Chez Anamorphée à Paris
Photographie Lili Barbery-Coulon

Chez Anamorphée à Paris

Chez Anamorphée à Paris

Je ne suis pas encore redescendue de mon nuage depuis samedi. Si vous lisez régulièrement le blog et que vous me suivez sur Instagram, vous savez déjà que j’ai passé l’après-midi chez Jo Malone avec Clarisse Béraud, la créatrice de l’atelier floral Vertumne et qu’elle nous a donné un cours de composition florale, à moi et aux neuf gagnantes du concours lancé une semaine plus tôt. C’était formidable et très émouvant de vous rencontrer toutes et de partager cette parenthèse végétale avec vous. Je vous en reparlerai dans quelques jours, c’est promis. Aujourd’hui, je renoue avec la rubrique At Work. Souvenez-vous, le premier article de cette nouvelle section avait été consacré aux bureaux de la marque de cosmétiques américaine Glossier. Cette fois, c’est à Paris, dans le 7e arrondissement que je vous emmène. Un quartier que je connais comme ma poche puisque j’y ai habité pendant dix ans.

Photographie lili barbery-coulon. La maison splendide tout au bout de la cour. Ce n’est pas le bureau d’Anamorphée. Juste une splendeur à regarder 🙂

J’adore les cours cachées des immeubles parisiens. On n’a jamais la moindre idée de ce qu’on va trouver lorsqu’on pousse les grandes portes cochères en façades. Souvent, un local à poubelles et quelques vélos. Parfois, comme ici, un trésor. On quitte les bruits de klaxons et le parfum de laque Ellnett des femmes au brushing choucrouté (très répandu autour du Bon Marché), on pianote un code et le temps semble s’arrêter. Le long d’une grande cour pavée, clôturée par une maison d’un chic spectaculaire, se trouve le bureau d’Anamorphée. Installée dans une petite demeure sur deux niveaux, cette agence de direction artistique et de poésie visuelle a été créée par deux amis : Charlotte Halpern et Bertrand Houdin. Ca faisait des mois que je promettais de venir les voir en voisine dans leur joli bureau où ils travaillent depuis 2014. Il a fallu que je déménage Rive Droite pour enfin leur rendre visite. L’occasion pour moi de vous montrer comment agencer un espace de travail tout en longueur. Mais surtout de vous présenter ces deux talents.

Photographies lili barbery-coulon. La fameuse cuisine qu’on peut cachée avec les portes dépliables en bois noir. En dessous, la revue Profane qu’on peut acheter au Palais de Tokyo et chez quelques libraires

Charlotte et Bertrand collaborent ensemble depuis une quinzaine d’années. Ils élaborent des imprimés pour des carrés de soie Hermès, des draps de bain de la même maison mais travaillent aussi pour des marques raffinées comme Diptyque ou les parfums Issey Miyake. Diplômée de l’Ecole des Arts Appliqués Duperré, Charlotte rencontre Bertrand par l’intermédiaire de copains. Lui a fait des études de cinéma et a longtemps travaillé dans l’achat d’art. Il s’est aussi occupé de casting dans le domaine de la publicité. Ces deux êtres sensibles décident un jour de réunir leurs talents et commencent par tout faire à quatre mains. Aujourd’hui, ils osent plus volontiers se séparer dans la création, même s’ils continuent à se nourrir du regard de l’autre pour valider ensemble ce qu’ils rendent à leurs clients.

Photographies lili barbery-coulon. Le premier étage

Au rez-de-chaussée de leur bureau, deux cloisons coulissantes en bois noir et biseauté permettent de camoufler une cuisine d’un côté, et les toilettes ainsi que des rangements de l’autre côté. Une idée géniale de l’architecte Federico Masotto qui a décidé de reprendre le bois noir dans l’escalier qui mène à l’espace de travail au premier étage. Allez voir son site, ça vous donnera probablement des idées si vous cherchez à réaménager un espace. Bertrand, Charlotte et leur collaboratrice utilisent ce rez-de-chaussée comme un espace de réception mais aussi pour déjeuner, tout simplement. A l’étage, on trouve une immense bibliothèque remplie d’ouvrages sur la photographie, l’illustration et la peinture. Mais surtout dans des cartons, des archives de toutes leurs réalisations pour Hermès. Des tonnes de foulards, de cravates, de chemises, de châles, de serviettes de plage… J’ai cru devenir folle devant toutes ces beautés que Bertrand sortait une à une devant moi.

Photographies lili barbery-coulon. Le premier étage

Au fond, pile devant la grande fenêtre, Charlotte, Bertrand et leur collaboratrice sont installés derrière une grande table recouverte de livres et d’ordinateurs. Je voulais vous montrer plein de détails mais certains projets étaient trop confidentiels pour être dévoilés…

Photographies lili barbery-coulon.
Leurs créations pour Hermès…

Et puis, lorsqu’ils ne sont pas affairés à créer le packaging de la bougie Diptyque que vous ferez peut-être brûler sur votre cheminée l’hiver prochain, quand ils ont un peu de temps pour souffler entre une scénographie d’exposition et un tissu en édition limitée, Bertrand et Charlotte se « reposent » les yeux avec la fabrication de leur propre revue : Profane. Un objet inclassable qui n’est ni un magazine ni un livre. Profane rend hommage aux artistes amateurs. Vous en connaissez sans doute, des peintres du dimanche, des sculpteurs du soir, des collectionneurs de l’insolite… Charlotte et Bertrand ont choisi de présenter les amateurs qui les entourent, de faire leur portrait, aidés par des journalistes et des photographes. La revue ne respecte tellement pas les règles habituelles de la presse magazine – taille de typo, marge autour de la page, proportion des photos, longueur des textes – qu’au début on ne sait pas comment démarrer la lecture. Et pourtant, c’est si bon de se sentir perdu, de ne pas avoir ses repères habituels. On est d’autant plus attentif à la découverte. Profane est une lecture pour les curieux. Les vrais.

Photographie lili barbery-coulon. Charlotte est à crever d’élégance. Même pas maquillée, même quand sa chemise est froissée, elle irradie. Un jour, pour un mariage, elle a fait faire une robe dans un tissu coquelicot. Une chose toute simple. Il n’y avait que des filles endimanchées dans des robes de créateurs prestigieux. Je n’ai vu qu’elle. 

Voilà pour la visite des bureaux de ces deux créateurs qui embellissent le quotidien en toute discrétion… J’espère que ça vous a plu. Je vous promets d’autres immersions At Work très bientôt !