciter. Elle était à l’aéroport de New York quand elle l’a reçu, elle s’apprêtait à prendre l’avion pour Paris, n’avait aucune invitation en poche pour les défilés et aucun plan élaboré pour y entrer. Elle m’a répondue illico, folle de joie et m’a proposé qu’on se rencontre dès le lendemain au Café de Flore. Elle a déboulé avec une énorme écharpe autour du cou, une allure incroyable et son énergie typiquement new-yorkaise. Elle avait soif de tout. De succès, de rencontres, de challenges. Son enthousiasme était communicatif. Il l’est toujours d’ailleurs.

Photographies lili barbery-coulon.
Un membre de l’équipe Glossier derrière le mood board qui a accompagné l’équipe pendant la création du Coconut Balm Dotcom

A l’époque, elle travaillait quasiment seule et bossait 20 heures sur 24 pour faire ses propres photos, transcrire ses interviews enregistrées sur son Iphone, négocier avec les agences de mannequin les filles en vue à shooter, convaincre les pros de la beauté de leur ouvrir leur salle de bain… Ca m’a donc beaucoup émue de venir la voir dans ses nouveaux bureaux entre Chinatown et Soho. Emily n’est plus toute seule. Elle est à la tête d’un peu moins de quarante employés. Et elle ne dort pas plus la nuit qu’il y a cinq ans. L’espace gigantesque dont elle dispose est réparti sur trois niveaux. L’un d’entre eux était encore en travaux en juillet, je n’ai pas pu le visiter. Je n’ai pas eu le droit de photographier le second pour des raisons de confidentialité. J’étais néanmoins frappée par le silence dans l’open space rempli de millennials. C’était très studieux et on peut dire que la branchitude des employés d’Emily atteint la magnitude 9 sur l’échelle de Richter. Il y a deux salles de réunion vitrées et ouvertes sur l’open space et les incitations à avoir de nouvelles idées recouvrent les murs.

Photographies lili barbery-coulon.
L’installation éphémère de Grace Villamil

Enfin, au dernier étage, un immense bureau avec deux terrasses concentre le pôle artistique de la marque Glossier. C’est aussi l’espace qui peut être métamorphosé en pop-up store comme c’était le cas tous les vendredis de l’été 2015. Emily ne souhaite pas ouvrir des boutiques partout aux Etats-Unis. Née sur Internet, elle compte continuer à investir massivement ce réseau pour vendre ses produits et faire grandir sa marque. Elle a d’ailleurs l’ambition de faire de l’achat en ligne une expérience bien plus excitante que dans une boutique (un sujet sur lequel tous les distributeurs de produits de beauté réfléchissent actuellement). Cependant, parce qu’elle a besoin de se tenir au plus près de sa communauté, il lui semble indispensable d’ouvrir son espace de travail au public de temps en temps. Je trouve ça tellement intelligent. Imaginez que les marques qu’on aime nous dévoilent ponctuellement leurs coulisses, qu’on puisse mettre un visage sur les créatifs, qu’on aperçoive leurs projets futurs (même si c’est un peu scénarisé)… J’espère que cela finira par inspirer d’autres labels.

Photographie lili barbery-coulon.
Sur une petite table à l’entrée, Emily n’a pas peur de placer une bougie Byredo à côté de son baume pour les lèvres. Sa devise: « smile always »

Alors comment passe-t-on d’un petit bureau avec une équipe de moins de dix personnes à un immeuble entier rempli du sol au plafond ? Comment faire pour que l’espace soit à la fois vaste, confortable et épanouissant ? « Je n’ai pas fait appel à un architecte ou à un décorateur, explique Emily. Je savais que je voulais de la lumière, du blanc et de la pureté. Cependant, lorsque nous avons ouvert notre tout premier pop-up store au rez-de-chaussée dans la rue, j’ai demandé à Marguerite Wade, qui est set designer, de m’aider. » Rayon mobilier, des bureaux fonctionnels, des boîtes blanches en carton qui forment une séparation entre l’espace de travail et le pop up store (une bonne idée déco qu’on peut reproduire avec des boites à chaussures à condition qu’elles soient toutes de la même couleur. Certes ce n’est pas d’une praticité digne de Marie Kondo, mais ça peut être un bon moyen de délimiter deux espaces dans une grande pièce) et de jolies lampes dorées de chez Zangra (un super site by the way !).

Photographies lili barbery-coulon.
En haut, la terrasse à droite du bureau, en bas, la terrasse à gauche et des employés en train de se « masquer » le visage

Dans le pop store cet été, qui mettait en avant le Coconut Balm Dotcom, tout juste sorti pour l’été, il y avait une dizaine de bouquets tropicaux sublimes. « Ce sont des créations de la fleuriste Marisa Competello, m’a confié Emily Weiss. Je suis dingue de son travail ». Tout au bout du bureau, une petite pièce de quelques mètres carré avait été transformée en œuvre éphémère par l’artiste Grace Villamil. « Je lui ai demandé de créer une expérience de 7 minutes » ajoute Emily. Sept minutes, presque le temps d’un masque hydratant Glossier. La pièce était entièrement recouverte de papier aluminium ultra léger, un peu comme une couverture de survie. Plié et éclairé le papier prenait alors des reflets de comètes dans l’espace ou de voyage au centre de la terre. Le tout accompagné d’une musique planante et d’un pouf gigantesque pour s’allonger et profiter des reflets lumineux sur les murs. C’était dépaysant et vraiment étrange dans un bureau/magasin.

Photographie lili barbery-coulon.
Le petit matos pour préparer les boites de produits en vente ce jour là. J’ai piqué plein de stickers, j’avoue…

Derrière le comptoir des produits Glossier, Emily avait installé, en guise de décoration, trois reproductions de top shelves rendues célèbres par le site de beauté Into de Gloss. Encore une fois : quelle audace ! Imaginez qu’une autre marque fasse la promotion dans sa boutique des produits cultes de la concurrence. Chez Glossier, on n’a pas peur de montrer les produits préférés de Lisa Eldridge ou de Kate Young : on y retrouve des bougies Fornasetti, de la Créaline H2O de Bioderma, un baume démaquillant d’Eve Lom, du N°5 de Chanel, des parfums Byredo ou Le Labo, une crème Weleda, des produits Aesop, du maquillage Nars… Mis en scène sur des étagères en bois brut, ces « top shelves » grandeur nature rappellent le point de départ de l’aventure (le site Into The Gloss) mais surtout elles montrent qu’Emily Weiss n’a pas l’intention d’entrer en compétition avec ces produits. Elle sait bien qu’ils continueront à exister. Elle a juste l’ambition de se hisser sur les étagères des salles de bain à côté de ces marques cultes.

Photographies lili barbery-coulon.
Les fameuses « top shelves »

Pendant qu’elle m’expliquait le fonctionnement de son bureau et qu’elle me présentait à son équipe de choc (tous surdiplômés, certains débauchés de sociétés archi prestigieuses), des clients ont commencé à remplir la pièce. On leur a proposé des jus de légumes, on les a invités sur la terrasse alors que deux employés testaient une formule sur leur visage et que deux autres membres de l’équipe entamaient une réunion en plein soleil. C’est sans doute une vision idéalisée mais ça donnait envie de travailler avec eux.

Photographies lili barbery-coulon :
du blanc, du bois clair, du rose pâle et quelques fenêtres encadrées de noir.

Pour fêter ce premier « At Work », j’ai un petit concours à vous proposer. J’ai un Coconut Balm Dotcom à gagner ainsi que trois Balm Dotcom (d’ailleurs ces derniers baumes à tout faire sont désormais vendus en trio sur Net à Porter). Quatre soins pour les lèvres à gagner (mais aussi pour fixer ses sourcils, faire briller ses paupières ou mettre une touche de lumière sur le haut de la pommette) qui partagent la même formule, l’un d’entre eux est parfumé à la noix de coco, l’autre n’a pas de parfum. Pour participer, il vous suffit de me laisser un commentaire en me disant quels sont vos baumes préférés pour les lèvres. Je désignerai 4 gagnantes vendredi 6 novembre et leurs noms seront communiqués sur la page Facebook de Lili Barbery. Go, go, go !

Photographie lili barbery-coulon