Behind the scenes…

Behind the scenes…

Behind the scenes…

Ca y est. Je peux enfin vous parler du Spécial Beauté de M le magazine du Monde qui sort aujourd’hui en kiosque, à Paris, et demain en province. Les abonnés numériques vont pouvoir le feuilleter aujourd’hui également sans parler de tous les papiers à lire gratuitement sur le site du Monde tout au long du weekend… J’espère sincèrement qu’il va vous plaire autant que j’ai eu de plaisir à plancher dessus. Du coup, j’avais envie de partager avec vous les coulisses d’une partie du numéro : la série beauté shootée à Milan avec le collectif d’artistes italiens Toilet Paper.

Photographies Lili Barbery-Coulon : en haut les fards de Violette, en bas Maurizio Cattelan (à droite) en train de briefer l’équipe

Ca fait longtemps que je ne comprends pas pourquoi on demande aux mannequins d’avoir l’air aussi sinistre sur les défilés. Et pas seulement sur les podiums. Regardez les campagnes publicitaires de la mode et de la beauté : combien de filles éclatent de rire ? C’est si rare qu’on leur demande de sourire qu’elles ont bien du mal à desserrer les dents devant l’objectif. Je vous rassure, dans la vraie vie, ces jeunes femmes sont comme nous : elles pleurent, elles rient, elles font la gueule. Mais elles entendent tellement souvent « don’t smile, chin up » ou « souris avec tes yeux… mais pas trop sinon ça te fait des pâtes d’oie » qu’elles sont vaccinées. Et c’est vrai que lorsqu’on sourit, des tas de petits plis apparaissent, on découvre les gencives, une dentition pas toujours parfaite et l’asymétrie du visage paraît plus grande. Lorsque des filles sourient sur les podiums, il y a souvent des mauvaises langues pour dire qu’elles ont l’air ringard. Je trouve au contraire qu’on n’a jamais eu autant besoin de cette fraîcheur et de cette joie communicative.

PhotographiesLili Barbery-Coulon : en haut le perroquet sur le set, en bas: Violette en train de maquiller la main d’un membre du collectif

Lorsqu’on a soumis cette idée aux artistes Pierpaolo Ferrari et Maurizio Cattelan, créateurs du collectif Toilet Paper, ils ont immédiatement adoré. Il faut dire que ces deux-là, ainsi que leur satellite de jeunes créatifs délurés en orbite autour d’eux, sont toujours prêts à rigoler. Nos échanges de moodboard avant la série sont si hilarants que je les garde précieusement pour les jours de déprime. On a rapidement mis la maquilleuse Violette dans la boucle avec qui je rêvais de retravailler (souvenez-vous, le spécial beauté du M shooté par Max Farago, c’était elle). Elle s’est mise à brainstormer avec nous et nous nous sommes tous retrouvés à Milan pendant deux jours pour réaliser ces images.

Photographies Lili Barbery-Coulon. Le mannequin Jing Wen en train de se rouler le visage dans les bonbons avant la prise de vue

Lorsque j’ai expliqué à chaque mannequin ce qu’on allait faire, elles ont toutes écarquillé les yeux avec une légère appréhension. Surtout quand elles ont vu Violette et son assistante mélanger trois pots de crème Nivea avec du colorant alimentaire pour préparer le masque rose malabar qui a atterri sur le visage du top Lili Sumner. Sur le set, un joyeux bordel avec un perroquet qui déployait ses ailes dès qu’on lui criait « Brava ! », un petit chien très câlin qui mourrait d’envie de lécher les pieds des mannequins, une bande de set designers en train de teindre des fils de laine pour en faire une perruque (pour la main posée au dessus de la tête de Sarah Brannon) et surtout Maurizio Cattelan, vêtu d’un jogging, un vélo à bout de bras en guise de sac à dos qui nous a tous fait hurler de rire pendant deux jours.

Photographies Lili Barbery-Coulon : en haut le mannequin Magdalena Jasek en train de se faire maquiller par Violette. En bas: Lili Sumner avec un masque aussi dégoûtant que drôle sur le visage

J’ai rarement autant souri sur un shooting. On aurait dit une charrette de fin d’études aux Beaux-Arts, des copains des Toilet Paper passaient les embrasser, les mannequins pouffaient de rire en regardant le monitor numérique, le tout parfumé à la ricotta et aux courgettes qui mijotaient dans une énorme marmite de pâtes al dente. Ca valait bien le hashtag #italiansdoitbetter ! On s’est donc beaucoup amusé mais dans un seul but : vous faire sourire en feuilletant la série. L’une des photos qui me fait le plus rire est celle de Sarah Brannon avec le chien, les cheveux et les poils mouillés. C’est une manière de se moquer – gentiment – du fameux « wet look » plébiscité par les magazines féminins. Sauf que dans la réalité, on a souvent l’air d’un chien trempé quand on sort de la douche, et pas d’une bombe sexy les cheveux parfaitement lustrés en arrière… non ?

PhotographiesLili Barbery-Coulon : le top Herieth Paul en train de se faire maquiller, en dessous: le coiffeur Pierpaolo Lai et son assistant en train d’arranger les cheveux d’Herieth

Dans ce numéro, j’ai aussi écrit une enquête sur le sport à outrance (je vous en parlerai la semaine prochaine, je peux vous dire que j’ai sué…), un papier sur l’exploitation de la mythologie par l’industrie du parfum et des tas d’autres infos à grignoter sans modération tout au long du weekend. En espérant que ça vous plaise ! A lundi et merci encore pour la qualité de vos commentaires cette semaine, j’ai beaucoup de chance d’avoir des lectrices et des lecteurs aussi intelligents que vous. <3

En haut, photographie Lili Barbery-Coulon : Violette et Maurizio en train de regarder les images, en bas: j’ai pris une photo avec mon téléphone de l’écran numérique où arrivaient les images prises par Pierpaolo Ferrari. Pour rire, Maurizio m’a demandé de poser avec lui. On en a fait plein mais je peine à les récuperer du coup, je n’ai que celle-ci à vous montrer… quand je vous dis qu’on a ri!