VB Diet Lab à Séoul
Photographie Lili Barbery-Coulon

VB Diet Lab à Séoul

VB Diet Lab à Séoul

Photographie Lili Barbery-Coulon

D’accord : ça ne va pas être hyper pratique d’aller tester ce lieu. Mais j’avais quand même envie de vous parler de ce concept store de la minceur inauguré en septembre dernier à Séoul. Pas pour vous faire l’éloge de la minceur (ce serait mal me connaître… ceux qui me suivent sur Instagram savent à quel point je suis gourmande). Juste pour vous raconter la manière dont on conçoit l’amaigrissement en Corée du sud. Installé dans les quartiers chics de Gangnam, cet espace gigantesque se déploie sur plusieurs niveaux. Au rez-de-chaussée, un restaurant propose des déjeuners sains mais copieux. Du riz complet, des légumes vapeur relevés de condiments locaux, de la viande blanche ou du poisson. Il y a aussi un bar à jus, avec – évidemment – une boisson au kale et au concombre, des smoothies de fruits rouges sans produit laitier… La mondialisation de l’alimentation des hipsters est bien en marche. Jusqu’ici, rien de bien étonnant. Sur les murs, des injonctions en rose sur béton gris annoncent la couleur : « no challenge, no change », « now it’s time for change »… En montant les escaliers pour faire le bilan de ma silhouette, je me doute qu’on ne va pas me recommander de continuer à trainer mes guêtres chez Sébastien Gaudard.

Photographie Lili Barbery-Coulon

Effectivement, au premier étage, on rigole moins. Trois jeunes femmes archi minces m’attendent derrière leurs ordinateurs et me demandent d’enfiler des sous-vêtements jetables. Toujours flatteurs. J’entre ensuite dans une pièce remplie de machines en tout genre qui mesurent ma pression sanguine, ma taille, mon poids (« euh, votre machine doit avoir un problème, je fais quatre kilos de plus qu’à Paris… ») ainsi qu’une machine qui prend une photographie à 360 degrés autour du corps, des pieds jusqu’en haut du crane, avec des capteurs capables d’analyser la présence de graisse, de muscles ou d’eau. Je me rhabille et on m’invite dans une nouvelle pièce fermée où l’on me présente l’étendu des dégâts, un morceau de graisse humaine emballée dans du cellophane posée sur la table. Apparaît sur l’écran un avatar de mon corps qui tourne en boucle en 3D. Pas une image de soi comme on l’aperçoit dans le miroir en passant sa tête derrière son épaule pour voir ses fesses. Non, une vision archi nette. Je me découvre telle que je suis. Premier choc. Je comprends brusquement pourquoi tous les ostéopathes me disent que je me tiens mal. Et là, l’hôtesse coréenne commence à me poser une multitude de questions : est ce que je grignote, combien de temps je passe devant l’ordi, est ce que j’aime les produits sucrés, est ce que je consomme des produits laitiers, combien de cigarettes, d’alcool, de sommeil, d’enfants, de temps de travail quotidien, de sport hebdomadaire, de douleurs chroniques… Une bonne demi-heure d’entretien à la suite duquel elle m’annonce la sentence.

Photographies Lili Barbery-Coulon.
notez le morceau de graisse humaine sur la table à côté de l’ordinateur (en haut)

« Quelle partie de votre corps souhaiteriez-vous changer ? » me dit-elle avec le ton de Christian Troy dans Nip Tuck. Moi : « Oh vous savez, je suis à un stade de ma vie où j’essaie surtout de m’accepter telle que je suis ». Ma réponse ne lui convient pas, du coup, j’ajoute : « bon j’aimerais bien avoir les bras plus fins, c’est difficile d’avoir des bras bien dessinés ». Surprise, elle me répond : « vos bras, ça va, ils sont très harmonieux… en revanche, vos cuisses ! » Quelle crise de rire ! Non seulement je n’étais pas affectée par son jugement mais je ne pouvais pas m’empêcher de ricaner en regardant mon avatar en 3D continuer à tourner bêtement sur l’écran. Pour capter mon attention, elle s’adresse à moi avec un grand sourire : « Bon la bonne nouvelle c’est que vous avez très peu de graisse dans le corps ». Regard interloqué de ma part. « La mauvaise, poursuit-elle, c’est que vous avez beaucoup trop d’eau et c’est beaucoup plus difficile de perdre de l’eau à long terme que du gras ». J’ai ensuite droit à une liste de sports recommandés pour affiner mes cuisses, drainer la flotte… Car au deuxième étage, un coach sportif m’attend (il y avait d’autres clientes, je n’ai pas pu faire de photo).

Photographie Lili Barbery-Coulon. Le restaurant en bas

Power plate, ballon gigantesque, pilates au sol, renforcement abdominal… avant de commencer la séance d’exercices sur mesure, on me met dans un genre de caisson detox avec diffusion de vapeurs aux huiles essentielles, histoire de bien commencer à transpirer. Après le sport, le réconfort enfin : un massage personnalisé (selon la morphologie et le diagnostic réalisé au premier étage) avec l’intervention éventuelle de Cellu M6 de LPG. On repart avec des boîtes de compléments alimentaires (la marque VB Diet est spécialisée dans les compléments alimentaires, c’est un peu comme si Oenobiol lançait sa salle de sport), un agenda bourré de conseils en équilibre alimentaire et des rendez-vous pour des sessions detox-sport-massage… Les tarifs pour une session complète sont très bas en comparaison de ceux appliqués en France : $100 le tout. Enfin, pour payer ce prix, il faut s’installer à Séoul. En sortant, je suis allée m’acheter du chocolat à la pistache chez Coco Bruni. Faut pas déconner non plus !

Photographie Lili Barbery-Coulon. Le bar à jus au rez de chaussée et les gadgets à vendre au rez de chaussée (ce ne sont pas des vibromasseurs mais des tas de bidules pour se masser le crane)

VB Diet Lab, Y+ Bldg, 533-3, Garusi-gil, Sinsa-dong, Gangnam-gu, Seoul, Tel pour aller déjeuner : + 82 2 514 1213, Tel Diet Lab : +82 2 514 1216, www.vbsilite.co.kr