Astier de Villatte rue de Tournon
Photographie Lili Barbery-Coulon

Astier de Villatte rue de Tournon

Astier de Villatte rue de Tournon

Si vous me suivez sur Snapchat (@lilibarbery) ou sur Instagram, vous savez sans doute que j’ai fait une crise d’hystérie samedi dernier, lors de ma visite dans la nouvelle boutique Astier de Villatte. A force de parler de cette marque fondée par Ivan Pericoli et Benoit Astier de Villatte, vous devez croire qu’ils me paient pour faire leur promotion à longueur d’année. Et bien pas du tout. Mon enthousiasme est sincère. Et gratos. Le soir du cocktail de lancement, il y avait tellement de monde qui trinquait sur le trottoir de la rue de Tournon, tant d’amis agglutinés dans la boutique que j’ai à peine vu les trésors dont l’espace regorge. Samedi, j’y suis allée tôt pour faire des photos. Je pensais rester vingt minutes. J’y ai passé une heure et demie… et si je n’avais pas eu rendez-vous pour déjeuner juste après, je pense que je serais encore en train de renifler chaque parfum vendu dans la boutique. Hystérique, je vous dis.

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Alors, évidemment, dans ce nouveau lieu, on trouve toutes les céramiques émaillées qui ont fait la renommée mondiale d’Astier de Villatte. Sur Instagram, Constance, une de mes abonnées, m’a demandé pourquoi elles étaient si chères. Je ne vais pas vous mentir, elles coûtent effectivement un œil ou deux – cils compris – surtout si on compare leurs tarifs à la fourchette de prix de la vaisselle produite à grande échelle. Il y a plusieurs facteurs qui expliquent ce positionnement tarifaire : d’une part, tout est fabriqué à la main, à Paris dans le 13e arrondissement par une communauté tibétaine. Ensuite chaque pièce est unique. Et pour obtenir cet effet patiné par le temps, cette imperfection de la terre noire qui jaillit sous l’émail lacté, il faut répéter inlassablement les mêmes gestes, souvent abandonner les brouillons avant de sélectionner la pièce idéale. Je me constitue une collection depuis plusieurs années, mon entourage y a largement contribué à l’occasion de mes anniversaires et samedi, j’ai encore craqué. Un nouveau bol qui va upgrader mes salades de fruits quotidiens.

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Cette boutique est d’autant plus excitante qu’elle ne se limite pas aux céramiques et aux objets de John Derian. On y trouve de nouveaux cahiers imprimés en couleurs, aussi raffinés que les célèbres agendas à cubes en trois dimensions, de la papèterie florentine issue de la maison Pineider pour écrire des lettres de château comme je les aime, des tailles crayons en forme de poubelle qu’on avait sur nos pupitres d’écolier, des tampons japonais qui ne servent à rien sauf à rendre heureux, des crayons cigarette pour faire semblant de fumer. A droite en entrant, une collection de livres sur Paris aimantera sans doute votre regard. Des guides, des éloges de la capitale, des curiosités et surtout le plus que parfait « Ma Vie A Paris », un recueil d’adresses d’initiés que la marque Astier de Villatte a décidé de partager avec nous.

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Dans cette boutique qui était jusqu’alors une vieille librairie, le parfum et l’univers de la beauté disposent d’un espace beaucoup plus grand que dans le magasin de la rue Saint Honoré. En plus des parfums qu’ils élaborent pour leur marque avec l’aide de grands nez comme Françoise Caron (le nez derrière L’Eau d’Orange Verte d’Hermès et bien d’autres merveilles), les créateurs d’Astier de Villatte ont décidé de distribuer d’autres marques de fragrances fines. J’ai ainsi découvert grâce à eux la collection de senteurs imaginées par Pierre Bourdon (un autre très grand parfumeur à qui j’adorerais consacrer une interview In The Lab). Son évocation des magnolias m’a beaucoup plu. Il y a aussi la ligne Odeur de Sainteté dont je vous ai déjà parlée ici, la marque D.S & Durga que je dois retourner prendre le temps de sentir en détail pour mieux vous en parler, les expériences étranges de Nomenclature ainsi que les flacons de James Heeley.

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Dans la première pièce, il y a aussi les bougies logées dans leurs habits de verre ou de céramique, les encens fabriqués au Japon, et les trois nouvelles colognes. Splash devrait d’ailleurs beaucoup plaire aux amateurs d’orange amère racée. J’ai longtemps porté Bigarade Concentrée de Jean-Claude Ellena pour les Editions de Parfums Frédéric Malle et l’odeur de l’orange amère est sans doute l’une de celles que je préfère au monde. Si chic…

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Dans la seconde pièce, le comptoir de la caisse accueille tout un tas d’objets abordables et irrésistibles. Ca m’a rappelé la gaité des boutiques Paul Smith et en particulier l’une de mes premières visites dans sa Westbourne House de Notting Hill. J’avais acheté chez lui des petits monstres en plastique qu’on mettait au bout de nos doigts quand on était petit. Vous repartirez peut-être de la rue de Tournon avec une grenouille couronnée qui avance quand on remonte son mécanisme… Derrière la caisse, sont disposés les onguents du Couvent Carmelo de Loano en Ligurie et les crèmes précieuses de la pharmacie Rafalias d’Hydra en Grèce. Rien que des produits qui embellissent la salle de bain et donnent envie de prendre soin de soi. Un petit meuble en verre présente les sublimes bagues de Dorette, la marque de Catherine Levy (co-fondatrice de Tse & Tse). Mais si vous manquez comme moi de budget pour craquer sur l’une de ces splendeurs, vous serez réconforter par le prix d’un flacon de Cologne Florida Water (dix euros seulement) : une composition aux citrus et à la cannelle que je ne mettrais pas dans mon cou mais qui m’amuse énormément et qui est déjà exposée dans ma bibliothèque.

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Dans l’arrière-boutique, les céramiques sont classées par collection dans des casiers. Les vitraux de la fenêtre ont beau semblé anciens, ils sont très récents. Ils ont été peints par le sculpteur Pierre Carron, auteur des vitraux de la Cathédrale d’Orléans (en tant qu’Orléanaise, je me devais de le signaler :). Cet artiste est d’ailleurs à l’origine de la rencontre entre Benoit Astier de Villatte, son fils, et Ivan Pericoli, un de ses anciens élèves aux Beaux-Arts. A gauche du canapé au fond, vous repérerez peut-être une lampe que j’adore, un modèle imaginé par Balthus pour la Villa Medicis à Rome et rééditée par Astier de Villatte.

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Du sol en carrelage en cubes (présent à l’origine) aux lustres suspendus aux plafonds, en passant par le bouquet de fleurs en papier en plein cœur de l’entrée, j’aime chaque centimètre carré de ce nouveau lieu. Allez-y, je vous promets que vous ne le regretterez pas !

Astier de Villate, 16 rue de Tournon, Paris 6e, Tel : + 33 1 42 03 43 90

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